CHINAHOY

28-June-2016

Sicomines : un bel exemple de coopération sino-africaine

 

La cérémonie de lancement de la première phase du projet de minerai de cuivre-cobalt de Sicomines en République démocratique du Congo.

 

FUNEKA YAZINI APRIL*

La Sino-congolaise des mines (Sicomines) est un bel exemple de l'industrialisation des mines sur le continent africain. Le 22 avril 2008, un accord de coopération de nouveau type d'une valeur de 6,7 milliards de dollars (3 milliards de dollars pour les infrastructures et 3,7 milliards de dollars pour les ressources minières) destiné à un échange entre la propriété des mines et les infrastructures a été signé entre Sinohydro, China Railway Engineering Corporation et la Gécamines (Société générale des carrières et des mines) contrôlée par la République démocratique du Congo.

La signature de cet accord a alors suscité une forte protestation de la part de la Banque mondiale et du FMI. Leurs griefs : Le montant exorbitant de l'investissement chinois, et le fait que les pays africains exportant les minerais bruts depuis des dizaines d'années, sont toujours confrontés à la faiblesse de leur industrie. La Chine souhaitait aider l'industrialisation de certaines régions la RDC par le développement des infrastructures, et créer un nouveau modèle de coopération avec l'Afrique, pourtant, l'industrialisation en tant que moteur de la croissance économique ne peut pas être exagérée.

Des termes de l'accord portant sur la main-d'œuvre et l'exploitation des ressources déséquilibrées entre l'Afrique et le reste du monde étaient également sujets à polémique. De nombreux reportages soutiennent qu'en Afrique, les entreprises chinoises amènent des travailleurs chinois pour la construction des infrastructures en dépit des habitants locaux.

Malgré d'abondantes ressources, l'Afrique fait face à la pauvreté et au sous-développement, aussi l'exploitation de ses minerais reste toujours une question controversée. Les profits de l'industrie minière en Afrique n'étant pas utilisés convenablement pour la stimulation de l'industrialisation sur le continent.

Nous sommes allés rencontrer Sicomines pour voir ce qu'il en est et évaluer l'influence de cette société sur la RDC, aux travers des infrastructures et de la main-d'œuvre, et du point de vue des Chinois et des Africains. Sicomines a réalisé la majorité écrasante des programmes des infrastructures d'urgence, dont le boulevard du 30 Juin, l'esplanade devant le palais du Peuple, le boulevard du Triomphe et l'avenue du Tourisme. Elle a aussi construit des routes d'une longueur totale de 220 km, construit 19 groupes-générateurs et installé 6 626 panneaux solaires.

La RDC sort d'une guerre civile et est en train de se reconstruire. Les routes sont très importantes pour ce pays confronté à la pénurie d'infrastructures. Le long du boulevard du 30 juin à Kinshasa, la capitale, se dressent des gratte-ciel qui étaient inexistants il y a une décennie, le commerce se développe.

Il y a dix ans, on avait besoin d'un 4X4 pour rouler dans Kinshasa ; aujourd'hui la situation a totalement changé grâce au développement des infrastructures. Le commerce étant facilité, le progrès industriel pousse la croissance économique.

Le phénomène que les entreprises chinoises emploient principalement la main-d'œuvre chinoise n'existe pas à Sicomines. Bien au contraire, les agglomérations autour des régions minières à Kolwezi, où Sicomines est installée, bénéficient amplement de l'accord de l'industrie minière. Parmi les 3 000 travailleurs employés par la Sicomines, plus de 76 % sont Congolais, ce qui apporte à la RDC d'importantes opportunités de développement, tout en renforçant la capacité à construire de ce pays.

La société organise également des formations professionnelles pour les employés locaux afin d'améliorer leur niveau technique. Depuis 2013, plus de 20 000 employés congolais ont reçu des formations en gestion, en ingénierie, en technique, en sécurité, et une formation judiciaire. Après une visite à Sicomines au mois de mai 2015, la Banque mondiale et le FMI ont finalement donné à la société une appréciation positive, revenant sur leur attitude de départ.

Les enquêtes sur place confirment que Sicomines ne ménage pas ses forces pour respecter les clauses de l'accord signé en 2008, et que les habitants de la RDC bénéficient véritablement de cet accord. Le cas de la Sicomines montre que pour l'Afrique, qui a un besoin urgent d'investissements dans les infrastructures et de moderniser son économie, les investissements chinois peuvent se révéler une solution partielle.

Le plus grand défi affronté par l'industrie minière de l'Afrique au XXIe siècle réside dans le sous-développement industriel. D'après une enquête effectuée en 2013 dans les régions sub-sahariennes, les Africains considèrent l'emploi et les infrastructures comme leur principal souci. D'après les habitants locaux, la promesse d'une révolution industrielle par les infrastructures, les installations et les services publics est un attrait pour les Congolais. Le cas de la Sicomines est un exemple typique d'une coopération sino-africaine saine. Pour les pays africains, l'enjeu actuel est de déterminer si le modèle de coopération entre la Chine et la RDC mis en place en 2008 peut être mieux conçu pour promouvoir la valorisation du minerai que prônent la vision africaine de l'exploitation minière et l'Agenda 2063 de l'Union africaine.

 

*FUNEKA YAZINI APRIL est expert au Human Sciences Research Council de l'Afrique du Sud.


 

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