CHINAHOY

4-May-2016

Les effets de la politique du deuxième enfant

 

L'ambiance est ludique dans cette ancienne école primaire transformée en jardin d'enfants.

 

Depuis 2016, tous les couples chinois ont le droit d'avoir deux enfants. Quels sont les effets de cette nouvelle politique de planning familial et quels changements amènent-ils dans la société ? Réponses.

WEI YAO*

La nouvelle version de la Loi sur la population et la planification familiale de la RPC est entrée en vigueur le 1er janvier 2016. Grâce à cela, tous les couples chinois, enfants uniques ou non, ont le droit d'avoir deux enfants.

D'après les données de la Commission nationale de la Santé et du planning familial, le nombre d'enfants souhaités par les Chinois mariés entre 20 et 44 ans est de 1,93 en moyenne. Le reflet de la conception de la famille chinoise traditionnelle. Bien que les jeunes Chinois, à cause de la pression financière et des mentalités, ont des opinions divergentes sur la question d'avoir ou non un deuxième enfant, la mise en place de cette politique a et aura une influence inévitable sur la société chinoise.

Explosion du marché des articles de puériculture

Selon les dernières statistiques du recensement national fin 2010, il y aurait plus de 70 millions d'enfants entre 0 et 3 ans en Chine. On prévoit une croissance rapide de la population infantile dans les prochaines années due à la nouvelle loi et une explosion du marché des articles de puériculture.

Bai Jing, jeune Chinoise née dans les années 1980, possède maintenant deux rôles : mère de deux enfants et vendeuse d'articles de puériculture. En janvier 2016, elle a donné naissance à sa fille. Depuis 2015, elle est représentante en Chine de la marque suisse Micro-Scooter. Son fils a 5 ans, et va à l'école maternelle depuis 2015. C'est au moment où celle-ci pensait enfin reprendre une vie normale qu'elle est retombée enceinte : « Mon mari était vraiment content d'avoir un deuxième enfant, en revanche, j'étais un peu plus inquiète. »

La situation économique de Bai Jing est bonne. En Chine, elle fait partie de la classe moyenne. Le couple a un emploi stable et possède deux appartements à Beijing. Les grands-parents sont en bonne santé et aident à s'occuper des enfants.

Bai Jing a quitté l'entreprise où elle a travaillé pendant 9 ans, et s'est lancée dans la vente de scooters jouets pour les enfants. « Actuellement, le marché de la puériculture est en pleine expansion, donc je saisis l'opportunité. Cela me permet d'augmenter les revenus de la famille, mais aussi d'avoir plus de temps pour m'occuper des enfants. »

UBM plc est le deuxième plus grand organisateur d'expositions au monde, chaque année, il organise l'exposition CBME (Children Baby Maternity Products Expo) en Chine. Selon le Rapport d'enquête 2015 sur la consommation sur le marché chinois de la puériculture publié par le CBME, depuis l'assouplissement progressif de la politique de l'enfant unique, les articles de puériculture occupent une part de plus en plus importante dans le marché chinois. En 2015, la consommation dans ce domaine occupait environ 11 % du revenu des familles.

Les jeunes nés dans les années 1980 ont grandi après la réforme et l'ouverture de la Chine et ont bénéficié d'un meilleur environnement de vie. Aujourd'hui, ils veulent offrir une meilleure qualité de vie à leurs enfants et font attention à la qualité et à la sécurité des produits qu'ils achètent.

Xie Zilong, président du conseil d'administration du LBX Pharmacy Chain Co., Ltd, et membre du Comité national de la CCPPC (Conférence consultative politique du peuple chinois), a proposé d'élargir le choix des articles de puériculture vendus dans les pharmacies en Chine pendant les deux sessions de 2016. Il explique cette proposition : « La pratique de la politique de deux enfants va provoquer une augmentation de la consommation dans ce domaine. Les pharmacies doivent trouver leur part de marché et être à même de satisfaire les besoins des clients. »

M. Xie a indiqué que dans les pays étrangers, les articles de puériculture sont vendus principalement dans les pharmacies. Par exemple dans les pays occidentaux, 60 % des articles de ce type sont vendus en pharmacie, dans la région chinoise de Taiwan, ce chiffre arrive à plus de 80 %. Cela s'explique par le fait que les pharmacies utilisent des canaux de vente fiables qui assurent au maximum la sécurité des produits. Cette proposition serait bénéfique pour la nouvelle politique du deuxième enfant.

Une éducation de qualité

L'éducation est une question importante pour les familles chinoises. « J'ai de la chance, mon fils est à l'école maternelle, j'ai plus de temps pour m'occuper de ma fille. » Ayant déjà eu un enfant, Bai Jing a plus de facilité pour s'occuper de sa fille. Mais les frais de scolarité de ses enfants l'inquiètent : « Mon fils est dans une école maternelle privée, ça coûte 5 000 yuans par mois. Quand mes deux enfants vont être à l'école, on va tirailler. »

Une éducation de qualité est une exigence de plus en plus prépondérante parmi les parents chinois. D'après Wu Ni, directeur du Centre des recherches sur l'éducation de l'Institut national des sciences de l'éducation, après la mise en vigueur de la nouvelle politique procréatrice, il va falloir anticiper l'augmentation du nombre d'enfants en âge d'être scolarisés et fixer une nouvelle planification dans l'éducation. Compte tenu du manque généralisé d'écoles maternelles en Chine, « Il va falloir développer l'éducation privée et encourager la création d'écoles maternelles privées pour satisfaire la demande. »

Mais les frais de scolarité en école privée sont plus chers que l'école publique. À Beijing, c'est environ 5 000 yuans par mois, presque l'équivalent d'un salaire mensuel moyen.

En plus des frais pour la scolarité, les parents chinois choisissent aussi d'acheter des appartements situés dans les zones scolaires des bonnes écoles pour que les enfants puissent avoir accès à une meilleure éducation. Bai Jing habite aujourd'hui dans un grand appartement au nord-est du cinquième périphérique pékinois. Mais comme il n'y a pas d'école primaire publique et secondaire de bonne qualité dans le quartier, elle pense déménager dans son ancien appartement du centre-ville. « Il est deux fois moins grand que celui où nous habitons actuellement, mais c'est pour permettre à mon fils de recevoir une éducation de meilleure qualité. »

Bai Jing n'est pas un exemple isolé. Les parents chinois recherchent toujours la meilleure éducation pour leurs enfants de l'école maternelle au primaire jusqu'au secondaire, et même pour les cours privés. Cela est dû au déséquilibre de ressources dans l'éducation en Chine. Les parents de province souhaitent que leurs enfants aillent à l'école dans les grandes villes : Beijing, Shanghai et Guangzhou, et les parents des grandes villes veulent que leurs enfants aillent à l'université Tsinghua, l'université de Beijing et les meilleures universités internationales.

La Chine va certainement connaître un déficit en matière de structures scolaires dans les années qui vont suivre la mise en place de la nouvelle politique du deuxième enfant. Comment résoudre et retouver l'équilibre ? C'est un des grands défis auxquels va devoir faire face le gouvernement chinois.

Pénurie de pédiatres

De plus en plus, les Chinois ont du mal à trouver un bon pédiatre. Selon un rapport de l'Agence Xinhua, on dénombre 471 millions de consultations chez le pédiatre et les urgences pédiatriques par an. Ce qui représente presque 10 % du total des soins dans les hôpitaux. Mais on compte moins d'un pédiatre pour 1 000 enfants et un pédiatre traite en moyenne plus de 17 cas par jour, il travaille deux fois plus que les autres praticiens.

En plus, dans les hôpitaux pédiatriques célèbres, comme l'Hôpital des enfants de Beijing, les pédiatres travaillent beaucoup plus dur que les autres. Ils doivent traiter des patients venus de tout le pays. Même si l'on a lancé des mesures comme prendre rendez-vous sur Internet, il est toujours difficile d'améliorer cette situation. Cela est dû au développement déséquilibré du système médico-social de Chine.

Le Hebei est une province voisine de Beijing où le système de santé n'est pas très développé. L'Hôpital des enfants de Beijing accueille de nombreux patients du Hebei. Pour résoudre ce problème, Beijing et le Hebei ont mis en place une coopération au niveau médical pour fusionner les ressources en pédiatrie et pallier aux difficultés du Hebei. Mais le problème reste toujours présent et doit être résolu rapidement.

Selon les statistiques du recensement national 2010, la Chine compte 220 millions d'enfants de moins de 14 ans. La Commission nationale de la Santé et du planning familial prévoit 2,5 millions de naissances annuelles dans les années à venir en conséquence de la nouvelle politique. Encore un défi à relever pour satisfaire la demande en soins médicaux.

En février 2016, cette même commission a déclaré que le ministère de l'Éducation va relancer le recrutement des élèves de cycle normal pour la formation en pédiatrie, qui avait été arrêté en 1999. Cette mesure devrait permettre de résoudre le problème de pénurie des pédiatres en Chine dans les prochaines années.

Chen Yini, directrice de la Commission municipale de la Santé et du planning familial de Guangzhou (Guangdong), conclut en disant : « Il faudrait aussi augmenter le salaire des pédiatres et élaborer des politiques pour attirer les médecins à se reconvertir dans ce domaine pour pallier à la pénurie. »

 

*WEI YAO est journaliste pour Beijing Review.

 

 

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