CHINAHOY

27-February-2015

Zhangjiakou : les JO d’hiver ouvrent de nouvelles « pistes »

 

Dans la station de ski à Chongli.

 

ZHANG HUI, membre de la rédaction

À la fin de 2013, Zhangjiakou a connu un regain de notoriété, après l'annonce que Beijing et cette ville ancienne du Nord de la Chine présentaient conjointement leur candidature pour l'organisation des Jeux olympiques d'hiver 2022. Cet événement sportif fera naître dans ce lieu de nouvelles opportunités de développement.

Construction d'une « capitale du ski »

Au croisement du Shanxi, du Hebei et de la Mongolie intérieure, à 180 km de distance de Beijing, Zhangjiakou est depuis les temps anciens un point stratégique, en raison de sa situation géographique et de son relief montagneux. Aujourd'hui, les JO confèrent à cette ville une nouvelle importance.

Après un trajet de 30 minutes en voiture direction nord à partir du centre-ville de Zhangjiakou, on arrive au district de Chongli. Malgré une superficie modeste, cette localité abrite une ribambelle de gratte-ciel et d'hôtels étoilés. Difficile de croire qu'il y a quelques années, Chongli figurait parmi les districts les plus pauvres de Chine. De nos jours, plusieurs stations de ski d'envergure y sont réparties, lesquelles comptent 8 pistes certifiées par la Fédération internationale de ski (FIS). Attirant plus de 1,5 million de vacanciers chaque année, le district génère des recettes touristiques annuelles dépassant 1,1 milliard de yuans.

Avec sa superficie de 800 000 m² et ses 34 pistes de ski tous niveaux, Genting Resort Secret Garden s'avère le plus vaste domaine skiable de Chongli. Et un total de 87 pistes, avec une longueur cumulée de 70 km, devraient être aménagées prochainement. La capacité d'accueil de la station s'élèvera alors à près de 20 000 personnes. Miao Jun, vice-président général de Genting Resort Secret Garden, nous confie que les 1 300 chambres d'hôtels dont dispose le lieu sont toutes occupées en ce moment même. En haute saison, il est indispensable de réserver à l'avance. La majorité des voyageurs viennent de Beijing, d'après les plaques d'immatriculation des véhicules stationnés sur les parkings.

Chen Xue, 20 ans, est une passionnée de snowboard. De Beijing, elle a pris un bus pour Chongli afin d'aller faire de la glisse avec d'autres amateurs. Elle nous décrit : « Malgré les 4 h de route, je pense que ça vaut la peine de venir. Le domaine skiable est vraiment de qualité. Les pistes sont nombreuses, contrairement à d'autres stations saturées de monde où il n'est pas possible de descendre librement. »

Bien que Chongli jouisse d'avantages naturels propices aux sports d'hiver (au regard de la quantité et de la qualité de la neige, mais aussi du climat, de la température, de l'orientation des versants, de l'inclinaison des pentes et du dénivelé de la montagne), cette industrie a commencé à y être développée il y a peu. En 1996, le premier champion de ski chinois, Shan Zhaojian, est venu à Chongli en quête d'un site approprié, à la fois pour la compétition et le loisir. C'est à ce moment-là que la première station de ski de Chongli, dénommée Saibei, a vu le jour. Avec l'augmentation du nombre de touristes et les bénéfices qui en découlent, beaucoup d'investisseurs du milieu tournent désormais leur regard vers ce district. À l'heure actuelle, Chongli dénombre 82 pistes, formant un réseau de 69 km partagé en 4 stations de ski indépendantes : Genting Resort Secret Garden, Wanlong, Duolemeidi et Changchengling. Chongli est le seul endroit en Chine disposant de plus de deux grands domaines skiables. D'ici 2020, seront aménagées 228 pistes s'étalant sur 500 km et seront construites 84 remontées mécaniques s'étendant sur 99 km. Depuis 2005, Chongli a accueilli une dizaine de compétitions internationales de la FIS, cumulant une certaine expérience dans l'organisation de ce type de manifestations.

Les sports d'hiver : favo-rables au développement

Les habitants locaux sont les bénéficiaires directs de l'essor de l'industrie des sports d'hiver. À 3 km des pistes se trouve le village de Huangtuzui, situé entre le district de Chongli et la station de ski Wanlong. À mesure que le nombre de touristes augmente, la demande pour la location de gîtes croît. Yue Zhiyun, la cinquantaine, est un paysan du coin. Auparavant, pour gagner sa vie, il faisait des petits boulots dans d'autres villes et touchait un revenu annuel de 6 000 à 7 000 yuans seulement. Après l'ouverture de la station de Wanlong, il est revenu dans son village natal et a construit un hôtel. Aujourd'hui, grâce à son Hôtel N° 1, Yue Zhiyue amasse 400 000 yuans chaque année. Yue Zhiyun nous présente : « Avant, les jeunes travaillaient à l'extérieur du village, pour un maigre salaire annuel d'environ 1 000 yuans. Nous vivions dans des taudis en adobe. Mais ce temps est révolu. Dorénavant, dans notre village, 37 hôtels ont ouvert, et le revenu moyen par habitant a atteint 10 000 yuans par an. Tous les foyers disposent d'une moto, voire d'une voiture. La plupart des villageois ont monté leur propre affaire à domicile. »

L'industrie des sports d'hiver a également procuré une foule d'opportunités d'emploi aux habitants de Zhangjiakou. Durant la haute saison, il manque même des serveurs et des moniteurs de ski. Zhang Wei, une jeune fille de 26 ans originaire de Zhangjiakou, est devenue monitrice pour débutants à la station de Wanlong. Elle nous confie : « Jadis, les résidents de Zhangjiakou ne voulaient pas venir travailler dans ce district. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Je suis fière de mon métier ici. D'une, parce que j'adore le ski ; de deux, parce que les installations et l'environnement à Wanlong sont d'excellente qualité. Et puis, j'ai l'occasion d'entrer en contact avec des touristes venant de toute la Chine, voire de l'étranger. » Selon les statistiques, parmi les 120 000 habitants de Chongli, 20 000 travaillent dans le domaine des sports d'hiver.

En outre, les industries en amont et en aval ont connu un réel essor : fabrication et vente des équipements de ski, hôtellerie, restauration, transport... Ont été bâtis à Chongli un « musée du ski », le premier de Chine, ainsi que des écoles de ski, pour les amateurs comme pour les moniteurs.

La candidature conjointe déposée par Beijing et Zhangjiakou pour les JO d'hiver a donné une nouvelle vitalité à ces industries. Ma Chi, directeur de l'école de ski Haoshihua, nous informe que depuis l'annonce de cette candidature, davantage de Chinois s'intéressent au ski, notamment ceux venant du Sud du pays. « La bonne nouvelle a permis de populariser les sports d'hiver. En outre, Chongli est désormais plus connu des Chinois et séduit donc toujours plus de vacanciers. »

L'attente et l'espoir...

Selon une enquête Ipsos, 99,5 % des habitants de Zhangjiakou soutiennent la candidature présentée par Beijing et Zhangjiajie pour devenir villes hôtes des JO d'hiver 2022.

Li Yanxiang, secrétaire de la cellule du Parti du quartier Wanjia dans l'arrondissement Qiaodong de Zhangjiakou explique : « De plus en plus de monde connaît Zhangjiakou désormais. Aujourd'hui, dans l'espoir que la ville soit sélectionnée par le Comité olympique, une panoplie d'aspects sont améliorés dans divers domaines comme l'environnement et l'emploi, au profit des locaux. »

De l'école primaire à l'université, les élèves à Zhangjiakou apportent également leur appui au dossier soumis par leur ville. Le Lycée N° 2 a organisé une exposition de papiers découpés ayant pour thème « Accueillir les JO d'hiver - Aimer notre ville natale - Apprécier la beauté de notre ville ». Cet art du papier découpé, inscrit au patrimoine culturel national, est une tradition dans le district de Weixian à Zhangjiakou. À travers ces petites œuvres rouges, les élèves ont exprimé leur vif souhait de voir leur ville remporter la compétition. Le jeune Chen Shibo a réalisé un découpage de la porte Dajing, le monument phare de Zhangjiakou. Sur sa représentation, des enfants font du patinage autour de la porte, tandis qu'à proximité figurent les cinq anneaux olympiques. Chen Shibo nous lance : « J'espère que Zhangjiakou aura l'occasion d'accueillir les JO d'hiver pour que le monde entier découvre ma ville natale. »

Abbas Muhammad, originaire du Pakistan, poursuit ses études de master à l'université du Nord du Hebei. Depuis sept ans qu'il vit à Zhangjiakou, il est le témoin de l'évolution qu'a suivie cette ville. « Je suis très content que Zhangjiakou cherche à devenir ville hôte des JO d'hiver. Suite à mes études, je compte rester ici. Si la candidature de Zhangjiakou est retenue, je me proposerai comme bénévole pour servir l'événement. »

Cette université du Nord du Hebei compte plus de 22 000 étudiants et professeurs, y compris 510 étudiants étrangers. Cet établissement est actuellement en train de construire le plus grand gymnase de Zhangjiakou selon les normes olympiques, dans l'espoir que la ville organisera ces Jeux. De plus, dès l'année prochaine, elle va ouvrir un cursus « sports d'hiver » pour former des athlètes de haut niveau, afin de mettre toutes les chances de son côté.

« Auparavant, Zhangjiakou se faisait discrète dans son coin, mais aujourd'hui, la ville se place sous les feux des projecteurs », résume Zhang Chunsheng, directeur adjoint du centre des opérations de Zhangjiakou relevant du Comité de candidature de Beijing pour les JO d'hiver 2022, soulignant les répercussions que cet événement futur a déjà eues sur la ville.

 

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