CHINAHOY

1-December-2015

Vers la modernisation agricole

YAO BEI et MICHAEL ZARATE, membres de la rédaction

Zhangye, dans le Gansu, est une ville au charme particulier. Elle est connue pour ses magnifiques collines Danxia. Lorsqu’on gravit ces montagnes, on se sent tout de suite plongé dans un monde miraculeux. Mais le développement de la ville, spectaculaire, n’a rien à envier à ces paysages multicolores.

Grâce à son eau abondante, un ensoleillement long et 253 000 ha de terres labourées fertiles, Zhangye est une zone importante pour la production de céréales, de fruits et de légumes, et le plus important centre de production des semences de maïs hybrides. Les bonnes conditions géographiques permettent une récolte de produits agricoles de qualité, 55 % étant destinés à la transformation industrielle. À l’heure actuelle, la priorité à Zhangye est à la promotion d’une agriculture moderne mais en harmonie avec l’environnement.

Une agriculture en cycle fermé

Lorsque l’on sort de la zone urbaine de Zhangye, ce ne sont que champs de blé, vergers, plantations de pommiers, serres. Des serres remplies de toutes sortes de légumes : concombres, piments, choux, tomates... On aperçoit au loin les monts enneigés de Qilianshan. Sa neige, en fondant, alimente la rivière Heihe, laquelle vient irriguer les terres de Zhangye. C’est ce qui fait sa particularité : bien que située dans un désert semi-aride, elle possède d’abondantes réserves d’eau.

En 2009, en coopération avec l’Académie des sciences agricoles de Chine, la municipalité a créé un centre modèle de l’agriculture moderne en oasis. En août 2010, l’arrondissement Ganzhou de Zhangye a été désigné par le ministère de l’Agriculture pour devenir l’un des premiers centres modèles de l’agriculture moderne de niveau national et depuis mai 2013, il est l’un des 21 centres d’essai de la réforme et de la construction agricole. Zhangye a été sélectionnée comme centre modèle pour trois raisons. Premièrement, un large écart de température entre le jour et la nuit. Deuxièmement, un bon ensoleillement. Troisièmement, pour sa situation à 38° de latitude nord, comme la région de Murcie en Espagne ou la Sicile en Italie, la latitude la plus favorable à la culture.

Ce qui étonne lorsqu’on visite le centre, c’est son étendue, 2 000 ha. En 2014, 2,4 milliards de yuans ont été investis, la plus grande partie venant de fonds publics. Depuis 2015, l’arrondissement a ajouté un financement destiné à la R&D. Le centre a introduit et développé de nouvelles semences de fleurs, de céréales et de maïs.

« Nous envisageons maintenant d’établir un nouveau modèle de recyclage à Zhangye. Grâce à ce modèle, les ressources seront mieux employées et les revenus des paysans augmenteront. Nous ferons de l’agriculture un secteur capable d’entraîner le développement durable local », indique Huang Zeyuan, maire de Zhangye. Il nous explique en détail le plan d’action : un modèle de recyclage à deux sens sera établi entre culture, élevage et culture des champignons, une autre spécialité locale. Les tiges produites par la culture des céréales font du fourrage pour l’élevage ; le lisier provenant de l’élevage sert de substrat aux champignons avec une partie des résidus végétaux. En même temps, le lisier joue le rôle d’engrais organique pour la culture des céréales.

Une chaîne de production d’engrais organique de 100 000 tonnes est déjà en service. Une autre chaîne de production, d’une capacité de 300 000 tonnes, est en construction. « Nous produisons chaque année 350 tonnes de tiges, mais aussi 1 million de bovins, 5 millions d’ovins, 1,7 million de porcs. En termes de bilan carbone, l’élevage des bovins équivaut par tête aux émissions d’une voiture pendant un an. Mais grâce à notre modèle de recyclage, nous allons réduire ces émissions, nous aurons besoin de moins d’engrais chimiques dans les champs, résume M. Huang. De cette façon, nous protégeons l’environnement, en réutilisant nos déchets en cycle fermé. »

Depuis son établissement en 2009, le Centre modèle de l’agriculture moderne travaille aussi sur la question des économies d’eau. Pour cela, le centre a décidé de recourir à une méthode inspirée des zones arides : l’irrigation au goutte à goutte, un système d’irrigation largement employé en Israël. Cette technique est désormais maîtrisée à Zhangye et elle se diffuse parmi les paysans locaux. Tous les équipements d’irrigation sont produits en Chine.

Nous avons visité un lopin expérimental de 8 ha. Ici, on cultive 5 sortes de maïs, 3 de céréales et 26 espèces de fleurs. Les semences de nouvelles variétés développées dans ces cultures se vendent en Chine et en Russie.

Un modèle agricole propre à Zhangye

Les conditions géographiques font de Zhangye un lieu très favorable à la viniculture. Cela alors que depuis une quinzaine d’années, la Chine prend goût au jus de la vigne et que l’industrie du vin se développe rapidement. En avril 2014, l’Organisation internationale de la vigne et du vin a annoncé qu’avec ses 8 millions d’ha de vignes, la Chine est déjà le deuxième producteur de vigne au monde. Selon les données de l’organisme, la part des vignes chinoises est passée de 4 % en 2000 à 11 % des surfaces viticoles mondiales en 2014. « Qilian legend » est la marque de vin déposée par la société Gansu Qilian Winery Co., Ltd. Ses vignes occupent 10 600 ha dans le district de Gaotai. Notre reportage coïncidait avec les vendanges, et nous n’avons pas pu nous empêcher de goûter au raisin. Grâce au climat particulier de la région, on fait ici deux récoltes par an. La première entre le 22 septembre et le 22 octobre, la seconde, entre fin octobre et fin novembre. Les raisins de la deuxième récolte sont cueillis après les premières gelées et sont destinés au vin de glace, le principal produit promu en France par cette société. On nous l’a fait goûter, il est plutôt sucré, comme il convient à un vin de vendanges tardives. Peut-être qu’il n’est pas parfait au goût des Occidentaux, mais les Chinois, et plus généralement les asiatiques, en raffolent.

« Notre vin s’exporte déjà au Japon, en Malaisie et dans quelques pays de l’Asie du Sud-Est. Le vignoble a commencé à s’établir en 1998, tout au début de la découverte du vin par les consommateurs chinois. Au début, nous ne possédions pas la technique nécessaire, mais petit à petit, nous avons appris, notre production s’est accrue, et dans le même temps, la clientèle chinoise s’est faite plus exigeante. Cela nous oblige à améliorer sans cesse la qualité de notre produit », nous explique Qi Luping, vigneron en chef.

La vinification est un maillon à part entière de la chaîne de l’agriculture de recyclage, et la municipalité de Zhangye espère bien le relier à l’industrie du tourisme. L’idée est d’organiser des visites touristiques du vignoble, du centre de vinification, des caves etc.

Zhangye a bon espoir de fonder un nouveau modèle agricole qui sera à la fois durable et respectueux de l’environnement, en établissant une agriculture de recyclage tout en développant une nouvelle offre touristique. Nous avons interrogé le maire Huang Zeyuan à ce sujet. Comment voit-il sa ville dans dix ans ? « Tout d’abord, je souhaite qu’elle soit une ville aux normes du point de vue écologique. Une ville doit, dans son développement, accorder une priorité à l’écologie et améliorer sans cesse son environnement. Ensuite, j’espère que notre ville deviendra un lieu de tourisme, une ville historique et culturelle. Mon objectif est de réaliser un développement agricole, écologique et culturel », répond M. Huang avec assurance.

Rendez-vous dans dix ans pour constater les résultats de ses efforts.

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