CHINAHOY

1-December-2015

Interview de Huang Zeyuan,maire de Zhangye

JIAO FENG, membre de la rédaction

La ligne ferroviaire à grande vitesse Lanzhou-Urumqi contribue à la renaissance de Zhangye.
 

Située dans le nord-ouest du Gansu, Zhangye, appelée Ganzhou dans les temps anciens, est l’oasis la plus étendue du Corridor du Hexi. Depuis plus de 2 000 ans, la ville constitue un passage obligatoire sur le tracé de l’ancienne Route de la Soie. Plusieurs ethnies différentes y cohabitent, les marchands, les touristes et les religieux chinois et étrangers s’y retrouvaient, les cultures orientales et occidentales s’y mélangeaient. Aujourd’hui, on compte 38 ethnies à Zhangye. Une ambiance culturelle singulière règne dans cette ville historique où se côtoient différents styles architecturaux, religions et modes de pensée.

Avec le lancement de l’initiative chinoise de la nouvelle Route de la Soie, Zhangye s’efforce de devenir un écran de protection écologique sur celle-ci et une base d’agroalimentaire biologique, tout en développant le tourisme et en établissant un hub régional de transport.

La situation géographique et l’héritage de Zhangye favoriseront certainement le développement de ces projets : « C’est grâce à l’attitude tolérante et ouverte qui est l’héritage historique de notre ville que nous allons trouver une nouvelle vitalité pour son développement futur », nous explique le maire de Zhangye, Huang Zeyuan.

Un hub régional de transport

« La Route de la Soie est à la fois une voie économique, une voie d’échanges culturels et de fusion ethnique en Eurasie. Zhangye est un passage obligé sur cette route », explique M. Huang.

Au sud de Zhangye s’étendent les monts Qilian, ligne de démarcation entre le plateau du Qinghai-Tibet et le plateau de Lœss. Les quatre oasis formées par les cours d’eau traversant les monts prennent leur source à Zhangye. Heihe est la deuxième plus grande rivière endoréique de Chine. Elle traverse tout le territoire de la municipalité et fertilise les champs, d’où l’abondance de produits et la prospérité du commerce dans la région.

À l’époque Tang (618-907), Zhangye était le deuxième plus important centre d’échanges commerciaux après la capitale Chang’an. Sous les Yuan (1271-1368), Zhangye était le chef-lieu de la province du Gansu et faisait partie des zones administratives de premier niveau du gouvernement central. On a construit dans la ville le plus grand grenier de la province. Celui-ci servait de réserve pour l’armée de plusieurs provinces. Sous les Ming (1368-1644) et les Qing (1644-1911), on comptait des dizaines de guildes à Zhangye. Celles-ci attiraient d’innombrables marchands venant de partout en Chine. La culture commerçante de Zhangye est une partie très importante de la culture de la Route de la Soie.

Zhangye compte parmi les plus importants centres de transit et d’approvisionnement le long de la Route de la Soie. Faxian, moine réputé de la dynastie des Jin de l’Est (317-420) y a séjourné. Xuanzang, moine renommé de la dynastie des Tang aussi. C’était le lieu de rendez-vous des caravanes, des fonctionnaires et des ambassadeurs.

En 1275, Marco Polo, alors âgé de 19 ans, est passé à Zhangye. D’après Histoires de la ville de Zhangye · Chronique des Événements Importants, il s’est rendu avec son père et son oncle, à Xanadu (situé aujourd’hui près de Xilin Gol en Mongolie intérieure) en été 1274 pour se présenter devant Kubilaï Khan. La route étant momentanément bloquée, ils ont dû restés à Ganzhou (ancien nom de Zhangye) pendant près d’un an. Aujourd’hui, une avenue bordée de bâtiments imitant le style architectural européen baptisée « l’avenue Marco Polo » rappelle cette histoire. « Bien que l’avenue soit récente, car elle date de 2003, les gens peuvent se rendre compte du fond culturel de la ville, ainsi que de son niveau d’ouverture et sa prospérité dès les temps anciens », déclare Huang Zeyuan.

Évoquant la ceinture économique de la nouvelle Route de la Soie, il déclare que c’est aussi un lien culturel, et que le rôle de Zhangye sur celle-ci sera certainement encore plus important qu’auparavant. « Sous Zhangye, passent des gazoducs pour le projet de transport de gaz de l’Ouest vers l’Est de la Chine, et des pipelines. Sur le sol de Zhangye, s’étirent des voies ferrées destinées au transport de charbon ainsi que des autoroutes. Dans le ciel de Zhangye, des lignes à très haute tension s’étendent pour le projet de transport d’électricité de l’Ouest vers l’Est de la Chine.

Mais Zhangye constitue aussi un passage important pour le transport des touristes et des voyageurs. De plus, grâce à de bonnes conditions naturelles, la ville est une grande base de production de produits biologiques. Ses produits agricoles bio sont exportés en Asie centrale et en Europe.

Au croisement de différentes cultures

« En 111 av. J.-C., Zhangye était déjà considéré administrativement comme un comté. C’était un lieu où se réunissaient différentes religions et où se rencontraient la Chine et les autres civilisations. Zhangye a préservé la richesse de son patrimoine culturel et sa diversité. Elle mérite bien le titre de ville historique et culturelle chinoise », argumente M. Huang.

Zhangye a la chance de posséder une culture ethnique extrêmement riche et singulière. Dans son histoire, on compte des dizaines d’ethnies, tels que les Yuezhi, Xiongnu (Huns), Rouran, Dangxiang, Turcs, Tibétains et Mongols. Certaines d’entre elles avaient même établi un pouvoir politique et régulaient la région. Aujourd’hui, ce sont 38 ethnies qui vivent à Zhangye, dont les Yugur, qui sont implantés uniquement en Chine.

Par ailleurs, Zhangye est un haut lieu de la diffusion du bouddhisme en Orient. Les moines Faxian et Xuanzang y ont tous deux fait l’exégèse des soutras lors de leur séjour. De nombreux documents et légendes entourent ces deux éminents moines. Construit en 1098, le temple du Bouddha géant de Zhangye était considéré comme le temple national de la dynastie des Xia de l’Ouest (1038-1227). Il est encore intact aujourd’hui, ce qui est assez rare en Chine.

« Différentes religions coexistent à Zhangye. On décrit d’ailleurs Zhangye comme une ville à moitié remplie par les roseaux d’un côté, et les pagodes de l’autre. Dans Le récit du voyage de Marco Polo on trouve une description détaillée des croyances religieuses à Zhangye à l’époque, ainsi que des différents lieux de culte. À l’époque des Qing, plusieurs religions, comme le bouddhisme, le taoïsme, l’islam et le zoroastrisme coexistaient et ont laissé un héritage architectural important. », nous décrit Huang Zeyuan. D’après lui, un respect et une inspiration mutuels entre les différentes cultures est important : « On doit renforcer la tolérance culturelle par le développement des différentes cultures. C’est non seulement le caractère spécifique mais également vers là où tend à se diriger Zhangye. Préserver cette culture diversifiée, renforcer la tolérance culturelle permet de rassembler et d’attirer les gens. »

Tout le monde se met au « vert »

En raison de ses conditions géographiques particulières, Zhangye possède une place très importante dans l’écosystème de la région. « La dégradation écologique de Zhangye aurait des conséquences directes sur le plateau du Qinghai-Tibet au sud, et aggraverait la désertification en Mongolie intérieure au nord. L’écosystème de Zhangye est assez vulnérable, du fait de sa haute altitude et de l’aridité du climat. La stratégie de développement de Zhangye réside donc dans le développement de l’économie écologique. « Nous avons conscience de l’importance de l’écologie, du moyen qu’est l’économie et du but qu’est protéger l’environnement. La culture et le tourisme sont nos secteurs concurrentiels, mais nous faisons aussi beaucoup d’efforts pour développer l’agriculture écologique et, dans une moindre mesure pour le moment, l’industrie écologique. »

« Les paysages ne sont réellement attrayants que s’ils sont empreints de culture », affirme Huang Zeyuan. « Avec le renouveau de la Route de la Soie, le nombre des visiteurs dans le Corridor du Hexi augmente de jour en jour. Les gens sont curieux et ont envie d’en savoir plus sur la civilisation antique, nous explique-t-il. Nous faisons en sorte que les gens fassent du tourisme pour la culture, et de stimuler l’intérêt de davantage de personnes vers Zhangye, grâce à notre riche patrimoine culturel et la diversité culturelle de la ville. »

« Aujourd’hui, une simple visite ne satisfait plus les touristes. Ils veulent faire d’autres activités. À cet égard, les sports de plein air constituent un bon moyen de faire fusionner la culture et la demande pour le tourisme « sur mesure », ajoute M. Huang. À Zhangye, vous pouvez faire du ski dans les montages, du 4X4 dans le désert, nager dans les rivières, faire du rafting…Vous trouverez certainement une activité à votre goût. »

Zhangye se situe dans la zone de transition entre le plateau du Qinghai-Tibet et le plateau de la Mongolie intérieure. C’est un endroit où l’on peut découvrir presque tous les types de paysages naturels : glaciers, montagnes couverte de neige, forêts, prairies, rivières, lacs, déserts, oasis, zones humides. The Huffington Post a sélectionné le relief Danxia de Zhangye parmi les 22 paysages les plus impressionnants du monde. Le relief varié de Zhangye est parfait pour le développement des sports de plein air. Selon Huang Zeyuan, le nombre des touristes à Zhangye était de 500 000 personnes en 2000, il a atteint 1,1 million en 2009 et dépassé les 10 millions en 2014. « On est passé du double pour les dix première années au décuple pendant les dernières cinq années ! Notre avantage dans les ressources touristiques et l’amélioration des services nous rendent confiants et nous sommes sûrs que Zhangye deviendra une ville touristique internationale dans pas longtemps », affirme Huang Zeyuan.

L’agriculture est un secteur concurrentiel traditionnel de Zhangye. D’après le maire, la ville fournit à peu près de 50 % de la production de semences de maïs en Chine. Dans le futur, Zhangye va être équipée de ressources solaires, thermiques, hydrauliques et foncières parmi les plus modernes. Zhangye espère devenir la plus importante base agroalimentaire biologique sur la ceinture économique de la Route de la Soie et une zone pilote dans la production agricole et l’élevage bio. Un accent particulier sera mis sur le respect des normes nationales en matière de sécurité alimentaire et l’intégration de la plantation, l’élevage, la myciculture et de l’industrie de tranformation en vue de créer de grandes entreprises et marques de renom biologiques.

 

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