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Ils sont venus soutenir la Chine
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Guy Saint-Jacques, ambassadeur du Canada en Chine, rend hommage au Dr Bethune, le 17 juillet 2014, au Cimetière des martyrs dans la région militaire du Nord de la Chine. |
GONG HAN, LIU CHENGZI et ZHOU LIN, membres de la rédaction
En 1958, l'épouse et la fille du pilote soviétique Grigori Kulishenko ont été invitées à venir en Chine pour participer aux festivités de la Fête nationale ainsi que pour se recueillir sur la tombe de Grigori. Lorsqu'il les a reçues, le premier ministre Zhou Enlai a déclaré : « Le peuple chinois ne saurait oublier Grigori Kulishenko. »
Tout comme ce dernier, les aviateurs américains de l'escadrille des Tigres volants, le médecin canadien Norman Bethune et bien d'autres étrangers encore ont parcouru des milliers de kilomètres pour atteindre la Chine et aider celle-ci à repousser l'armée japonaise. Le peuple chinois garde le souvenir de l'importante contribution qu'ils ont apportée à leur pays.
En mémoire de M. Kulishenko
La tombe de Grigori Kulishenko se trouve dans le parc Xishan (monts de l'ouest) dans l'arrondissement Wanzhou, à Chongqing. Beaucoup d'habitants viennent ici chaque matin pour se promener ou faire de l'exercice. Durant la Guerre de résistance contre l'agression japonaise, Wanzhou était une ville commerciale majeure en amont du Yangtsé, de même qu'une base logistique pour le Kuomintang. Mais juste après que Chongqing ( capitale pendant le conflit) a été bombardée, Wanzhou a subi le même sort. Wanzhou a été reconstruite et développée et est devenus une ville très dynamique de 1,75 million d'habitants.
À Wanzhou, tout le monde connaît l'histoire de Grigori Kulishenko et éprouve une affection particulière à son égard. Selon un document issu des Archives de Wanzhou, du mois d'octobre 1937 au mois de juin 1941, l'Union soviétique a envoyé 4 escadrilles comptant au total plus de 3 000 pilotes de chasse volontaires en Chine, pour la soutenir dans la résistance contre l'invasion japonaise. Grigori Kulishenko était l'un de ces aviateurs. Il fut dépêché en Chine en 1939.
Selon Wang Li, chercheur assistant au Bureau des archives de Wanzhou, Kulishenko avait pour tâche principale de former des pilotes. Il avait notamment orchestré deux attaques surprises contre la base aérienne de l'armée japonaise stationnée à Wuhan. Malheureusement, le 14 octobre 1939, son avion fut touché par un missile ennemi lors d'un combat. Pour éviter que l'aéronef ne fût complètement détruit, il manœuvra l'engin avec une technique et un contrôle hors du commun et réussit l'exploit d'atterrir sur l'eau. L'avion se posa en douceur sur le Yangtsé, mais Grigori, éreinté, ne trouva pas la force de s'extraire de la cabine.
Le gouvernement chinois de l'époque construisit alors un mausolée en son honneur. En 1958, la sépulture fut déplacée jusqu'à son emplacement actuel, où elle occupe une superficie de 1 630 m².
Wei Yingxiang se rappelle que sa mère a commencé à garder la tombe de Grigori Kulishenko lorsqu'il avait seulement 5-6 ans. Lui-même a succédé à sa mère dans cette fonction et a assuré la surveillance de cette tombe pendant près de 40 ans. L'année dernière, il a pris sa retraite. Néanmoins, chaque matin, il vient jeter un coup d'œil sur les lieux, surtout quand il pleut, de crainte que de vieux arbres tombent et n'endommagent la tombe. Il commente : « Grigori Kulishenko a sacrifié sa vie pour notre pays et notre ville. Pour nous autres Chinois, c'est un brave, que jamais nous n'oublierons. Garder sa tombe est un moyen de rassurer et de consoler sa famille, en lui faisant savoir que M. Kulishenko n'est pas mort pour rien ici. »
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Wei Yingxiang à côté de la statue de M. Kulishenko. |
Un témoignage de l'amitié sino-américaine
Voyant un Airbus 320 s'envoler sur la large piste bétonnée de l'aéroport de Zhijiang, Yang Yu, directeur adjoint du Musée d'histoire sur les Tigres volants, fait remarquer : « Il y a plus de 70 ans, l'aéroport de Zhijiang était le 2e plus grand aéroport militaire des Alliés en Extrême-Orient. Il couvrait alors une surface de 280 ha, soit le triple d'un aéroport civil actuel. Les pilotes volontaires soviétiques et les membres des Tigres volants réalisèrent de nombreux décollages depuis cette base. »
Au début des années 40, dans le contexte de la coopération sino-américaine contre l'armée japonaise, des troupes armées massives se trouvaient rassemblées à Zhijiang. Les organes militaires américains, grands ou petits, se dénombraient à plus de 200, tandis que l'armée américaine totalisait juqu'à plus de 6 000 soldats. Les habitants de Zhijiang surnommaient « rue américaine » le quartier où étaient concentrés casernes, entrepôts, boutiques et clubs dans le style américain. Le Zhijiang d'aujourd'hui, par rapport à cette époque-là, est une petite ville moderne, mais où les histoires sur cette « rue américaine » et sur les Tigres volants continuent d'être largement transmises.
Le Mémorial des Tigres volants avoisine l'aéroport. À l'entrée, notre œil est attiré par deux reproductions de l'aéronef P-40, peintes d'une tête de requin. Selon les explications de Yang Yu, ces avions de combat à la ligne si particulière firent parler d'eux pour la première fois l'hiver 1941. Le 20 décembre de cette année-là, 10 bombardiers de l'armée japonaise semaient la terreur sur le territoire chinois. 4 P-40 dirigés par John Newkirk se lancèrent à leurs trousses. Au final, 6 appareils sur les 10 furent détruits. Parmi ceux restants, trois tombèrent alors qu'ils prenaient la poudre d'escampette ; seul un chanceux réussit à fuir vers Hanoi.
De nos jours, le mémorial expose également des sièges des avions P-40, des photos des bombardements qui eurent lieu dans le Yunnan ainsi que des portraits des pilotes américains en plein combat.
Entre le mois d'août 1941 et 1945, les effectifs des forces aériennes américaines venant soutenir la Chine sont passés de quelques centaines à 18 223 soldats. Entre-temps, leur dénomination a évolué, de « groupes de volontaires américains » à « Task force de la 10e escouade aérienne de l'armée de terre américaine » en passant par « 14e escouade aérienne de l'armée de terre américaine ». Ils ont réalisé maints exploits pour défendre la route Yunnan-Birmanie, ouvrir le pont aérien baptisé le « Hump », empêcher l'ennemi de franchir le fleuve Nujiang, combattre à l'ouest du Hunan, anéantir les avions japonais, etc. Des statistiques dressées en 2010 ont confirmé l'identité de 2 193 aviateurs américains qui ont perdu la vie en Chine. Le politicien Song Ziwen avait fait l'éloge de ces pilotes, les qualifiant de « tigres ailés », d'où l'appellation désormais commune de Tigres volants pour désigner ces soldats américains qui pilotaient des appareils décorés d'une bouche de requin béante. D'ailleurs, dans le mémorial, nous avons découvert que la tenue de ces soldats comportait un brassard avec le motif d'un tigre à deux ailes.
Au Mémorial de Tengchong, dédié aux batailles dans l'ouest du Yunnan, sont exposées 180 photos montrant des soldats membres des Tigres volants. Ma Juan, conservatrice adjointe de ce musée, nous raconte l'histoire d'un d'entre eux, Willian Findley, membre de la 10e escouade. Après que son avion fut tombé, il fut secouru et soigné rapidement par des habitants de Tengchong. Dans le cas contraire, il serait sans aucun doute tombé aux mains de l'armée japonaise. Après son rétablissement, il regagna le champ de bataille. Ma Juan nous indique alors un uniforme américain et commente : « C'est sa fille, Lisa Findley, qui nous a fait don de cet uniforme, en guise de remerciements pour l'aide offerte par les habitants de Tengchong à son père. Chaque année, elle vient séjourner un mois dans ce district au Yunnan et y développe des projets caritatifs ».
En 2003, Anna Chennault (née Chen Xiangmei), épouse de Claire Lee Chennault, commandant de l'escadrille des Tigres volants, est retournée à Zhijiang en compagnie de 9 vétérans des Tigres volants. En 2005, Johnson Wayne, ancien président de l'Association de la 14e escouade des Tigres volants, ainsi qu'une vingtaine de membres de cette escouade, sont également revenus à Zhijiang pour rendre hommage aux martyrs et célébrer la paix retrouvée. En septembre 2010, Jimmy Carter, ancien président américain et prix Nobel de la paix, a déclaré après sa visite du mémorial que cette collection d'objets ayant appartenu aux Tigres volants constituent un témoignage de la lutte menée conjointement par la Chine et les États-Unis contre le fascisme japonais de l'époque : un gage de l'amitié profonde qui unit les peuples chinois et américain.
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Le 23 avril 1939, le Dr Bethune effectue une intervention chirurgicale sur un blessé, dans un temple à seulement 3,5 km du front. |
Commémorations pour le Dr Bethune
L'Hôpital international de la paix Norman Bethune de l'Armée populaire de Libération est situé dans la ville de Shijiazhuang (province du Hebei). Il fut créé en 1937 et portait alors le nom d'Hôpital à l'arrière de la zone militaire Shanxi-Chahar-Hebei. En 1940, l'établissement a été rebaptisé en mémoire du médecin canadien Norman Bethune, décédé à son poste lors de la guerre.
Aujourd'hui, à l'entrée de l'hôpital, se dresse une statue en marbre blanc du Dr Bethune à l'ombre d'arbres verdoyants.
Tout près, le musée commémoratif à étage conserve les précieuses photos de Bethune en Chine, le matériel médical et la machine à écrire qu'il a utilisés, les chaussures en paille qu'il a portées, les équipements qu'il a inventés et les manuels de médecine qu'il a rédigés.
Après le déclenchement de la Guerre de résistance contre l'agression japonaise, Norman Bethune a conduit une équipe médicale canadienne-américaine en Chine au début de 1938. Une fois arrivé à Yan'an en mars, le Dr Bethune, très enthousiaste, s'est rapidement mis au travail. Dans son journal aujourd'hui conservé au musée, il a écrit : « Une toute nouvelle école de médecine vient d'être établie à Yan'an. Par ailleurs, l'hôpital est en plein développement. Les équipements demeurent très basiques, mais les autorités de la ville ont mis en place un système permettant à tous d'accéder gratuitement aux soins. » Nous remarquons dans le musée un tableau dépeignant un entretien entre Mao Zedong et le Dr Bethune dans une habitation troglodyte. Le médecin canadien lui demande avec énergie la permission d'aller sur le front pour soigner les blessés, en affirmant qu'il veut aller là où les combats sont les plus violents.
Arrivé au front dans la région de Shanxi-Chahar-Hebei le 17 juin 1938, Norman Bethune y est mort le 12 novembre 1939. En un an et demi, il a participé aux opérations de secours sur 11 batailles, et réalisé 1 290 interventions chirurgicales. Il a commenté dans ses écrits : « Je peux être dans un temple délabré, face à une statue sacrée aux traits inexpressifs haute de 20 pieds, et réussir des opérations chirurgicales comme si je travaillais dans des conditions modernes, avec l'eau courante, l'éclairage et des équipements de pointe. » Le Dr Bethune a d'ailleurs introduit des technologies occidentales avancées dans la base de la lutte contre l'agression japonaise. C'est lui qui est à l'origine de la création de l'Hôpital de référence de la VIIIe Armée de route. Il a également établi un service chirurgical spécialisé en empruntant les anciens biens de paysans pour aménager les locaux. Il a encore formé une équipe de bénévoles à la transfusion sanguine.
Selon Norman Bethune, « pour être un bon chirurgien au front, il faut être capable de faire le travail à la fois d'un menuisier, d'un forgeron, d'un couturier et d'un barbier. » Sur le champ de bataille, Bethune, tout en s'activant à soigner les blessés, a pris le temps de rédiger bon nombre de manuels médicaux et de notes de voyage. Il a même composé des nouvelles qu'il a envoyées vers le Canada et les États-Unis pour publication, dans le but d'accroître le soutien et la solidarité de l'étranger dans la guerre contre l'agression japonaise. Durant son séjour en Chine, un de ses romans, intitulé Weeds in Fertile Fields, a été publié dans la revue américaine Progressive Weekly. Le Dr Bethune y dénonce les atrocités commises par l'armée japonaise sur le territoire chinois.
Après sa mort, à Yan'an, ont été organisées des commémorations. Mao Zedong a rédigé un article intitulé À la mémoire de Norman Bethune. Dans ce texte, encore bien connu des Chinois aujourd'hui, Mao Zedong louait Norman Bethune au plus haut point.
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