CHINAHOY

4-August-2015

Minsheng Investment se projette en Indonésie

 

Le 27 mars dernier, Minsheng Investment et le Conseil commercial Indonésie-Chine ont signé un traité de coopération dans le Grand Palais du Peuple de Beijing.

 

ZHOU LIN, membre de la rédaction

Lors de sa visite d’État en Chine du 26 au 28 mars dernier, le président indonésien Joko Widodo a affirmé devant la presse que de nouvelles opportunités de coopération s’ouvraient pour l’Indonésie et la Chine dans les domaines de l’investissement et du commerce, ajoutant qu’il espérait voir la Chine augmenter sa participation dans les infrastructures de son pays. En effet, l’Indonésie envisage d’affecter 290 000 milliards de rupiahs (environ 22,3 milliards de dollars) dans les infrastructures en 2015, un record historique.

Le 27 mars à Beijing, la China Minsheng Investment Co., Ltd (Minsheng Investment) a signé un accord de coopération au Grand Palais du peuple avec son partenaire indonésien, le Conseil commercial Indonésie–Chine. En cette occasion, Minsheng Investment a annoncé qu’elle allait bâtir, conjointement avec plusieurs dizaines d’entreprises privées chinoises, un parc industriel en Indonésie. Le fonds initial, prévu pour être de 5 milliards de dollars, sera rapidement suivi d’autres investissements, pour un total dépassant les 10 milliards. Et la construction de ce parc industriel n’est qu’un des projets listés dans l’accord de coopération qui a été ratifié ce jour-là. Le montant total des investissements est estimé à 40 milliards de dollars, un chiffre colossal qui montre bien à quel point les entreprises chinoises s’impliquent à l’étranger.

Un grand potentiel de coopération

Déjà en décembre 2014, le président Joko avait annoncé l’Ordre du jour 2015-2019 pour la réforme à moyen terme et le programme de développement économique, déterminant douze secteurs clés pour la construction d’infrastructures. Lors de sa visite en mars dernier, il a souhaité que la Chine, qui possède un riche savoir-faire, des techniques d’avant-garde et une efficacité incroyable dans ce domaine, fournisse de l’aide à l’Indonésie. Joko Widodo l’a invitée à accroître ses investissements dans la construction de routes, de chemins de fer, de ports et de centrales électriques. « Si les entreprises de nos deux pays procèdent à de telles coopérations, nos problèmes se résoudront », a-t-il conclu.

L’Indonésie est devenue un des membres fondateurs de la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (AIIB). Le président indonésien a d’ailleurs fait l’éloge du rôle que jouera cet organisme : « Sa création et sa mise en service contribueront au développement de l’économie mondiale. » Selon lui, un grand nombre de pays manquent actuellement de financement pour leurs infrastructures. L’Indonésie, à elle seule, nécessite 3 millions de milliards de rupiahs (230,5 milliards de dollars), qui ne pourront pas être apportés par les institutions financières internationales existantes telles que la Banque mondiale, la Banque asiatique de développement et le Fonds monétaire international.

Voyant le gouvernement indonésien disposé à coopérer, le gouvernement chinois a compris que s’annonçaient d’énormes opportunités commerciales et un gigantesque potentiel de développement. L’Indonésie constitue la deuxième destination des investissements chinois au sein de l’ASEAN. De 61,96 millions de dollars en 2004, la valeur de ces investissements est passée à 1,1 milliard en 2014. Une somme qui a donc été multipliée par 17,9 sur une décennie, soit une augmentation de 1 690 %.

Le premier ministre Li Keqiang a fait remarquer que le gouvernement chinois encourage les entreprises chinoises nanties de solides ressources financières, qualifications et réputation à investir en Indonésie. Il les pousse à s’impliquer dans des projets de construction, tels que lignes à grande vitesse, voies de tramway, installations portuaires et parcs industriels. Les entreprises chinoises sont invitées à partager leurs techniques et leur expérience, tout en respectant le calendrier et en garantissant la qualité des travaux.

Dans les faits, les firmes chinoises possèdent des avantages sur le marché indonésien des infrastructures. Outre leurs équipements et leurs capacités de bon niveau, elles se distinguent grâce à leurs tarifs attractifs et leur rapidité à effectuer les travaux. Elles présentent donc un meilleur ratio qualité/prix par rapport aux entreprises européennes, américaines ou japonaises. Par ailleurs, les investisseurs chinois en Indonésie se sont progressivement diversifiés : la part des entreprises d’État se réduit d’année en année, celles-ci cédant de plus en plus la place aux entreprises privées.

 

Le président chinois Xi Jinping a rencontré son homologue indonésien Joko Widodo à Beijing, le 26 mars dernier.

 

Atouts indéniables des entreprises chinoises

Pourquoi Minsheng Investment a-t-il choisi l’Indonésie pour bâtir son premier parc industriel, et non un autre pays de l’ASEAN ? « Tout d’abord, l’Indonésie abrite 250 millions d’habitants, une population nombreuse. Ensuite, ce pays, de par sa position stratégique, constitue une puissance maritime. Et enfin, soulignons que la Chine et l’Indonésie entretiennent de bonnes relations et jouissent d’une forte complémentarité au regard de leurs industries », analyse Li Huaizhen, président de Minsheng Investment.

Ancien responsable comptabilité à la Commission du contrôle bancaire de Chne (CRBC) et vice-président du Conseil de supervision de la Banque Minsheng de Chine, Li Huaizhen connaît très bien les raisons de ce choix. « Nous sommes optimistes quant au progrès des industries indonésiennes. Grosso modo, l’Indonésie et la Chine se trouvent à des stades de développement hautement complémentaires. Le président Joko, après son arrivée au pouvoir, a formulé des stratégies de développement national, portant notamment sur les activités en mer et l’industrialisation. Quant à la Chine, passant de la phase intermédiaire à la phase finale de son industrialisation, elle s’est déjà dotée d’industries très compétitives, qui pourraient bien satisfaire la demande du marché indonésien. »

En plus de manifester un fort désir de réforme et de développement, l’Indonésie planifie clairement sa restructuration industrielle. Le pays prévoit d’établir, d’ici cinq ans, un grand nombre de ports et d’infrastructures. À cela s’ajoute une panoplie de projets d’exploitation de ressources minières. Les entreprises chinoises, en particulier privées, sont en mesure de soutenir l’Indonésie, pour des résultats bénéfiques aux deux parties.

Selon M. Li, Minsheng Investment et les dizaines d’autres entreprises privées chinoises qui ont signé l’accord à Beijing prendront part à des projets concernant l’acier, le ciment, les installations portuaires et les parcs industriels. Des projets en adéquation avec les besoins de l’Indonésie. Ces entreprises chinoises, qui toutes présentent des atouts en termes de technologies, gestion et savoir-faire, soutiendront donc le développement du pays.

Un parc industriel complet

L’ambassadeur de Chine en Indonésie, Zhou Feng, a hautement loué le futur parc industriel de Minsheng Investment en Indonésie, dont les travaux commenceront prochainement. Il espère que celui-ci deviendra un projet représentatif des financements chinois en Indonésie.

« Cette fois-ci, nous avons adopté un modèle d’investissement pluriel, avec d’un côté, Minsheng Investment, et de l’autre, un consortium d’entreprises privées chinoises, a expliqué M. Zhou. Cette expérience nous vient de la Corée du Sud et du Japon. D’abord, il faut réaliser un investissement massif, puis former des chaînes industrielles, et enfin, développer les différentes fonctions au sein du parc industriel. » Le contrat qui a d’ores et déjà été signé, pour un montant total de 5 milliards de dollars, concerne quatre projets : l’acier, le ciment, le minerai de nickel et des infrastructures portuaires.

Le projet sidérurgique sera le premier à être mis en œuvre. Il représente à lui seul 1,6 milliard de dollars. Les travaux seront étalés sur deux phases, chacune prévoyant la construction d’une chaîne de production d’une capacité annuelle de 3 millions de tonnes d’acier. Une fois achevé, 6 millions de tonnes par an pourront sortir de cette usine, un chiffre approchant le volume actuel d’acier produit en Indonésie.

Toujours d’après Li Huaizhen, Minsheng Investment est elle-même une entreprise qui regroupe des actionnaires de 59 entreprises privées. Avant l’annonce officielle de la construction du futur parc industriel, ces actionnaires avaient signé un accord avec Minsheng Investment, confiant à ce dernier la charge des négociations en Indonésie. Minsheng Investment a encore des partenaires extérieurs. Le projet sidérurgique, par exemple, sera financé par Minsheng Investment mais aussi par une entreprise privée chinoise. Cette dernière, après avoir mené des enquêtes sur le terrain et des études du marché indonésien pendant quatre ans, avait pu composer un projet d’investissement fiable.

Si la société Minsheng Investment s’est tournée vers les infrastructures sidérurgiques et portuaires, c’est notamment parce qu’elle a noté que l’initiative du président Xi Jinping sur la construction conjointe de la Route maritime de la Soie du XXIe siècle correspondait parfaitement à l’objectif proposé par le président Joko, à savoir développer l’économie maritime.

Selon The Jakarta Post, le nouveau gouvernement indonésien accorde une attention particulière à la construction d’infrastructures en mer. L’industrie navale, pilier majeur du transport maritime et de l’interconnexion avec les autres pays, a d’ailleurs été élue secteur prioritaire.

Xu Ningning, conseiller exécutif du Conseil commercial Chine–ASEAN, qui a mené de vastes échanges avec des hauts fonctionnaires indonésiens issus entre autres du ministère du Commerce ou de celui des Affaires étrangères, explique qu’en Indonésie, la construction navale est particulièrement onéreuse en raison de la faiblesse de l’industrie sidérurgique ainsi que du manque de pièces détachées et de matières premières. Ainsi, l’industrie navale est loin de satisfaire la demande du pays en transport maritime. La Chine, relativement performante dans ce secteur, pourra donc être compétitive sur le marché indonésien.

À l’avenir, Minsheng Investment se concentrera sur les secteurs soutenus par le gouvernement indonésien et ceux qui posent de lourds défis au développement économique du pays. Les secteurs et activités qui seront introduits en priorité dans le parc industriel sont les suivants : carbochimie, production d’aluminium électrolytique, sidérurgie, production d’électricité, cimenterie, installations portuaires, halieutique, services Internet, garage de jets d’affaires ainsi que production et mise à l’essai d’hélicoptères.

« En Indonésie, la plupart des régions sont pourvues d’un accès à Internet, mais la connexion reste lente, explique Li Huaizhen. Selon le plan quinquennal pour 2015-2019, la qualité du réseau sera améliorée dans les districts, municipalités et régions. Actuellement, l’Indonésie compte 260 millions de terminaux mobiles. D’après des estimations, parmi cette population, 45 % seront abonnés à la 3G d’ici 2015. Cette nouvelle demande indonésienne créera des opportunités infinies pour les entreprises chinoises, dont les retombées profiteront aux deux pays. »

 

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