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Pédalons vert !
JIAO FENG, membre de la rédaction
Dans les villes, on voit de plus en plus de gens filer à la vitesse du vent sur des vélos branchés avec un casque bariolé sur la tête. Ce sont les « véloteurs ». Leur slogan : « Pédaler, c’est un style de vie ! »
Dans les années 90, la bicyclette était le principal moyen de transport des Chinois. Grâce ou à cause de l’essor économique du pays, les motos et les voitures particulières se sont multipliées. Un nouveau phénomène est apparu : les embouteillages. La qualité de l’air en a également pris un coup à cause des gaz d’échappement, au point qu’un nombre croissant de personnes a pris conscience de l’importance des moyens de locomotion écologiques.

Ralentissons !
Il y a dix ans, Liu Weidong, 46 ans, a créé sa propre entreprise Internet. Il s’est servi de son premier salaire pour acheter un vélo de pro sur lequel il se rend au travail tous les jours. « L’entreprise met à disposition une voiture avec chauffeur, mais je ne m’en sers que dans des occasions particulières. De chez moi à mon bureau, il y a 17 kilomètres. En vélo, je mets moins d’une heure pour faire le trajet. En général, je n’ai pas trop le temps de faire du sport, alors faire du vélo avant et après le travail me fait mon exercice de la journée. Surtout que depuis quelques années, les bouchons sont monnaie courante. Il est bien plus pratique de se déplacer en vélo qu’en voiture », argumente-t-il.
L’autre passion de Liu Weidong, c’est le voyage, mais toujours à vélo ! Il habite dans le Henan, à Zhengzhou (capitale de la province). La région étant l’un des berceaux de la culture chinoise, elle regorge de sites historiques. Liu Weidong profite de ses vacances pour partir à vélo en quête de vestiges anciens sur la base d’archives historiques. Il aime faire ces expéditions à vélo, car selon lui, c’est un bon moyen d’être au plus près de la nature et d’admirer le paysage. « Dans la société actuelle, notre rythme de vie est de plus en plus stressant. Les gens courent tous après un but, oubliant que le processus pour l’atteindre est tout aussi important. Se balader à vélo permet de ralentir le mouvement, et de vivre en harmonie avec la nature, de profiter de l’instant présent. »
« Faire du vélo est vraiment relaxant. On peut prendre le temps d’apprécier le voyage, car on peut regarder le paysage et s’imprégner de l’atmosphère », décrit Zhang Saizhen, fanatique de vélo. Mais à la différence de Liu Weidong, elle aime se promener en compagnie de ses amis : « On est une bande de copains de vélo qui part souvent faire des excursions ensemble. Le plus loin on soit allé, c’est la Mongolie intérieure. » Elle explique qu’en discutant et en blaguant avec ses partenaires sur la route, elle ne sent pas la fatigue et ne s’ennuie pas. En plus, on peut s’arrêter là où on a envie, prendre des photos ou faire une pause. Elle conçoit ce type de voyage comme une vraie détente.
Zhang Saizhen travaille comme comptable dans une société de production cinématographique à Beijing. Elle passe ses journées face à des tableaux remplis de chiffres où elle n’a pas le droit à l’erreur et vit constamment sous pression. Son mari étant un grand amateur de sports en plein air, il lui a proposé de se dépenser pendant les vacances pour se décontracter. « Le vélo, c’est vraiment bénéfique. Chaque coup de pédale et chaque cliquetis de la chaîne font disparaître les problèmes et le stress du boulot », explique Zhang Saizhen. Pour elle, faire du vélo l’aide à recharger ses batteries et à faire le plein d’énergie pour retourner travailler.
« Tailler la route »
Beaucoup d’autres cyclistes comme Zhang Saizhen préfèrent faire du vélo en groupe. Rien qu’à Beijing, il existe des dizaines de clubs de cyclisme, dont les membres se comptent en dizaines voire en centaines. Ils organisent leurs sorties pendant les vacances ou les jours fériés, et les participants sont toujours au rendez-vous.
Tianshi (« ange »), s’est inscrite au club Tieshua (tailler la route). Voici ce qu’elle a posté sur le blog du club après sa première séance de cyclisme urbain : « Je suis contente, même si j’ai mal aux genoux. Je suis vraiment heureuse d’avoir trouvé un club où chacun s’encourage, où on peut compter sur les autres qui prennent soin de vous. J’ai été émue que certains me demandent de leur envoyer un message une fois rentrée ou me téléphonent le lendemain pour savoir si mes jambes me font mal. »
À partir de 2006, des virées à vélo ont été organisées dans les rues de Beijing tous les jeudis soir à 19 heures depuis le centre commercial Parkson de Fuxingmen. Comme le nombre de participants augmentait de façon exponentielle, un club a été créé en 2009. Sun Jian, l’un des fondateurs, nous explique : « Il y a plusieurs règles : interdiction de faire la course, interdiction de griller les feux rouges, interdiction de rouler à plus de 20 km/h, interdiction de laisser quelqu’un en arrière, etc… Notre devise : faire du vélo pour l’amitié, pour une vie bas-carbone et pour le fun ! »
Erlun (« deux roues ») s’est inscrit au club juste après avoir obtenu son diplôme à l’université. Il aime faire du vélo depuis qu’il est petit. Cette activité lui permet de rencontrer des nouvelles têtes. Il prend aussi part à beaucoup de manifestations qui promeuvent les déplacements écologiques, le bas-carbone ou la protection de l’environnement. Il souhaiterait vivre dans un environnement plus sain et espère que toujours plus de citadins feront des efforts en ce sens. « On devrait encourager la population à se mettre au vélo au lieu d’imposer toutes sortes de restrictions sur les émissions ou la circulation des voitures. Il faut créer des événements d’envergure pour donner envie aux gens de suivre le mouvement du “Pédalons vert” », déclare-t-il.
En selle pour une vie plus saine !
La Chine était souvent désignée jadis « le royaume de la bicyclette ». Des flots de vélos déferlaient les avenues : c’était une des cartes postales du pays. Or aujourd’hui, les voitures ont remplacé les vélos, et la pollution, l’air pur… La dégradation de l’environnement commence à faire réfléchir... De plus en plus de gens choisissent de moins prendre l’ascenseur, de moins conduire, de moins utiliser de papier, etc... afin de réduire leur impact sur l’environnement.
Le vélo étant un moyen de locomotion écologique, économique et pratique, il a retrouvé sa place dans le cœur des Chinois. Le VTT et le vélo loisir ont remplacé la vision traditionnelle qu’ils en avaient. Le vélo n’est plus pour les Chinois un vulgaire moyen de transport, c’est un sport de détente sain, et même, une solution pour le développement urbain durable.
Depuis la création du club de cyclisme il y a 6 ans, Sun Jian a complètement changé sa façon d’envisager le vélo. Il estime que « rouler à vélo est un mode de vie positif, une attitude. C’est un moyen d’échapper au conditionnement de la vie moderne, selon laquelle il faudrait conduire une voiture et ranger les vélos au râtelier. En plus, faire du vélo permet de mener une vie plus saine, plus écologique… Il suffit d’un tour à vélo pour reprendre goût à la vie, après que vous avez perdu toute motivation à force d’être cloîtré dans un appartement ou dans un bureau. Se mettre au vélo, c’est faire le choix d’une vie plus naturelle tout en faisant de l’exercice, en découvrant de nouveaux horizons et en rencontrant de nouveaux amis. »