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Le commerce se met au vert
HU YUE, membre de la rédaction
À Beijing, le commerce des plantes et le système de plantation de légumes en intérieur prennent de l’ampleur.
Xue Lu et son mari possèdent une serre de plantes grasses appelée Jardin Meinuo. Celle-ci se trouve au 4e périphérique de l’ouest de Beijing, à seulement 10 km de la place Tian’anmen. Par sa situation, en comparaison des autres exploitations, Jardin Meinuo est vraiment au cœur de la ville. Le week-end, l’exploitation ouvre ses portes aux visiteurs dont beaucoup d’amateurs de plantes grasses qui viennent visiter et y acheter leurs plantes préférées.
Les plantes grasses sont ces plantes aux feuilles dodues et souvent semblables à de petits cactus sans épines. Parmi les plus courantes on trouve la joubarbe et le sedum.
Depuis trois ou quatre ans, sous l’influence d’une mode venue du Japon et de la Corée du Sud, les plantes grasses sont devenues de plus en plus populaires en Chine. De petite taille, facile à entretenir et de forme rigolote, elles sont devenues la passion des femmes citadines qui les mettent sur leur bureau ou à la maison pour décorer.

D’amateur à commerçant
En 2011, alors qu’elle avait 29 ans, Xue Lu a acheté, sans vraiment y croire, trois pots de plantes grasses pour seulement cinq yuans. Aujourd’hui, elle en est fanatique. Ce qui la différencie des « phytophiles » amateurs, c’est qu’elle a décidé d’en faire son métier à plein temps.
La passion de Xue Lu pour les plantes grasses a contaminé son mari Li He qui s’est lancé dans le bouturage des jeunes plantes à l’aide de leurs feuilles, et a petit à petit occupé toute la cour de leur maison. Début 2013, le couple décide d’ouvrir une boutique sur Internet pour vendre leurs plantes. Ils n’auraient jamais pensé que les retours des clients sur la boutique seraient si favorables. Bien qu’au départ ils ne gagnaient que quelques centaines de yuans par mois, Li He y a vu une opportunité de développer un commerce.
L’année dernière, celui-ci décide de quitter son travail. Il travaillait dans l’informatique. Ce domaine est très lucratif en Chine, et choisir d’abandonner son travail à l’âge de 33 ans pour se lancer dans un projet de plantes grasses n’a pas été un choix facile pour Li He. Évidemment, Xue Lu a soutenu la décision de son mari, et en mars 2014, ils ont loué une serre végétale dans l’arrondissement Haidian de Beijing pour créer leur entreprise.
Les affaires de Meinuo se développent de mieux en mieux sur Internet, et en avril 2015, Meinuo est devenue la boutique en ligne de plantes grasses qui a fait les meilleures dans la région périphérique de Beijing. Selon Xue Lu, la boutique propose environ 400 espèces de plantes grasses différentes et il y a une centaine d’autres espèces de plus en vente directe dans la serre. Chaque jour, la boutique en ligne Jardin Meinuo attire 6 000 à 8 000 visiteurs et réalise environ 300 commandes. Maintenant, les ventes atteignent 800 000 yuans par mois. Si tout se passe bien, on peut prévoir pour l’automne 2015, en pleine saison des plantes grasses, que les ventes passeront à un million de yuans par mois. Cependant, par rapport aux autres boutiques de la même sorte sur Internet, le profit de Jardin Meinuo est relativement bas, à peu près 20 % de profit brut seulement.
Xue Lu nous a exprimé son inquiétude quant au marché chinois des plantes grasses : « C’est un peu le désordre au niveau des espèces et des prix. Cela vient surtout du fait que les consommateurs ne s’y connaissent pas trop. 80 % des clients de Jardin Meinuo sont de jeunes citadines et aussi pas mal de collégiens et de lycéens. Ce type de consommateur n’est pas régulier et fait surtout des achats plaisir. En comparaison, les consommateurs sur le marché étranger sont plus âgés et expérimentés, ceux de Corée du Sud sont surtout des femmes au foyer qui ont du temps pour prendre soin des plantes. » Évidemment, le fait que le marché chinois soit surtout composé de jeunes n’est pas un mal, car cela implique également qu’il recèle de grandes potentialités.
Actuellement, Jardin Meinuo s’est agrandi et a loué deux autres serres. Une pour planter, une pour les expéditions et une pour les visites et la vente directe. Xue Lu nous explique que les serres ne sont pas assez modernes, et qu’ils ont décidé de louer une serre moderne et automatisée. « Pouvoir garder une température constante en toutes saisons permettra d’augmenter la production. » Xue Lu et Li He font également des projets pour enrichir la gamme des plantes proposées à la vente : « Nous allons nous lancer dans les plantes en pot et les trèfles. En général, les gens qui aiment les plantes grasses les apprécient également. »

Des légumes au bureau
Un grand problème pour les amateurs de plantes grasses dans les villes comme Beijing, c’est qu’on manque souvent de lumière naturelle à l’intérieur des bureaux ou dans la maison. Dans les bâtiments administratifs modernes, la lumière naturelle est une denrée rare. Pourtant, dans les bureaux peu ensoleillés de Lükongjian (Espace Vert) du Groupe Vantone c’est une vraie jungle de fleurs et de légumes !
Le jour de notre visite, Beijing souffrait des affres d’une tempête du sable. Mais chez Lükongjian, chaque bureau est agrémenté d’une étagère-jardin sur laquelle poussent camomille, menthe, colza, thym et autres herbes et légumes dans des bacs. Sur le haut de ceux-ci est accrochée une lampe qui imite la lumière du soleil. Dans un coin sombre du bureau, il y a plusieurs étagères non éclairées pour cultiver des champignons. Ce bureau rempli de plantes fait penser à un jardin ou à un laboratoire végétal et nous a fait oublier un instant le temps affreux qu’il faisait dehors.
Zhang Xun, la responsable de Lükongjian, et ses cinq autres collègues, n’ont pas de but commercial. Lükongjian possède aussi une boutique en ligne pour vendre leurs produits : les étagères, les lampes, le terreau et les plantes, mais l’équipe a pour mission principale d’organiser des activités quatre ou cinq fois par semaine et d’aller dans les jardins d’enfant pour enseigner aux petits à planter les légumes et les herbes. L’équipe a également crée des coopérations avec des entreprises Internet comme toutiao.com, pour installer des boîtes dans leurs bureaux. Zhang nous explique : « L’idée de ce projet vient des usines végétales au Japon : la lumière, la température, l’eau et les nutriments sont contrôlés automatiquement. On s’est dit qu’on pouvait essayer dans les villes du Nord de Chine où le climat est aride. »
Comment ce projet non-commercial est-il né dans une entreprise immobilière comme Vantone est ce qui nous intéresse. En 2010, Feng Lun, président du conseil d’administration du groupe, a lancé un programme baptisé Cité 3D : un projet de ville intelligente qui inclut industrie et ville, les services médicaux, l’agriculture urbaine et les services. Aujourd’hui, deux projets de Cité 3D ont été lancés à Xi’An et à Wenzhou. Lükongjian se consacre au développement de l’agriculture urbaine pour ce programme. Des jeunes issus de différents domaines professionnels se sont regroupés pour faire des expérimentations et des essais pour le projet.
Lükongjian a finalement choisi de combiner l’agriculture écologique et la décoration intérieure pour créer un espace vert à l’intérieur des bureaux ou de l’habitat. « On peut installer plusieurs étagères de bacs à fleur selon la longueur et la hauteur de la pièce dans la salle à manger ou le salon d’un appartement. Cela permet alors de cueillir de la menthe pour la salade, ou de couper du poireau sans pesticides pour faire ses raviolis direcement dans son salon. C’est un style de vie sain », nous décrit Zhang Xun, très confiant dans le projet.
Actuellement, l’équipe de Zhang Xun s’occupe surtout de promouvoir le concept de la « vie écologique » pour éveiller la demande de la population urbaine envers la nature. Lorsqu’il y aura un véritable marché, il lancera un plan commercial.

Un café qui guérit
L’équipe de Zhang Xun se concentre également pour créer les consommateurs potentiels de demain. Plus les gens comprendront ce concept de vivre écologiquement, plus le projet aura de perspectives. De ce point de vue, le café Spoonful of Sugar partage la même idée que celle de Lükongjian. Nous nous sommes rendus dans le hutong où il est situé : Tieshu xiejie hutong dans le quartier de Qianmen.
En octobre 2013, la Semaine internationale du design de Beijing s’est ouverte dans les hutong proches de Qianmen. Le thème était « Ville de design-Ville intelligente ». À l’occasion, des designers et urbanistes d’avant-garde se sont installés en résidence dans ce quartier traditionnel de Beijing. Après la clôture de la Semaine du design, ce quartier est devenu une zone de l’industrie créative, et au début du 2014, le Spoonful of Sugar s’y est installé.
Le café est installé dans l’ancienne usine de relais de Beijing. La pancarte de l’usine est toujours accrochée sur le fronton de la vitrine.. Comme le bâtiment était vraiment décati, Lin Lin, le propriétaire du café, a fait une rénovation de fond en comble pour créer un espace vert et un peu campagnard. Le café a repris le concept de la « vie verte et écologique », et sur le toit du café, Lin Lin a planté une pléthore de légumes, fruits et fleurs pour s’approvisionner.
Entourée par les fleurs, la chef espagnole cuisine des repas sympas pour les clients avec les légumes du jardin. C’est quelque chose de vraiment spécial pour les clients. Au rez de chaussée, une boutique du café vend aussi des produits bio. Les produits de la beauté proposés sont aussi très populaires parmi les clients.
Selon Lin Lin, les clients du café sont plutôt des cadres qui recherchent une certaine qualité de vie. Ils demandent non seulement le goût, mais aussi des aliments sains et un environnement écologique. Lin Lin nous explique : « Spoonful of Suger vient en fait d’une chanson de Mary Poppins dans laquelle il y a une parole : A spoonful of sugar helps the medicine go down. (C’est le morceau de sucre qui aide la médecine à couler.) »
La vie dans les grandes villes est harassante. On a souvent l’impression d’être comme une toupie qui tourne sans s’arrêter. D’où le besoin d’un espace confortable pour « guérir la fatigue » et prendre soin de soi. C’est la raison pour laquelle, le « commerce vert » est devenu de plus en plus populaire dans les grandes villes de Chine. Précisément parce qu’il s’adapte à la demande du corps et de l’esprit des citadins. Que ce soit les plantes grasses, les étagères de bacs à légumes, ou le café Spoonful of Sugar, ils représentent tous la quête des gens pour une vie plus saine, qui finalement est un besoin humain.