CHINAHOY

1-July-2014

Échanges rapprochés entre Chinois et Français

 

En juillet 2013, les adolescents des deux pays apprennent la calligraphie au Musée chinois de l'Écriture. (PHOTO FOURNIE PAR l'APCAE)

 

LU RUCAI, membre de la rédaction

Les échanges non officiels entre les peuples sont le ciment des relations entre les pays. L'Association du peuple chinois pour l'amitié avec l'étranger y contribue, et plus particulièrement avec la France depuis plus de 50 ans.

En mai dernier, l'Association du peuple chinois pour l'amitié avec l'étranger (APCAE) a célébré son 60e anniversaire. L'APCAE est une organisation non officielle. Au cours de ces 60 dernières années, elle a créé 46 associations d'amitié avec les pays étrangers, établi une coopération amicale avec plus de 500 associations ou établissements non gouvernementaux et joué un rôle de coordinateur dans l'établissement des 2 106 jumelages sino-étrangers entre provinces ou villes. Grâce à elle, 90 villes chinoises et françaises sont ainsi devenues jumelles.

Song Jingwu, responsable Europe et Asie de l'APCAE nous explique : « La Chine se renforce depuis la réforme et l'ouverture. La puissance de notre pays, ainsi que son statut politique et économique, deviennent de plus en plus importants. Les pays occidentaux accordent plus d'importance à la Chine. C'est pourquoi la diplomatie entre les peuples n'est pas dérisoire. Au contraire, elle est entrée dans une phase de développement cruciale ».

Une diplomatie pionnière

Au début de la fondation de la Chine nouvelle, la diplomatie chinoise faisait face à plusieurs défis : contrer une possible guerre, défendre la paix et briser le blocus imposé par certains pays occidentaux. C'est dans ces circonstances que la Commission du Congrès chinois pour la défense de la paix, prédécesseur de l'APCAE, est née. En 1955, le Congrès pour la défense de la paix mondial s'est tenu à Helsinki. L'APCAE avait invité quatorze grands peintres chinois, dont Qi Baishi, à réaliser ensemble une peinture traditionnelle chinoise de grand format, éloge pour la paix, pour exprimer l'espoir du peuple chinois pour la paix et son combat contre la guerre.

Selon Li Xiaolin, présidente de l'APCAE, « la diplomatie entre les peuples joue un rôle pionnier lorsque les relations diplomatiques ne sont pas encore établies entre les pays, ou dans le cas où celles-ci se heurtent à des difficultés. Par exemple, en 1971, l'invitation du président Mao Zedong pour faire visiter la Chine à la délégation américaine de ping-pong a ouvert la voie à l'établissement des relations diplomatiques sino-américaines ».

Depuis la création de l'APCAE il y a 60 ans, la situation internationale et diplomatique environnante a beaucoup changé. D'après Song Jingwu, « la Chine a établi des relations diplomatiques avec d'autres pays grâce à la diplomatie populaire ; mais aujourd'hui, elle est victime de la théorie de la ''menace chinoise'' suscitée par son développement ». Pour Song Jingwu, la diplomatie étatique n'est pas suffisante pour créer une bonne image et éliminer les effets négatifs. Les échanges entre les peuples jouent un rôle majeur dans les relations extérieures. « Les échanges entre les peuples renforcent l'amitié par des coopérations plus humaines et aident les peuples étrangers à comprendre ce qui se passe en Chine », ajoute-t-il.

En mai 2012, Xi Jinping, secrétaire général du PCC, a rencontré les participants à la réunion du Conseil national de l'APCAE et indiqué que l'APCAE devait jouer un rôle directeur dans la diplomatie populaire, un rôle de cheville ouvrière dans la diplomatie publique et un rôle de pont dans les jumelages entre villes ou entre régions. Selon Song Jingwu, c'est dans cette ligne que travaille l'APCAE. Il ajoute même que l'APCAE possède un très grand avantage, celui de « pouvoir parfois faire plus que la diplomatie d'État ».

Les ouvriers de la coopération sino-française

Dès le début de sa création, l'APCAE a établi des relations et des contacts avec les organisations françaises d'amitié avec la Chine, telle que la Fédération des associations franco-chinoises. Ces dernières années, avec l'approfondissement des échanges entre les deux pays, la coopération non officielle a obtenu de beaux résultats.

« Pour commencer, l'APCAE organise des activités auxquelles sont invités à participer les hommes politiques de haut rang pour promouvoir les relations sino- françaises », explique Song Jingwu. En 2009, lorsque les relations entre la Chine et la France se détérioraient à cause de l'épisode du passage de la flamme olympique à Paris et de la rencontre entre Sarkozy et le Dalaï-Lama, l'APCAE a tenu un séminaire pour commémorer le 45e anniversaire des relations diplomatiques sino-françaises. Elle y a invité l'ancien premier ministre français Jean-Pierre Raffarin, vice-président de l'Assemblée nationale de l'époque, ainsi que l'ambassadeur de France en Chine et d'autres personnalités de haut rang. Tang Jiaxuan, ancien conseiller d'État, y a également participé. Ce séminaire a joué un rôle déterminant dans l'amélioration des relations entre les deux pays. Le 27 janvier 2014, lors de la réception donnée par l'APCAE pour le 50e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques, le président de l'Assemblée populaire nationale de Chine, Zhang Dejiang, et le président de l'Assemblée nationale de France, Claude Bartolone, étaient présents et y avaient prononcé des discours.

De plus, l'APCAE a permis de promouvoir la coopération entre les gouvernements régionaux de part et d'autre et d'aider au développement des échanges économiques et sociaux. Le Forum de coopération entre les gouvernements régionaux des deux pays a été désigné comme un mécanisme officiel lors des Années croisées Chine-France. La tenue de la 4e édition est prévue pour novembre prochain à Strasbourg.

« Le Forum a pour objectif d'ouvrir un dialogue entre les entités locales chinoises et françaises, de favoriser le transfert d'expérience en matière de développement durable, de chercher des solutions aux problèmes existants, d'enrichir le partenariat stratégique global sino-français et de renforcer la compréhension mutuelle pour promouvoir l'amitié entre les deux populations », précise Song Jingwu. Lors de la visite du président Xi Jinping en France en mars dernier, le Forum a été inscrit dans le Plan de coopération à moyen et long terme des relations sino-françaises.

L'APCAE travaille également aux échanges et à la coopération sino- françaises dans les domaines de l'intérêt public et de la jeunesse. Elle coopère depuis longtemps avec le Secours populaire pour aider à la lutte contre la pauvreté en Chine. Ces dernières années, le Secours populaire français a entrepris plusieurs projets d'aide en Chine en coopération avec l'APCAE. Ainsi, des puits ont été creusés à Tianshui au Gansu, une assistance a été fournie lors du séisme de Wenchuan, et des bus scolaires ont été offerts au Yunnan pour les écoles d'une région reculée. Les échanges entre les jeunes sont aussi de plus en plus nombreux. La Chine et la France ont chacune envoyé six groupes d'adolescents dont le nombre total a atteint 200, en vue de rapprocher les jeunes Chinois et les jeunes Français et de renforcer leur amitié.

Les échanges sino-français en plein essor

Song Jingwu nous détaille quelques-unes des activités organisées par l'APCAE pour célébrer le cinquantenaire. Lors de la visite du président Xi Jinping en France, la Fédération des associations franco-chinoises, partenaire de l'APCAE, a fait sculpter un buste du général De Gaulle. Ce buste a été offert par le président Hollande au président Xi lors du repas au Trianon. En mai dernier, l'APCAE a invité une délégation de la Fédération des associations franco-chinoises à visiter la Chine. Celle-ci a visité plusieurs villes chinoises dont Guangzhou, Zhongshan, Shanghai et Changsha, et étudié la culture et l'histoire de ces villes et les possibilités de coopération.

Par ailleurs, l'APCAE coopérera avec la Société chinoise de numismatique et les musées d'art chinois pour organiser des expositions culturelles et artistiques en France tout au long de l'année.

« Au cours de ces 50 années, les relations diplomatiques entre les deux pays ont connu des hauts et des bas. Mais poussées par la volonté des deux populations, les relations sino-françaises ont toujours réussi à se remettre sur la bonne voie, constate Song Jingwu. En France, beaucoup de gens ne connaissent pas assez la Chine. Certains craignent que les Chinois leur fassent perdre leur travail. Les échanges populaires sont là pour renforcer la compréhension entre les deux pays. »

Avant d'intégrer l'APCAE, Song Jingwu a travaillé pour le ministère des Affaires étrangères chinois pendant un certain temps. Il a été ministre conseiller à l'ambassade de Chine en France et responsable de l'administration des affaires extérieures au ministère chinois des Affaires étrangères. « Autrefois, je travaillais pour renforcer les échanges entre les gouvernements. Maintenant, je travaille pour les échanges entre les populations », déclare-t-il.

Les échanges populaires vont dans le bon sens. Le nombre de Chinois qui ont visité la France et de Français qui ont visité la Chine a considérablement augmenté par rapport à la période de l'établissement des relations diplomatiques entre les deux pays. Les champs d'échanges ont également été largement étendus. « Les premiers partenaires français de l'APCAE consistaient surtout en des associations d'amitié avec la Chine. Les échanges ne concernaient que la culture et l'art, et ils avaient cours majoritairement entre les gens du peuple. Grâce au développement des relations bilatérales et l'approfondissement de la compréhension entre les deux populations, le travail de l'APCAE s'étend aujourd'hui à des domaines plus variés. Notamment cette année : un nouvel espace d'échange, au niveau des gouvernements locaux et de la diplomatie publique, a été ouvert. Les activités de la diplomatie populaire entre la Chine et la France sont arrivées à un plus haut palier.

 

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