CHINAHOY

29-September-2014

Le grand marché des petites sapèques

 

Des étudiants de l'université normale du Guangxi visitent l'exposition des sapèques de Guilin.

 

LU RUCAI, membre de la rédaction

Lors de la séance d'enchères spécialement consacrée à la philatélie et à la numismatique qui a été organisée par China Guardian Auction au printemps dernier, de nombreuses sapèques ainsi que pièces modernes fabriquées mécaniquement ont été revendues à des prix élevés. À titre d'illustration, une sapèque portant sur sa face l'inscription « zhongbao de l'empereur Xianfeng » et sur son dos celle « 20 baofu, poids 1 liang (taël) », a été adjugée à 391 000 yuans ; tandis qu'une pièce d'or de 1 yuan à l'effigie de Yuan Shikai, façonnée en l'an 3 de la République de Chine (soit en 1914), a été vendue pour 1 552 500 yuans.

La Chine est le premier pays au monde à avoir fait usage de pièces de monnaie. Des monnaies sous forme de cauris (coquillages) sous la dynastie des Shang aux pièces frappées mécaniquement depuis la fin des Qing, en passant par les pièces ressemblant à des couteaux et des bêches durant la période des Royaumes combattants, ainsi que les sapèques rondes percées d'un trou carré en leur centre sous la dynastie des Qin... Les anciennes pièces de monnaie constituent l'un des principaux objets de collection en Chine.

Un grand nombre de « coquillages en cuivre » sans inscription ont été retrouvés dans des tombes datant de la fin de la dynastie des Shang, il y a 3 000 ans. Il s'agit de la toute première monnaie métallique née en Chine.

Durant la période des Printemps et Automnes et celle des Royaumes combattants (de 770 à 221 av. J.-C.), des systèmes monétaires différents (avec des pièces en forme de couteaux et de bêches) firent leur apparition.

Après l'unification de la Chine en l'an 221 av. J.-C., l'empereur Qinshihuang institua une monnaie nationale. Les pièces d'or, d'une valeur d'un yi (20 liang) devinrent les plus précieuses ; les sapèques rondes comportant un trou carré en leur centre valaient 0,5 liang. Ces dernières, qui reflétaient le concept selon lequel « le ciel est rond et la terre est carrée », furent dès lors utilisées pendant plus de 2 000 ans.

En l'an 118 av. J.-C., l'empereur Wudi des Han de l'Ouest, Liu Che, décida d'instaurer un nouveau système monétaire unique, puisque l'ancien était confus. Il fit émettre des sapèques appelées wu zhu, qui tiraient leur nom de leur poids (1 zhu = 1/24 liang). Ces pièces restèrent en usage jusque sous la dynastie des Sui (581-618). Largement répandues, ces wu zhu s'exportèrent dans les pays voisins dont le Japon, la Corée et la Thaïlande. Ils sont d'ailleurs à l'origine des actuels bahts thaïlandais.

À la fin des Han de l'Ouest, Wang Mang s'empara du pouvoir dans l'intention d'établir un nouvel ordre dynastique. Il publia une série de décrets visant à changer de devise. Une trentaine de monnaies furent émises. Le pays fut inondé de pièces affichant une grande valeur nominale excédant de loin leur valeur réelle, ce qui provoqua un chaos économique extrême plongeant la population dans la misère.

D'ailleurs, lors de la vente aux enchères de la maison China Guardian, un ensemble de pièces frappées sous le règne de Wang Mang a été attribué à 437 000 yuans.

Après la fondation de la dynastie des Tang, l'empereur Gaozu émit en 621 la monnaie « tongbao de Kaiyuan », mettant ainsi fin au système monétaire pratiqué sous les Qin et les Han, où la valeur d'une pièce était déterminée par son poids zhu. À la place, il mit en usage un système selon lequel la monnaie adoptait le wen comme unité et était appelée en fonction du nom de règne de l'empereur ainsi que des inscriptions qu'elle portait.

À compter du milieu de la dynastie des Ming, des commerçants étrangers vinrent en Chine pour y acheter de la soie, du thé et des porcelaines au moyen de pièces d'argent. Celles-ci se popularisèrent rapidement à travers le pays. Sous le règne de l'empereur Daoguang des Qing, la Chine, vaincue à l'issue de la première Guerre de l'Opium, fut forcée de payer des indemnités. Ses réserves de devises étrangères s'avérant insuffisantes, le gouvernement des Qing conceva pour la première fois des pièces à l'aide de machines : les yuanbao de Guangxu (en forme de mini lingots d'or). Généralement gravées de motifs de dragon, elles furent dénommées plus tard longyang (devise étrangère du dragon).

Ces pièces fabriquées à l'aide de procédés mécaniques occidentaux pouvaient être en divers matériaux (or, argent, bronze ou nickel), les plus répandues étant celles en argent et en bronze. Lors de la séance printanière de China Guardian Auction, une pièce d'argent d'une valeur nominale de 7 qian et 2 fen, portant l'inscription « yuanbao de Guangxu » et façonnée en l'an Xinchou (l'an 1901) dans la province du Jiangnan, a été vendue à 425 500 yuans. L'inscription avait été réalisée par Tao Junxuan (1846-1912), grand calligraphe originaire de Shaoxing.

À partir de 1914, le gouvernement Beiyang commença à monnayer une série de pièces à l'effigie de Yuan Shikai, vulgairement appelées « yuan avec la grosse tête », qui prenaient pour unité le yuan. Chaque sorte affichait une valeur nominale différente, à savoir 1 yuan, 5 jiao (1 jiao = 0,1 yuan), 2 jiao et 1 jiao. Issue de l'usine générale de la monnaie de Tianjin, la pièce d'or de 1 yuan à l'effigie de Yuan Shikai est un spécimen en or pur qui luit de tout son lustre !

Suite à la fondation de la République populaire de Chine en 1949, diverses pièces fabriquées mécaniquement furent retirées de la circulation.

Ces dernières années, les anciennes monnaies représentent des reliques très prisées des collectionneurs. Selon leur rareté et leur état, leur prix peut s'établir à quelques yuans comme plafonner à plusieurs millions ! Les premières collections en Chine remontent aux années 1980. En 1982, a été fondée à Beijing la Société de numismatique de Chine, qui rassemble actuellement plus de 60 000 membres. Par la suite, les provinces et les municipalités relevant directement de l'autorité centrale ont chacune créé leur succursale.

 

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