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Réforme des taux d’intérêt: un pas crucial pour la réforme financière chinoise
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Zone d’exposition de la Banque Minsheng intitulée « Se développer ensemble avec les petites et micro-entreprises » |
LI YUAN, membre de la rédaction
Le 19 juillet dernier, la Banque populaire de Chine, banque centrale du pays, a annoncé l’abandon complet du contrôle des taux d’intérêt imposés aux institutions financières. Ces dernières peuvent décider de leurs propres taux selon les principes commerciaux.
Il s’agirait de la plus importante mesure financière lancée en 2013 par le gouvernement chinois. Elle marque un pas crucial pour engager la réforme financière.
Ces dernières années, la réforme financière s’accélère en Chine. Avant cette réforme, la Banque centrale chinoise n’effectuait déjà plus le contrôle que sur les taux d’intérêt des dépôts et des prêts. Elle avait déjà libéralisé les taux d’intérêt sur le marché monétaire, le marché obligataire et celui des dépôts et des prêts en devise à l’intérieur de la Chine. Après la libéralisation des taux d’intérêt sur les prêts, il n’existe qu’une seule étape à franchir pour achever la marchéisation des taux d’intérêt : supprimer le contrôle sur les taux d’intérêt sur les dépôts.
Une marchéisation progressive des taux d’intérêt
Il y a longtemps que la Chine avait envisagé de réformer les taux d’intérêt. Déjà en juin 1996, la Chine a supprimé le contrôle sur les taux interbancaires. Dès lors, la marchéisation des taux d’intérêt a commencé de façon progressive.
Le 8 juin 2012, la Banque centrale chinoise a pour la première fois assoupli les taux d’intérêt sur les dépôts et les prêts en limitant le plafond des premiers à 1,1 fois le taux de référence et le plancher des seconds à 0,8 fois le taux de référence. Le 6 juillet 2012, la banque centrale a davantag ajusté la limite plancher des taux d’intérêt sur les prêts à 0,7 fois le taux de référence. En moins d’un mois, la Chine a deux fois réajusté ses taux d’intérêt reflétant le besoin réel de la marchéisation des taux et la détermination des dirigeants chinois à pousser cette réforme.
Il est à noter que les taux de prêts des logements personnels restent inchangés. En réponse à cette question, le responsable chargé de cette affaire à la Banque centrale a expliqué que maintenir les taux de prêts immobiliers inchangés avait pour but de correspondre aux politiques de régulation immobilière, de refouler des achats spéculatifs et de promouvoir un développement sain de l’immobilier.
Selon Zhou Xiaochuan, gouverneur de la Banque centrale chinoise, les prix principaux sur le marché financier doivent être décidés par les règles du marché. Cependant, la libéralisation des taux dépend de multiples facteurs, ce serait donc un processus progressif.
Les petites et micro-entreprises seraient bénéficiaires
Depuis longtemps, les PME chinoises sont confrontées à des coûts élevés de financement et à des difficultés d’accès aux crédits. La suppression de la limite inférieure des taux d’intérêt sur les prêts, qui pourrait aider les PME à sortir des difficultés de financement, devient une préoccupation du milieu.
L’amélioration de la situation de financement des PME dépend de l’offre et de la demande des crédits. Pour le moment, les crédits sont très demandés, le droit de décider des prix sont aux mains des banques. Aux yeux des institutions financières, les PME ne sont pas des clients fiables. Pour assurer les profits et contrôler les risques, les banques sont très exigentes au moment où elles accordent des prêts aux PME. Les banques commerciales préfèrent plutôt prêter leur argent aux entreprises détenues par les capitaux étatiques ou gérées directement par le gouvernement central.
Néanmoins, selon les statistiques, les PME représentent actuellement plus de 90 % du total des entreprises chinoises et contribuent à hauteur de 60 % au PIB, rapportent plus de 50 % des revenus fiscaux, et génèrent 80 % des créations d’emplois. Les décideurs politiques chinois ont exprimé de l’attention pour le développement des PME dans différentes circonstances et ont accordé des politiques favorables. Depuis 2011, le pays a publié une série de politiques fiscales favorables au développement des PME et des micro-entreprises. Récemment, le Conseil des affaires d’État a publié son avis sur le soutien du secteur financier accordé aux petites et micro-entreprises en indiquant deux objectifs des services financiers : dans le contexte de contrôle des risques, il faut que le rythme de croissance des crédits octroyés aux petites et micro-entreprises ne soit pas inférieur au niveau moyen des autres crédits et que leur augmentation ne soit pas inférieure à celle de l’an précédent.
« Aux PME, les banques hésitent à accorder des prêts et ne cherchent pas à leur proposer des taux avantageux », raconte Jia Kang, célèbre économiste et directeur de l’Institut de recherche des finances publiques dans son interview accordée à la journaliste de La Chine au présent. Selon lui, après la libéralisation des taux d’intérêt, il est possible que les petites et micro-entreprises qui avaient autrefois des difficultés pour obtenir des prêts obtiennent un accès facile aux prêts. Quand les taux d’intérêt seront décidés par la loi du marché, sous la pression des concurrences, les banques utiliseront les crédits accordés aux petites et micro-entreprises pour combler les pertes de profit causées par les prêts à bas taux accordés aux grosses entreprises. Cette situation correspondrait à la volonté initiale de la banque centrale qui espère faciliter l’accès des petites et micro-entreprises aux crédits par la libéralisation des taux.
Il y a des prévisions plus optimistes. Après la libéralisation totale des taux d’intérêt sur les prêts, le monopole des banques étatiques sera brisé. Certaines institutions financières de petite ou moyenne taille voudraient fournir des taux ou des produits financiers préférentiels aux PME, alors que certaines PME qui vendent plus et qui sont plus rentables auront plus de pouvoir pour décider du prix et seront mieux capables d’obtenir les soutiens financiers au moment de solliciter des prêts.
Les banques seront obligées de fournir de meilleurs services
La réforme de la libéralisation des taux aura un impact direct sur les banques. Sous l’ancien système des taux d’intérêt, les banques pouvaient jouir des écarts des taux d’intérêt entre des prêts et des dépôts sans avoir à remuer le petit doigt. Mais, après la libéralisation des taux, on donne aux institutions financières le droit de décider et en même temps, on les soumet aussi à la loi du marché. Les banques sont obligées de prendre des mesures pour combler les pertes causées par la réduction d’écart des taux entre dépôts et prêts.
Depuis la publication de la nouvelle politique, les quatre grandes banques étatiques, ICBC, la Banque agricole de Chine, la Banque de Chine et la Banque de construction de Chine, se montrent très prudentes lorsque les banques privées réagissent activement. La Banque Minsheng de Chine envisage de fournir des services financiers aux petites et micro-entreprises. La vente au détail deviendra la priorité des banques.
La réforme de libéralisation des taux est bien accueillie par les banques étrangères implantées en Chine. Un responsable de Standard Chartered pense qu’« il s’agit d’un grand progrès ». HSBC a expliqué qu’« elle allait participer activement au processus de libéralisation des taux en Chine et servira l’économie réelle en satisfaisant les besoins financiers de ses clients ».
L’attitude différente des banques reflète leur place différente dans le milieu. Selon Jia Kang, la plupart des capitaux sont détenus par les quatre grandes banques. Bien qu’elles réagissent lentement, elles sont les plus méthodiques. La Banque Minsheng de Chine se trouve sur le devant de la scène d’innovation, elle souhaite en profiter pour élargir son envergure. Les banques commerciales privées sont plus souples mais elles ne se trouvent pas dans une position favorable, elles seront les premières à répondre à la libéralisation des taux. Quant aux banques à capitaux étrangers, elles ont subi les épreuves du marché, elles possèdent donc des avantages en matière d’expérience.
Il est à noter que de plus en plus de secteurs sont ouverts aux banques à capitaux étrangers, quoiqu’elles soient encore limitées pour l’heure par le système chinois des comptes de capitaux. Récemment, la Commission de régulation des marchés boursiers de Chine a autorisé huit banques étrangères à être intermédiaire pour vendre des obligations, alors que la gestion des fortunes est justement un chaînon important des activités exploitées par ces banques.
« Une libéralisation accélérée exposera les banques chinoises aux compétitions plus ouvertes. Elle produira des effets profonds à long terme sur le secteur bancaire », prévoit Jia Kang.
La réforme de libéralisation des taux est dans une étape cruciale
En fait, beaucoup de personnes prêtent plus d’attention à la suppression de la limite plafond des taux d’intérêt sur les dépôts.
« Supprimer la limite plafond des taux d’intérêt sur les dépôts est le pas le plus crucial dans la libéralisation des taux d’intérêts. C’est celui qui contiendra le plus de risques, commente Jia Kang. Cette fois, le fait que la réforme n’a pas touché les taux d’intérêt sur les dépôts reflète l’attitude prudente qu’affiche toujours la Banque centrale chinoise dans le contexte actuel. »
« Dans son ensemble, le processus de libéralisation des taux a besoin d’une longue période d’adaptation et doit faire référence aux expériences des autres pays pour supprimer par étape le contrôle sur les taux d’intérêt sur les dépôts et atteindre l’objectif final de la réforme, soit la libéralisation totale des prix des capitaux », indique Jia Kang.
La libéralisation des taux marque l’entrée de la réforme financière dans une étape cruciale, et elle n’est que la première étape de cet immense chantier. Désormais, la libéralisation des changes et la convertibilité complète des comptes de capitaux seront tout à la fois des clés et des difficultés de la réforme financière.
Tout comme le prédit cn.WSJ.com, la version en chinois en ligne du Wall Street Journal, le passage de la Chine vers un mode économique plus stable et plus équilibré ne se fera pas sans encombre, mais les nouveaux dirigeants chinois semblent vouloir montrer au monde extérieur qu’ils sont capables de relever le défi.
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