CHINAHOY

29-October-2014

L’économie maritime : prochain atout de la croissance

 

Une plage touristique à Qidong (Jiangsu).

 

LUO YUANJUN, membre de la rédaction

Situé sur la côte ouest de Qingdao (province du Shandong), le projet de la zone de Huangdao a été approuvée au mois de juin dernier par le Conseil des affaires d'État. Elle devient la 9e nouvelle zone industrielle de ce genre au niveau national, et reflète les espoirs de la Chine dans le domaine du développement de l'économie maritime. Selon le plan publié, trois principaux secteurs sont à explorer, respectivement la désalinisation, les nouvelles énergies maritimes, ainsi que le nouveau matériel maritime.

En plein essor

La Chine attache de plus en plus d'importance à l'exploitation des ressources maritimes depuis les années 1990, et considère l'économie maritime comme un levier important pour redresser son économie.

La Chine est dotée de conditions naturelles exceptionnelles en matière d'économie maritime. En effet, elle dispose de 18 000 km de littoral. Ce qui lui donne la quatrième place en matière de ligne côtière. D'après la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM), la Chine possède plus de 3 millions de km² de territoires maritimes.

Elle peut être fière de ses ressources abondantes : 0,7 million de km² de bassins sédimentaires gazéifères et pétrolifères, 2,8 millions de km² de pêcheries maritimes, 2,6 millions de km² de terrains de mariculture, et 2,4 millions de km² de bancs de sables pour l'aquaculture.

En mars 2014, le premier ministre Li Keqiang a proposé, dans le Rapport d'activités du gouvernement, de déployer des efforts pour faire de la Chine une puissance d'économie maritime. Actuellement, l'économie maritime chinoise se trouve dans une période d'essor, dont le volume de production connaît une croissance annuelle de 20 %, largement supérieure à celle du PIB. D'après des statistiques, le produit marin brut est passé de moins de 1 000 milliards de yuans en 2001 à 5 431,3 milliards de yuans en 2013, et représente 9,5 % du PIB national. C'est donc un nouvel atout de la croissance de la Chine. Le gouvernement espère que ce taux pourra dépasser les 15 % en 2030.

D'après Liu Hongbin, professeur à l'Institut de recherche sur le développement maritime relevant de l'université de l'Océan de Chine à Qingdao, la Chine est confrontée à trois grands problèmes : le premier est le phénomène d'isomorphisme grave dans l'industrie maritime. Le second est l'aménagement des parcs industriels dans les différentes zones littorales et portuaires, qui se centrent essentiellement sur l'acier, l'industrie chimique lourde, les énergies et la fabrication équipementière et enfin le dernier : la capacité d'innovation technologique qui ne s'adapte pas aux besoins du développement.

Répondant à cela, le directeur du département de planification stratégique et d'économie de l'Administration d'État océanique de Chine, Zhang Zhanhai, indique que « l'économie maritime fait partie des industries naissantes, même dans les pays développés, et qu'il faut saisir toute opportunité pour le développer dès son étape de commencement ». Selon lui, il est prévisible que la Chine aura fait un grand pas en 2020 sur le chemin pour devenir une puissance maritime.

La mer, espace d'échanges

Li Keqiang a souligné, lors du Forum de coopération maritime sino-grecque en juin dernier, que la Chine souhaite, par des efforts conjoints avec d'autres pays maritimes, faire de la mer un espace d'échanges pour « développer l'économie maritime, et mettre en usage les ressources marines ». La globalisation économique et la nature ouverte de l'exploitation maritime font que l'économie maritime est devenue graduellement un point d'attrait de la coopération internationale.

Depuis le mois de novembre 1991, époque où la Chine a adhéré à l'APEC, l'économie maritime constituait déjà un point d'accroche pour la croissance chinoise. Depuis cela, la Chine a signé des accords de coopération maritime et des protocoles d'entente avec des dizaines de pays.

La Chine a créé un comité mixte et un mécanisme de séminaires avec plusieurs organisations des pays maritimes du pourtour Pacifique et de l'océan Indien, et y a développé des activités variées. Elle participe activement aux échanges dans le cadre voulu par l'ONU, aux collaborations avec les comités maritimes intergouvernementaux de l'UNESCO, et aux organisations internationales multilatérales du domaine maritime. Pour diffuser le concept de l'économie bleue, la Chine a organisé trois éditions de forums sur ce thème. Au travers de l'organisation des séminaires de haut niveau avec les ministres dédiés à la mer, la Chine s'applique à stimuler la coopération avec les pays en développement et à créer un système d'alerte aux tsunamis en mer de Chine méridionale.

De plus, la Chine garde une attitude active en matière de création de bases de recherche et de coopération d'outre-mer. Par exemple, le Centre pour l'océan et le climat Indonésie-Chine (ICCOC) est soutenu par le Fonds de coopération maritime sino-indonésien, mais aussi le Laboratoire pour l'océan et le système écologique Thaïlande-Chine, ainsi que le Centre de recherche marine Pakistan-Chine.

Les lois maritimes

La protection de la mer est une condition préalable nécessaire pour le développement durable de l'économie maritime. Le 12 mai dernier, le Rapport sur le développement durable océanique de l'APEC a été approuvé par la conférence annuelle du groupe de travail sur la mer et la pêche de l'APEC. La rédaction du Rapport a nécessité deux ans et a été faite par une équipe dirigée par des experts chinois et qui rassemble des professionnels venant des quatre coins du monde, dont les États-Unis, la Russie, l'Indonésie, la Corée du Sud, etc. Liu Yan, chercheur à l'Institut pour les affaires marines de Chine relevant de l'Administration d'État océanique, a participé à tout le processus de la rédaction. Il remarque : « Les domaines prioritaires et la direction de coopération à l'égard du développement durable de l'économie maritime que le Rapport propose, tels que le maintien et l'amélioration du système écologique marin ou le renforcement des discussions sur l'économie bleue, fourniront des références favorables à la perspective de l'industrie maritime chinoise. »

Le gouvernement chinois est conscient que la protection de la mer nécessite des efforts inlassables et que cela doit être fait dans un cadre légal. Depuis 1979, ont été promulgués nombre de lois et règlements destinés à la protection de l'environnement, à la prévention de la pollution maritime, et à la lutte contre la pollution de l'eau. Parmi eux, on trouve la Loi sur la protection de l'environnement de la République populaire de Chine, la Loi sur la protection de l'environnement marin, la Loi sur la prévention et le traitement de la pollution de l'eau, le Règlement de la mer relatif à la lutte contre la pollution par les navires, le Règlement sur le déversement des déchets en mer, ou encore le Règlement sur la protection des eaux portuaires.

Au vu de la situation actuelle de la Chine, les menaces au développement de l'économie maritime sont nombreuses. Parmi celles-ci, on trouve le modèle industriel extensif qui, depuis une longue période, a provoqué le désordre de l'exploitation maritime et le gaspillage des ressources littorales. La pollution de l'environnement côtier s'est aggravée. La pêche intensive a également causé une pénurie de viviers maritimes et la trop forte densité de l'aquaculture offshore a dépassé les capacités écologiques de l'environnement marin. La fréquence des catastrophes maritimes cause également de graves pertes qu'elles soient humaines ou économiques. L'exploitation excessive et l'exploitation insuffisante cœxistent dans les zones littorales et le décalage entre l'exploitation et l'utilisation des espaces et ressources marines reste quand même flagrant.

 

La Chine au présent

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