Mon rêve d’étudier l’opéra chinois

Emoke-Orsolya Bodor.

(Hongrie) EMOKE-ORSOLYA BODOR*

Parmi ceux que je connais, presque tous les étrangers qui ont débarqué en Chine pour y étudier nourrissent un rêve personnel, chacun espérant écrire un nouveau chapitre de sa vie dans ce grand pays d’Orient à la culture et aux arts si anciens. Moi qui suis originaire de Hongrie, je ne fais pas exception. Comme eux, j’ai un « rêve chinois » qui m’est cher : entreprendre des recherches sur l’art de l’opéra chinois.

À l’université en Roumanie, j’avais choisi de suivre un cursus sur le théâtre. Au fil de mes études, j’ai découvert que la culture chinoise avait eu un fort impact sur le théâtre européen ces derniers siècles. Plusieurs metteurs en scène et acteurs, après avoir visité la Chine, ont successivement rapporté que les arts de la scène chinois, uniques en leur genre, ont exercé une profonde influence sur le développement du théâtre européen. Par exemple, Serguei Obraztsov (metteur en scène et acteur russe), après sa venue en Chine, a sorti un livre sur les spectacles de marionnettes chinoises et l’opéra de Pékin. Dans cet ouvrage, il souligne que l’opéra chinois est à la base du théâtre européen. Par conséquent, il est nécessaire de bien appréhender l’opéra chinois pour comprendre réellement le développement du théâtre européen.

Cependant, en Europe, la majorité des gens ne comprennent pas le chinois, oral comme écrit. Il leur est donc naturellement impossible de saisir les subtilités des arts du spectacle chinois. En 2012, un grand festival de théâtre a été organisé dans ma ville, lors duquel une troupe venant de Suisse a donné une représentation intitulée Histoire d’une famille chinoise. De nombreux caractères chinois étaient inscrits sur un tableau installé sur la scène, tandis que des peintures chinoises servaient de décor dans le fond. J’ai beaucoup apprécié cette pièce fort intéressante, mais les spectateurs, sans la moindre notion de chinois, ne pouvaient pas du tout en saisir le sens profond. Cela m’a vraiment attristée ! Par conséquent, en tant qu’étudiante européenne spécialisée dans l’art théâtral, j’ai formé le vœu de venir en Chine apprendre le chinois pour faire tomber les barrières linguistiques. De plus, je me suis mis en tête de mener des recherches approfondies sur l’opéra chinois, afin de contribuer à la compréhension mutuelle des arts de la scène chinois et européens, ainsi qu’à leur prospérité.

Après avoir obtenu mon diplôme universitaire en 2010, j’ai commencé à apprendre le chinois et la calligraphie à l’institut Confucius. Quand mon professeur de chinois a eu vent de mon rêve, il m’a encouragée à déposer une demande de bourse auprès de l’institut pour venir en Chine approfondir mes études. Mon souhait s’est réalisé : je suis arrivée en Chine ! Ici, que ce soit en classe ou dehors, je m’efforce d’étudier et de pratiquer activement pour progresser autant que possible en chinois. Après les cours, il m’arrive d’aller discuter avec le professeur et les élèves du club de théâtre de l’établissement de diverses questions, notamment l’art théâtral chinois, les comédiens et le jeu d’acteur. Je pars à la pêche aux informations en vue de mon projet de recherches à venir. J’espère pouvoir moi-même écrire un rapport de recherche traitant de l’influence qu’a exercée la culture chinoise sur le théâtre européen, et entreprendre un master ou un doctorat sur ce sujet.

Pour l’heure, mon niveau de chinois est loin d’être satisfaisant, et ma connaissance de l’opéra chinois est encore faible. Toutefois, je m’accroche inlassablement à mon rêve. Un jour, mon professeur de chinois m’a lancé : « À cœur vaillant, rien d’impossible ! » Ainsi, je crois que je dois simplement garder confiance en moi, et mon rêve deviendra réalité. Je pourrai alors aider des millions d’amateurs de théâtre en Europe à apprécier vraiment les nuances propres à l’opéra chinois et au théâtre européen.

*EMOKE-ORSOLYA BODOR est étudiante à l’université des Sciences et Technologies du Zhejiang.

La Chine au présent