CHINAHOY

28-April-2015

Une bonne note pour la coopération Chine–France

 

Le 21 mars 2015, le pavillon français lors de la 20e édition du CIEET.

 

L'éducation, qui sert à transmettre des valeurs et à préparer à la vie, est cruciale. Petit tour d'horizon de l'état actuel des échanges éducatifs sino-français.

MA HUIYUAN, membre de la rédaction

Le 21 mars 2015, s'est déroulée à Beijing, dans le Centre national d'exposition agricole de Chine, la 20e édition du China International Education Exhibition Tour (CIEET), à laquelle étaient présents plus de 350 établissements scolaires et autres institutions connexes venant de 29 pays différents. C'est sous un Arc de triomphe blanc magnifiquement dressé que se trouvait le pavillon français, composé d'un espace regroupant 23 établissements d'enseignement supérieur et du stand de Campus France – Centre Beijing. En marge de ce salon, Anthony Chaumuzeau, conseiller de coopération et d'action culturelle ainsi que directeur de l'Institut français de Chine, a accordé une interview exclusive à notre revue, nous décrivant les nouveaux progrès dans la coopération Chine–France en matière d'éducation.

Des échanges de plus en plus intenses

Lors de la 1ère session du Dialogue sino-français de haut niveau sur les échanges humains, qui a eu lieu le 18 septembre 2014 à Paris en présence de M. Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères et du Développement international, et de Mme Liu Yandong, vice-premier ministre chinoise, la question des échanges éducatifs a largement été discutée. La priorité a notamment été donnée à la coopération sino-française dans l'enseignement supérieur.

M. le conseiller nous a indiqué qu'en 2015, près de 600 programmes de coopération universitaire entre la France et la Chine ont été recensés. Chaque année, environ 10 000 étudiants chinois s'envolent pour la France. Près de la moitié des départs vers l'Hexagone, soit près de 5 000 étudiants par an, se font dans le cadre d'une mobilité individuelle. Ce sont principalement les universités de 1er rang dans les grandes villes chinoises, comme Beijing, Shanghai, Guangzhou, Wuhan et Chengdu, qui ont noué des liens avec des établissements français. Pour ce qui est des destinations, les étudiants chinois choisissent majoritairement Paris (25 %), Nice et Bordeaux.

Selon M. Anthony Chaumuzeau, 35 000 étudiants chinois sont actuellement inscrits dans un établissement français d'enseignement supérieur, un chiffre faisant de la France le 1er pays d'accueil des étudiants chinois en Europe continentale. En contrepartie, 10 000 étudiants français étaient sur les bancs d'une fac chinoise en 2014. Ceux-ci décident en premier vœu d'étudier dans les villes de Shanghai et Beijing. En second vœu, ils se tournent vers les provinces du Guangdong, du Jiangsu, du Hubei, du Zhejiang, du Sichuan, etc.

Quant aux disciplines choisies par les jeunes Chinois en France, elles sont de plus en plus diverses. M. le conseiller nous a fait savoir que d'après des statistiques sur la période janvier-décembre 2014, 45 % des étudiants chinois optent pour le commerce, le management, la finance, les sciences économiques et les sciences politiques. 20 % préfèrent les sciences dures ; 13 % se spécialisent dans l'art, la culture et les sciences humaines. Chaque année, près de 200 bourses sont offertes par la France aux étudiants chinois les plus méritants. Du côté des étudiants français, les spécialités les plus en vue sont la langue chinoise, la science des matériaux, le management, la science de l'environnement, le nucléaire, l'aéronautique, le droit...

« Dans le contexte actuel de mondialisation, les étudiants chinois diplômés en France sont très plébiscités par les entreprises internationales (notamment françaises) établies en Chine, en raison de leur profil biculturel, voire multiculturel. » Anthony Chaumuzeau pense que la maîtrise de la langue française constitue un grand atout pour les étudiants chinois diplômés en France. « Le français est la 5e langue la plus parlée et la 3e langue des affaires dans le monde », rappelle-t-il.

 

Liu Yandong, vice-premier ministre chinoise, et Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères, lors de la 1ère session du Dialogue sino-français de haut niveau sur les échanges humains.

 

Des étudiants chinois séduits par la France

D'après M. Anthony Chaumuzeau, la France attache une grande importance à sa coopération avec la Chine dans le milieu éducatif. « La France est présente sur 4 salons de l'éducation en Chine : CIEET en mars, China Education Expo (CEE) en octobre, China Scholarship Council (CSC) en octobre et PhD Forum en novembre » Il a ajouté à propos de l'événement CIEET, qui fête en 2015 son 20e anniversaire : « Chaque année, ce salon attire beaucoup d'étudiants chinois et leurs parents. Il s'agit d'une excellente plate-forme pour mener des échanges en face-à-face. »

Les établissements français d'enseignement supérieur viennent d'ailleurs en nombre sur ces salons de l'éducation. Wang Hao, envoyé pour représenter l'École de commerce de Toulouse au CIEET, a affirmé : « Il y a beaucoup de Chinois dans la cité universitaire de Toulouse. Dans notre école, de nombreux cursus, en français ou en anglais, sont ouverts aux étudiants chinois. Ces derniers peuvent déposer leur candidature directement sur le site officiel de l'établissement. »

Li Jingwen, étudiante en finance à l'université de Wuhan, est venue s'informer sur ce stand de l'École de commerce de Toulouse. Elle nous a signalé : « J'envisage de poursuivre mes études en France, parce que d'abord, ce pays est réputé pour bien enseigner la finance. Ensuite, les écoles françaises mettent l'accent sur la mise en pratique des acquis. Une période de stage est prévue à la fin de tous les programmes. De plus, si l'on entreprend des études en Europe, on obtient un visa Schengen qui permet par la suite de visiter plusieurs nations européennes. D'autres pays, comme les États-Unis par exemple, n'offrent pas cet avantage. »

Sur le salon CIEET est également aménagé le stand de Club France, sur lequel sont proposés des cours de français gratuits, un aperçu de la culture française et une dégustation de plats typiquement français.

C'est en octobre 2008 que l'ambassade de France en Chine a lancé Club France, à dessein de renouer les liens qui unissent la France et des milliers d'anciens étudiants et stagiaires chinois de retour dans leur pays après un séjour dans l'Hexagone. Ce dispositif accompagne les jeunes entrepreneurs chinois francophones dans leur parcours professionnel. En moins de 6 ans, Club France a enregistré plus de 8 000 membres actifs et près de 19 000 inscrits sur son site internet. En 2013, le prix de l'Entrepreneuriat Club France a été établi pour encourager les jeunes diplômés porteurs de projets d'excellence. Anthony Chaumuzeau a commenté : « Étudier en France peut réellement développer la créativité et l'innovation chez les jeunes. Une fois diplômés, ils espèrent créer leur propre entreprise et lancer un nouveau produit ou un nouveau service. Beaucoup le font à leur retour en Chine. C'est cet esprit d'initiative que nous voulons valoriser à travers le prix de l'Entrepreneuriat. Il s'agit d'ailleurs d'un sujet qui intéresse beaucoup ici en Chine. Le gouvernement chinois lui-même pousse fortement les jeunes diplômés à monter leur affaire. » Le 7 juillet 2014, M. Gu Zhifeng a reçu pour son projet de « produit de décontamination nucléaire » le tout premier prix de l'Entrepreneuriat Club France, assorti d'un chèque de 50 000 yuans.

« Notre objectif est d'accueillir 50 000 étudiants chinois d'ici 2020. Plus de politiques favorables seront lancées pour attirer les étudiants chinois en France. » M. le conseiller nous a assuré que la procédure de demande de visa sera simplifiée, rappelant également que grâce à un nouvel accord, le gaokao (concours national chinois d'entrée à l'université) n'est plus requis par les autorités françaises pour s'inscrire dans une école d'enseignement supérieur en France. Qui plus est, différents programmes de bourses, ouverts aux étudiants chinois, sont proposés par des organismes français.

 

Le 29 janvier 2015, la remise des diplômes de fin d'études à l'Institut sino-européen d'ingénierie de l'aviation, en présence du premier ministre français Manuel Valls.

 

Des formes de coopération multiples

Aujourd'hui, les modèles de coopération éducatives se diversifient sans cesse : échanges d'étudiants et d'enseignants chercheurs, programmes de double diplôme, instituts sino-français ou encore partenariats université-entreprise. Selon M. Anthony Chaumuzeau, à l'heure actuelle, il existe en tout 6 instituts sino-français : 1 en sciences humaines et sociales (IFC Renmin) et 5 scientifiques, dont le plus ancien s'avère l'école d'ingénieur Centrale Pékin, née en 2005 d'une coopération entre l'École Centrale Paris et l'université d'Aéronautique et d'Astronautique de Beijing (université Beihang). En outre, de nombreux projets de coopération scientifique ont été mis en place entre des laboratoires et des centres de recherche français et chinois, dédiés tant aux sciences dures qu'aux sciences sociales. Aussi différentes formes de partenariat existent : Unités mixtes internationales (UMI), Projets internationaux de coopération scientifique (PICS), Laboratoires internationaux associés (LIA) et Groupements de recherche internationaux (GDRI). Quant aux programmes d'aide à la mobilité des chercheurs, on peut citer les plus représentatifs que sont les programmes Xu Guangqi et Cai Yuanpei, en collaboration avec le Conseil chinois des Bourses (CSC).

Dans la coopération sino-française en matière d'éducation, il ne faut pas oublier les échanges sportifs, qui y occupent une place non négligeable. « Le gouvernement chinois attache un fort intérêt au sport, en particulier au football. Le football est depuis très longtemps le sport le plus populaire en France. Nous disposons d'excellents clubs et d'une vraie expertise dans l'entraînement. La Chine et la France ont déjà signé un accord de coopération sur le football en septembre dernier. Cette année, 240 entraîneurs chinois seront envoyés en France pour y recevoir une formation. Jusqu'ici, il s'agit du plus grand programme déployé par le gouvernement chinois à l'égard du football. Un autre accord sera signé au mois de mai, qui concernera cette fois-ci l'apprentissage du football dans le cadre scolaire. » M. Anthony Chaumuzeau poursuit : « C'est la France que le gouvernement chinois a choisie pour ce faire. Notre pays est reconnu en Chine à ce compte-là. Nous en sommes très fiers et allons faire de notre mieux pour que tout se déroule en bonne et due forme. Dans le domaine du sport, et en particulier du football, nous souhaitons développer nos échanges à tous les niveaux. »

M. Anthony Chaumuzeau a alors mentionné l'entraîneur de football français Alain Perrin, qui a été nommé sélectionneur de l'équipe nationale chinoise le 26 février 2014. « Avant-hier encore, je parlais à M. Perrin. Il considère que le progrès du football chinois est prometteur. C'est lui qui va accompagner l'équipe chinoise jusqu'à la prochaine Coupe du Monde. Je suis convaincu que sous sa direction, l'équipe chinoise de football obtiendra de bons résultats dans cette compétition à venir. »

 

La Chine au présent

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