CHINAHOY

28-June-2016

Chine-Allemagne, quand le gagnant-gagnant vous gagne

 

 

Le 13 juin 2016, rencontre entre Xi Jinping et Angela Merkel à Beijing.

 

YANG YUE

La chancelière allemande Angela Merkel a effectué une visite en Chine du 12 au 14 juin, et a participé au 4e cycle des consultations gouvernementales Chine-Allemagne. Elle a apporté avec elle, lors de cette 9e visite en Chine en tant que chancelière de l'Allemagne, presque la moitié des membres de son gouvernement et une délégation composée de hauts représentants du secteur économique. Lors de sa rencontre avec Angela Merkel, le président Xi Jinping a remarqué que l'approfondissement de la coopération sino-allemande nécessite les efforts conjoints des deux parties, qui doivent insister sur la bonne direction et renforcer la confiance mutuelle. Angela Merkel de son côté, a souhaité l'approfondissement de la coopération bilatérale dans l'économie, le commerce, la finance, l'innovation et d'autres domaines.

Le mécanisme de consultations gouvernementales au niveau de premier ministre entre la Chine et l'Allemagne, unique mécanisme de consultations de ce niveau entre la Chine et un grand pays occidental, a pris forme en 2010. Durant sa visite, Angela Merkel et le premier ministre chinois Li Keqiang ont contemplé le Pont aux 17 arches du Palais d'été, symbole de la confiance mutuelle, de la coopération et de l'esprit gagnant-gagnant, exprimant leur souhait pour la coopération et la recherche de l'entente au-delà des divergences.

La complémentarité : le Made in China 2025 connecté avec Industrie 4.0, du concept à la mise en œuvre

L'un des symboles les plus connus du Pont aux 17 arches est la coopération : « Malgré la distance qui nous sépare, les vrais amis se sentent toujours proches. »

Dans leurs discours, Xi Jinping et Angela Merkel ont tous deux mis l'accent sur la création d'une plateforme par les deux gouvernements pour connecter le programme Made in China 2025 et la stratégie allemande Industrie 4.0, dans le but d'orienter et d'encourager les entreprises des deux pays à mettre en œuvre des programmes communs. Angela Merkel a exprimé, en utilisant les termes « accélération », « mise en application » et « approfondissement », la volonté allemande d'opérer cette connexion. Selon elle, l'Allemagne approfondira sa coopération avec la Chine dans l'économie, le commerce, la finance, le développement des marchés tiers, l'amélioration des réactions aux catastrophes naturelles, la délivrance de visas, etc.

Quels progrès dans le rapprochement entre Made in China 2025 et Industrie 4.0 ?

En août 2014, le gouvernement chinois a publié les Remarques du Conseil des affaires d'État sur les mesures visant à soutenir le redressement du Nord-Est, en proposant de « promouvoir la construction avec l'Allemagne d'un parc industriel de l'équipement à Shenyang ». En octobre 2015 a été mis en place un programme sur le développement urbain durable, conjointement lancé par China Design Group (Jiangsu Province Communications Planning and Design Institute ) et Koschany + Zimmer Architekten GmbH. Cela est l'un des plus importants programmes introduits par le parc d'innovation sino-allemand dans la cité des sciences et de l'éducation de Changzhou. En février 2016, Siemens a signé un accord avec le parc écologique sino-allemand de Qingdao sur la construction conjointe du centre d'innovation de Siemens à Qingdao. Ce sera le premier centre de fabrication et d'innovation intelligentes axé sur l'application d'Industrie 4.0 installé par Siemens hors-Allemagne.

Récemment, Shi Mingde, ambassadeur de Chine en Allemagne, a affirmé le soutien des deux pays à la création d'une plateforme sino-allemande pour la coopération dans l'innovation industrielle et pour la construction du parc de l'industrie de l'équipement haut de gamme à Shenyang, ainsi que le démarrage prochain de programmes coopératifs pilotes.

La connexion entre Made in China 2025 et Industrie 4.0 allemande devient ainsi de plus en plus concrète.

Les anciennes zones industrielles du Nord-Est ne doivent pas reproduire indistinctement les expé-riences de transformation de la Ruhr

Les ponts d'Orient et d'Occident se différencient par leur structure, leur conception et leurs matériaux. En voyant le Pont aux 17 arches et le pont-canal de Magdebourg, on apprécie la beauté des similitudes et des divergences dues aux différentes traditions culturelles et particularités géographiques.

En synthétisant les stratégies Made in China 2025 et Industrie 4.0, Shi Shiwei, professeur à l'Université des relations économiques et commerciales extérieures, a rappelé que « les deux bénéficient d'une haute concordance dans les idées essentielles. Basées sur l'innovation, elles visent à la recherche de produits intelligents, tout en s'appuyant sur Internet pour former un système d'information à divers niveaux qui relie les hommes et les objets. » Il estime que les deux parties sont complémentaires : l'Allemagne dispose d'atouts dans l'automatisation, l'usine intelligente et la fabrication intelligente, tandis que la Chine a des avantages dans la télécommunication, et les deux pays ont une compétence égale dans l'Internet. Dans ce contexte, elles ont préparé cette connexion avec des arrangements sur place : le parc d'innovation sino-allemand à Changzhou et le centre d'innovation de Siemens à Qingdao en sont les témoins.

Les idées similaires, la complémentarité importante et la préparation permettent la promotion pragmatique de la connexion entre Made in China 2025 et Industrie 4.0. Le 14 juin, Angela Merkel s'est rendue à Shenyang, base de l'industrie lourde axée sur l'industrie de l'équipement, montrant son soutien à la réforme structurelle chinoise.

Les anciennes zones industrielles du nord-est de la Chine et la région de la Ruhr, bassin industriel allemand, sont similaires dans leur évolution et leur industrie. Une restauration de dix ans a transformé la région de la Ruhr, ancienne zone industrielle vétuste, en un espace moderne rénové.

Les anciennes zones industrielles du Nord-Est peuvent-elles reproduire les expériences de la région de Ruhr ? « Les deux sont similaires, a répondu Li Xihui, directeur de la section de planification de l'Université centrale des ethnies, elles peuvent partager des expériences dans la réforme structurelle et la transformation. Mais il faut faire attention à leurs divergences institutionnelles et culturelles. Nous ne pouvons copier aveuglément les expériences de la Ruhr. »

La compétition et la coopération : amis ou rivaux ? Un nouveau problème pour les partenaires

Un autre symbole du Pont aux 17 arches est le gagnant-gagnant.

Selon les données, le montant des échanges commerciaux sino-allemands était de 156,78 milliards de dollars en 2015, ce qui équivaut au total du commerce extérieur de la Chine avec le Royaume-Uni, la France et l'Italie. Ce chiffre d'affaires avec l'Allemagne, premier partenaire commercial de la Chine au sein de l'UE, représente presque 30 % des échanges de la Chine avec l'UE. Avec le développement commercial, la compétition entre la Chine et l'Allemagne s'aggrave. Selon Wang Yiwei, chercheur au Centre des études allemandes de l'université Tongji et directeur du centre de recherche sur l'UE de l'université Renmin de Chine, il ne faut pas négliger les défis pour les deux pays : « L'Allemagne est le plus grand bénéficiaire européen de la croissance chinoise. Avec la nouvelle normalité économique chinoise, les exportations allemandes vers la Chine ont connu en 2015 leur première baisse annuelle en 20 ans. Les entreprises allemandes se plaignent de l'environnement chinois des affaires moins favorable. »

« Au premier semestre 2016, l'envergure des opérations de fusion-acquisition d'entreprises allemandes par la Chine a dépassé celle de toute l'année 2015 », a noté Liu Liqun, professeur au département d'allemand de l'université des Langues étrangères de Beijing, en citant l'exemple de Kuka Robot Group par Midea. D'après lui, ces affaires suscitent des préoccupations en Allemagne sur la perte technologique qui pourrait entraver sa compétitivité.

Dans ce contexte, l'Allemagne, en exportant des techniques, a formulé des exigences plus fermes sur la protection des droits de propriété intellectuelle, la protection des données et la cybersécurité. Selon Zheng Chunrong, directeur de l'Institut des études allemandes de l'université Tongji, « dans le passé, l'Allemagne exportait des techniques, la Chine fournissait un marché, ce qui donnait une harmonie marquée par le gagnant-gagnant. Aujourd'hui, il faut exploiter de nouvelles forces potentielles, par exemple la coopération internationale en matière de capacité de production au service d'un pays tiers, y compris des programmes conjointement développés dans les pays riverains des Nouvelles Routes de la Soie, proposée dans le Plan d'action sur la coopération sino-allemande, conjointement publié par les deux pays en 2014. Cela deviendra un nouveau mode de coopération. » D'après Shi Mingde, les deux pays ont conçu des programmes concernant la coopération en Afghanistan et dans le domaine ferroviaire.

« De plus en plus de problèmes à négocier entre la Chine et l'Allemagne résultent de notre relation plus mûre, a déclaré Wang Yiwei. La relation sino-allemande influence celle entre la Chine et l'UE, même celle entre la Chine et les pays développés. Prolonger notre coopération durant cette ère historique est le point clé de cette visite d'Angela Merkel. »

 

*Source : article paru sur youth.cn, le 15 juin.

 

 

La Chine au présent

 

 

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