CHINAHOY

30-March-2016

Un nouveau moteur de développement pour l’Asie

 

Discours du premier ministre Li Keqiang lors de la cérémonie d'ouverture de la conférence annuelle 2016 du Forum Bo'ao.

 

LIN MINWANG*

La 15e édition du Forum Bo'ao a été au centre de l'attention, en Chine comme à l'étranger, puisqu'il s'agissait du premier événement diplomatique de 2016 en Chine et que les plus hauts dirigeants du pays y participaient. C'était aussi une sorte d'échauffement avant le sommet du G20 en septembre prochain à Hangzhou.

Chercher une nouvelle orientation pour l'économie asiatique

Le gouvernement chinois a toujours accordé de l'importance à cette plate-forme et en profite pour y exprimer la position chinoise. Lors de la cérémonie d'ouverture du Forum 2015, le président Xi Jinping a prononcé un discours thématique intitulé « Vers une communauté de destin pour l'Asie ». Dans son discours, le président Xi a parlé de stratégie internationale et appelé les pays asiatiques à construire ensemble une communauté de destin de l'Asie et présenté le « rêve asiatique » de la Chine, c'est-à-dire les principes de la communauté de destin de l'Asie, ainsi que le rôle qu'entend jouer la Chine dans la construction de cette communauté.

Le thème du Forum 2016 était « Le nouvel avenir de l'Asie : nouveau dynamisme et nouvelles perspectives », et reprenait le mot-clé « nouvel avenir » déjà employé lors des deux éditions précédentes. Ceci signifie qu'il faut chercher une orientation au développement futur de l'Asie. L'édition 2016 du forum s'est axée sur l'exploration des voies d'un réajustement structurel en Asie, sur le renforcement de l'interconnexion et de la coopération économique régionale, sur l'accroissement des investissements dans les infrastructures et l'augmentation de la capacité d'innovation. Le discours thématique prononcé par le premier ministre Li Keqiang a attiré l'attention de tout le monde. D'une part, en tant que première économie d'Asie et premier partenaire commercial de la plupart des pays asiatiques, la Chine modèle les tendances du développement économique de l'Asie, et l'orientation du développement de la Chine qui est entrée dans une nouvelle normalité économique qui sera elle aussi lourde de signification pour les autres pays ; d'autre part, parce que la situation géopolitique de la région étant de plus en plus compliquée, la Chine étant empêtrée dans plusieurs disputes, le pays a besoin de cette plate-forme pour exprimer sa position et se faire entendre.

Remettre en marche le moteur de l'économie asiatique

Le Forum Bo'ao 2016, qui s'est tenu dans un contexte d'incertitudes aussi bien sur l'économie asiatique que sur l'économie chinoise, revêt une importance toute particulière, puisque d'un côté, il a permis à la Chine de répondre aux questions des pays asiatiques, et que de l'autre il a permis de guider les attentes de ces pays.

Les attentes des pays asiatiques et leurs préoccupations économiques tournent autour de deux problématiques.

Premièrement, la tendance du développement économique de la Chine. En 2015, le PIB chinois a crû de 6,9 %, un taux de croissance conforme à la fourchette « autour de 7 % » annoncée par le gouvernement chinois, mais qui est pourtant le plus bas depuis 1990. Les inquiétudes de la communauté internationale pour l'avenir de l'économie chinoise ont produit des effets négatifs : fuite massive des capitaux internationaux, dégringolade des marchés boursiers chinois, fortes fluctuations du yuan. Tout cela annonce des incertitudes pour l'année 2016. Le pessimisme s'impose au sujet de l'économie chinoise.

De nombreux économistes s'inquiètent du vieillissement du pays qui raréfie la main d'œuvre et l'enchérissement des salaires, accusés de faire ralentir la croissance économique future de la Chine. George Soros a même affirmé, lors du Forum de Davos fin janvier, que « les monnaies asiatiques étant dépréciées, 2016 sera une année très difficile pour les marchés ». Ses paroles visaient le yuan, renforçant les doutes sur la stabilité économique chinoise dans l'avenir.

La deuxième problématique est de savoir si l'économie mondiale se trouve en récession, et si celle-ci touche en particulier le développement économique asiatique. L'agitation boursière affecte tous les pays développés dont le Japon, la Corée du Sud, la France, l'Allemagne. Les pays émergents, en particulier les Brics, sont tous dans la tourmente. Les pays européens connaissent depuis des années une croissance faible et la déflation. Au Japon, la politique de relance a fait long feu. Tous ces éléments font que l'économie mondiale se trouve dans une phase d'incertitude. Le 11 février, Janet Yellen, présidente de la Fed, a annoncé lors de son audition devant le Congrès qu'elle n'excluait pas l'éventualité d'une récession mondiale.

Depuis la crise financière de 2008, la Fed a assoupli plusieurs fois sa politique monétaire. Sur ces entrefaites arrivent les investissements chinois massifs dans les infrastructures, le commerce des principales marchandises entre les marchés émergents et les pays exportateurs de matières premières. Un moteur susceptible de produire une reprise progressive de l'économie mondiale. Pourtant, ce moteur a aussi connu des ratés et on voit approcher le moment de sa mise au rancart. Comment dès lors empêcher un nouveau ralentissement de l'économie mondiale ? Tous les pays appellent à un réajustement structurel qui pourrait produire un nouveau dynamisme économique.

Le Forum Bo'ao 2016 s'est tenu dans un contexte qui souligne le rôle clé de l'Asie. Comme l'a indiqué le premier ministre lors de son discours, l'Asie est la région la plus dynamique du monde, elle représente un tiers du PIB mondial, sa population dépasse 4 milliards d'individus, elle dispose donc d'une main d'œuvre inépuisable, de potentialités immenses et d'avantages importants. Dans le même temps, la plupart des pays asiatiques sont en voie de développement, le PIB par habitant reste peu élevé, et le développement régional mal équilibré. On y trouve encore près de 700 millions de personnes vivant dans la pauvreté. Pour l'Asie, le développement économique et l'élévation du niveau de vie représentent des défis immenses.

Pour résoudre ces problèmes, seul le développement offre des solutions. Dans cette nouvelle situation, et afin de maintenir le rythme de son développement, l'Asie doit trouver un nouveau moteur susceptible de simuler une nouvelle vivacité et de créer de nouvelles perspectives. Cela est particulièrement important pour l'Asie et le reste du monde.

Le rôle de la Chine et ses responsabilités

Le Forum Bo'ao 2016 a insufflé une nouvelle vitalité dans le développement économique de l'Asie, et donc du monde entier.

Premièrement, la réforme structurelle chinoise se poursuit et la Chine reste le moteur de la croissance mondiale. La Chine fait face à une pression à la baisse sur l'économie, mais le rythme de croissance prévu dans son XIIIe Plan quinquennal reste supérieur à celui des principales économies. Le développement économique chinois dans la nouvelle normalité reste plus rapide que celui d'autres pays. L'année dernière, le rythme de croissance de 7 % a contribué pour un tiers à la croissance mondiale. La Chine est irremplaçable en tant que moteur principal de l'économie mondiale. La Conférence centrale sur le travail économique qui s'est tenue fin 2015 a défini le principe de la politique économique pour 2016 : en tenant compte de la demande, le pays va poursuivre sa réforme structurelle axée sur l'offre. Les engagements pris par la Chine concernant la réforme vont restaurer la confiance des marchés mondiaux, atténuer les pressions à la baisse sur l'économie des pays émergents et des pays exportateurs de matières premières, et amorcer une nouvelle reprise de l'économie mondiale.

Deuxièmement, la Chine va chercher la clé qui permettra à l'économie mondiale de sortir du marasme.

Après le Forum Bo'ao qui s'est tenu en mars, la Chine organisera le sommet du G20 à Hangzhou, un autre événement économique important. Elle a déjà pris des engagements qui garantissent le succès de ce sommet : chercher un nouveau moteur pour la croissance mondiale, trouver une solution aux problèmes économiques à l'échelle mondiale, élaborer de nouvelles méthodes de gouvernance financière mondiale pour construire un monde innovant, dynamique, interactif et tolérant. « Innovation, dynamisme, intégration, tolérance » c'est non seulement la clé pour redresser l'économie asiatique mais aussi pour faire sortir l'économie mondiale du marasme. L'innovation, c'est promouvoir un développement et une réforme structurelle basée sur l'innovation et encourager l'innovation et la réforme dans les technologies, les idéologies de développement, les systèmes des différents secteurs, ainsi que du modèle commercial. Il faut faire circuler plus efficacement et de façon plus pratique les facteurs de production et les ressources dans le monde pour créer de nouvelles sources de croissance économique. Le dynamisme, c'est mettre en valeur les potentialités économiques, améliorer la gouvernance économique planétaire et la pousser vers un niveau plus équitable, plus rationnel et plus efficace, tirer parti de la force motrice inhérente de la croissance économique des différents pays et du rendement qualitatif pour augmenter la capacité de l'économie mondiale à faire face aux risques. L'interaction signifie l'interconnexion et la synergie. La tolérance est de faire bénéficier aux peuples de différents pays des dividendes du développement.

En somme, le Forum Bo'ao 2016 est le témoin du rôle d'avant-garde de la Chine dans le développement économique asiatique et de ses responsabilités. La Chine va redoubler d'efforts pour promouvoir la zone de libre-échange Chine-Japon-Corée du Sud, les négociations sur l'accord RCEP (Partnariat économique régional global), la construction des nouvelles Routes de la Soie, la coopération internationale sur les capacités de production et la finance régionale, dans le but de faire de l'Asie de l'Est un pôle de croissance stable de l'économie mondiale.

 

*LIN MINWANG est professeur agrégé à l'Institut des relations internationales de l'université des Affaires étrangères, chercheur du centre de recherches, de coordination et d'innovation sur la mer de Chine méridionale dépendant de l'université Nanjing, et chercheur invité à l'Institut de recherches financières Chongyang de l'université Renmin.

 

 

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