CHINAHOY

31-March-2014

Chine-UE : des relations saines et solides qui vont de l'avant

 

L'Exposition sur le développement urbain Chine-UE 2013 s'est tenue en novembre dernier au Palais des expositions de Beijing. (CFP)

 

Le 8 mars dernier, lors d'une conférence de presse, le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi a déclaré que l'Europe figurerait parmi les priorités de l'agenda diplomatique chinois en 2014.

« Depuis que la Chine et l'Union européenne ont établi, il y a de cela dix ans, un partenariat stratégique global, les relations sino-européennes ont gagné en maturité : les fondements de leur coopération mutuellement bénéfique se consolident de jour en jour, tandis que l'ampleur et la qualité de cette coopération ne cessent d'augmenter. Actuellement, les relations Chine-UE peuvent être définies comme ''saines, solides, entreprenantes'' », a déclaré Wu Hailong, nouvel ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire ainsi que chef de la Mission permanente de la Chine auprès de l'Office des Nations unies à Genève et des autres organisations internationales en Suisse, dans une interview exclusive qu'il a accordée à La Chine au présent. En janvier dernier, il avait terminé son mandat de deux ans en qualité d'ambassadeur de la Mission de la Chine auprès de l'Union européenne.

Un partenariat stratégique global fructueux

2013 a marqué le 10e anniversaire de l'établissement du partenariat stratégique global Chine-UE. « Depuis une décennie, les relations sino-européennes ont accompli des progrès considérables dans de nombreux domaines », souligne M. Wu.

« Tout d'abord, dans le domaine du commerce. Le volume des échanges commerciaux bilatéraux a atteint 540 milliards de dollars en 2013 ; les investissements chinois dans les pays européens sont aussi en forte augmentation. L'UE constitue donc pour la Chine un partenaire commercial de poids. Deuxièmement, les échanges humains et culturels entre ces deux parties se développent continuellement. Un intense travail a été mené en matière de culture, d'éducation, d'art et d'échanges universitaires, de sorte à intensifier la compréhension mutuelle, explique Wu Hailong. En outre, la Chine et l'UE maintiennent une communication et une coordination constantes sur certaines questions d'actualité mondiale. Le mécanisme de dialogue stratégique Chine-UE s'est érigé en une plate-forme efficace d'échange de vues, permettant aux deux parties d'harmoniser leurs positions sur certains grands dossiers internationaux. »

Wu Hailong rappelle que le 21 novembre 2013, le premier ministre chinois Li Keqiang, le président du Conseil européen Herman Van Rompuy et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso ont ensemble présidé le 16e Sommet Chine-UE, qui s'est tenu au Grand Palais du Peuple à Beijing. Lors de cette rencontre, les deux parties ont élaboré conjointement l'Agenda stratégique 2020 de coopération Chine-UE. Ce document global fixe pour objectifs communs à la Chine et à l'UE de promouvoir leur coopération dans les domaines de la paix et de la sécurité, de la prospérité, du développement durable et des échanges entre les peuples, ainsi que de renforcer le partenariat stratégique global entre la Chine et l'UE ces prochaines années. Désormais, cette feuille de route sera pleinement mise en œuvre par le biais de sommets annuels bilatéraux déterminant des orientations stratégiques pour leurs relations, par le biais de trois mécanismes de dialogue (dialogue stratégique de haut niveau, dialogue économique et commercial de haut niveau et dialogue de haut niveau entre les peuples), ainsi que par le biais de réunions régulières et d'une vaste communication sectorielle.

Un certain nombre de dirigeants chinois se rendront cette année en Europe dans le cadre de ce dialogue stratégique, révèle M. l'ambassadeur.

De larges perspectives d'avenir, malgré des frictions persistantes

Des problèmes ont émergé au fil de l'approfondissement des relations Chine-UE. Selon M. Wu, il s'agit principalement de problèmes liés au manque de confiance politique mutuelle, ainsi que de frictions économiques et commerciales perpétuelles.

Il explique que, faute de confiance politique entre les deux parties, l'UE fait souvent tout plein d'histoires autour de sujets sensibles concernant la Chine, tels que les droits de l'homme, le Tibet ou le Xinjiang, ce qui perturbe dans une certaine mesure le bon développement des relations sino-européennes. Ces brouilles procèdent, d'après lui, des différences d'idéologie et de système social entre les deux parties. Il s'agit d'un problème à long terme, qu'il convient d'atténuer progressivement à travers le partage continu des opinions, pour une meilleure compréhension mutuelle.

En dépit du volume conséquent des échanges commerciaux, la complémentarité entre les secteurs des deux parties s'est progressivement réduite, du fait de la restructuration et de la montée en gamme industrielles menées ces deux dernières années. Cette complémentarité cède alors peu à peu la place à la concurrence. Ce problème s'avère de plus en plus grave. La friction commerciale entre la Chine et l'UE sur les produits photovoltaïques en est la plus représentative. M. Wu estime que cette question ne peut être traitée qu'à travers la concertation, la consultation, même la négociation, de façon à prendre en considération de manière égale les intérêts de chacune des parties.

M. Wu considère que la compréhension mutuelle et la résolution adéquate des contradictions qui surgissent permettront aux relations Chine-UE d'être plus matures et plus stables.

« Les pays européens possèdent des atouts indéniables en matière de technologies et de ressources humaines. Actuellement, l'Europe est le premier investisseur en Chine, l'une de ses plus grandes sources technologiques et son plus important partenaire commercial. La Chine pourrait tirer profit de ces avantages pour atteindre ses ''objectifs du double centenaire''*, analyse Wu Hailong. D'autre part, poursuit-il, du point de vue de la coopération internationale, il serait impossible de résoudre des questions globales brûlantes sans la participation de la Chine. En matière de développement également, la Chine et l'UE partagent des besoins et intérêts communs. Nous devons donc renforcer la coopération pour régler les dossiers mondiaux. J'ai pleine confiance que les relations sino-européennes continueront de se développer à l'avenir. »

Récemment, la Chine et l'UE ont ouvert des négociations en vue de la signature d'un accord d'investissement, une initiative constructive visant à renforcer la coopération économique et commerciale entre les deux parties. « La Chine souhaite que les deux parties effectuent des consultations approfondies, traitent adéquatement les divergences de vues sur la mise en place ou non de conditions préalables, et tiennent compte des intérêts et préoccupations respectifs de chacun au cours des négociations », souligne M. Wu, qui a participé à cet évènement.

Wu Hailong ne souhaite toutefois pas se prononcer sur l'issue de ces négociations. « Nous espérons que les deux parties parviendront le plus tôt possible à un consensus pour cet accord d'investissement. Celui-ci favorisera grandement l'investissement et le commerce croisés. La Chine maintient son enthousiasme quant à l'accord sur la zone de libre-échange avec l'UE, alors que cette dernière souhaite encore y réfléchir », indique M. Wu.

Une fois conclu, ce document intégral remplacera les 27 accords d'investissement bilatéraux déjà signés entre les pays membres de l'UE et la Chine. Il fournira aux entreprises chinoises des facilités pour entrer sur les marchés européens.

Participation active aux actions internationales

M. Wu peut déjà se targuer d'une carrière diplomatique longue de 36 ans. Il a occupé le poste d'ambassadeur durant sept mandats et a travaillé à l'étranger pendant une vingtaine d'années, une expérience dont peu de diplomates chinois peuvent se prévaloir.

Wu Hailong décrit sa carrière diplomatique multilatérale comme un processus au cours duquel il a accumulé de l'expérience, s'est perfectionné sans cesse et a approfondi ses connaissances en diplomatie multilatérale. Il annonce qu'à Genève, il va tout faire pour que la Chine participe plus activement aux actions diplomatiques multilatérales et joue un rôle constructif dans le règlement des problèmes mondiaux actuels. Mieux sauvegarder les intérêts de sa nation et ceux des pays en développement, rendre les relations internationales plus démocratiques, justes et rationnelles : « Voilà mes missions principales. »

« La Chine affiche un poids et une influence croissants sur la scène internationale. Les diverses parties attachent une grande importance à la Chine, espérant que celle-ci joue un rôle plus prépondérant et plus actif dans les domaines multilatéraux, tout en assumant plus de responsabilités. Je vais profiter de cette situation et faire mon maximum pour que la voix chinoise résonne plus fortement dans les domaines multilatéraux et que le pays joue pleinement son rôle positif et constructif », conclut Wu Hailong.

 

La Chine au présent

 

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