CHINAHOY

28-June-2016

G20 : Quoi de neuf pour la croissance mondiale ?

 

Le 26 mai 2016, le ministre des Affaires étrangères Wang Yi lors du point de presse à Beijing sur le Sommet du G20 qui aura lieu à Hangzhou.

 

HE YAFEI*

 

Cette année, la Chine est l'hôte du G20 à Hangzhou. Au menu :

« créer une économie mondiale innovante, dynamique, interconnectée et inclusive ». L'objectif : trouver de nouveaux modes de croissance, perfectionner la gouvernance économique et financière globale, promouvoir le commerce et les investissements internationaux, et la création d'un développement inclusif et interconnecté.

 

Deux raisons expliquent l'intérêt que suscite ce sommet du G20 : le sommet est dans une phase de transition qui est en train de le faire passer d'un mécanisme de réponse aux urgences à un outil de gouvernance économique dans la durée. Avec la situation morose de l'économie mondiale, tous les pays espèrent que le G20 en Chine permettra de proposer de nouvelles idées et de nouveaux plans pour la croissance économique mondiale dans la perspective d'un développement durable de celle-ci.

 

Les attentes envers la Chine viennent du fait que la croissance de l'économie mondiale est confrontée à un goulot d'étranglement et que la réforme de la gouvernance mondiale n'avance pas très vite. Elles sont aussi liées dans une large mesure aux résultats remarquables enregistrés par le développement chinois au cours des 30 dernières années.

 

Que la Chine peut-elle apporter à la croissance économique mondiale est devenu une question qui intéresse tout le monde et constitue aussi une dure épreuve pour la Chine récemment entrée dans la période dite de la « nouvelle normalité économique ».

 

Mécanisme de dialogue et plate-forme de coordination de la plus haute autorité entre les dirigeants économiques et financiers du monde, le G20 de cette année vise à résoudre principalement le problème épineux de la croissance anémique mondiale.

 

Mais que lui est-il arrivé ? Le président Xi Jinping, qui en a « pris le pouls » lors du G20 en Turquie l'an dernier, a fait remarquer que quoique sortie de la crise, la reprise de l'économie mondiale est encore très fragile et les moteurs de la croissance s'avèrent à l'évidence insuffisants. La réforme de la gouvernance économique mondiale rencontre des difficultés et les règles internationales en matière d'échanges économiques et commerciaux sont en train de connaître de profonds changements. L'efficacité et la coordination macroéconomique du G20 restent limitées. Voilà l'évaluation que le dirigeant chinois a faite pour l'économie mondiale dans son ensemble et aussi la principale raison qui explique pourquoi le G20 de cette année se focalise sur la « création d'une économie globale innovante, dynamique, interconnectée et inclusive ».

 

Innover dans les concepts du développement économique est très important. L'idée visant à développer une économie « innovante, dynamique, interconnectée et inclusive » concorde parfaitement avec les cinq nouveaux concepts de développement chinois : innovation, coordination, écologie, ouverture et partage, avancés lors de la 5e session plénière du XVIIIe Comité central du PCC. De là, on peut voir que les nouvelles idées de la Chine en matière de développement jouent un rôle pionnier sur le plan du développement de l'économie mondiale.

 

L'économie chinoise contribue pour plus de 30 % à la croissance mondiale depuis plusieurs années consécutives. Elle est véritablement la locomotive de la croissance mondiale. Les membres du G20 attendent tous qu'à travers le sommet de Hangzhou, la Chine puisse jouer son rôle de leadership, et transformer le G20 en une force unifiée pour proposer des nouvelles solutions à la croissance économique mondiale, et coordonner les politiques macro-économiques des pays membres du G20 afin de surmonter les contradictions perturbant l'économie mondiale.

 

Une communication et une coordination renforcée

 

Aujourd'hui, les pays ont besoin de restructurer et rééquilibrer leur économie. La mondialisation lient les pays ensemble pour le meilleur et pour le pire, formant une communauté d'intérêts. C'est pour cela que la restructuration et le rééquilibrage de l'économie ne peut être une affaire indépendante.

 

Sur le plan de la coordination des politiques macro-économiques des principales économies, le rôle de leadership du G20 est essentiel. Il est nécessaire d'établir un mécanisme tangible au niveau des ministres pour coordonner et interconnecter les politiques macroéconomiques, et mieux coordonner les politiques financières, fiscales, monétaires et commerciales. Il devrait être possible de créer un mécanisme de consultations des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales du G20 pour mettre en œuvre les décisions prises par les dirigeants au G20.

 

Les membres du G20 doivent accroître la transparence de leurs politiques macroéconomiques et financières, tenir pleinement compte des influences systémiques de celles-ci sur les autres économies pour éviter les effets de débordement négatifs. Par exemple, dans le cas d'un recalcul du taux de d'intérêt de la Réserve fédérale américaine, ou du taux de change du dollar, celle-ci pourrait en informer les membres du G20 et le World Financial Center par le biais du Conseil de stabilité financière créé par le G20, et d'autres mécanismes.

 

La capacité des pays en développement à faire face aux risques financiers et économiques, y compris la fluctuation des prix des activités en grande partie et l'épuisement subit des liquidités conséquent au dollar fort, doit être accrue pour éviter que l'économie de ces pays ne subisse de choc et de dommages sérieux. Aujourd'hui, le volume économique global des pays en développement représente déjà la moitié du PIB mondial. Or, leur droit à la décision et à la parole dans les systèmes financiers et économiques reste toujours restreint.

 

Les risques induits par les fluctuations du marché financier international et les variations des prix des articles en grande quantité étant énormes, les petits et moyens pays ont difficilement les moyens de réagir individuellement. Il appartient au G20 d'étudier en priorité la façon de renforcer la capacité des pays en développement à prévenir les risques et à y faire face. De 2009 à ce jour, par la mise en œuvre à plusieurs reprises des mesures d'assouplissement quantitatif, les États-Unis ont imprimé 6 000 milliards de dollars de liquidités, la Banque centrale européenne et celle du Japon continuent leur politique de planche à billets.

 

Récemment, sur fond de stabilisation de l'économie américaine, la Réserve fédérale américaine a relevé les taux d'intérêt, et le dollar a immédiatement grimpé. Ce qui pourrait lui redonner son statut de monnaie forte.

 

Il est nécessaire de construire par tous les moyens un « mur coupe-feu » contre les risques financier et économique au profit des pays en développement. La Chine, en tant que président du G20, devra commencer par élaborer l'ordre du jour du sommet pour mettre ces discussions sur l'agenda.

 

Innovation et forces motrices pour la croissance

 

L'économie mondiale a besoin de trouver de nouvelles forces motrices. Pour cela, il faut qu'elle se tourne vers l'innovation technologique. Mais dans le même temps, il faut aussi éviter que l'usage massif de robots avec le développement de l'automatisation et de l'intelligence artificielle n'induise de choc sur le « travail répétitif » et le « travail conventionnel ». Dans l'ordre du jour du Sommet du G20, ce point devra surtout être souligné pour la croissance économique globale.

 

Qu'il s'agisse de la restructuration économique ou de la transformation, l'innovation technologique et celle du mode de production sont nécessaires. D'une part, il faut stimuler la demande et de l'autre, l'offre doit être améliorée. Il faut trouver de nouvelles techniques, de nouveaux produits, de nouvelles énergies et de nouveaux modes commerciaux pour attirer les consommateurs et développer de nouveaux marchés. Le rôle déterminant du marché dans la distribution des ressources doit aussi être mis en valeur. Parallèlement, les gouvernements des différents pays doivent s'activer pour assurer une régulation macro-scopique efficiente. La « main invisible » et la « main visible » doivent s'accorder pour produire de meilleurs résultats.

 

Le développement de l'économie mondiale et le développement chinois des dernières trente années montrent que le développement axé sur l'innovation est une source motrice intarissable pour la croissance économique. On devrait pouvoir trouver de nouvelles forces motrices dans l'innovation et l'impulsion par de nouvelles vagues de sciences et techniques et une nouvelle révolution industrielle. Le président Xi Jinping a souligné en disant que la Chine, en train de vivre une nouvelle révolution industrielle et une révolution informatique, est consciente de la situation, et cherche à créer une croissance par l'innovation, à l'aide de nouvelles techniques, de secteurs émergents et de nouveaux modes de production et commerciaux. Ces idées peuvent également s'appliquer à la croissance économique mondiale.

 

Fonder une croissance tirée par l'innovation et former de nouvelles sources de croissance pour réaliser le plus tôt possible la substitution des anciennes forces motrices par de nouvelles tout en réformant les mécanismes économiques incompatibles avec un développement innovant sont les moyens adoptés par la Chine pour maintenir la croissance moyennement rapide dans la nouvelle normalité de l'économie nationale. Ces méthodes pourraient aussi représenter des sources motrices pour la croissance économique d'autres pays membres du G20.

 

Les chefs d'entreprises des pays membres du G20 sont les plus sensibles au développement et à la croissance de l'économie. Ils continueront à prendre part aux activités du sommet sous forme de B20 (Business 20). Il y aura aussi Y20 (Youth 20 pour les jeunes) et T20 pour le think-tank. Le but est qu'ils proposent des idées sous leur angle de vue pour promouvoir la croissance économique mondiale.

 

Les hommes d'affaires et les jeunes participant aux activités liées au G20 peuvent s'attaquer prioritairement à la façon d'éviter les deux « pièges » : celui des capitaux et celui de l'emploi. Certains pays d'Asie et d'Amérique latine, après s'être hissés au rang de pays à moyens revenus, sont tombés dans le « piège du revenu moyen » en raison d'une politique impertinente. Cela signifie que le pays n'a pas bien résolu les problèmes de capitaux et d'emploi après avoir atteint un certain niveau d'industrialisation.

 

D'une part, les épargnes populaires ont été principalement converties en exportations de main-d'œuvre et de ressources, alors que la montée en gamme industrielle n'a pas reçu le soutien nécessaire du financement. D'autre part, des obstacles sont apparus dans le processus d'industrialisation pour le réemploi de la main-d'œuvre de niveau moyen et bas. Dans ce domaine, l'expertise de la Chine mérite d'être étudiée et cette dernière est prête à la partager avec les membres du G20.

 

Des problèmes similaires sont nombreux. Les pays en développement comme la Chine, l'Inde, le Brésil, l'Indonésie, la Turquie, peuvent s'inspirer mutuellement et apprendre les uns des autres. La Chine n'est pas un pays exportateur de ressources et le niveau d'industrialisation varie d'une région à l'autre à l'intérieur du pays. La main-d'œuvre de niveau moyen et bas peut être absorbée à travers le développement du secteur tertiaire et le transfert au sein du secteur manufacturier. Cependant, pour un pays dépendant de l'exportation de ressources, la situation pourrait être très différente.

 

Des idées pour un développement équilibré de l'économie mondiale

 

Si la Chine met l'accent sur l'innovation dans les modes de croissance, le perfectionnement de la gouvernance économique et financière globale, la promotion du commerce et de l'investissement internationaux, ainsi que celle d'un développement inclusif et interconnecté, comme domaines majeurs pour préparer le sommet, cela traduit bien la conscience qu'a la Chine de la situation générale et du travail qu'il reste à faire pour renforcer les échanges en matière de gouvernance économique avec les autres membres du G20. La Chine espère que le G20 pourra impulser la croissance économique mondiale dans un esprit de coopération gagnant-gagnant.

 

Au moment où l'économie mondiale se trouvait dans la période la plus difficile, la Chine a déployé de gros efforts pour stimuler la croissance économique. En 2015, la croissance de l'économie chinoise se situait à 6,9 %. Le rythme a certes ralenti, mais la structure économique s'est optimisée. Le secteur tertiaire représente déjà 50,5 %, soit 10 % de plus que le secteur secondaire. La contribution de la consommation à la croissance du PIB s'est élevée à 66,4 %. Les mesures de simplification des structures administratives, de décentralisation des pouvoirs, de réduction des charges fiscales et des frais ont suscité l'enthousiasme pour l'entrepreneuriat et l'innovation en Chine. Aujourd'hui, en moyenne, ce sont 12 000 nouveaux acteurs qui apparaissent sur le marché quotidiennement. Les nouvelles formes d'activités économiques et les nouveaux modes commerciaux représentent plus de 53 % des nouveaux acteurs sur le marché.

 

La Chine entend fournir de nouvelles idées et de nouvelles forces motrices en faveur du développement équilibré de l'économie globale. L'initiative des nouvelles Routes de la Soie est une importante démarche de la Chine dans ce sens. Deux mesures substantielles ont été prises : la création de la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures et le Fonds de la Route de la Soie.

 

À travers son expertise en matière de développement, de techniques et de capitaux, la Chine espère apporter une contribution à la construction d'infrastructures dans les pays le long des nouvelles Routes de la Soie pour favoriser la croissance économique régionale et transrégionale. Elle préconise de nouveaux modes de coopération multilatérale et bilatérale pour stimuler la coopération entre les capitaux publics et privés chinois et ceux des pays le long des Nouvelles Routes de la Soie dans la construction des parcs industriels et la coopération internationale en matière de capacité de production. C'est pour cela que le Fonds de la Route de la Soie a été créé. Tout cela prouve la détermination et l'engagement de la Chine en tant que grand pays à participer à la gouvernance mondiale.

 

En 2016, la Chine a lancé le XIIIe Plan quinquennal. Celui-ci couvre pratiquement tous les domaines. Les mécanismes du G20 à quatre niveaux, soit le sommet, la réunion des coordinateurs, la conférence ministérielle et vice-ministérielle, les réunions des groupes de travail des experts, de même que d'autres réunions concernées, sont à la fois des plates-formes de coopération et un socle pour la mise en œuvre du système de coordination économique global.

 

L'expérience de la Chine en matière de plannification pourrait servir de référence lors de la conception de ce système. Le Sommet du G20 2016 devrait donc être une bonne occasion pour partager l'expertise chinoise en matière de développement et faire de celle-ci un moteur pour la croissance économique mondiale.

 

 

*HE YAFEI est ancien vice-ministre des Affaires étrangères et ancien directeur adjoint du Bureau des affaires des Chinois d'outre-mer relevant du Conseil des affaires d'État.

 

 

La Chine au présent

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