CHINAHOY

28-February-2015

Tashi : couturier tibétain

 

Le couturier Tashi.

 

Ayant longtemps cherché sa voie professionnellement, ce jeune Tibétain s'est lancé dans la création de mode. Ses parents s'inquiètent, mais ses clients sont ravis.

KUNSANG LHAMO*

Tashi, jeune créateur de mode tibétain, combine le marché et la tradition grâce à sa griffe basée sur les costumes traditionnels tibétains.

« Combiner le col traditionnel tibétain avec ceux occidental et chinois pour confectionner un nouveau costume original, c'est le col "Tashi", mon produit phare cette année », dit Tashi en riant.

Phase de recherche

Tashi est né d'une famille tibétaine dans le département autonome de Garzê. Sa mère, ancienne infirmière dans l'hôpital d'une région agricole et pastorale, mène une vie paisible depuis sa retraite. Son père, ingénieur en hydraulique, est également originaire d'une région pastorale. Tashi a gravé dans sa mémoire et n'oubliera jamais l'éducation stricte reçue de son père.

Tashi a eu la chance de pouvoir réussir ses études sans grande difficulté, de l'école primaire à l'université. Après l'école primaire, il est allé à Deyang, au Sichuan, dans une classe ethnique de Garzê dans l'ancienne école Changjianglu. Ensuite, il a continué son cursus au lycée n°46 à Chengdu. À la fin de ses études en 2002, et grâce aux politiques préférentielles à l'égard des ethnies minoritaires, Tashi, qui manquait de confiance en lui, a reçu un avis d'admission à l'université. « Une université dont je n'avais jamais entendu parler, pas plus que de la ville où elle se trouve : l'École normale supérieure de Yantai, dans le Shandong, aujourd'hui rebaptisée l'université Ludong, pour des études de littérature et de chinois. »

Cependant, après qu'il a obtenu son diplôme universitaire en 2006, Tashi s'est heurté aux dures réalités de la vie professionnelle.

« La vie a de ces revers », dit Tashi. À partir de 2006, il s'est essayé, à Lanzhou, Chengdu, Beijing et Garzê, à de multiples emplois, comme rédacteur web, assistant de projet, agent de police. Il a même créé sa propre entreprise. Mais à chaque fois, pour diverses raisons, il finissait par échouer.

Au printemps 2010, Tashi s'est rendu à Lhassa pour se remettre de ses malheurs et prouver sa vraie valeur. Même ici, « la réalité est plus cruelle que je ne l'imaginais ». Tashi a été renvoyé après moins de trois mois dans son premier emploi, en gestion hôtelière, à cause de son manque de compétence dans ce domaine.

Il a alors créé sa propre galerie, qui n'a pas non plus donné de résultats satisfaisants. Plusieurs entretiens d'embauche sont restés sans suite. Mais ils lui ont permis de surmonter sa hantise de l'échec et de la moquerie.

 

Costume YEEOMMO.

 

Création de sa propre marque

Début 2011, un programme télévisé intitulé « Voyage au cœur de la mode » a éveillé chez Tashi l'intérêt pour les costumes tibétains modernes. C'est ainsi qu'il a commencé à envisager un nouveau métier. Moins de six mois plus tard, Tashi a créé sa propre maque, YEEOM.

En juin 2012, Tashi a organisé une exposition de mode intitulée « Ruelles de Lhassa » pour présenter les vêtements qu'il avait conçus. « Mes créations ont été exposées dans des ruelles anciennes de Lhassa, sans défilé de mannequins. Le but était d'exprimer l'origine de YEEOM qui réside dans la culture ethnique. »

Le costume tibétain comporte des particularités qui en font une exception parmi les costumes traditionnels chinois. Et YEEOM possède en plus ses propres caractéristiques, grâce aux recherches approfondies de Tashi sur les éléments traditionnels tibétains.

Sur la base des éléments fondamentaux de la tradition tibétaine, YEEOM a assimilé des éléments de mode chinoise et étrangère pour dessiner une centaine de vêtements, dont des chemises, des vestes, des vestes sans manche, des manteaux, des chandails, principalement en lin, en pulu (laine tressée à la main) et en laine.

Le rouge, le jaune, le bleu, le vert et le blanc sont les couleurs les plus employées dans ses vêtements ; selon l'usage tibétain, elles représentent le feu, la terre, le ciel, l'eau et les nuages. Ce sont les couleurs de la vie.

Tashi utilise ces cinq couleurs et le noir pour exprimer la beauté de l'harmonie à travers les contrastes.

Afin d'intégrer à ses vêtements les éléments riches, colorés et particuliers du costume tibétain, il s'est plongé dans des recherches et inlassablement remis à l'ouvrage, pour finalement parvenir à une combinaison parfaite des éléments traditionnels et modernes.

En septembre 2014, Tashi a transformé son studio de mode YEEOM en Société de la culture du costume YEEOMMO. Son stand à la 1ère Foire internationale de la culture touristique du Tibet lui a donné une bouffée supplémentaire de confiance et de courage. Lors de cette foire qui se tenait en septembre, Tashi a pu présenter aussi le caractère international de YEEOMMO, et ainsi gagner l'admiration des locaux comme des étrangers.

 

Pardessus YEEOMMO.

 

Après la victoire

Aujourd'hui, Tashi et son YEEOMMO ont trouvé leur place à Lhassa. Dans sa boutique rue Tengjeling, on voit défiler sans interruption les clients qui se passionnent pour ses créations.

Mais ces succès ne suffisent pas à sa mère. Lorsqu'elle lui rend visite dans son studio, sa mère lui exprime son avis et lui parle avec inquiétude de son avenir. Quand Tashi lui explique ses plans et ses visions du futur, sa mère lui répond : « Mon fils, tu as 30 ans, quand vas-tu enfin grandir ? »

Pourtant, explique Tashi, sa mère lui a toujours montré de la compréhension et de l'indulgence à chaque période de sa vie.

« En ce qui concerne mon business, malgré un chiffre d'affaires limité et de multiples difficultés, je peux dire que j'ai passé l'étape décisive des quatre premières années. » Tashi est plein de confiance pour sa marque. Ce qu'il souhaite, c'est que ses créations réjouissent le cœur et le regard, apportent le bonheur et la beauté : c'est ce qu'exprime parfaitement son « col Tashi ».

Toujours souriant, Tashi nous a confié qu'il poursuivrait l'histoire de YEEOMMO et qu'il développerait sa marque quoi qu'il arrive, grâce à son idéal qui est « la joie et la recherche, l'héritage et la création, la modestie et la confiance en soi, la compassion, l'optimisme et la détermination ».

 

*KUNSANG LHAMO est journaliste de China News Service.

 

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