CHINAHOY

29-October-2014

Reboisement dans la vallée du Yarlung Zangbo

 

Le terrain étant trop caillouteux, seuls des argousiers peuvent y être plantés.

 

Li Wuzhou, membre de la rédaction

Ce désert dans la vallée du Yarlun Zangbo est entouré de montagnes arides. Un groupe d'agriculteurs y ont planté contre toute attente des argousiers avec du sol nutritif sur les rives couvertes de galets. Derrière eux, une forêt artificielle d'une superficie de 13 000 mu (un mu = 0,067 ha) un morceau de tapis vert sur le plateau Qinghai-Tibet

Le district de Namling, situé sur la rive nord du Yarlung Zangbo, est le deuxième district le plus peuplé de la Région autonome du Tibet. Les précipitations annuelles y sont de 200 ml tandis que l'évaporation annuelle dépasse 2 000 ml. Malgré sa situation proche du Yarlung Zangbo, ce désert est caractérisé par des terres infertiles et la désertification due à un trop fort ensoleillement et de trop faibles précipitations.

La rive du fleuve en cours de reboisement appartient au canton d'Aima, dont le nom signifie en tibétain « une grande étendue de terre ». Ce désert long de 12 km et large de 7 km couvre une superficie totale de 80 km² et est couvert de galets et de dunes mouvantes. Dans le passé, les tempêtes de sable faisaient rage en automne et des coulées de boue se produisaient l'été.

Pour les générations futures

Cela fait déjà quatre ans que le chef du village Songdong procède au reboisement. Lors de la saison morte, il vient en moto avec les autres villageois pour continuer le travail. Il se souvient : « Quand j'étais petit, il y avait souvent des tempêtes de sable. En automne et en hiver, le sable envahissait les maisons et les cours. Aujourd'hui, les dunes se sont stabilisées, le sable a arrêté de nous envahir. »

Les bienfaits du reboisement sont donc bien visibles : « D'abord, on a réussi à stabiliser les dunes puis on a embelli l'environnement et permis de rendre le climat moins sec. Avant, juin-juillet étaient très secs. Maintenant, il fait plus humide grâce à la forêt. Cela favorise l'agriculture. Le plus important, c'est que nous pouvons fournir un meilleur environnement à nos générations futures. » Son fils et sa fille font leurs études au collège de Namling, respectivement en première et en troisième années. « S'ils ne peuvent pas passer l'examen d'entrée à l'université, ils reviendront vivre ici. »

Selon le directeur de l'Office forestier du district, les travaux pour le reboisement, « les faits ont prouvé que depuis le reboisement il y a des années, la fréquence des tempêtes de sable a été réduite d'un tiers. Les arbres favorisent la conservation de l'eau et la stabilisation des dunes. La teneur en oxygène de l'air a augmenté de 5 % et l'humidité de 10 %. »

Un habitant tibétain de 38 ans nous fait part de ses impressions après sa participation au reboisement en mars : « dans le passé, les vitres de notre maison étaient régulièrement brisées par les tempêtes de sable, le sol de la cour était couvert de sable. Le reboisement permet d'éviter ces problèmes. J'ai participé au reboisement et j'en vois les bénéfices. »

Reboisement et économie

L'économie du district de Namling s'appuie sur l'agriculture et le pâturage. La superficie des terres labourées est de 110 000 mu, soit un peu plus de 1 mu par habitant. Les agriculteurs doivent, en saison morte, aller travailler à Lhassa ou à Nagqu pour subsister.

Le reboisement a permis de combler les pertes économiques des agriculteurs lors de mauvaises récoltes, mais également de créer des emplois. Ils n'ont donc plus besoin d'aller à la ville pour travailler. D'après le chef du village de Songdong, « Les revenus sont satisfaisants quand on vend des pommes de terre, des orges et du blé au moment de bonne récolte, la plantation d'arbres les années de mauvaises récoltes permet d'améliorer le quotidien. Le revenu issu de la plantation et celui issu de l'agriculture sont presque équivalent. »

Mima, 49 ans est père de trois enfants, dont le plus âgé est étudiant. « Nous avons encore quelques problèmes pour subsister, reconnaît Mima. Dans le passé, je travaillais à l'extérieur pour gagner de l'argent. Maintenant je plante des arbres en saison morte. Le revenu est presque le même que celui que je gagnais en travaillant à la ville. »

Mima s'est aussi lancé dans l'élevage. D'après lui, grâce à l'amélioration de l'environnement, l'élevage est plus diversifié. « On ne perd plus le bétail à cause des tempêtes de sable. De plus, on peut élever des cochons et des volailles. »

Afin d'augmenter les revenus par le reboisement, on a laissé certains morceaux de terrain vierges sur les rives pour la planter des noyers et des arbres à gouqi. Des forêts d'exploitation ont également été plantées. Une zone écologique pilote a également été mise à l'essai pour planter des pommes de terre et de l'orge.

Comme l'explique le directeur de l'Office forestier du district, ce sont les agriculteurs locaux qui plantent les arbres. Au premier semestre cette année, le gouvernement a embauché plus de 5 500 personnes, le nombre des travailleurs embauchés durant une journée peut parfois atteindre les 150 personnes. Le revenu quotidien peut atteindre 150 yuans. Le minimum étant de 70 à 80 yuans.

L'Office forestier a recruté 30 villageois pour former un groupe de gardes forestiers qui se chargent de l'irrigation, de la fertilisation, de la taille, de la prévention et du contrôle des maladies des plantes et des insectes nuisibles ainsi que du maintien des grilles. Les membres de ce groupe gagnent un peu plus de 1 300 yuans par mois divisé en un salaire fixe et un salaire au mérite. Le nombre de gardes forestiers s'élèvera à 50 cette année.

Programme écologique du plateau Qinghai-Tibet

Le programme de reboisement de la vallée du Yarlung Zangbo dans le district de Namling du Tibet a été baptisé Zone écologique pilote rive nord du Yarlung Zangbo. Il est projeté de reboiser sur une superficie de 100 000 mu sur 10 ans. Ce n'est que le point de démarrage et la zone pilote du programme de reboisement des bassins des deux fleuves et des quatres rivières du Tibet (le Yarlung Zanbo, le Nujiang, les rivières de Lhassa, Nianchu, Yalong et Shiquan). Cela constitue le cœur de l'équilibre écologique du Tibet. Le programme, dont la mise en place durera de 2014 à 2030, couvrira 44 districts tibétains.

La Région automone du Tibet a investi un total de 30 milliards de yuans pour le programme de reboisement dans les bassins des deux fleuves et des quatres rivières, qui a démarré dans le district de Namling cette année. On compte, d'ici 2030, élargir la superficie des forêts artificielles à 10 milllions de mu sur la base des 2 millions de mu actuels. C'est le plus grand programme d'investissement après le chemin de fer Qinghai-Tibet.

« Ce programme de reboisement favorisera la protection environnementale de la région, voire même ailleurs en Chine et en Asie du Sud-Est », déclare Dong Yijun, directeur du service de reboisement de l'Administration des forêts du Tibet.

D'une géographie et d'un climat particuliers, le Tibet a mis en place une commission de consultation composée d'académiciens de l'Académie des Sciences de Chine pour reboiser de façon raisonnée. Suite aux propositions de ces experts, il a été prouvé qu'il était essentiel de reboiser en respectant les particularités de la faune et de la flore locale.

Le directeur de l'Office forestier du district de Namling nous explique : « L'irrigation est extrêmement difficile ici à cause des terrains caillouteux. Nous avons donc choisi de planter des arbres. Nous avons importé de l'intérieur du pays des espèces résistant à la sécheresse qui s'adaptent au sol du Tibet, tels que l'orme, le saule et l'argousier. »

D'après Meng Xiangtao, chef adjoint du district de Namling et cadre venu de Weifang du Shandong pour aider le Tibet, « le taux de survie des forêts artificielles au Tibet est très faible à cause de la sécheresse et de la méthodes de l'entretien des arbres. » Le gouvernement local a adopté ainsi trois mesures pour assurer le taux de survie des arbres plantés : construire des canaux d'irrigation avant la plantation des arbres pour résoudre le problème du manque d'eau dans la plupart des régions puis rendre les méthodes de plantation plus scientifiques, par exemple, la profondeur des trous, la proportion des engrais après le remplacement du sol, la sélection des bourgeons, la prévention et le contrôle des maladies des plantes et des insectes nuisibles, la sélection de jeunes arbres et enfin installer des fils de fer barbelés autour des arbres pour que les bœufs et les moutons ne mangent plus l'écorce. »

« Le taux de survie de nos arbres dépasse 95 % pour cette année et d'après nos prévisions 85 % dans trois ans. C'est un miracle au Tibet » s'exclame Meng Xiangtao.

 

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