CHINAHOY

26-February-2014

Les nouveaux progrès dans la purification de l'air

 

Le 18 septembre 2013, à l'université normale de Hainan, un employé examine la densité des PM2,5. (CFP)

 

LI YUAN, membre de la rédaction

Depuis quelques années, la pollution de l'air en Chine est devenue un problème qui essouffle les Chinois. Les brouillards de pollution sont de plus en plus fréquents et deviennent un réel sujet d'inquiétude en Chine.

Le 12 février dernier, le Conseil des affaires d'État a pris davantage de mesures pour trouver des solutions aux problèmes de pollution de l'air et aux brouillards de pollution. Ces mesures seront axées sur le réajustement des structures énergiques et l'utilisation de taxes, du barème des prix, de l'octroi d'aides en vue de lutter contre la pollution. Enfin, il a également été décidé d'investir une dizaine de milliards de yuans pour régler le problème de la pollution atmosphérique.

La bataille contre le brouillard

Au début de l'année 2013, après l'intense vague de brouillards de pollution qui a frappé la Chine, a été lancé le programme de contrôle de qualité de l'air et de prévision atmosphérique. Les résultats des contrôles de la qualité de l'air dans 74 villes commencèrent à être affichés sur le site du ministère de la Protection de l'Environnement. Ces données sont disponibles pour chaque mois, chaque trimestre et chaque année, sous forme de tableaux comparatifs et d'analyses afin que la population puisse avoir une vision réelle de la qualité de l'air.

Aujourd'hui, 190 villes chinoises mettent à jour quotidiennement les données sur la qualité de l'air. La population peut se renseigner sur celles-ci sur Internet ou sur une application pour smartphone. D'après un article de Linda Greer, membre du conseil pour la protection des ressources naturelles américain (the Natural Resources Defense Council), publié dans le site du Washington Post : « L'exigence de transparence des données est la mesure phare que la Chine a mis en place pour contrer la pollution et c'est celle qui sera la plus efficace ! Sur ce point, cette méthode a fait passer la Chine de 'dernier élève'au rang de 'meilleur élève'. »

Dans le même temps, le gouvernement chinois s'efforce de lutter activement contre la pollution de l'air en octroyant des subventions et soutiens financiers et en encourageant l'utilisation d'énergies propres. Dans la lutte contre les brouillards de pollution, produits du développement industriel, le gouvernement chinois a déjà à plusieurs reprises exprimé clairement sa volonté de transformer son système de développement économique, même si cela doit sacrifier la vitesse de développement et stopper l'ère de « la course au PIB » pour enfin entrer dans une ère de développement écologique.

En septembre 2013, Le gouvernement chinois avait fait paraître le Plan d'action de prévention de la pollution atmosphérique. Ce plan était accompagné d'une subvention à la hauteur de 280 milliards de dollars. Celui-ci a été souvent décrit comme le plan de prévention de la pollution atmosphérique le plus sévère que le gouvernement ait jamais mis en place et devint un symbole de la volonté du gouvernement chinois de lutter contre la pollution de l'air.

Le principal but mis en avant dans ce plan est de faire disparaître en cinq ans ou plus, si nécessaire, la pollution de l'atmosphère et d'améliorer la qualité de l'air au niveau national. Les buts spécifiques à chaque région y sont également bien définis. Chaque tâche à accomplir y est décrite de façon précise et possède un emploi du temps et un niveau à atteindre : les villes-préfectures doivent baisser leur taux de particules inhalables de 10 % par rapport à 2012 et le nombre des jours non pollués augmentent d'année en année. Beijing, Tianjin et le Hebei, ainsi que les régions du delta du Yangtsé et du delta de la rivière des Perles doivent faire baisser la concentration en particules inhalables de 25 %, 20 % et 15 % respectivement. D'ici à 2017, les émissions des industries polluantes doivent baisser de 30 %, le charbon doit, à terme, être inférieur à 65 % de la proportion totale des énergies utilisées. Actuellement, le ministère de la protection de l'environnement obligent 31 provinces et régions autonomes chinoises à s'engager pour remplir les obligations définis par le plan pour s'assurer que les objectifs seront atteints.

En plus, la Chine a également cherché à résoudre le problème de la pollution de l'air par la coopération internationale. En décembre 2013, lors du sommet de coopération internationale de l'Asie de l'Est sur la pollution atmosphérique et les industries écologiques, la Chine, le Japon et la Corée du Sud ont déclaré que la prévention de la pollution de l'air était une responsabilité commune des trois pays. En matière de développement des industries de protection de l'environnement et de l'économie verte, les trois pays jouissent des avantages en ressources, des opportunités de marché et de grandes potentialités ; ils partagent les intérêts communs dans le domaine du développement durable en Asie de l'Est. Les participants ont proposé que la Chine, le Japon et la Corée du Sud renforcent leur coopération dans ce domaine, élargissent davantage leur marché et encouragent le transfert des techniques pour apporter du bonheur aux peuples d'Asie de l'Est.

 

Pour garantir un bon environnement aux voyageurs, la gare de Handan (Hebei) a installé un purificateur d'air dans le hall de la gare. (CNSPHOTO)

 

Dire non aux industries polluantes

En novembre 2013, le gouvernement de la province du Hebei a fait démolir 10 haut-fourneaux de fonderies, changer d'emplacement 16 d'entre eux, ce qui au total a fait baisser de 4,56 millions de tonnes la production de fonte et de 6,8 millons de tonnes celle d'acier. Jusqu'à octobre 2013, la réduction de fonte et d'acier due aux restructurations d'industries dites « obsolètes » a été de 2,38 millions de tonnes.

L'industrie métallurgique est une des industries pilier de l'industrie civile chinoise. Mais à cause ou grâce à la pression exercée sur l'environnement, la réduction de plus de moitié de la production est devenue une situation habituelle de ce domaine industriel. Par exemple, dans le Hebei qui est une des provinces dont l'industrie métallurgique était une des industries phare de la région, le gouvernement local est en train de réajuster les structures. Dans le même temps, le gouvernement s'efforce de développer l'industrie électronique, l'industrie informatique, l'industrie biomédicale et les énergie nouvelles, qui seront les industries de demain.

Dans la région autonome hui du Ning-xia, le gouvernement a prévu de fermer dans les deux ans les turbines à charbon, extrêmement polluantes. Il espère inciter les entreprises et les particuliers à acheter les voitures à énergie nouvelle à travers les mesures d'immatriculation des voitures, l'octroi d'aides du gouvernement et un prix de l'électricité attractif.

Mais ce n'est pas le seul exemple. Depuis un certain nombre d'années déjà, la capitale chinoise contrôle la consommation de charbon. En août 2013, dans les comptes-rendus de la municipalité de Beijing, il est stipulé clairement qu'à la fin de l'année 2015, le charbon ne sera plus utilisé dans le centre-ville. En 2017, la consommation totale en charbon de la ville devra être contrôlée pour rester en dessous de 10 millions de tonnes.

La capitale chinoise prévoit également d'augmenter la proportion d'énergies propres. Ainsi en 2017, la consommation en énergies propres devra atteindre plus de 90 % du total et la consommation en charbon descendra en dessous de 10 %. L'offre des énergies nouvelles et des énergies traditionnelles sera plus équilibrée.

« Le problème des brouillards de pollution en Chine va devenir un élément important affectant l'offre de ressources et la structure des énergies. Le gouvernement doit étudier comment se servir de cette occasion pour pousser la réforme des énergies. Les industries en rapport avec les énergies doivent aussi faire des réajustements dans leur stratégie pour être capables de faire face au changement de la donne des demandes en énergie », explique Lin Boqiang, expert en énergie.

Les efforts que la Chine déploie pour conjurer le sort en transformant son mode de développement attirent les yeux du monde. Bloomberg New Energy Finance déclare que Beijing, Shanghai et cinq autres régions à haute concentration industrielle ont déjà lancé des programmes d'essai de réduction des émissions de dioxyde de carbone. D'ici à 2015, ces programmes d'essai auront permis de contrôler plus de 1 milliard de tonnes des émissionss, la Chine deviendra la deuxième région juste après l'Europe à avoir réalisé un contrôle total des émissions.

Prévention des brouillards dans la vie quotidienne

À la fin de l'année 2013, l'Organisme international de recherche sur le cancer (IARC) a déclaré les particules fines PM2,5 cancérigènes. Mais à la différence des virus, le brouillard de pollution est un danger à grande échelle, sur le long terme et imprévisible. Cette sorte d'« attaque surprise » cause un réel traumatisme aux hommes.

Mme Shi est la mère d'un enfant de deux ans, et ses parents sont sexagénaires. Depuis le début de l'année 2013, après la première vague de brouillard à Beijing, regarder le taux de pollution de l'air sur son application smartphone est devenu une habitude pour elle. Que ce soit légèrement pollué ou gravement pollué, elle demande aux membres de sa famille de sortir le moins possible. Pour se défendre du brouillard, elle s'est équipé d'un assainisateur d'air et d'un masque filtre anti-particules PM2,5. Comme elle pense que les personnes âgées sont plus sensibles aux infections pulmonaires, elle achète aussi des aliments tels que sirops à la poire et champignons chinois blancs, bons pour le système respiratoire.

Actuellement, beaucoup de Chinois à l'instar de Mme Shi sont passés en mode « prévention des brouillards polluants ». Les gens commencent à réfléchir à la pollution de l'air et au moyen de s'en protéger, bien plus qu'avant.

Dans nombre de villes chinoises, on impose des normes de standard plus élevées aux combustibles, et limite le nombre de voitures pour réduire la pollution atmosphérique. Beaucoup d'organisations non gouvernementales proposent de « se passer de la voiture au moins une journée par semaine ». Le développement des transports publics est aussi une méthode qui marche pour résoudre le problème de la pollution de l'air dans les villes chinoises et est déjà devenu une conscience commune dans la société.

Par exemple, lors du Nouvel An chinois, la population a l'habitude de faire claquer plein de pétards et de tirer les feux d'artifices, mais cette année, le marché de feux d'artifices de toutes les régions a connu une véritable chute pour ce qui est des ventes et de la production. D'après des professionnels, si cette industrie veut perdurer, il faudra fabriquer des pétards moins polluants et résoudre les contradictions entre les coutumes populaires et les problèmes de pollution que les pétards créent à cause de leur fumée.

Le 19 janvier dernier, la directrice du bureau des affaires juridiques du comité permanent de l'Assemblée populaire de Beijing, Li Xiaojuan a déclaré lors d'une conférence de presse que les règlements pour le contrôle du tabagisme à Beijing était à l'ordre du jour et qu'ils allaient être soumis au comité permanent de l'Assemblée populaire de Beijing pour la deuxième moitié de l'année. Il sera interdit de fumer dans tous les lieux publics fermés.

Préparation d'une guerre à long terme

Même si le gouvernement chinois et le peuple chinois font des efforts pour améliorer la qualité de l'air, le défi à relever est énorme, les progrès apportés par les mesures mises en œuvre semblent toujours n'être qu'une goutte d'eau dans la mer. D'après l'Administration météorologique de Chine, la fréquence moyenne des brouillards polluants en Chine en 2013 est la plus élevée depuis 52 ans.

En réalité, ces brouillards polluants ne sont pas que le lot de la Chine. Que ce soit les premiers pays industrialisés tels que le Royaume-Uni, les États-Unis, le Japons ou les pays en développement tels le Mexique, l'Iran, la Mongolie, tous ont connu ou connaissent ce problème de pollution de l'air. Face aux conséquences de l'industrialisation, comment résoudre efficacement le problème de la pollution est un sujet mondial.

D'après la théorie de la courbe Kuznets de l'environnement, lorsque l'économie est arrivée à un stade de développement particulier, la qualité de l'environnement conséquamment au développement industriel atteint un extrême dans sa détérioration. Après l'arrivée à ce stade dit « tournant », après que les salaires moyens ont augmenté, la structure de production se transforme en structure de service et le niveau de pollution de l'environnement se réduit lentement, la qualité de l'environnement s'améliore alors progressivement.

Le problème de prévention de la pollution de l'air est un processus long et difficile. Grâce aux progrès de la science, les solutions pour assainir l'air deviendront certes plus rapides mais il ne faut pas espérer les régler sur le court terme, car cela n'est pas réaliste. « Dans la lutte contre la pollution de l'air, il n'y a pas de raccourci. Il faut des stratégies de régulation sur le long terme et des efforts constants. » Ceci est la clé que nous donne l'Union chinoise pour la purification de l'air dans son livre La purification de l'air de Londres.

Un météorologue britannique pense que si le gouvernement chinois peut allier la résolution du problème de la pollution de l'air et la réduction des émissions de CO2, cela permettra à la Chine de faire d'une pierre deux coups.

 

La Chine au présent

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