CHINAHOY

9-June-2014

Les voitures « branchées »

 

Le propriétaire d'une voiture électrique fait le plein d'énergie à une borne de recharge, dans le parc scientifique de Tsinghua. (CFP)

 

LUO YAO, membre de la rédaction

Le développement des véhicules propres s'accélère en Chine comme nulle part ailleurs. Encouragées par le gouvernement, les marques chinoises ont de grandes ambitions pour le marché intérieur, comme pour le marché mondial.

Le 20 avril, le Salon international de l'automobile de Beijing 2014 s'est ouvert, dans la capitale chinoise, au Centre des expositions internationales. Les voitures fonctionnant aux énergies nouvelles ont attiré l'attention de tous. Le salon a présenté 118 nouveaux modèles de voitures, dont 79 sont des véhicules fonctionnant aux énergies nouvelles, soit 70 %. Ces voitures sont de marques étrangères, mais aussi de marques chinoises, comme BYD et JAC.

Les véhicules « made in China » sont de qualité comparable aux voitures hybrides lancées par Ferrari et Land Rover. Par exemple, la BYD Tang, un SUV hybride qui n'a besoin que de 5 secondes pour atteindre la vitesse de 100 km/h, peut surpasser plusieurs voitures de sport. L'Arrizo 7, une voiture électrique développée par Chery, peut rouler pendant 50 km une fois chargée. Cela constitue la meilleure performance parmi les voitures du genre.

L'apparition d'un grand nombre de voitures fonctionnant aux énergies nouvelles est liée au manque de ressources énergétiques, au besoin croissant de protéger l'environnement et aux mesures incitatives qu'a prises le gouvernement chinois pour promouvoir cette industrie en plein essor.

Les mesures incitatives

Le smog est présent dans les principales villes chinoises. On l'attribue aux émissions des usines et des véhicules. Face aux problèmes environnementaux, les voitures fonctionnant aux énergies nouvelles sont une solution intéressante.

Selon Zhang Guobao, ancien directeur général du Bureau national des énergies, « le gouvernement chinois accorde une grande importance à ce problème », en tant que pays leader en ce qui concerne la fabrication et la vente de véhicules automobiles, la Chine a déjà donné la priorité au développement des voitures fonctionnant aux énergies nouvelles. Et dans le contexte actuel, celles-ci ont une importance stratégique. Une série de mesures incitatives montrent la détermination du gouvernement chinois à promouvoir ce type de véhicules.

Déjà en 2001, la Chine avait alloué 2 milliards de yuans dans son « projet 863 » pour développer les voitures électriques. Plus de 200 entreprises fabriquant des voitures complètes et des pièces détachées, des établissements d'éducation supérieure et de recherche, ainsi que plus de 3 000 chercheurs scientifiques et techniques ont participé à la R&D sur les voitures électriques. Pour l'heure, environ 160 voitures électriques de toutes sortes ont été lancées. Presque 30 laboratoires pilotes de niveau national consacrés à ce type de véhicules ont été créés et plus de 40 normes de standard ont été déposées.

Début 2009, le ministère des Sciences et Techniques, le ministère des Finances, la Commission nationale du développement et de la réforme et le ministère de l'Industrie et de l'Information ont conjointement lancé un projet dans 25 villes pilotes pour promouvoir les bus et les taxis roulant aux énergies nouvelles. En janvier 2014, 87 villes chinoises avaient rejoint ce projet. 330 000 véhicules fonctionnant aux énergies nouvelles avaient déjà été mis en service.

Ces villes appliquent strictement les mesures incitatives. Prenons Beijing pour l'exemple. Le 1er janvier 2011, la nouvelle politique de tirage au sort est entrée en vigueur concernant l'achat de voitures par les individus et les entreprises. Le quota concernant les voitures roulant aux énergies nouvelles a été relevé pour être fixé à 20 000 cette année, et prévu à 30 000 pour l'année 2015. Il sera de 60 000 pour 2016 et 2017.

Les acheteurs peuvent toucher des subventions du gouvernement central et du gouvernement local. La subvention venant du gouvernement central peut s'élever à 60 000 yuans, selon la distance parcourue. Les gouvernements locaux accordent des subventions différentes. À Beijing, la subvention est la même que celle accordée par l'État ; à Shanghai elle s'élève à 40 000 yuans pour chaque voiture électrique, 30 000 yuans pour une voiture hybride. Guangzhou, Shenzhen, Chengdu et Zhengzhou ont successivement lancé leurs règles concernant les subventions.

La situation actuelle du marché chinois

Grâce au projet de promotion des véhicules propres, les bus et taxis hybrides consommant de l'essence et du gaz, ou de l'électricité et du gaz se sont généralisés dans les grandes et moyennes villes chinoises. Celles-ci projettent de mettre en service plus de bus et de taxis pour remplacer les véhicules essence. Selon les estimations, en 2015, le nombre de bus roulant aux énergies nouvelles devrait s'élever à 83 000, soit 13,8 % du total des bus de transport public.

Selon des statistiques de l'Association de l'industrie automobile chinoise, 6 853 voitures roulant aux énergies nouvelles ont été vendues au premier trimestre 2014, soit une augmentation de 120 % en glissement annuel. Parmi ces véhicules, on comptait 4 095 voitures électriques et 2 758 voitures hybrides-électriques. Ces deux types de véhicules ont connu une forte augmentation des ventes au premier trimestre 2014. Cela montre que les perspectives pour les voitures roulant aux énergies nouvelles sont prometteuses.

D'après Dong Yang, vice-président permanent de l'Association de l'industrie automobile chinoise, 2014 sera le jalon du développement des véhicules roulant aux énergies nouvelles. En dépit du pourcentage dérisoire de ces voitures sur le marché automobile par rapport aux voitures à moteur d'essence, leur potentiel se fait déjà sentir.

Le vaste marché chinois est devenu la cible de toutes les entreprises fabriquant des voitures roulant aux énergies nouvelles. Elon Musk, fondateur de Tesla, a estimé qu'en 2015, les ventes des Tesla en Chine seront les mêmes qu'aux États-Unis et qu'elles s'élèveront à entre 7 000 et 8 500 véhicules.

L'exportation des voitures propres

Les entreprises chinoises ont fait des efforts pour développer des technologies et explorer des marchés, et elles ont obtenu des résultats importants. L'écart entre les technologies chinoises et internationales s'est resserré. Certaines marques chinoises ont également été reconnues sur le marché international.

Au cours des Jeux olympiques de Londres, les bus touristiques rouges fonctionnant aux énergies nouvelles qui roulaient le long de la Tamise étaient fabriqués par le chinois Ankai Automobile.

Rio de Janeiro, qui accueillera les Jeux olympiques 2016, a reçu, le 29 mars dernier, des bus électriques fabriqués par le constructeur chinois BYD. Depuis 2012, les bus ont été exportés en Belgique, aux Pays-Bas, en Amérique du Nord, Amérique du Sud et Asie.

En 2012, Beiqi Foton Motor a aussi vendu ses bus en Allemagne. Ces derniers sont devenus les premiers bus électriques en service dans le pays. Asiastar Bus a également vendu ses bus roulant aux énergies nouvelles en Israël.

Le problème des infrastructures

L'essor des voitures électriques soulève le problème de la recharge qui constitue l'entrave principale au développement de l'industrie de ces véhicules.

Les entreprises chinoises ont fait des progrès en matière de recharge. Par exemple, les bus développés par BYD peuvent rouler 250 km en ville après avoir été rechargés. Ils ne consomment que 1,2 kW/h par kilomètre. Les bus fabriqués par Asiastar Bus peuvent, quand à eux, effectuer une recharge en 10 secondes qui leur permettent de rouler entre deux ou trois arrêts. Cependant, ce problème lié à la recharge préoccupe encore les clients qui ont l'intention d'acheter des voitures roulant aux énergies nouvelles.

Ainsi, les villes chinoises mettent en œuvre des stratégies de développement pour ces véhicules, tout en envisageant d'installer des bornes de recharge.

Selon la commission du Développement et de la Réforme de Beijing, en 2014, la ville installera 1 000 bornes de recharge rapide. On pourra trouver une station de charge partout dans un rayon de 5 km.

On estime qu'en 2020, avec l'amélioration des installations de recharge et le recul des coûts des voitures fonctionnant aux énergies nouvelles, la part de ces véhicules dépassera 10 % du total des voitures vendues. Le jour où les « véhicules propres » se banaliseront en Chine n'est plus très loin.

 

La Chine au présent

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