CHINAHOY

31-October-2013

Chine : efforts accrus dans la lutte contre la pollution de l’air

 

Un brouillard épais recouvre la ville de Beijing le 18 juillet 2013.

 

LI WUZHOU, membre de la rédaction

Ces dernières années, de grandes villes et régions de Chine ont été régulièrement touchées par un épais brouillard, une conséquence de l’aggravation progressive ces dernières années de la pollution de l’air. C’est surtout l’hiver dernier et au printemps de cette année que le phénomène a frappé les esprits, alors qu’un épais brouillard a enveloppé le pays, couvrant à son maximum une superficie de 1,3 million de km². En ce qui concerne la municipalité de Beijing, qui se trouve au centre de la région la plus polluée de Chine, celle de Beijing-Tianjin-Hebei, quatre jours de temps clair (non pollué) seulement ont été enregistrés en janvier dernier.

Les particules fines PM2,5 sont à l’origine du brouillard épais en milieu urbain. Elles peuvent passer entre les cils nasaux, pénétrer directement dans les poumons et nuire ainsi à la santé humaine. Comment disperser ce brouillard est devenu une préoccupation tant du public que du gouvernement. Ce dernier prend des mesures de plus en plus sévères.

Fixation d’objectifs plus ambitieux

Pour s’attaquer au problème de la pollution aux PM2,5, laquelle s’est révélée de plus en plus grave ces dernières années, le ministère de la Protection de l’environnement a promulgé fin 2012 son XIIe Plan quinquennal de lutte contre la pollution de l’air dans les régions clés. C’est le premier programme global de lutte contre la pollution atmosphérique en Chine. Selon ce plan, à l’horizon 2015, dans les régions-clés, la concentration de particules inhalables et de particules fines sera réduite respectivement de 10 % et de 5 %. Le plan concerne 47 villes dont les quatre municipalités relevant directement de l’autorité centrale : Bejing, Shanghai, Tianjin et Chongqing, et 15 capitales provinciales.

Cependant, l’épais brouillard qui a sévi en hiver dernier et au printemps incite le gouvernement à s’engager à mettre en œuvre des mesures plus strictes encore. Le premier ministre Li Keqiang a présenté un nouveau plan en dix points lors d’une réunion exécutive du Conseil des affaires d’État le 14 juin.

Ce plan en dix points comprend des objectifs de lutte contre les PM2,5 dans les trois régions-clés que sont Beijing-Tianjin-Hebei, le delta du fleuve Yangtsé et le delta de la rivière des Perles, qui sont plus stricts que ceux énoncés dans le XIIe Plan quinquennal de lutte contre la pollution de l’air dans les régions clés. Notamment dans la région Beijing-Tianjin-Hebei, le nouveau plan exige de réduire la concentration des PM2,5 de 25 % à l’horizon 2017.

De plus, le plan en dix points insiste particulièrement sur le renforcement de la lutte contre la pollution atmosphérique d’origine industrielle, la priorité étant donnée à l’élimination des capacités de production obsolètes et des objectifs concrets étant proposés dans les industries de l’acier, du ciment et du verre plat. Le gouvernement promet également de réduire les émissions de polluants atmosphériques majeurs des industries-clés de 30 % d’ici à la fin de 2017.

Les mesures les plus vigoureuses concernent la région Beijing-Tianjin-Hebei

« En cinq ans, nous ferons en sorte que la qualité de l’air s’améliore dans l’ensemble du pays, que les jours de forte pollution atmosphérique se fassent bien plus rares et que la qualité de l’air s’améliore nettement dans la région Beijing-Tianjin-Hebei, le delta du fleuve Yangtsé et le delta de la rivière des Perles. Sur ces cinq années ou davantage, nous déploierons plus d’efforts encore que par le passé pour éliminer progressivement les jours de forte pollution atmosphérique et améliorer la qualité de l’air du pays de manière significative. » C’est ainsi que le plan d’action énonce ses objectifs.

Le plan d’action comprend aussi des indicateurs précis : d’ici l’an 2017, la concentration des particules inhalables dans les villes au-dessus du niveau préfectoral diminuera de plus de 10 % par rapport à 2012 et le nombre de jours où la qualité de l’air est acceptable augmentera d’année en année. Dans la région Beijing-Tianjin-Hebei, le delta du fleuve Yangtsé et le delta de la rivière des Perles, la concentration des particules fines baissera respectivement de 15 %, 20 % et 15 % ; et à Beijing, la concentration moyenne annuelle de particules fines sera limitée à 60 µg/m³. Selon certaines évaluations scientifiques, un total de 1 750 milliards de yuans devrait être investi dans le plan d’action.

Si l’on prend pour exemple la région Beijing-Tianjin-Hebei, du point de vue des objectifs fixés sur le contrôle des PM2,5, on peut voir une grande différence entre le XIIe plan quinquennal et le plan d’action. D’après le premier, à l’horizon 2015, la concentration moyenne annuelle des PM2,5 à Beijing, Tianjin et au Hebei baissera de 6 % par rapport à 2010 ; dans le second, l’objectif est bien plus ambitieux et la concentration moyenne annuelle baissera de 25 % en 2017 par rapport à 2012.

« Il s’agit d’objectifs très clairs et concrets, par lesquels le gouvernement s’impose une très lourde tâche, a expliqué Chai Fahe. À travers eux, celui-ci montre sa préoccupation pour la santé du public, mais aussi la réflexion qu’il a menée sur les modes de développement qui ne sont pas durables. »

En Chine, un pays relativement pauvre en pétrole mais riche en charbon, la forte consommation de charbon et la structure énergétique dominée par le charbon sont les causes principales de l’épais brouillard qui touche certaines régions durant la saison de chauffage. « Pour endiguer fondamentalement la pollution atmosphérique, l’essentiel est d’optimiser la structure de la consommation d’énergie », explique Meng Wei, membre de l’Académie d’ingénierie de Chine et président de l’Académie chinoise des sciences environnementales.

Selon les propositions du plan d’action, d’ici 2017, la part du charbon dans le volume total de consommation énergétique tombera au-dessous de 65 %, et la consommation du charbon atteindra une croissance négative dans la région Beijing-Tianjin-Hebei, le delta du fleuve Yangtsé et le delta de la rivière des Perles ; les chaudières à charbon dans les trois régions seront essentiellement remplacées par celles au gaz naturel, la part des énergies non fossiles dans la consommation d’énergie s’élèvera à 13 % et des technologies propres seront progressivement adoptées dans l’utilisation du charbon.

Évaluation et recours en responsabilité : des règles concrètes

« Les quantités de particules inhalables ou de PM2,5 seront des objectifs contraignants, les administrations locales devront engager leur responsabilité par un contrat avec le Conseil des affaires d’État », a déclaré Wang Jian, directeur adjoint du département de la lutte contre la pollution du ministère de la Protection environnementale. Si des administrations locales ne satisfont pas aux critères lors de l’évaluation, les départements de la protection de l’environnement, conjointement avec ceux de l’organisation et de la supervision, auront des entretiens avec les responsables intéressés pour les inciter à prendre des mesures.

Selon Wang Jian, les résultats de l’évaluation seront pris comme base dans l’évaluation globale des officiels locaux. Les officiels qui ont été incapables d’exercer leurs fonctions dans la lutte contre la pollution atmosphérique, ceux qui n’ont pas achevé leurs tâches annuelles dans les délais requis ou ceux qui ont falsifié des données de surveillance, devront répondre de leurs responsabilités sans échappatoire possible.

À Beijing, l’une des villes chinoises les plus touchées par la pollution atmosphérique, un nouveau règlement local, le Projet des règlements sur la lutte contre la pollution atmosphérique de la municipalité de Beijing, sera publié avant la fin de l’année. Il s’agira des premiers règlements locaux de ce genre en Chine.

D’après ce règlement, le plafond d’un million de yuans d’amende est supprimé, et les amendes seront calculées en fonction du nombre de jours, allant du jour où les émissions excessives sont découvertes jusqu’au jour où des corrections complètes sont réalisées. On va poursuivre les infractions graves en responsabilité pénale.

Lutte contre la pollution de l’air : une tâche longue et ardue

En réalité, le jour même de la publication du plan d’action, la municipalité de Beijing a annoncé ses propres objectifs concrets : une diminution de la concentration moyenne des PM2,5 de 5 % chaque année ; une limitation du parc automobile à six millions d’unités ; le remplacement du charbon par des énergies propres comme l’électricité et le gaz naturel pour réduire fortement le volume total de la consommation de charbon ; le développement vigoureux des transports urbains sur rail pour que celui-ci atteigne 660 km en 2015 ; la mise aux normes des petites entreprises polluantes et la relocalisation de 1 200 d’entre elles avant la fin de 2016, et enfin la restauration d’ici à la fin de 2016 et au début de 2017 d’un million de mu (15 mu = 1 ha) de forêts, soit un taux de reboisement de plus de 60 %. Il s’agit des mesures les plus complètes, les plus systématiques, les plus détaillées et les plus fortes dans la lutte contre la pollution de l’air qui aient été jamais adoptées par la muncipalité de Beijing au cours des dernières années.

En fait, depuis 1998, Beijing a pris quelque 200 mesures à l’encontre des quatre facteurs polluants principaux : l’utilisation du charbon, les voitures, les chantiers et l’industrie. Ainsi elle a par exemple légiféré pour l’élimination des vieilles voitures ; de même, elle a appelé le public à conduire un jour de moins par semaine.

Tianjin et le Hebei aussi prennent désormais la lutte contre la pollution atmosphérique à bras-le-corps. La municipalité de Tianjin a récemment publié le Programme de construction d’une Belle Tianjin, qui vise à diminuer de 20 % par rapport à 2012 le taux annuel moyen de PM2,5 d’ici à 2016 et encore de 5 % en 2017. La concentration des PM2,5 diminuera alors de 25 %.

La province du Hebei a adopté un plan de mise en œuvre de la lutte contre la pollution atmosphérique, qui comprend cinquante mesures dont la réduction de la consommation de charbon. Selon le plan, à l’horizon 2017, les PM2,5 diminueront de plus de 30 %. Shijiazhuang, capitale provinciale du Hebei, a également annoncé qu’en 2015, la concentration des PM2,5 diminuera de 15 % par rapport à 2013, et de 30 % à la fin de 2017.

D’autres provinces et municipalités adoptent aussi rapidement des mesures. Toutefois rappelle Chai Fahe, la lutte contre la pollution atmosphérique est un processus lent. Les pays développés n’ont jamais connu le problème de pollution de l’air auquel la Chine est à présent confrontée, il faut reconnaître ses difficultés et bien se préparer à une lutte de longue haleine, a-t-il conclu.

 

La Chine au présent

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