CHINAHOY

29-January-2014

Trois Drôles de Dames chinoises découvrent la France

 

Des gens s'amusent dans la neige, à Paris.

 

LAURENT CASSAR, membre de la rédaction

Elles sont Chinoises, viennent de la province du Shandong, et découvrent la France (et « l'étranger » en général) pour la première fois. Ces trois jeunes et jolies Chinoises, âgées de 20 à 22 ans, ont quitté leur pays pour venir étudier une année en France, à l'université d'Angers.

Pour les Chinois, la France est avant tout un « pays romantique », même s'ils n'arrivent en général pas vraiment à définir le mot « romantique ». Chaque Français habitant en Chine s'est au moins vu demander une fois « C'est vrai que tous les Français sont romantiques ? » Mais en même temps, de nombreux Chinois lisent sur Weibo que nombre d'entre eux se font agresser et voler en France, notamment à Paris. Pour le moins paradoxal. Peut-être y a-t-il des voleurs très romantiques en France ? Les Français mangent-ils des sandwichs grenouilles-mayonnaise ? Font-ils souvent la grève ? En venant en France au début du mois de septembre dernier, Weiping, Yuxin et Yaqin se posaient beaucoup de questions. Elles commencent à avoir quelques réponses.

En arrivant en France, deux choses les ont unanimement marquées. La première est qu'il y a moins de monde qu'en Chine. Moins de gens dans les rues, dans les magasins ou dans les transports en commun par exemple. Pour comprendre la deuxième chose, il faut avoir vécu en Chine. « En France, quand tu veux traverser la route, toutes les voitures s'arrêtent pour te laisser passer ! C'est super ! », dit Weiping. Les trois filles se rejoignent sur ce point, les automobilistes français donnent la priorité aux piétons. D'ailleurs, après presque 3 mois en France, elles n'ont encore jamais entendu un coup de klaxon. Weiping garde néanmoins les pieds sur terre : « Ici, je commence à traverser les rues tranquillement, sans faire trop attention, mais je ne dois pas prendre cette habitude parce que si je fais ça en Chine, je vais mourir ! », s'amuse-t-elle. Elles ont aussi rapidement noté la « petite taille » des immeubles, le nombre très élevé de voitures de marques françaises et le fait que le soleil se couchait bien plus tard ici qu'à l'est de la Chine (malgré sa grande superficie, la Chine ne compte qu'un seul fuseau horaire). Elles se sont d'ailleurs faites surprendre par le passage à l'heure d'hiver (on ne change pas d'heure en Chine) mais cela est une autre histoire…

Arrivées à l'université d'Angers, un gros changement les attend ! Fini la vie en dortoir de 6 personnes avec les douches à l'eau froide et couvre-feu à 23 h. Elles habitent désormais dans une chambre individuelle en cité universitaire avec douche et toilettes individuelles. Mais le style de vie des étudiants français diffère aussi beaucoup de ce que nos étudiantes ont connu en Chine. « C'est très différent, dit Yuxin. En Chine, il y a beaucoup de pression et de stress pour les étudiants, les étudiants chinois ont l'air d'être plus travailleurs et d'avoir plus de soucis. Les étudiants français sont plus libres, ils font la fête quand ils veulent tout en faisant leurs études. » Yaqin note que les étudiants français préfèrent aller dans les bars plutôt que d'étudier. Weiping, la plus bavarde des trois, remarque pour sa part que « les étudiants français sont souvent en groupe, ils mangent ensemble, travaillent ensemble, vont dans les bars ensemble… C'est assez difficile de s'intégrer à un groupe d'étudiants français. Ici c'est très normal de dire 'bonjour' à une personne que vous ne connaissez pas ! Tout le monde se dit 'Bonjour' ! Et puis le déjeuner et le dîner c'est le moment pour eux de parler, de se raconter leur journée, de discuter de plein de choses, donc en général le dîner dure au moins une heure ! Et puis les Français sont très enthousiastes, trop même. Les étudiants font souvent la fête jusqu'à minuit, ça fait beaucoup de bruit. »

Au niveau des études, les choses sont aussi très différentes. Weiping et Yaqin ont eu du mal à s'adapter à quelque chose auquel les jeunes Français sont habitués depuis le lycée : « La chose la plus difficile pour moi est de prendre des notes pendant les cours. Ici les étudiants n'ont pas de livres, donc on doit écrire les points importants des cours sur nos feuilles, c'est assez difficile », dit Weiping, qui aimerait devenir professeure de français. Yaqin étudie le management des produits de luxe mais est un peu désavantagée par son niveau de français. « Les Français parlent très vite, c'est difficile de comprendre », dit-elle. Yuxin, quant à elle, étudie la littérature française et aimerait travailler dans le domaine de la sociologie.

Les Français ont souvent la réputation d'être arrogants. Qu'en pensent nos jeunes étudiantes ? « Les gens sont gentils et polis, dit Yuxin, les jeunes Français sont 'cools', les vieilles dames sont élégantes, les hommes ont le sens de l'humour. La société est en général plus civilisée qu'en Chine. » Malheureusement, une des « histoires clichées » mentionnée plus haut s'est avérée réelle pour Yaqin : « Pendant les vacances de Toussaint, je suis allée visiter Paris. Le dernier jour, en arrivant à l'Arc de Triomphe, je me suis aperçue qu'on m'avait volé mon portefeuille. C'était une vraie catastrophe… Heureusement, un patron de restaurant très gentil m'a aidé à faire opposition sur ma carte bancaire et m'a dit où aller au commissariat pour signaler le vol. En revenant du commissariat, nous sommes allées manger dans ce restaurant pour le remercier. » Weiping, qui a pu travailler au mois d'août dernier à la mairie de Quimper, connait un peu mieux la France que ses camarades. Et, conformément à ce qu'elle redoutait, la nourriture française est un problème pour les Chinois : « Tout est très cher, les fruits et les légumes coûtent 8 fois plus cher qu'en Chine ! » Elles cuisinent des plats chinois et mangent ensemble la plupart du temps, même si elles ont un faible pour une spécialité française contemporaine, les kebab-frites. Weiping a aussi pu avoir un aperçu du 'romantisme à la française' : « À Quimper, je voulais visiter la Cathédrale mais il y avait 2 hommes devant qui m'ont appelé et m'ont dit 'Hé ! Viens ici ma mignonne !', j'ai eu très peur et je suis partie ! » En dehors de cette petite anecdote, elle trouve les Français très gentils. « Mes voisins aiment beaucoup me parler, et me raconter des blagues. Mais en général, je ne comprends pas les blagues françaises mais je rigole quand même pour être polie ».

Bon gré mal gré, elles commencent à adopter des habitudes françaises, la première étant inhérente à la vie étudiante en France : se coucher tard et se lever tard. L'exact opposé de la vie d'un étudiant chinois ! Weiping a ajouté d'autres habitudes françaises à son mode de vie actuel : « En Chine, le petit-déjeuner est vraiment quelque chose d'important mais maintenant, souvent, je ne mange pas de petit-déjeuner ou seulement du pain. Je me suis aussi habituée à manger du fromage et à faire le bisou (ndlr : la bise) avec les autres. » Pour ce qui est de leur futur, leurs cœurs balancent entre la Chine et la France. Du côté des choses penchant pour la France : un meilleur environnement, moins de pression sur les gens et une société plus ouverte. Weiping nous donne les arguments en faveur de sa terre natale : « En Chine, la notion de famille et ce que représentent les membres d'une famille est beaucoup plus forte qu'en France. Et puis, les Français ne sont pas sérieux en amour, alors que c'est quelque chose de vraiment important pour les Chinois. »

À part pour Yuxin qui pourrait se voir rester vivre en France, Yaqin et Weiping préfèreraient faire leurs vies en Chine : « Je suis née en Chine, j'ai grandie en Chine, je suis habituée à la mentalité chinoise, nous dit Weiping. J'aime mon pays, même s'il n'est pas parfait. C'est comme le fait d'aimer ses parents même si on se querelle toujours avec eux. »

 

La Chine au présent

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