CHINAHOY

31-December-2013

Yangzhou, ville chère au cœur de Jacques Chirac

 

Le Lac étroit de l'Ouest, à Yangzhou (Jiangsu).

 

LI YUAN, membre de la rédaction

 

La ville de Yangzhou est située au centre du Jiangsu, l'une des provinces de l'Est de la Chine, au nord du cours inférieur du fleuve Yangtsé. C'était autrefois un port important de la route maritime de la Soie. Les 21 et 22 octobre 2000, le président Jacques Chirac y fit un voyage spécial lors de sa visite en Chine.

Le voyage du président à Yangzhou

Influencé par son professeur russe qui aimait ardemment la culture chinoise, Jacques Chirac en était aussi passionné et s'intéressait particulièrement aux bronzes chinois. Quand le président français s'est rendu en Chine en 1997, il s'est renseigné sur Yangzhou auprès des Chinois qui l'accompagnaient et a exprimé son intérêt pour cette ville. Deux ans plus tard, lors de sa visite en France, Tang Jiaxuan, ancien ministre des Affaires étrangères, a invité le président Jacques Chirac à visiter la Chine et lui a conseillé d'aller à Yangzhou, ville natale du président chinois de l'époque, Jiang Zemin, pour admirer les beaux paysages ainsi que la culture de cette ville ancienne. En octobre 2000, Jacques Chirac a finalement assouvi son désir d'aller à Yangzhou.

Yangzhou est une ville touristique réputée qui possède de charmants paysages ainsi que de nombreux sites célèbres, des monuments historiques et des jardins raffinés, parmi lesquels le jardin Geyuan et le Lac étroit de l'Ouest sont les plus représentatifs. En 2006, Yangzhou a gagné à l'unanimité le « Prix ONU-Habitat ». L'ancienne directrice exécutive du bureau d'ONU-Habitat, Mme Anna Tibaijuka, a confirmé que « Yangzhou est une très belle ville ; les gens vivant dans un tel environnement peuvent s'estimer heureux ».

Accompagné de Jiang Zemin, Jacques Chirac a visité le Lac étroit de l'Ouest, le musée de Yangzhou et les tombeaux de la dynastie des Han. À la fin de sa visite, M. Chirac a demandé à aller voir le Grand Canal creusé dès la dynastie des Sui. Ce canal relie Hangzhou, au Sud de la Chine, à Beijing, via les provinces du Jiangsu, du Shandong, du Hebei et la ville de Tianjin. Ce désir particulier initia une conversation sur l'ascension et la chute des Sui. À propos du nombre d'empereurs de la dynastie des Sui, un Chinois a affirmé sans réfléchir : « Deux, les empereurs Wendi et Yangdi des Sui ». « Mais non, l'a immédiatement corrigé Jacques Chirac. Ils étaient trois. Le dernier est l'empereur Gongdi, qui régna de l'an 607 à 608 ; Li Yuan était le prince régent. »

Le matin du 22 octobre, alors que le président Jiang prenait le petit-déjeuner avec le président Chirac, il dit à ce dernier : « J'ai vérifié hier soir et vous aviez raison, la dynastie des Sui a bien eu trois empereurs. Le troisième fut l'empereur Gongdi ». Jacques Chirac, très fier, lui a répondu : « Bien sûr, j'avais raison. »

La visite du président Chirac en Chine a duré au total 57 heures. Considérant le niveau stratégique élevé du développement à long terme des relations bilatérales, une étroite coordination et coopération concernant les affaires internationales a été conclue entre les deux pays. Ceci a consolidé et renforcé le partenariat global pour le XXIe siècle entre les deux puissances. Les deux parties ont également signé un accord portant sur la mise en place d'une ligne téléphonique entre les présidents des deux pays. C'est grâce aux entretiens menés durant cette visite de Jacques Chirac en Chine qu'a été prise la décision d'organiser l'Année de la Chine en France et celle de la France en Chine.

Entretenir les relations par courrier

Cette visite à Yangzhou a laissé au président français une très bonne impression. Les années suivantes, il a écrit à plusieurs reprises des lettres à des personnes de divers milieux de Yangzhou pour maintenir le contact.

En janvier 2002, Xu Zhantang, collectionneur hongkongais bien connu, a accompagné le conseiller technique du président Chirac, Thierry Dana, lors de sa visite à Yangzhou. Les dirigeants de la ville lui ont présenté les changements et développements récents de Yangzhou, et lui ont demandé de transmettre les salutations des habitants de la ville au président Chirac. Quand Jacques Chirac en a été informé, il a envoyé à Yangzhou le télégramme de félicitation suivant : « Je suis très heureux d'apprendre que la belle ville de Yangzhou a continué de prospérer et est pleine de vitalité, disposant de belles perspectives de coopération pour nos organisations et nos entreprises. Je m'en réjouis. J'adresse par la même occasion mes respects aux citoyens de Yangzhou et vous souhaite une bonne année du cheval ! » Il a aussi ajouté : « Tous mes remerciements, sincères salutations ! »

Six mois plus tard, M. Chirac a de nouveau envoyé ses remerciements au peuple de Yangzhou qui lui avait adressé de chaleureuses félicitations pour sa réélection. Dans sa lettre, il a souligné que « la France et la Chine ont fort besoin d'établir des relations entre les municipalités des deux pays pour promouvoir davantage l'amitié entre les deux peuples. J'espère voir une ville de Yangzhou modernisée et pleine de vitalité, qui continue de jouer un rôle important dans l'amélioration des échanges franco-chinois. »

En 2003, à la veille de la fête du Printemps (le Nouvel An chinois), Gu Feng, expert des reliques culturelles de Yangzhou avait envoyé à Jacques Chirac une carte de vœux pour la nouvelle année. Celui-ci avait répondu : « J'ai bien reçu votre carte. J'en suis très ému et vous exprime toute ma gratitude. Je vous souhaite une bonne et heureuse année qui puisse apporter la paix à la France et au monde entier. » Peu après la fête du Printemps, Gu Feng, lors de son voyage en Europe, a offert une peinture traditionnelle chinoise de sa création intitulée Coq au président Chirac via l'ambassadeur de Chine, Wu Jianmin. Sur ce tableau, on peut aussi lire un poème glorifiant le coq. « Le coq gaulois » figurait sur le drapeau français à l'époque de la première République. Il est également, en France, symbole de chance, et représente le courage. Cette toile du coq de Gu Feng est l'illustration du fait que l'amitié sino-française peut se réaliser grâce aux échanges culturels. Jacques Chirac a été très heureux de recevoir cette peinture.

En 2004 ont eu lieu des activités dans le cadre de l'Année de la Chine en France. Guangling, une maison de production de livres anciens par gravure à Yangzhou a réalisé, en mars, la reproduction de livres brochés à la chinoise : 30 volumes du Recueil de Li Hanlin. Li Hanlin, de son vrai nom Li Bai, était un poète que Jacques Chirac appréciait. Ces livres, ainsi qu'un sceau gravé du nom de Chirac en français et en caractères chinois, ont été offerts au président français. Il a également reçu une calligraphie avec deux caractères signifiant « trésors » dessinée – avec sa main gauche et exceptionnellement de bas en haut – par le célèbre calligraphe Meng Zhaoming. À ce moment-là, Jacques Chirac assistait à des activités liées à l'Année de la Chine en France. Il y est resté 30 minutes, dont 8 minutes ont été consacrées au stand de la maison Guangling de Yangzhou.

Perpétuer l'amitié sino-française

Au XXIe siècle, dans le cadre du partenariat stratégique global entre la Chine et la France, Yangzhou et diverses organisations françaises entretiennent des échanges réguliers. Il s'agit non seulement d'échanges économiques et commerciaux, mais aussi d'échanges touchant aux secteurs du développement et des progrès de la société, dans le but d'écrire un nouveau chapitre dans les annales de l'amitié sino-française.

Du 30 mai au 1er juin 2013, la 8e table ronde des maires chinois et français s'est tenue à Yangzhou. Un groupe de 35 PDG importants, chinois et français, ont échangé leurs points de vue, afin de « construire une ville meilleure ». La discussion s'orientait autour de trois thèmes : « le partage potentiel de croissance économique », « la réduction de la pollution qui doit être accomplie sans délai » et « la nécessité de la politique publique et sociale ».

L'Exposition mondiale sur les villes de canaux a été initiée à Yangzhou en 2007 et a été un moyen pour la ville de se créer une image de « ville mondiale » grâce à ses ressources naturelles.

Dans le cadre de l'édition 2012 de l'Exposition mondiale sur les villes de canaux, le professeur émérite d'histoire des techniques de l'Université de Nantes et conseiller du Conseil international des monuments et des sites, M. Michel Cotte a dit : « Yangzhou est capable de se construire une renommée à l'échelle mondiale. Voici ses avantages : ses célèbres sites touristiques, son environnement calme et le rythme de vie paisible de ses habitants. Ce sont les caractéristiques qui font de Yangzhou une ville unique au monde. À Yangzhou, la relation entre le canal et la ville ne date pas d'hier. Le canal et la ville s'influencent l'un l'autre. J'espère que Yangzhou maintiendra le lien de fusion qu'elle entretient avec le canal en continuant son développement économique. Yangzhou devra profiter de cette opportunité pour non seulement développer son économie, mais aussi ses caractéristiques philosophique, artistique, poétique et autres aspects culturels. »

 

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