CHINAHOY

10-February-2014

Diététique et santé

 

Les nouilles baignant dans des jus extraits de différents légumes sont réputées bonnes pour la santé.

 

En Chine, on ne mange pas que pour se remplir le ventre, on mange également pour sa santé et prévenir les maladies.

« L'autre jour, j'ai vu ça à la télé, c'est bon pour la santé ! »

En Chine, le soir vers cinq heures, si on allume la télévision, on tombe généralement sur des émissions dédiées à la diététique et à la santé. Ces émissions-là, ne passant en France en général que le midi car peu suivies, ont en Chine un public qui ne cesse de s'accroître.

Ces émissions chinoises aux taux d'audience dépassant ce que l'on pourrait espérer en France pour des émissions du même type sont très bien accueillies et suivies par toutes les tranches de la population chinoise. De plus, presque toutes les chaînes de télévision chinoises, qu'elles soient régionales, satellites, ont toutes leur émission de diététique et santé. Parmi les plus connues, on trouve celle de la télévision satellite du Hubei intitulée « Connaissances sur la diététique thérapeutique », celle de la CCTV International « Médecine chinoise » qui, suivie par des millions de téléspectateurs partout dans le monde, a parfois fait les meilleurs taux d'audience des émissions du même genre, et enfin celle du Hunan « Encyclopédie » présentée par une équipe de présentateurs jeunes et parfois même par des présentateurs étrangers. Pékin a aussi son émission de santé intitulée « Cours de santé ». Elle se retrouve souvent à la deuxième place des taux d'audience nationaux.

Il faut également remarquer que beaucoup d'émissions chinoises sont également sponsorisées par des marques de médicaments ou de compléments alimentaires, ce qui montre bien leur présence médiatique.

Hormis les émissions télévisées, de nombreux livres et autres sites Internet traitent d'entretien de la santé et de thérapie de prévention contre les maladies. Il faut savoir que se nourrir et « entretenir sa vitalité » comme on dit en Chine sont deux notions presque indissociables de la culture chinoise.

« C'est bon pour quoi ? »

Dans les émissions de santé chinoise, chaque jour est présenté un thème nouveau, par exemple des « règles » pour manger sain et bien prévenir l'arrivée de l'automne ou le retour du printemps qui sont des saisons transitoires, où le corps humain devient plus fragile. Mais les invités, souvent des médecins spécialistes en médecine chinoise, expliquent également quel aliment est bon pour quel type de symptômes, pour quelle époque de l'année, ou bien par exemple que la nourriture des hommes et des femmes doit parfois être différenciée. De même, ils expliquent que certains aliments mangés régulièrement peuvent aider à améliorer la santé.

Lorsque les Chinois goûtent à quelque chose qu'ils ne connaissent pas, ils ne demandent pas d'abord si c'est bon, mais « pour quoi c'est bon ? ». Ce qui diffère totalement de notre approche de la nourriture. Certains aliments qui seraient justement difficiles à apprécier pour certains occidentaux sont « bons pour la santé » en Chine. Cette règle vaut pour le concombre de mer, les insectes et tout autres aliments qui n'entrent pas dans les recettes de la gastronomie française.

Mais c'est lorsque l'on mange avec les Chinois que l'on remarque que ceux-ci font très attention à l'équilibre des plats de légumes et de viande. C'est surtout lorsque l'on est malade que l'on se rend compte de l'importance que ceux-ci donnent à l'alimentation. D'où l'importance de ces émissions présentant les aliments sous un jour « thérapeutique ». Par exemple lorsque vous avez un début de rhume, la gorge irritée, ou même de la fièvre, les Chinois vous indiqueront que vous avez "le feu en vous". Ce qui équivaut à une inflammation. Vos amis mais peut-être aussi le pharmacien vous diront alors quoi manger pour guérir plus vite et éviter d'avoir à consommer trop de médicaments.

Dans ce cas-là, l'alimentation intervient plus comme un moyen de guérison que comme de la pure alimentation.

Pour éviter d'aggraver la toux ou d'irriter la gorge, on vous conseillera de ne pas manger épicé, salé, trop gras. De même on vous enjoindra de ne manger ni viande rouge, tel du mouton ou du boeuf, ni fruits de mer. Ces aliments constituent pour les Chinois un facteur d'irritation et ils préfèreront dans ces cas-là manger des légumes verts ou des fruits car constitués principalement d'eau. Ils peuvent aider à faire baisser la fièvre et à apaiser les irritations.

Les Chinois séparent les fruits et légumes en trois sortes, dites « froide », « chaude » et « équilibrée ». Par exemple, les poires et les pastèques sont considérées comme des fruits froids, c'est pour cela qu'il est meilleur de les manger en été. De plus, lorsque l'on a une irritation, on peut également en manger pour « apaiser le feu ». Les mandarines, litchis sont eux considérés comme des fruits chauds, c'est pour cela qu'il est conseillé de les manger durant l'hiver et de préférence avec modération pour éviter de « prendre le feu ».

S'ils se sentent un peu fatigués au contraire, les Chinois vont choisir des aliments à haute teneur énergétique tels que les céréales, la viande de bœuf, les pommes de terre et manger pimenté.

Certaines personnes évitent de manger de la viande le soir pour ne pas avoir à digérer pendant la nuit, disant que cela évite le vieillisement prématuré. Il faut également savoir qu'il est conseillé de prendre la soupe au début du repas pour créer comme une membrane dans l'estomac, afin de le protéger de l'acidité de certains aliments.

Les fruits ont aussi un rôle particulier dans l'entretien du corps en Chine. La pomme et la poire sont des fruits plébiscités lors d'infections respiratoires, la poire permet de calmer les irritations et de régénérer le corps après une maladie. La banane aide à la digestion.

Une base d'aliments « fétiches »

Certains aliments qui paraîtront peut-être improbables pour nos lecteurs ont eux aussi une place très importante dans l'alimentation des Chinois : on explique ainsi dans les émissions chinoises sur la santé que la racine de lotus aide à apaiser les inflammations et permet « d'humidifier les poumons ». Le champignon noir et le bulbe de lys souvent couplés avec du gruau de riz ont la même action, le riz est bon pour la digestion et les problèmes de diarrhées. Les céréales elles sont vues comme des mines d'énergie.

Le bambou et le piment sont également utilisés pour faciliter la digestion et permettre d'aseptiser les intestins. Le gingembre, le ginseng, le gouqi et l'ail sont des aliments qui permettent de renforcer les défenses immunitaires et de lutter contre les rhumes et autres infections respiratoires. Les cacahuètes elles, sont utilisées pour entretenir l'estomac et en éviter les aigreurs. Les noix ainsi que la cervelle de porc auraient des vertues pour le cerveau.

Il existe en Chine toutes sortes de recettes d'infusions faites à base de fleurs que l'on peut trouver sur les marchés comme l'infusion de camomille qui est apaisante, à la rose qui permet de garder un teint frais, mais également à la fleur d'osmanthe ou encore aux fleurs de chèvrefeuille pour la digestion et apaiser les inflammations.

L'alcool est également vu comme une sorte de médecine en Chine et il est souvent dit que bu régulièrement et modérement il est bon pour la santé. Notamment en hiver, car l'alcool permet de réchauffer le corps. Il existe toutes sortes d'alcools dits médicinaux, souvent faits à partir d'alcool et de plantes marinées voire même d'animaux séchés, tels que des serpents, des scorpions ou autres lézards, qui sont sensés entretenir la santé des hommes. On trouve également un alcool fait à partir d'un insecte assez spécial car d'insecte en hiver il se transforme en plante l'été.

Le décollage des produits complémentaires

Une nouvelle mode est également en train de se créer : celle des produits dit « complémentaires » pour l'alimentation. Ceux-ci diffèrent des vitamines et autres protéines que nous trouvons en Occident en cela qu'ils sont plus ou moins naturels et issus de plantes, animaux, racines ou même de minéraux. Dans ces compléments alimentaires on trouve par exemple le e'jiao, qui est une sorte de pâte faite à base de peau d'âne que l'on peut faire fondre avec des graines de sésame, des noix, et des jujubes pour en faire une espèce d'onguent que l'on peut manger : le Guyuan Gao. D'après les annales historiques, l'impératrice Cixi de la dynastie des Qing en était une adepte vers la fin de sa vie, car il permet de faire circuler le sang et donc de donner un meilleur teint.

Les compléments alimentaires en fonction de leur action peuvent être rangés en plusieurs catégories. Certains sont spécialement pour les personnes agées, d'autres pour les femmes etc. Parmi les plus connus, on trouve le ginseng qui se vend très cher mais aussi les concombres de mer, les nids d'hirondelle et les soupes diététiques. Certains restaurants font des soupes diététiques leur marque de fabrique et on y va spécialement pour en boire. Comme les Chinois ont cette tradition de faire attention à leur vitalité, lors des fêtes traditionnelles, on offre souvent des compléments alimentaires tels que ceux mentionnés ci-dessus.

Les connaissances sur l'alimentation et l'entretien du corps sont un puits sans fond. Certains spécialistes exposent leurs vues par la philosophie des cinq éléments, d'autres par les saisons et les symptômes courants lors des changements de saison, d'autres en fonction du sexe et de l'âge.

Toutes ces médecines, présentées à la télévision, sur internet ou dans les livres, sont très appréciées des Chinois pour qui la santé est quelque chose d'extrêmement important. Preuve en est le nombre de fans du site Weibo de l'émission « Connaissances sur la diététique thérapeutique » : 110 000 personnes suivent les informations diffusées quotidiennement sur la page.

 

La Chine au présent

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