CHINAHOY

4-May-2016

Lenovo se lance dans l'innovation

 

La première édition de Lenovo Tech World s'est tenue le 28 mai 2015.

 

ZHANG HONG, membre de la rédaction

Yang Yuanqing, président du conseil d'administraiton et PDG du groupe Lenovo, est une figure emblématique des technologies de l'information. C'est sous sa direction qu'en 2013 Lenovo est devenu le premier fabricant d'ordinateurs personnels au monde. C'est lui qui a fait de Lenovo une société mondiale qui opère dans 160 pays et régions.

Dépenses importantes en R&D

L'« esprit-artisan » est une expression qui a fait cette année sa première apparition dans le rapport d'activité du gouvernement. Parlant de la relation entre cet esprit et son produit, Yang Yuanqing déclarait : « La qualité est l'élément central d'un produit, et ''l'esprit-artisan'' consiste justement à fabriquer un produit de qualité. La technologie et la qualité doivent être constamment améliorées. Et il faut de la persévérance pour créer des produits haut de gamme, rejeter le développement rapide à faible coût ou le plagiat qui viole la propriété intellectuelle. »

Selon M. Yang, cet esprit-artisan est l'un des aspects qui distingue le Made in China de la fabrication haut de gamme à l'étranger.

« Pendant longtemps, les entreprises chinoises fabriquent des produits en imitant les autres, de sorte qu'il était difficile d'entretenir un esprit créatif ou artisan. »

Dans le passé, Made in China signifiait principalement la sous-traitance. Les entreprises chinoises ne possédaient pas de technologies clé. « Dans le futur, la Chine devra passer de cette fabrication à faible coût au développement basé sur l'innovation et la marque, stimuler la création de marques et l'amélioration de la qualité des produits, qui ouvriront la voie à la transformation et à la montée en gamme de l'industrie manufacturière. »

Une dizaine de secteurs innovants des technologies de l'information citées par le XIIIe Plan quinquennal voient leur niveau de priorité passer devant la construction d'infrastructures. Selon M. Yang, Lenovo est en situation de participer à cette montée en gamme et au renouvellement nécessaire des produits informatiques que sont les martphones, le Big Data ou les plateformes de services d'application.

Il révèle que les dépenses annuelles de R&D de Lenovo, hors investissements en capital-risque, se montent à 10 milliards de yuans, un chiffre que peu d'entreprises chinoises atteignent ou dépassent. Aujourd'hui, Lenovo gère un système d'innovation en trois couches : premièrement, un département dédié aux activités essentielles qui développe des produits à court terme, vers un horizon de 1 à 2 ans ; un institut engagé dans le développement de produits à l'horizon 3 à 5 ans ; enfin, des investissements en capital-risque à l'extérieur de l'entreprise pour rester en contact avec les innovations scientifiques majeures.

Dans le domaine des terminaux mobiles, affirme-t-il, Lenovo poursuit trois objectifs : promouvoir le développement sur les marchés émergents ; chercher, par des produits innovants, à s'implanter aux États-Unis, en Europe et dans d'autres pays développés ; renforcer les positions du groupe sur le marché chinois.

Rester chinois en s'ouvrant sur l'étranger

Dans le contexte du ralentissement de la croissance économique mondiale, quelles sont les possibilités dont disposent les entreprises pour sortir de cette situation difficile ? Yang Yuanqing explique qu'il faut innover constamment, que ce soit dans le terminal intelligent ou le développement de nouveaux domaines et marchés.

En ce qui concerne le potentiel du marché informatique, M. Yang affirme qu'à l'époque de l'ordinateur personnel, le marché représentait 300 millions d'unités. Aujourd'hui, le nombre des smartphones en circulation atteint environ 2 milliards d'unités, et on peut s'attendre à ce que l'ère de l'Internet des Objets qui s'ouvre voie le nombre des terminaux intelligents atteindre ou dépasser 10 milliards d'unités. « À l'avenir, tous les équipements seront informatisés. Climatiseur, humidificateur et cuisinière électrique seront équipés de puces intelligentes dotées de fonctionnalités de calcul, de mémoire et de connexion. La voiture est déjà de plus en plus intelligente et connectée, et ce type de dispositif se répand dans tous les domaines. Il convient donc d'entretenir des pistes de réflexion les plus larges pour identifier les nouvelles opportunités commerciales qui se dessinent. »

Au-delà des équipements, poursuit M. Yang, Lenovo devrait également se lancer activement dans le développement de services d'application. Le développement de l'industrie manufacturière chinoise est arrivé à un palier qui l'oblige à se renouveler. « La proportion du secteur des services dans l'économie dépassait à peine 50 % l'année dernière, alors qu'elle est de 80 % aux États-Unis. Nous disposons d'un potentiel de croissance énorme. »

« Les dispositifs intelligents d'aujourd'hui, qu'il s'agisse d'ordinateurs ou de portables, ne sont plus réservés au travail ou au bureau. Il reste beaucoup d'applis à développer. »

Au sujet de la baisse de régime de l'économie, M. Yang constate que l'économie chinoise a pris un tournant l'année dernière et qu'il est temps qu'elle opère une transformation. « Avec 6,9 %, la croissance reste forte, mais nos importations et exportations n'ont diminué qu'en 2015 et en 2008, l'année de la crise financière. Cela signifie que la production à faible coût comme moteur de croissance touche à sa fin. »

Il cite les pays voisins de la Chine comme le Vietnam et des pays d'Asie du Sud-Est ou l'Inde, qui tous font la promotion de la fabrication locale en dépit de leurs infrastructures encore insuffisantes. « La fabrication locale reste un objectif très conservateur, parce que ces pays exportent aussi, affirme-il. L'Inde représente un marché énorme et elle peut parfaitement rénover l'ensemble de ses chaînes industrielles. Le gouvernement y attache une grande importance. »

Les statistiques indiquent que les ventes d'ordinateurs personnels atteignaient 2,6 millions d'unités au quatrième trimestre 2015 en Inde, Lenovo occupant la première place du classement, suivi de HP, Dell et Acer.

« Notre développement a commencé en Chine qui était un marché émergent. Il est donc logique que nous allions maintenant en Inde qui est un autre marché émergent. Le marché indien est l'équivalent du marché chinois d'il y dix ans. Nous connaissons bien le processus de développement qu'il va suivre, la demande des consommateurs et les objectifs du gouvernement dans ce domaine », explique Yang Yuanqing.

Les investissements de Lenovo en Inde se montaient à 2,5 milliards de dollars en 2015, ce qui le place dans le top 40 des entreprises dans ce pays. Au cours des trois prochaines années, ces investissements passeront à 5 milliards de dollars, révèle-t-il.

Stimuler la demande intérieure

Pour promouvoir le développement durable de l'économie chinoise, il faut stimuler la demande intérieure. Selon M. Yang, la demande intérieure doit s'accroître fortement. Elle représente le tiers de la croissance économique avec une consommation par habitant de seulement 4 000 dollars, contre 35 000 dollars aux États-Unis.

« Un fossé énorme. Stimuler la demande intérieure entraînera non seulement la croissance économique des entreprises nationales, mais contribuera aussi à l'économie mondiale », explique-t-il.

Ces trente dernières années, les produits fabriqués en Chine ont été vendus dans le reste du monde, particulièrement dans les régions développées. « À l'avenir, si la consommation s'accroît suffisamment, cela pourra nourrir nos industries et promouvoir notre croissance économique, et même les entreprises étrangères qui fourniront les meilleurs services à nos consommateurs. »

Pour cela, M. Yang considère qu'il faut cultiver les deux aspects du marché intérieur qui sont l'offre et la demande. Soigner la demande, cela signifie s'assurer que les consommateurs disposent d'un revenu suffisant et le dépensent au lieu d'épargner. « Cela suppose une bonne protection sociale qui les libère des questions liées à la retraite et aux soins médicaux. »

Selon les données dont il dispose, la consommation des Chinois à l'étranger a atteint 1 200 milliards de yuans en 2015, lesquels n'ont pas contribué à l'économie domestique. « Il faut trouver des solutions pour faire revenir une partie de ces dépenses, ne serait-ce que la moitié, ce qui stimulerait l'économie. »

Mais comment faire ? M. Yang s'explique : « C'est là le rôle de l'offre. Le partage des rôles entre le gouvernement et les entreprises doit être net. Le premier doit renforcer son contrôle et sa supervision, tandis que les secondes doivent privilégier l'honnêteté, encourager l'innovation, créer des marques de haute qualité. Nous encourageons nos entreprises à s'internationaliser pour devenir des marques mondiales, et à revenir au pays gagner la confiance des consommateurs de chez nous. »

 

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