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La confiance par gros temps
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Présentation de logements à vendre à Taiyuan (Shanxi). |
L'économie chinoise traverse des turbulences, qui ne sont que clapotis par rapport à celles que connaît l'économie mondiale. Heureusement, la politique économique chinoise a su prendre les bonnes décisions, propres à restaurer la confiance des investisseurs, nous explique l'auteur.
MEI XINYU*
Le poids de l'économie chinoise et son influence, la placent au cœur des préoccupations du monde entier. Y a-t-il une crise du « made in china » ? La question se pose car l'économie chinoise fait face à de nombreux défis : ralentissement durable de la croissance du PIB, fermeture d'entreprises, recul des exportations, hausse du déficit public, tempête sur les marchés boursiers... mais ces difficultés qui assaillent l'économie nationale sont monnaie courante dans le reste du monde. C'est pourquoi certains facteurs venant de l'extérieur pourraient encore aggraver cette pression, tandis qu'un ralentissement en Chine pourrait avoir des répercussions sur l'économie mondiale.
Dans l'ensemble, les fondamentaux économiques et sociaux de la Chine ne sont pas mauvais par rapport à ceux d'autres pays. La Chine est de taille à stabiliser son économie et peut contribuer à la reprise chez ses partenaires commerciaux. L'objectif de sa phase de restructuration économique actuelle est de jeter par-dessus bord certains archaïsmes qui empêchent la modernisation. Le public chinois doit se préparer à une période moins riante et consentir des sacrifices temporaires en vue du développement futur durable.
En 2015, l'économie chinoise s'est assagie dans tous les domaines. Le ralentissement de la croissance du PIB est l'indicateur le plus visible, puisque la croissance économique est passée de 7,7 % en 2013 à 7,3 % en 2014 et à 6,9 % pour les neuf premiers mois de 2015. Les exportations ont elles aussi enregistré une baisse ; les taux de croissance, que ce soit des investissements en actifs immobilisés ou des recettes publiques, se sont réduits ; résultat, le déficit public se creuse. Par ailleurs on a vu des fluctuations violentes sur les marchés boursiers... suivis d'une chute des cours en début d'année. Des mauvaises nouvelles qui accroissent la nervosité des investisseurs et des observateurs.
Il faut noter pourtant que ce tassement de l'économie chinoise ne se produit pas à un moment de forte croissance de l'économie mondiale. Au contraire, le contexte du ralentissement de l'économie mondiale met la situation chinoise en perspective. Il semble que depuis les années 1990, la période de croissance rapide de l'économie mondiale est révolue. Le monde est entré dans une période de croissance modérée.
L'index de la production industrielle mondiale a connu une augmentation de 4 % jusqu'en septembre 2013, puis comprise entre 3 et 4 % en 2014, sauf pendant les mois de février et de mars. En 2015, ce taux est tombé à moins de 3 %, sauf pour le mois de juin. Les PMI (index des directeurs d'achats) mondiaux sont restés supérieurs à 53 sur la plus grande partie de 2013, et se sont maintenus au-dessus de 52 en 2014, puis sont descendus aux environs de 50 en 2015, avant de remonter aux alentours de 51,4 en octobre. Dans ce contexte, les institutions internationales ont revu à la baisse leurs prévisions de croissance du PIB pour 2015.
Le ralentissement de l'économie est différent dans les principales économies mondiales. La reprise s'est raffermie dans les pays européens et aux États-Unis, tandis que l'économie japonaise reste atone. Certains pays émergents connaissent des difficultés qui pourraient entraîner des crises sociales et politiques. Quant à la Chine, si son économie est moins flamboyante qu'autrefois, son rythme reste le plus rapide et elle continue à gagner des places dans le système économique mondial.
Il faut se rappeler que les États-Unis ont subi une crise très profonde pendant les années 1930, mais une fois cette crise surmontée, ils ont remplacé la Grande-Bretagne pour devenir la première puissance mondiale. À la lumière de l'histoire, il semble que miser sur l'économie chinoise reste un choix raisonnable sur le long terme.
L'analyse des données économiques donne quelques raisons pour rester optimiste : malgré les défis, la situation économique de la Chine est meilleure que celle de la plupart des autres pays.
Avec la croissance ralentie, certaines entreprises ont mis la clé sous la porte. Mais grâce aux industries nouvelles, le marché de l'emploi s'est maintenu. De 2011 à 2014, le nombre des chômeurs urbains est resté aux alentours de 9 millions, soit un taux de chômage dans les villes de 4,1 %, 4,1 %, 4,05 % et 4,09 % pour ces années. À la fin du troisième trimestre 2015, le nombre des chômeurs urbains enregistrés atteignait 9,62 millions et le taux de chômage dans les villes 4,05 %. Cela dans un contexte d'augmentation des salaires. Au troisième et au quatrième trimestres 2012, le montant des salaires des employés urbains a connu des hausses successives de 23,6 % et de 18,3 %. Au cours des trois premiers trimestres 2013, l'augmentation en taux annuel a été de 17,2 %, 17,3 % et 18,9 %. Même pendant le quatrième trimestre 2014, alors que la baisse du taux de croissance se faisait déjà plus nette, la masse salariale des employés urbains atteignait 10 281,7 milliards de yuans, soit une croissance de 10,5 % sur la même période de l'année précédente. Une augmentation des salaires qui nourrit celle de la consommation. En 2014, les ventes au détail de produits de consommation se montaient à 26 239,4 milliards de yuans, une hausse de 12 % ; au cours des dix premiers mois de 2015, ce chiffre a encore crû de 10,6 %.
Les exportations chinoises s'annoncent elles aussi bien plus vigoureuses que celles de ses principaux concurrents. Jusqu'en novembre dernier, les exportations indiennes ont enregistré une baisse totale de 24 % qui s'est poursuivie sur 12 mois consécutifs.
Par ailleurs, la Chine a pris des initiatives susceptibles de stabiliser sa situation macroéconomique ainsi que celle de ses partenaires commerciaux, des projets tels que les nouvelles Routes de la Soie.
La Chine dispose en outre d'une certaine marge de manœuvre pour maintenir sa croissance, puisqu'elle n'est pas obnubilée par un désir de contenir l'inflation. Ses structures industrielles équilibrées, son excédent de la balance courante réduisent le risque inflationniste ; la croissance de l'indice des prix à la consommation reste inférieure à 2 %. De son côté, l'indice des prix à la production enregistre une croissance négative, c'est à dire qu'une partie de l'économie connaît la déflation. C'est au vu de ces éléments que la Conférence centrale sur le travail économique a décidé, fin 2015, d'assouplir la politique monétaire et de pratiquer une politique budgétaire active.
La politique qui consiste à accroître le déficit public dans la phase actuelle lancée par cette conférence est une décision qui répond au relèvement des taux d'intérêt par la Fed, mais aussi au changement du mécanisme fondamental d'émission monétaire en Chine. Comme les flux de capitaux nets ont changé de sens suite au relèvement des taux d'intérêt par la Fed, la réserve en devises étrangères chinoise a diminué, provoquant un changement profond dans le mécanisme d'émission monétaire chinois.
La stabilité et le développement durable de l'économie chinoise dépendront des choix politiques de la Chine. La Conférence centrale sur le travail économique a gardé la tête froide et adopté une politique adaptée, ce qui devrait rassurer les investisseurs sur le développement à long terme.
Les investissements sont un bon indicateur de confiance. Le ralentissement des investissements a été un facteur important dans le ralentissement de la croissance chinoise. De 1982 à 2014, les investissements dans les actifs immobilisés en Chine se sont accrus en moyenne de 21,2 % par an. De 1991 à 2014, l'augmentation annuelle était de 22,3 % ; de 2001 à 2014 ce chiffre s'est maintenu à 22,4 %. En 2014, les investissements dans les actifs immobilisés ont augmenté de 15,7 %, alors qu'ils n'ont augmenté que de 10,2 % sur les dix premiers mois de 2015. C'est-à-dire que depuis 2014, l'accroissement des investissements en actifs immobilisés s'est réduit de moitié par rapport au niveau moyen de la période précédente. D'où le ralentissement très net de la croissance du PIB depuis 2013. Pour résoudre le problème des capacités de production excédentaires, la Conférence centrale sur le travail économique a lancé des initiatives telles que le soutien à la modernisation technique des entreprises et au renouvellement des équipements, le renforcement des capacités de financement des entreprises en vue de leur rénovation technique, et l'amélioration de l'efficacité des investissements.
* MEI XINYU est chercheur de l'Académie du commerce international et de la coopération économique du ministère du Commerce.
La Chine au présent