CHINAHOY

29-October-2014

Visite de Li Keqiang en Europe : coopération, innovation et développement partagé

 

Le 10 octobre 2014, Li Keqiang, accompagné d'Angela Merkel, visite la Manufacture royale de porcelaine de Berlin. (CNSPHOTO)

CHEN YANG*

Le premier ministre chinois Li Keqiang a entamé le 9 octobre sa deuxième visite de l'année en Europe. C'est aussi sa troisième visite sur ce continent depuis sa prise de fonction. Retour sur ce voyage et analyse.

M. Li s'est rendu successivement en Allemagne, en Russie, en Italie, au quartier général de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), et a participé au Sommet Asie-Europe. Cette visite, visant à concrétiser le mécanisme de consultations régulières entre les gouvernements, favoriser la construction d'une « ceinture économique et Route maritime » ainsi que la paix et la prospérité de l'Asie et de l'Europe, a montré l'« énergie positive » contenue dans le développement chinois et une image de la Chine qui préconise le respect mutuel, exhorte à faire des négociations pour promouvoir la paix et recherche le développement commun.

Une série d'accords de coopération

Lors de la visite de Li Keqiang en Europe, la Chine et l'Allemagne ont signé une vingtaine d'accords techniques et commerciaux au niveau gouvernemental et entrepreunarial, pour une valeur totale de 18,1 milliards de dollars. Les deux parties ont également publié conjointement le Programme d'action de la coopération sino-allemande, comprenant 110 articles couvrant plus de 20 domaines, ainsi que plus de 200 initiatives.

Près de 40 accords ont été signés entre la Chine et la Russie. Ils portent sur l'énergie, la finance, les infrastructures, la coopération scientifique et technique et les échanges humains. Parmi eux, le contrat de fourniture de gaz naturel par gazoduc de l'est, le mémorandum de coopération sur la ligne ferroviaire à grande vitesse, l'accord d'échange bilatéral yuan/rouble ont retenu l'attention.

Entre la Chine et l'Italie ont été signés 20 accords de coopération. Ceux au niveau économique et commercial s'élèvent à plus de 10 milliards de dollars.

Depuis l'établissement des relations diplomatiques entre la Chine et l'UE, le volume du commerce bilatéral a été multiplié par plus de 230. Actuellement, le volume quotidien moyen s'élève à 1,5 milliard de dollars. L'aide de la Chine est urgente pour l'Europe qui doit sortir de la crise de la dette et s'éloigner du danger de stagnation économique. Coopérer plus étroitement avec la Chine se présente comme un choix judicieux pour l'Europe.

L'innovation au cœur des échanges

L'innovation est le sujet majeur du voyage du premier ministre chinois. La Chine et l'Allemagne ont établi un partenariat de coopération en matière d'innovation. Li Keqiang a offert à Angela Merkel une « serrure de Lu Ban » (charpentier légendaire de l'Antiquité chinoise) fabriquée par un étudiant chinois avec une machine-outil allemande, métaphore de l'association de la sagesse chinoise et allemande en matière d'innovation pour résoudre les problèmes et ouvrir l'avenir.

En Russie, le premier ministre Li Keqiang et son homologue russe Dimitri Medvedev ont participé conjointement au Forum ouvert de l'innovation. Li Keqiang a encouragé les « Cent Personnes éminentes de l'Innovation » à maintenir leur curiosité, leur passion et leur énergie dans l'innovation. L'initiative visant à promouvoir la construction du couloir de transport à grande vitesse Europe-Asie, reliant Beijing à Moscou, a également permis d'enraciner le concept du « pont continental eurasiatique ».

En Italie, Li Keqiang a souligné que l'innovation signifie plus que l'innovation technologique et qu'elle nécessite l'esprit humain, la pensée artistique, mais aussi la capacité d'apprécier la musique.

La Chine et la Russie sont de grands pays voisins et leurs relations sont devenues de plus en plus étroites avec les années. Si l'on veut faire le commerce sino-russe s'élever à 200 milliards de dollars en 2020, les deux pays ne peuvent que choisir le chemin de l'innovation.

Les échanges culturels entre la Chine et l'Italie remontent à fort lontemps. Actuellement, les deux pays ont déjà créé un partenariat global stratégique. C'est également par le biais de l'innovation que les deux pays se doivent d'enrichir le contenu de leur partenariat et de porter leurs relations économique et commerciales à un nouveau palier.

Actuellement, la Chine et l'Europe se livrent toutes deux à des réformes structurelles et à une montée en gamme des industries. Cela ouvre la porte au développement des nouvelles technologies, à la coopération dans les nouvelles industries et à l'expansion de la coopération dans de nouveaux champs. La coopération sino-européenne dans l'urbanisation et le développement de l'économie verte exige non seulement une innovation dans les techniques, mais aussi la réforme des institutions pour créer des entreprises fiables et engagées dans le développement durable.

L'Eurasie embrasse le projet chinois

Le continent euro-asiatique, le plus grand et le plus peuplé du monde, représente un vaste marché et de grandes opportunités. Mais le développement dans la région n'est pas équilibré : on peut dire qu'il se caractérise par deux extrémités très développées et une région médiane relativement en retard. Cette structure défavorise la circulation économique et le développement partagé en Eurasie. Si l'on pouvait réussir à réunir ensemble les fonds, les techniques, les ressources humaines et naturelles du continent euro-asiatique pour former un marché unique, les forces productives de ce continent feraient sans doute un énorme progrès.

À l'automne dernier, le président Xi Jinping a successivement proposé de construire la « ceinture économique de la Route de la Soie » et la « Route de la Soie maritime du XXIe siècle ». C'est notamment pour concrétiser ce projet de coopération euro-asiatique que le premier ministre Li Keqiang a effectué ses visites en Europe.

Le Programme d'action de la coopération sino-allemande signé par les deux pays précise que l'Allemagne salue le passage commercial continental entre la Chine et l'Europe et l'initiative de la « ceinture économique de la Route de la Soie », et considère que cela créera des nouvelles opportunités à la coopération Chine-Allemagne et in-extenso Chine-Europe mais aussi contribuera à la stabilité et à la prospérité des pays le long de cette ceinture, y compris les pays de l'Asie centrale. La Chine et la Russie vont entamer la mise en place de la ligne ferroviaire à grande vitesse Beijing-Moscou. Dans un premier temps, il a été décidé de mettre en œuvre la section Moscou-Kazan afin de soutenir l'intégration de la ceinture économique du continent euro-asiatique.

Selon le premier ministre italien Matteo Renzi, la nouvelle Route de la Soie, est une idée très constructive. En tant que bénéficiaire de l'ancienne Route de la Soie, l'Italie s'intéresse évidemment à ce nouveau projet. Lors de sa rencontre avec les entrepreneurs italiens, le premier ministre chinois n'a pas manqué de les encourager à « être les Marco Polo de l'époque moderne ».

 

*CHEN YANG est chercheur adjoint du Centre des études européennes de l'Institut des relations internationales contemporaines de Chine.

 

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