CHINAHOY

30-July-2014

La sécurité de l'Asie : l'affaire des Asiatiques !

 

Le 21 juin 2014 à Beijing, Stephen Hadley, ancien conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, a prononcé un discours thématique lors du 3e Forum mondial de la paix. (YU JIE)

 

«"La sécurité de l'Asie est l'affaire des pays asiatiques." Cette phrase signifie que les États-Unis vont être expulsés du cadre de sécurité de l'Asie », s'est plaint Stephen Hadley, ancien conseilller à la sécurité nationale des États-Unis dans son discours lors du troisième Forum mondial de la paix à Beijing.

Un discours qui réveille de lointains échos

Le discours de Stephen Hadley vise le nouveau concept de la sécurité asiatique avancé par la Chine lors du 4e Sommet de la Conférence pour l'interaction et les mesures de confiance en Asie (CICA). D'après le vice-président de l'Académie des sciences sociales de Shanghai, Huang Renwei, « Les propos de Stephen Hadley représentent la perception des Américains, car "La sécurité de l'Asie est l'affaire des pays asiatiques" ne devrait pas leur être étrangère. Pour eux, cela ressemble bien à ce que veut la doctrine de Monroe ». La doctrine en question était un outil utilisé par les Américains pour s'opposer aux interventions des pays non-américains et empêcher les pays européens de coloniser ou d'exercer leur influence sur le continent américain au XIXe siècle. Le but étant de « couper » les contacts entre l'Amérique et l'Europe. C'est elle qui a frayé la voie à l'expansion des États-Unis dans le continent américain.

La CICA, dialogue et coopération, paix et stabilité en Asie

Mis en place en 1993, le mécanisme de la CICA a pour principe de renforcer le dialogue et la coopération, de promouvoir la paix, la sécurité et la stabilité en Asie. Dorénavant, la CICA compte 26 pays membres et 11 observateurs (pays ou organisations) originaires de toute l'Asie et qui englobent différents système politiques, religions, cultures et niveaux de développement. Pour cela, la CICA est un organisme très représentatif. Avant juin 2010, le Kazakhstan assurait la présidence de l'organisation ; après troisième Sommet, la Turquie a pris la relève. En 2014, la Chine a remplacé la Turquie pour exercer la présidence tournante entre 2014 et 2016. Lors du quatrième Sommet tenu à Shanghai en mai dernier, 46 pays y ont participé. Onze chefs d'État, deux chefs de gouvernement et dix responsables des organisations internationales étaient également présents. Il s'agit du sommet dont le nombre de participants est le plus important depuis la création de la CICA.

« Le nouveau concept de la sécurité avancé par la Chine correspond au principe de la CICA. En tant que membre de la CICA, la Chine a lancé son initiative à tous les pays asiatiques », a indiqué Yu Sui, professeur du centre d'étude du monde contemporain du Département international du Comité central du PCC. En effet, dans son discours thématique lors du Sommet de la CICA, le président Xi Jinping a déclaré : « L'Asie est ouverte. En même temps que les pays asiatiques renforcent leur coopération entre eux, ils doivent œuvrer fermement à coopérer avec des pays et régions hors Asie et des organisations internationales. Les pays en dehors de l'Asie sont invités à jouer un rôle actif et constructif dans la sécurité et la coopération en Asie de sorte que l'objectif du gagnant-gagnant soit atteint. »

« Autrefois, tout le cadre de la sécurité de l'Asie était conçu par les États-Unis et le Japon. Le redressement de la Chine se limitait au niveau économique. Avec la montée en puissance de la Chine ces dernières années, l'influence et l'assurance de la Chine croissent. La proposition du nouveau concept stratégique de la sécurité par la Chine lors de ce sommet est une initiative visant à établir une coopération multisectorielle au niveau de la sécurité et qui tienne compte des éléments géopolitiques. Cela incarne bien la responsabilité d'un grand pays et les attentes de la plupart des pays asiatiques », a indiqué Zang Yizhou, directeur adjoint de l'Institut des relations internationales de l'université de Beijing.

Au début de la création de la CICA, selon le plan à long terme du président du Kazakhstan, celle-ci devait être un mécanisme de coopération de sécurité de l'Asie ressemblant à l'Union européenne. À l'heure actuelle, la Chine répond par ses actions à l'attente du président Nazarbayev pour la CICA.

« La CICA actuelle ne comprend pas les États-Unis, c'est normal, car les États-Unis ne peuvent pas être considérés comme un pays asiatique. Tout comme la Chine ne participe pas à l'Union européenne, explique Huang Jing, professeur à l'Université nationale de Singapour. Les États-Unis pourront adhérer à la CICA en tant que pays de la région Asie-Pacifique, à condition qu'ils observent ses principes et acceptent un monde multipolaire. »

L'opinion occidentale considère que l'objectif de la CICA est d'« exclure les États-Unis ». Li Haidong, professeur à l'université des Affaires étrangères de Chine explique que cette assertion dévoile inconsciemment une supériorité et un préjugé dans lequel on ne veut pas voir le nouveau concept de sécurité de l'Asie et sa mise en pratique sur un pied d'égalité. « En réalité, la CICA ne vise aucun pays en particulier. Sur le plan économique, l'Asie ne peut pas se développer sans les capitaux américains et ces derniers n'abandonneront pas l'Asie. Notamment le marché émergent représenté par la Chine. La coopération entre la Chine et d'autres pays asiatiques ou entre la Chine et la Russie, est due au développement de leur économie, ou à celui de l'économie de l'Asie. "Dire que la CICA vise les États-Unis" est ridicule », ajoute Li Haidong.

Pourtant, républicain pragmatique, Stephen Hadley a exprimé sa confiance dans le partenariat sino-américain de nouveau type entre les grands pays : « Les États-Unis et la Chine peuvent briser l'incantation historique entre les puissances existantes et les puissances émergentes, car les deux pays n'ont pas de conflits de territoire, ni l'intention de se disputer ou d'étendre des colonies. » D'après lui, le principe du partenariat de nouveau type entre les grandes puissances, prend comme point d'appui la reconnaissance par les États-Unis du redressement effectif de la Chine et la reconnaissance par la Chine du rôle des États-Unis comme une force indispensable pour maintenir la stabilité en Asie-Pacifique. Le succès respectif sera bénéfique pour les deux pays. D'où la nécessité d'une coopération gagnant-gagnant et non un jeu à somme nulle. L'affaire était de gérer les divergences entre les deux pays afin d'éviter les actions extrêmes.

 

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