CHINAHOY

2-February-2016

La soie

 

La soie, un tissu précieux et symbole de la Chine.

 

GU HE

La Chine est considérée comme le pays de la soie depuis l'Antiquité. Ce tissu est fait à partir des fils de soie produits par les vers à soie pour tisser leur cocon. Les vers à soie se nourrissent de feuilles de mûriers pour produire ces fils.

On a découvert des fils de soie et des morceaux de tissage en 1958 lors de fouilles archéologiques à Huzhou dans la province du Zhejiang, ceux-ci ont 4 700 ans et appartiennent à la culture primitive de Liangzhu. Ce sont les plus anciens tissages en soie que l'on a découvert jusqu'à aujourd'hui.

On a retrouvé les sinogrammes « vers à soie », « mûrier » et « soie » sur les morceaux d'os d'animal et de carapaces de tortues gravés datant de l'époque de la dynastie des Shang (XVIIe siècle au XIe siècle avant notre ère), ce qui prouve que la sériciculture existait déjà à cette époque.

Les premiers métiers à tisser firent leur apparition à l'époque des Royaumes combattants (475–221 av. J-C). Les méthodes de tissage se multiplièrent et différents types de tissages apparurent. Parmi ceux-ci, le brocard est un des tissages les plus courants. C'est un tissu multicolore et épais qui représente le plus haut niveau de tissage de l'époque. Plus qu'un tissu luxueux, c'est un objet d'art historique et culturel représentant la qualité et la beauté de la soie chinoise. Aujourd'hui encore, dans la langue chinoise, le mot « brocard » est souvent utilisé dans des expressions mélioratives.

Sous les dynasties Qin et Han (221 av.J-C–220), les techniques de tissage de la soie se sont encore améliorées et de nombreux types de métiers à tisser ont été créés. Les sortes de tissus se sont conséquemment multipliées. Dans un manuel pour apprendre à lire de l'époque Han, on retrouve ainsi une comptine recueillant une dizaine de types de tissages, dans le Shuowen Jiewi (Dictionnaire explicatif des caractères chinois) de Xu Shen datant de l'époque des Hans orientaux, on recueille plus de 260 sinogrammes possédant le composant sémantique de la soie. Ceux-ci ont rapport à la soie, à l'artisanat, à l'habillement, aux tissages et à la colorisation des tissus.

Cela démontre l'état de développement de la soie à l'époque Han et sa place dans la vie de la population à l'époque.

Sous l'empereur Wudi des Han, le diplomate Zhang Qian entreprit deux voyages dans les régions occidentales de la Chine et ouvrit une route pour faire le commerce de la soie entre la Chine et l'Europe : la Route de la Soie. Celle-ci démarrait à Chang'an (l'actuelle Xi'an) et passait par le Corridor de Hexi, la passe de Yumen et celle de Guyang de Dunhuang pour entrer dans le Xinjiang et se séparer en trois itinéraires : la route du Nord, du Centre et du Sud. Plus tard, la Route de la Soie des steppes, la Route de la Soie maritime et la Route de la Soie du Sud-Ouest furent ouvertes. Cette « route » représentait un grand carrefour entre l'Asie, l'Europe et l'Afrique.

La culture de la soie atteint son apogée sous les Tang (618-907). Que ce soit la quantité, la qualité et le nombre des types de tissages, ce fut une époque sans précédent. La majorité des tissages de l'époque Tang étaient du brocart. Dans les poèmes Tang, on trouve beaucoup de poèmes faisant allusion à ce tissu. Le poème de Bai Juyi : Tapis de fils rouges, décrit un type de soierie fabriquée à Xuanzhou et qui faisait partie des tribus payés à la cour impériale. Sa fabrication était des plus complexes. Dans ce poème, Bai Juyi décrit la beauté de ce tissage en même temps qu'il raconte que le tissage si compliqué et si coûteux de ce genre de soierie n'habille pas les gens pauvres qui les fabriquent.

Après les Song du Sud (1127-1279), le sud de la Chine est devenu le centre de fabrication de la soie. Les brocarts du Sichuan, les brocarts Song de Suzhou au Jiangsu ou encore les brocarts à motifs de nuage de Nanjing étaient connus comme les trois grands brocarts de la Chine et étaient symbole du meilleur de ce qui se faisait à l'époque.

Le Zhejiang a été très tôt reconnu comme le centre de la soie chinoise. L'auteur chinois Bing Xin (1900-1999) disait d'ailleurs que lorsque l'on fait du commerce dans le Zhejiang, on fait d'abord celui de la soie. La soie chinoise s'est par la suite exportée au Japon, en Europe et en Amérique et a permis le développement de la sériciculture partout dans le monde.

Le Natural History Museum of Los Angeles county a organisé une exposition sur la Route de la Soie en 2013. Le commissaire de l'exposition avait alors déclaré : « Quand on parle de la Route de la Soie, on pense bien évidemment à la soie, mais le bouddhisme, originaire d'Inde est également arrivé en Chine grâce à cette route. Cette route était commerciale, mais aussi un carrefour des pensées. » Avec le temps, la vocation culturelle de la Route de la Soie a dépassé la vocation mercantile.

Le temps a passé et l'antique Route de la Soie renaît. L'initiative chinoise de la ceinture économique terrestre et maritime de la Nouvelle Route de la Soie est un bon exemple de la vitalité économique, politique et culturelle le long de cette antique voie d'échanges.

 

 

La Chine au présent

Liens