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L’Afrique, nouveau choix pour les jeunes Chinois
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Des Chinois ont ouvert une ferme au Soudan. (CFP) |
Chaque année, plusieurs milliers de Chinois partent travailler en Afrique. Pleins d'espoir, parfois d'anxiété, ils sont confrontés sur le terrain à des réalités parfois difficiles, mais l'expérience se révèle presque toujours positive. Avant et après leur départ, deux jeunes Chinois témoignent.
LAURENT CASSAR, membre de la rédaction
« Quand on est jeune, il faut savoir découvrir la vie, découvrir le monde. » Ce sont les mots de Chunyan, une jeune diplômée en français de 22 ans, qui s'apprête à partir au Congo-Brazzaville dans quelques jours pour son premier emploi : un contrat de 5 ans. Chunyan est un exemple parmi tant d'autres de ces jeunes Chinois qui partent travailler sur le continent africain, profitant des relations de plus en plus étroites entre la Chine et l'Afrique. Les chiffres du commerce sino-africain sont impressionnants : de 10 milliards de dollars en 2000, les échanges sont passés à 100 milliards en 2008 et ont atteint 210 milliards en 2013. La France, partenaire commercial traditionnel des pays francophones du continent, ne cesse de voir ses parts de marché grignotées par la Chine, pays aux technologies efficaces, relativement peu onéreuses et qui ne porte pas le souvenir de la colonisation.
Vivre une aventure
« En apprenant le français à l'université, je savais que je m'ouvrais à deux destinations : la France, bien sûr, mais aussi l'Afrique. Ce sont deux destinations très différentes, mais je veux découvrir ces deux lieux, expérimenter des styles de vie différents », indique Chunyan. Elle a été embauchée par une entreprise chinoise qui construit des infrastructures au Congo : routes, bâtiments, voies ferrées, barrages… Elle va y occuper le poste d'interprète et de traductrice. Elle aura aussi une formation interne pour apprendre le commerce. « J'aurais voulu partir plus tôt mais j'avais peur, j'étais angoissée… donc je me suis renseignée. Mon entreprise m'a fourni des informations sur le Congo et j'ai aussi fait des recherches sur internet. J'ai parlé avec des Chinois qui sont déjà là-bas, pour savoir à quoi pourrait ressembler ma vie dans ce pays. Ils m'ont dit que le Congo n'était pas aussi dangereux que les autres pays africains, mais je ne sais pas si je peux vraiment le croire… »
Avant son saut dans l'inconnu, elle oscille donc entre excitation et anxiété. « Mes parents sont très traditionnels, précise Chunyan, et bien sûr, au début, ils n'étaient pas d'accord avec mon choix de partir travailler en Afrique. Mais ils se sont renseignés et se sont rendu compte que la majorité des pays n'étaient pas en guerre, donc ils m'ont donné leur accord. » Son petit ami ne pensait pas différemment mais il a fini par accepter son choix. « Peut-être a-t-il pensé que lorsqu'on se mariera, dans 4 ou 5 ans, je ne pourrai lui reprocher de m'avoir empêchée de vivre cette aventure », explique-t-elle.
Le contrat qui lui est proposé comporte des clauses qui rendent ce changement de vie moins brutal. « Le contrat est de 5 ans, mais je peux rentrer en Chine tous les 6 mois. Par exemple, après mes 6 premiers mois, je pourrai rentrer 45 jours en Chine avant de revenir pour 6 mois. » Elle n'écarte néanmoins pas la possibilité d'aller étudier le commerce en France après 2 ans au Congo. Tout dépend de la façon dont se déroulera son travail là-bas. Elle se rassure en sachant qu'il y a déjà beaucoup de Chinois dans le pays et que la nature y est, paraît-il, magnifique. Le pays est riche en ressources, encore largement sous-exploitées, et la relation entre les deux pays a de beaux jours devant elle.
La réalité du terrain
Lanshuai, également 22 ans et ancien camarade de promotion de Chunyan, a quant à lui déjà franchi le pas. Il travaille au Niger depuis 4 mois. Pour une première expérience à l'étranger, il n'a pas choisi la facilité. En effet, le Niger est considéré comme étant le pays le moins avancé au monde. 187e pays sur 187 en ce qui concerne l'indice de développement humain (IDH) en 2014 (bien que des pays comme la Somalie ou le Soudan du Sud ne soient pas dans le classement, faute de données). À titre de comparaison, le Congo est 140e, la Chine 91e et la France 20e. L'inauguration du début des travaux de la toute première gare ferroviaire du pays au mois d'avril dernier symbolise le retard de développement du Niger. Lanshuai ne cache pas les motifs de son départ : « La raison principale est que je peux gagner plus d'argent en travaillant en Afrique. Et puis, il y a beaucoup d'opportunités en ce moment », souligne-t-il.
Comme Chunyan, il savait qu'en étudiant le français, il aurait de fortes chances d'aller travailler en Afrique. Et comme elle, il a dû faire face aux préjugés de ses parents à l'encontre de ce continent. Mais après s'être – assez sommairement – renseigné sur le pays sur internet, apprenant simplement qu'il était très pauvre et très chaud, il a décidé de tenter l'aventure. Il travaille pour une entreprise chinoise qui fabrique des machines permettant de recycler les déchets hospitaliers et y occupe le poste de « chef de cabinet ». « Je me charge de la comptabilité, de la gestion administrative, du personnel et de faire l'interprète, dit-il avant d'ajouter, mais nous ne sommes que trois Chinois sur place. » Il n'est pas vraiment satisfait de son salaire – même s'il lui permet d'être plutôt riche par rapport aux Nigériens – mais il touche des commissions sur chaque machine vendue.
Malgré sa prise d'informations avant son départ, il ressent un fort choc culturel. « Le pays est extrêmement pauvre. Même les hôpitaux sont en très mauvais état. Des gens habitent dans des maisons aux murs de boue et de paille, et il y a beaucoup de mendiants dans les rues. En plus, il n'y a pas de lieux pour se distraire », confie-t-il. Il est néanmoins logé avec ses deux collègues chinois dans une grande maison avec gardien et est satisfait de ses conditions de vie, même s'il déplore l'absence de viande de porc dans ce pays musulman et les prix de la nourriture, plus élevés qu'en Chine. Par contre, d'autres questions viennent assombrir le tableau sur le plan professionnel. « Nous rencontrons pas mal de problèmes ici. Comme nous essayons de vendre des machines aux hôpitaux, nous traitons avec des fonctionnaires. Il y a beaucoup de corruption, parfois on nous demande de leur donner des choses. » Il n'en dira pas plus. Mais il y a aussi des problèmes liés aux infrastructures. « La plupart des routes ici sont en terre, dit-il, et lorsqu'il pleut, ça devient de la boue. Et puis, la circulation est totalement anarchique. Parfois, on ne peut tout simplement pas circuler, tout est paralysé. »
Soif de découvertes
Tout n'est donc pas rose pour Lanshuai qui ne regrette pourtant pas son choix. « Je pense que les Chinois doivent aller à l'étranger pour voir ce qu'ils n'ont jamais vu et apprendre ce qu'ils ne savent pas », affirme-t-il. Son but est néanmoins de rentrer en Chine et de travailler dans l'entreprise de son beau-frère. Son contrat est de 3 ans, mais il a la possibilité de rentrer en Chine deux fois par an, ce qui rend son expatriation « plus douce ». Pour le moment, son entreprise n'a vendu qu'une seule machine au Niger, et ils attendent d'en recevoir le paiement depuis des semaines. Mais il reste optimiste. « Si la machine marche bien, ils nous ont assuré qu'ils en achèteraient d'autres. » Il ne sait pas s'il restera 3 ans au Niger, son entreprise décidant des affectations. « Il est possible que je sois envoyé sur d'autres marchés comme au Tchad ou au Cameroun », lance-t-il d'une voix laissant plus transparaître son ambition que son anxiété.
À l'autre bout du monde, en Chine, Chunyan envisage son voyage comme une opportunité unique de découverte : « À l'université, on a appris beaucoup sur la France, mais très peu sur l'Afrique. C'est pourquoi j'aimerais y aller pour la découvrir », dit-elle.
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