CHINAHOY

26-November-2014

Les élèves du lycée Renan en Chine : l’expérience d’une autre culture

 

À Nanjing, les lycéens français ont ppris à fabriquer les lanternes colorées de Qinhuai. (CNSPHOTO)

 

En octobre dernier, un groupe d'élèves du lycée Renan de Saint-Brieuc est venu en Chine pour participer à un échange organisé en partenariat avec la Fondation Soong Ching Ling et l'association Chine-Armor. Nous les avons rencontrés.

SÉBASTIEN ROUSSILLAT, membre de la rédaction

C'est dans le cadre typiquement pékinois du lycée 161 de Beijing, situé à l'est de la place Tian'anmen, entre le parc Sun Yat-sen et Zhong-nanhai (l'équivalent de l'Élysée) dans une vieille demeure chinoise cossue, que nous les retrouvons. Ils viennent d'arriver pour une semaine et demi d'échange en Chine. Leur professeur, Marie-Hélène Le Saulnier, me présente un peu les conditions de ce partenariat : « L'échange date de 1994. C'est donc l'un des partenariats entre lycées chinois et français les plus anciens qui existent. En général, il a lieu une fois par an dans les deux sens, c'est-à-dire que nous emmenons une trentaine d'élèves LV2 et LV3 avec nous en Chine en automne, et l'école chinoise envoie des élèves en France en retour juste avant la fête du Printemps chinoise. » Jusque-là, c'est assez banal, mais nous apprenons avec surprise que les élèves chinois envoyés en France ne parlent pas forcément français... « Le but de cet échange est surtout de faire découvrir aux élèves la culture et la vie dans une famille d'un autre pays. Le fait que les partenaires chinois ne parlent pas français n'est pas contradictoire. Ce que la Fondation Soong Ching Ling souhaite, c'est que les élèves chinois découvrent une autre culture. »

Pour les élèves français sinisants, ils passent une semaine dans une famille pékinoise et ont le droit après à un voyage dans une province au choix. « Chaque année, on change de province. ça nous fait voir du pays et découvrir la Chine autrement », ajoute Marie-Hélène Le Saulnier.

Comme me l'explique le secrétaire de l'association Chine-Armor Christophe Tardivel, « le partenariat est signé entre la Fondation et l'association et en cela, c'est assez unique et nous donne une certaine liberté concernant le contenu des échanges et leur variété. »

Mais participer à un échange avec la Fondation Soong Ching Ling est aussi un moyen pour Marie-Hélène Le Saulnier de parler un peu de l'histoire moderne de la Chine aux élèves : « Je leur apprends que Soong Ching Ling était la femme de Sun Yat-sen, celui qui a fait la transition entre l'empire des Qing et la République. J'explique aussi que Soong Ching Ling était une femme politique très importante de l'histoire moderne chinoise et qu'elle faisait beaucoup pour l'enfance. »

Échange scolaire, oui, mais surtout échange culturel donc.

De découvertes en découvertes

Pour voir un peu ce que les élèves français fraîchement arrivés en Chine ont découvert depuis qu'ils ont débarqué à Beijing, nous nous livrons à une interview à brûle-pourpoint : « La taille des rues est impressionnante... Les gens conduisent n'importe comment !... Les Chinois font tout le temps du sport... Il y a de l'animation tout le temps... Il y a un monde fou... Ce n'est pas si pollué finalement... » En effet, ce jour-là, grand ciel bleu : tout le monde avait sorti ses lunettes de soleil et aurait bien aimé jouer au ping-pong ou au basket avec les élèves chinois. Mais une autre activité attendait nos élèves bretons : le spectacle annuel de l'échange. Car qui dit échange en Chine, dit spectacle !

« Les élèves sont largement mis à contribution, nous raconte Christophe Tardivel, également professeur d'anglais et accompagnateur. On leur demande de préparer un petit quelque chose pour leurs amis chinois, car ceux-là préparent des chants, des danses, des concerts, chaque année, c'est très riche... Ça ne se fait pas beaucoup en France, mais à Rome on fait comme les Romains, n'est-ce pas ? » Alors, après avoir participé à un cours d'arts plastiques consacré aux masques de l'opéra de Pékin, nos élèves français partent répéter leur spectacle. Ils découvrent un auditorium et une scène sur le fond de laquelle est accrochée une banderole « Bienvenue aux amis français de Saint-Brieuc ! ».

La pression monte, on les sent excités. Les Chinois qui participent au spectacle se préparent aussi. Puis devant un parterre composé des dirigeants de la Fondation, de leurs professeurs et des élèves chinois, nos jeunes Français tentent tant bien que mal de maintenir le stress et de chanter. S'ensuivent des applaudissements bien nourris. Marie-Hélène Le Saulnier présente un diaporama sur le lycée Renan et les échanges avec les élèves du lycée 161. Gong Shu, jeune étudiante ayant participé à l'échange, monte sur scène pour raconter son expérience.

Entre similitudes et différences

Pour Gong Shu, c'était la première fois qu'elle avait l'occasion d'aller à l'étranger. Bien qu'elle ne parle pas français, elle a séjourné chez Thibault, un jeune Français et découvert un peu la vie d'une famille en France. « Je suis heureuse d'avoir vu la Bretagne, c'est très joli. Je ne connaissais rien d'autre que Paris, mais l'expérience d'habiter dans une famille française en province fut vraiment intéressante. » D'autant que son ami français est aujourd'hui étudiant à Beijing et qu'ils se revoient de temps en temps. « Dès qu'on peut, on sort voir des films, manger ensemble ou visiter des sites touristiques. On mélange les langues pour se comprendre, lui le chinois, moi l'anglais... Bien que je n'en parle pas la langue, je suis intéressée par la France. Je lis les nouvelles en rapport avec ce pays, je me tiens au courant : ça m'ouvre l'esprit. »

Outre l'ouverture sur un autre pays, l'échange lui a aussi permis de découvrir les différences entre la culture chinoise et la culture française, et de lui faire remarquer quelques similitudes et différences : « Nos deux peuples aiment manger, s'amuser, ce qui est artistique. Par contre, la notion du temps en Chine et en France n'est vraiment pas la même : Thibault est tout le temps en retard, ou bien est toujours "occupé". Il a un "emploi du temps", mais en Chine, on ne connaît pas ça. » Hormis cela, elle trouve que les Français sont très « simples, et disent les choses telles qu'elles sont. J'aime bien la franchise des Français. »

Aujourd'hui, Gong Shu est bénévole de la Fondation et aide à organiser les échanges ou des évènements en lien avec les pays étrangers.

Une fondation pour la culture et la jeunesse

Après le spectacle, nous avons eu l'occasion de rencontrer le secrétaire général de la Fondation Soong Ching Ling, M. Li Ning, ce qui nous a permis d'en savoir plus sur cet échange et les missions de la Fondation. « En résumé, la Fondation travaille dans trois domaines : les échanges internationaux, avec des colonies de vacances internationales et des partenariats entre écoles, les échanges inter-détroit pour la réunification du pays et les échanges pour le renouveau de la nation qui consistent à organiser des évènements pour la jeunesse chinoise. »

Créée en 1982, un an après la mort de Soong Ching Ling, la Fondation essaie de continuer à perpétuer l'esprit de celle dont elle a pris le nom : l'internationalisme, la charité, la pluriculturalité entre autres. « Au début des années 80, la Chine avait besoin d'échanges, de s'ouvrir sur le monde. L'échange avec le lycée Renan est l'un des plus anciens et des plus fructueux. Nous espérons cependant que nous pourrons en créer plusieurs autres, avec plusieurs écoles françaises et chinoises, pour permettre à plus de jeunes des deux pays de mieux se connaître et d'aborder le monde et la société avec un esprit plus ouvert et international. »

 

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