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Manu Revol, des échanges pour mieux se connaître
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Le 18 avril dernier, concert à l'université des Médias de Chine. (QIU DALI) |
SÉBASTIEN ROUSSILLAT, membre de la rédaction
Manu Revol est de retour en Chine pour une nouvelle tournée après celle pleine de succès de 2011. Il nous présente son nouveau spectacle « Il était une voix », dix dates en Chine et revient avec nous sur ses échanges avec les Chinois.
C'est une aventure qui a démarré en 2008, au moment des Jeux Olympiques de Beijing. Des délégations chinoises faisaient alors le tour du monde en 2007 pour préparer les J.O de Beijing. C'est l'Association du peuple chinois pour l'amitié avec l'étranger (PCAE) qui contacte Manu Lesschaeve, plus connu sous son nom d'artiste Manu Revol. Tout a commencé par un projet humanitaire.
« On s'est rencontré par le biais du Secours populaire français avec lequel je travaille depuis longtemps au sein de mon association L'ÉCHINE. Les Chinois ont invité des jeunes Français à venir découvrir les J.O en Chine. Ce que le Secours populaire a proposé c'est de montrer à l'association chinoise comment on fait de la solidarité en France. En échange de l'invitation, nous voulions faire quelque chose en Chine. L'APCAE nous a alors proposé de participer à un projet d'installation de pompes à eau dans un village du Guangzhou. Les enfants français ont collecté de l'argent pendant un an, notamment lors de manifestations sportives, je les ai aidés grâce à mon association et j'ai encadré le projet. Bien sûr quand on m'a proposé le projet, j'ai dit oui tout de suite, car je ne connaissais pas la Chine, c'était l'occasion de découvrir et cela rentrait complètement dans nos cordes. »
Une rencontre philharmonique
« On s'est rendu en Chine avec les jeunes, on a vu les J.O, le stade, la Chine dans son développement à grande vitesse évidemment, et puis on a aussi vu ce village où les gens devaient faire des kilomètres pour aller puiser de l'eau. Dans ce programme humanitaire, les autorités chinoises sont intervenues pour 90 % des pompes à eau. 10 % restaient à la charge des familles. C'est pour ça qu'on avait proposé qu'il y ait une collecte pour payer ses pompes. Puis on est allé inaugurer ces pompes en 2008. Pendant notre séjour en Chine, on nous a fait visiter des écoles, des lycées, des maisons de quartier et par hasard, au cours des soirées données en notre honneur, on a rencontré un orchestre philharmonique : celui de l'école 22 de Beijing.
C'est cette rencontre qui va donner envie à Manu de continuer à travailler avec la Chine mais dans le cadre d'un projet musical cette fois-ci.
« Ils jouaient de la musique classique chinoise avec des instruments occidentaux. Ça m'a bouleversé ! Comme la musique chinoise est pentatonique et que la musique occidentale est différente, le fait d'allier la musique chinoise à la musique occidentale par le biais de ces instruments a produit un effet qui m'a littéralement retourné... Je me suis dit que quand on mélange des choses cela donne parfois 1+1=3, cela devient une création. Je souhaitais que l'on fasse ça en France. J'avais déjà un projet avec un orchestre philharmonique français, mais j'ai abandonné ma première idée et me suis dit : je vais inviter les élèves de cette école chinoise en France. C'est ce qu'on a fait et ils ont fait une tournée en France avec nous. »
Tournée un peu magique pour les élèves chinois qui découvrent la France pour la première fois et pour le public français qui a l'occasion d'entendre de la musique chinoise jouée à la fois par des élèves chinois et par un orchestre symphonique. Dans le même temps, la tournée a aussi permis de faire de l'aide humanitaire, car toute la billeterie a été reversée pour aider Haïti. Enfin cela a permis de pérenniser les échanges entre la Chine et les projets de Manu.
« Ils nous ont recontactés en 2011, cette fois on a travaillé avec l'orchestre philharmonique et on a réécrit un spectacle avec le chef d'orchestre autour de mes chansons et du livret Les Mariés de la Tour Eiffel, un livret anti-militariste. Les élèves de l'école chinoise sont ensuite revenus en 2012. Ils nous ont envoyé des jeunes musiciens, on a fait plusieurs concerts ensemble. »
Retour en Chine
Puis, après trois ans d'absence, Manu décide de revenir en Chine avec une formation plus petite baptisée Manu Revol. Nom porteur de plusieurs messages : rêve, voler, révolution dans un sens humanitaire et actif, et pour la petite blague : Revol à l'envers se transforme en lover. C'est donc un projet global plus qu'un artiste.
« Cette fois, on a décidé de faire un concert sur le thème de la voix. Dans le spectacle, nous avons la chance d'avoir Cécile Cognet qui a fait des études au Royal Art Theater et est une spécialiste de la voix. On est souvent allé participer à des festivals de chant et on aime bien tout ce qui est "voix du monde". Quand je lui ai proposé ce projet avec la Chine, le fait que l'on travaille sur les voix l'intéressait déjà beaucoup, partir en Chine encore plus. »
Dans le spectacle, Cécile Cognet incarne la voix. On peut entendre dans ses solos qu'elle a une façon de faire des voix qui est vraiment « voix du monde ». Elle a également écrit une introduction voix du monde basée sur la chanson chinoise Le Jasmin pour le spectacle. Les morceaux comprennent entre autres des chansons sur des textes de Jacques Prévert, et un texte en rapport avec 14-18, antimilitariste et pacifique. Cela rejoint le principe d'échange de Manu Lesschaeve de – se connaître et se reconnaître –, car on ne fait pas la guerre à son voisin si on sait qui il est.
La voix, dénominateur commun de l'Humanité
Le nouveau spectacle de Manu Revol : « Il était une voix » est modulable, il est composé de huit ou neuf morceaux tous en rapport avec la voix avec des parties solistes et des parties chorales, des parties purement vocales et des parties en configuration rock and roll. Pour Manu, le spectacle n'est pas ce que l'on peut appeler une comédie musicale car il n'est pas théâtralisé. Au lieu d'être une histoire, c'est un échange sur la culture du chant et de la voix. En effet, d'après lui, la voix est un dénominateur commun de l'Humanité. Que ce soit au Tyrol autrichien, dans les steppes mongoles ou encore dans les montagnes chinoises, on chante, de façon différente, mais toujours avec sa voix.
« Celle-ci exprime des émotions qui sont partagées partout dans le monde : la peur, la tristesse, l'amour, la joie... Ces émotions sont toutes exprimées de façons différentes. C'est là la beauté du spectacle, car on fait se rencontrer deux environnements. Lorsqu'ils se rencontrent, ils mesurent leur différence mais arrivent à trouver un dénominateur commun qui peut exister entre eux, c'est là que commence l'échange. »
Participation active aux concerts
L'intérêt du spectacle et de sa modulabilité est de pouvoir faire participer des artistes et élèves chinois à la représentation. Chaque spectacle comporte trois ou quatre morceaux que Manu demande de préparer à l'avance aux orchestres ou aux chorales rencontrés sur le chemin de sa tournée. La façon dont Manu monte les projets montre aussi son engagement et la réalisation d'actes de solidarité et de partage.
« Toutes les partitions que nous demandons à nos partenaires chinois de chanter sont en onomatopées. L'idée est d'envoyer des partitions pour huit chansons à l'avance, puis ils préparent trois quatre morceaux et on répète. Le soir on joue. On est toujours heureux du travail et du niveau qu'ils nous fournissent. La musique chinoise, c'est une demande de ma part. On demande qu'ils apportent une pièce chinoise. »
Faire de la musique vivante
Manu n'est pas un spécialiste de la musique traditionnelle. Il n'aime d'ailleurs pas beaucoup le principe de la « musique musée ». Il essaie de créer des choses avec ce qui existe déjà pour le faire vivre. La musique chinoise dans sa diversité l'intéresse et lui donne des idées.
« Tout ce qui se fait en matière de patrimoine et d'échanges sur différentes musiques me passionne toujours évidemment. Ce que j'aime, m'explique-t-il, c'est que ce sont des créations. L'idée du « spectacle vivant », c'est qu'il faut qu'il y ait, une transformation, une réutilisation. En musique chinoise, il y a des choses que j'aime vraiment bien comme la rencontre de la musique classique avec la musique chinoise. Ça, c'est juste magnifique ! s'exclame-t-il. Depuis quelques années que je viens en Chine, je m'intéresse un peu, je prends la température musicale chinoise et je trouve qu'il y a eu un changement qui est dû certainement à la capacité des Chinois à devenir des « buvards », à s'imprégner de ce qu'ils entendent. »
La musique est-elle
réellement universelle ?
« Je pense que certaines personnes passent au travers, m'explique Manu, ils sont le produit d'un environnement, ils n'y ont pas été sensibilisés. Je ne pense pas que la musique soit quelque chose d'universel, mais je me dis que qui y est sensibilisé, y passe du temps s'y intéressera et deviendra à même de la comprendre. Il faut une forme d'éducation, d'apprentissage. »
« En fait, il faudrait rendre la musique universelle et multiplier les occasions d'apprendre, d'écouter de la musique. L'accès à l'éducation musicale, au sport à tout ce qui permet à l'homme de s'épanouir, c'est ça qui devrait être universel. Et ce qui est universel, c'est la capacité de se transformer, d'apprendre et de s'enrichir », ajoute-t-il.
Une certaine vision des échanges artistiques sino-français.
Pour Manu, les échanges qu'il met en place avec la Chine par le biais de l'Association du peuple chinois pour l'amitié avec l'étranger, incarnent une nouvelle ère d'échanges, moins formels et moins stéréotypés.
« Au début de ma coopération avec la CPAFFC, je me suis rendu compte qu'ils avaient un réseau d'échanges assez classique. Les échanges étaient surtout basés sur le réseau France-Chine. Mais les gens qui y travaillent ont un peu vieilli et c'est un peu toujours les mêmes choses qui reviennent, me confie-t-il. Quand on invite un groupe chinois, on invite forcément de l'opéra de Pékin et quand on invite des Français, c'est soit l'orchestre symphonique, soit l'opéra. C'est très stéréotypé. »
Il semblerait que les échanges qu'il a mis en place apportent un vent nouveau sur les échanges sino-français naguère un peu trop formels et ancrés dans une certaine culture de stéréotypes.
« D'après les retours que j'ai eus, les Chinois sont heureux de nos spectacles, car on touche une autre cible qu'avant et cela rajeunit un peu les projets, leurs façons de faire. »
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