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Le Tibet fait peau neuve
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L'auberge familiale de Phuntsog. (LI GUOWEN) |
LI GUOWEN, membre de la rédaction
Au Tibet, on voit souvent des alignements de maisons à la tibétaine le long des routes. Il s'agit généralement de villas à deux étages construites ou réparées par les habitants locaux ces dix dernières années.
Ba Lu vit de l'élevage dans le bourg Nyingzhong près de Lhassa. Sa maison de 260 m² se trouve non loin du chemin de fer Qinghai-Tibet, et près de l'autoroute Qinghai-Tibet inaugurée en 2011. Quatre lustres pendent du plafond de la salle de séjour ; trois pans de mur sont occupés par un canapé ; sur les murs et les piliers sont peintes des illustrations d'histoires bouddhiques, avec des fleurs, des oiseaux, des poissons et des insectes. « Nous habitions auparavant dans une maison en pisé basse, petite et pauvre, se rappelle Ba Lu. Mais maintenant, tout a changé. Notre appartement en brique est spacieux et de bonne qualité ! »
La région autonome du Tibet s'est engagée, depuis 2006, dans un projet de relogement des familles à faible revenu, qui s'est centré sur la reconstruction des maisons dans les campagnes, la sédentarisation des nomades et l'aide aux plus pauvres. De nouvelles maisons sont sorties de terre au milieu des pâturages. Ce programme s'est achevé fin 2013, avec 2,3 millions d'habitants du Tibet bénéficiant d'une nouvelle demeure.
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Ba Lu. (LI GUOWEN) |
Une nouvelle maison, ils en rêvaient
Le village Qucai où habite Ba Lu se situe entre les pâturages d'été et de très hautes montagnes. Dix minutes à pied séparent sa nouvelle maison du pâturage. Lang Ga, président de l'Assemblée populaire du bourg Nyingzhong nous explique que ce village compte 1 424 familles de bergers, qui possèdent chacune un logement sur deux niveaux de 200 ou 300 m².
« Notre district bénéficie de trois types de subvention au logement pour les familles à faible revenu. L'une vient de l'État, l'autre de la région autonome et la troisième versée par la ville de Lhassa. Au total cela représente 35 000 yuans par famille, explique Wang Min, directeur exécutif adjoint du district Damxung. Une somme qui est généralement employée à acheter des matériaux de construction. »
Ba Lu nous explique une autre particularité locale. Du fait que le village assure l'entretien de la voie de chemin de fer Qinghai-Tibet et de l'autoroute Qinghai-Tibet, il a droit à des allocations supplémentaires. « Une maison dont la construction revient à 200 000 yuans peut bénéficier d'un total de 130 000 yuans de subventions », affirme-t-il.
Avant la libération pacifique du Tibet en 1951, seuls 10 % environ de la population tibétaine étaient propriétaires de leur logement. Agriculteurs et bergers vivaient surtout dans les pâturages. « Le ciel glacé, la terre enneigée, les yacks qui gelaient en hiver, sans parler des hommes. Aujourd'hui, grâce à ces mesures en faveur du logement, nous avons un domicile où vivre, explique le secrétaire du comité municipal du PCC (Parti communiste chinois) de Lhassa. Mais lorsque les bergers emmènent paître leur bétail dans un pâturage éloigné, ils vivent sous la tente, comme autrefois. »
Pour améliorer la santé et l'éducation, un hôpital et des écoles ont été mis en place dans le village Qucai. La famille de Ba Lu compte sept personnes, et son fils cadet étudie à l'école primaire du village. « Il y a huit ans, l'école primaire la plus proche se trouvait dans le chef-lieu du district, à plusieurs dizaines de kilomètres, ce qui fait que les bergers devaient beaucoup se déplacer. Ma fille aînée n'a commencé à recevoir l'enseignement primaire qu'à l'âge de 13 ans. D'autre part, les soins médicaux étaient rares. On ne se rendait à l'hôpital qu'en cas de maladie grave. Aujourd'hui, avec l'assurance-maladie et l'hôpital à proximité, tout a changé », raconte Ba Lu. Un berger paie 30 yuans par an pour son assurance-maladie, supplémentés d'une subvention de l'État de 420 yuans.
Lang Ga nous explique que les bergers ont répondu en masse à l'aide au logement pour les familles à faible revenu. Selon les dernières données, 1 862 familles du bourg Nyingzhong bénéficient du projet, qui permet aux bergers de réaliser leur rêve d'un logement moderne, mais également leur ouvre la voie vers une petite prospérité qui réveille leur ambition. Pour le développement du projet, un certain nombre d'agriculteurs et bergers se sont reconvertis pour créer une usine de gravier, une briqueterie, une équipe de construction, ce qui leur a permis d'augmenter leurs revenus.
Ba Lu possède une cinquantaine de yacks, qu'il surveille à tour de rôle avec quelques voisins. Cela lui donne le temps de gérer sa petite briqueterie et pour faire du négoce de bœuf et de mouton en hiver, ce qui lui procure un revenu annuel de 50 000 ou 60 000 yuans.
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Phuntsog, le patron de l'auberge. (LI GUOWEN) |
Auberge individuelle
Le village Trashigang se situe dans la ville de Nyingchi au sud-est du Tibet. Montagnes enneigées, forêts, pâturages, troupeaux épars… Les paysages y sont vraiment féeriques. Le grand projet de Nyingchi est de développer un centre touristique international dans le village Trashigang, à 80 km du centre-ville, qui constitue déjà la carte de visite touristique de la ville.
Phuntsog, aubergiste âgé de 67 ans, déborde toujours de dynamisme. « Nous avons six chambres, un total de 24 lits. Dans le village, il y a de nombreuses autres auberges », explique-t-il. Pendant qu'il nous parle, un groupe de 12 touristes vient s'informer des conditions du logement.
Une moitié environ de la soixantaine de familles du village Trashigang gèrent des auberges. La maison de Phuntsog est construite dans le style tibétain typique : une villa à deux étages avec les sculptures en bois, des dessins colorés et des drapeaux de prières à cinq couleurs. Lancée en 2000, son auberge individuelle était la première du village. Ces dernières années, sa réputation a fait boule de neige, comme on peut le voir aux 1 000 cartes de visite sur la table de sa salle de réception, laissées par des touristes venus des quatre coins du pays.
Phuntsog est né avant la libération. Il se remémore : « Je travaillais comme berger et domestique pour mes propriétaires quand j'étais petit. » Après la réforme démocratique du Tibet en 1959, les agriculteurs et les bergers ont bénéficié d'une redistribution des pâturages, maisons et réserves de céréales, mais leur vie restait dure. « Le niveau de vie a commencé à s'améliorer après réforme et l'ouverture du pays. Malgré cela, le village Trashigang restait très pauvre, et ses habitants devaient couper du bois pour arrondir leurs fins de mois », raconte Phuntsog.
En 1999, une nouvelle route reliant le village au monde extérieur a été construite, ce qui a permis à des touristes de plus en plus nombreux de venir visiter le lieu. En 2002, les autorités de Nyingchi ont choisi le bourg Lulang comme objet clé de son développement touristique. En 2008, Phuntsog a pu construire un second appartement près de son ancienne maison, grâce à ses économies qui se montaient à 150 000 yuans, plus une subvention gouvernementale de 40 000 yuans. « Le gouvernement du district a équipé gratuitement mon auberge de chauffe-eaux solaires et de boîtiers de décodage TV », raconte-t-il.
Lulang est surnommé la banque génétique de la faune et de la flore du plateau Qinghai-Tibet, puisqu'on y a découvert 1 046 plantes uniques au monde. Aujourd'hui, les habitants du village Trashigang sont conscients de l'importance de la protection de l'environnement pour l'augmentation des revenus touristiques. Une équipe de sauvegarde des forêts s'est constituée spontanément pour protéger les ressources naturelles locales, les prairies, les bois et les animaux sauvages. Ses membres patrouillent à tour de rôle dans les montagnes pour empêcher le déboisement sauvage.
Le revenu annuel de Phuntsog qui s'élève est un bon indicateur du développement touristique rapide du bourg Lulang. Il est passé de moins de 10 000 yuans en 2006 à 60 000 yuans en 2009, puis à 250 000 yuans en 2014.
Du fait de la pauvreté de la famille, le fils de Phuntsog n'a pas pu faire des études poussées. Mais désormais, la situation est différente. La petite-fille de Phuntsog étudie dans une école secondaire à Nyingchi, et sa scolarité ainsi que ses frais alimentaires et de logement sont pris en charge par une bourse d'études.
Au mois de septembre 2015, à l'occasion de la cérémonie du 60e anniversaire de la création de la région autonome du Tibet, un touriste a écrit dans le livre d'or de l'auberge Phuntsog : « Le visage de l'oncle Phuntsog est ridé mais son sourire toujours paisible m'impressionne. Dans ce village pittoresque, une belle légende sur l'harmonie entre les Hans et les Tibétains est mise en scène. »
La Chine au présent