CHINAHOY

31-December-2013

La Cité Interdite et le Louvre : échanges à travers le temps et l'espace

 

D'avril à juillet 2008, une exposition sur Napoléon Bonaparte s'est tenue dans la Cité Interdite. Une centaine d'objets issus des collections du Musée du Louvre ont été présentés au public chinois. Pour certains d'entre eux, comme le trône de Napoléon, c'était la première fois qu'ils quittaient l'enceinte du Louvre. (CFP)

 

WANG WENJIE, membre de la rédaction

Le 5 décembre 2013, le drapeau français flotte au-dessus de la place Tian'anmen. Au nord de celle-ci, le Musée de la Cité Interdite, l'ancien Palais impérial, qui accueille ce jour-là un hôte distingué : le premier ministre français Jean-Marc Ayrault. Celui-ci effectue une visite d'État en Chine du 5 au 9 décembre. Il n'est évidemment pas le premier dirigeant français du nouveau gouvernement à se rendre en visite dans le Palais impérial. En effet, le 26 avril dernier, le président français François Hollande et sa délégation ont également visité ce site mondialement connu.

La Cité Interdite est considérée comme un symbole du patrimoine culturel chinois, tandis que pour la France, qui possède également une longue histoire et une grande civilisation, le Louvre constitue l'un des plus importants emblèmes français. Ces deux palais, qui se trouvent respectivement sur l'axe central de la capitale chinoise et de la capitale française, se contemplent tranquillement depuis des siècles et par-delà des milliers de kilomètres.

« Depuis l'année 2005, la coopération entre le Musée de la Cité Interdite et le Musée du Louvre ne cesse de s'approfondir. Au travers d'activités variées, comme les visites bilatérales ou l'organisation d'expositions, ils partagent leurs expériences de travail, tout en faisant des efforts conjoints pour les échanges culturels sino-français et pour le développement des musées », explique Jiao Ying, employé au département des affaires étrangères du Musée de la Cité Interdite.

Premier contact

La Cité Interdite et le palais du Louvre ont de nombreuses similitudes, que ce soit en termes de style d'architecture, de statut historique, ou de processus de développement. Ils sont tous deux passés de palais royaux en musées populaires, et possèdent également une grande quantité d'antiquités et d'objets d'art. Ils sont depuis plusieurs siècles un symbole de l'histoire et de la civilisation de la Chine et de la France. En 2012, le nombre des visiteurs de la Cité Interdite a dépassé 15 millions de personnes, tandis que le nombre de visiteurs pour le Louvre s'est élevé à 10 millions de personnes.

Cependant, les échanges entre les deux musées au niveau national n'ont commencé il n'y a qu'à peine une décennie. En effet, au mois de novembre 2004, à l'invitation de l'Administration nationale du patrimoine culturel de Chine et du Musée de la Cité Interdite, le directeur du Musée du Louvre, Henri Loyrette, a visité la Cité Interdite. Il s'agit du premier contact entre les deux musées. Le 10 octobre 2005, à l'occasion du 80e anniversaire de la fondation du Musée de la Cité Interdite, les deux parties ont signé à Beijing l'Accord de coopération 2005-2010.

« C'est la première fois que la Cité Interdite établit un partenariat complet et à long terme avec un musée de premier rang. Cela lui apporte de nouvelles opportunités sur le plan des échanges et coopérations avec l'extérieur. Parallèlement, la Cité Interdite est devenue le premier partenaire chinois à long terme du Musée du Louvre en Chine », explique Jiao Ying.

Du 4 avril au 4 juillet 2008, le premier grand programme de coopération entre les deux musées, une exposition sur Napoléon Bonaparte, a été organisée dans la Cité Interdite. Lors de celle-ci, cent objets des collections du Louvre ont été présentés au public chinois, permettant ainsi d'exposer la vie de Napoléon Bonaparte, ainsi que la politique, la culture et la vie du palais du Louvre à son époque.

« Étant l'exposition d'ouverture de la 3e édition du festival Croisements 2008, cette activité a été hautement appréciée par la Chine et par la France. Le directeur du Musée du Louvre Henry Loyrette, le vice-ministre chinois de la Culture, alors également directeur du Musée de la Cité Interdite, Zheng Xinmiao, ainsi que l'ambassadeur français en Chine Hervé Ladsous, ont assisté au vernissage de l'exposition », a indiqué Jiao Ying. L'exposition a non seulement renforcé la compréhension mutuelle entre les deux musées, mais également jeté une bonne base pour l'organisation au Louvre d'expositions des collections issues de la Cité Interdite.

Choc artistique

Le Louvre et la Cité Interdite sont chacun représentants de la civilisation occidentale et orientale. Les faire se rencontrer n'est-il pas un projet propre à créer un « choc artistique » ?

Le film documentaire baptisé Rencontre du Louvre et de la Cité Interdite à cet égard nous a offert un festin culturel. Ce documentaire en douze épisodes a été diffusé pour la première fois au mois d'octobre 2010 sur la chaîne documentaire de la RTS (Radio et Télévision de Shanghai), puis diffusé au mois de février 2011 sur la chaîne documentaire de la CCTV (Télévision centrale de Chine).

Pour réaliser cette œuvre, l'équipe de tournage chinoise s'est rendue à plusieurs reprises en France. C'est en réalité la première fois que le Louvre ouvrait grand ses portes pour une équipe de tournage chinoise.

Deux ans plus tard est sorti le livre du même nom Rencontre du Louvre et de la Cité Interdite publié par la PCCT (Presse centrale de compilation et traduction), qui reprend le plan du film documentaire. Le directeur du Musée de la Cité Interdite, Shan Jixiang, écrit dans l'avant-propos que ce livre permet de donner un bon éclairage sur la coopération entre les deux musées et la pratique des échanges culturels entre le Musée de la Cité Interdite et les autres musées étrangers.

« Les échanges et coopérations avec des musées internationaux permettent d'offrir une vision plus étendue au Musée de la Cité Interdite pour son développement et sa gestion administrative. Par ailleurs, étant un établissement culturel majeur, le Musée de la Cité Interdite assume aussi la tâche de diffuser la culture chinoise à l'étranger », fait remarquer Jiao Ying.

Coopération complète

Le 5 novembre 2010, sous le regard des chefs d'État chinois et français, le directeur adjoint exécutif du Musée de la Cité Interdite, Li Ji, et le directeur du Musée du Louvre, Henry Loyrette, ont signé au Palais de l'Élysée l'Accord de coopération pour les années 2011-2015. Ce nouvel accord quinquennal concerne de nombreux domaines, dont l'organisation conjointe d'expositions, l'accueil et la gestion des visiteurs, les échanges du personnel et la collaboration entre les sites Internet officiels des deux musées. En outre, il précise que le Musée de la Cité Interdite organisera une exposition d'envergure au Louvre en 2011.

Ce qui mérite d'être noté, c'est que cet accord est le seul programme de coopération culturelle signé lors de la visite d'État du président chinois Hu Jintao en France, au mois de novembre 2010. Lors de son entretien avec le président français Nicolas Sarkozy avant la cérémonie de signature, M. Hu avait souligné qu'il fallait bien soutenir l'établissement d'un partenariat stable et à long terme entre le Musée de la Cité Interdite et le Musée du Louvre.

Après de minutieux préparatifs, le Musée de la Cité Interdite organisa de septembre 2011 à janvier 2012, dans le Musée du Louvre, une exposition sur la vie dans la Cité Interdite à l'époque des Ming et des Qing. Plus de 140 objets furent présentés aux visiteurs français, allant de calligraphies et peintures, aux habits et meubles du Palais impérial, en passant par la porcelaine, les bronzes, les objets de jade, les émaux, les sceaux impériaux ou des matériaux de construction de la Cité Interdite.

« Cette exposition au Louvre a reçu un très bon accueil et a attiré beaucoup de visiteurs, souligne Jiao Ying. C'était la première fois que le patrimoine culturel de la nation chinoise était exposé à l'étranger. Cette exposition revêtait une signification extrêmement particulière car elle a rompu avec l'habitude de présenter les collections chinoises uniquement dans les musées consacrés à la culture orientale, tels que le Musée Guimet. »

 

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