CHINAHOY

2-January-2014

Rencontre entre les jeunes potentiels chinois et français

 

Le président français François Hollande a rencontré des jeunes leaders chinois et français. (PHOTO FOURNIE PAR CPIFA)

 

LU RUCAI, membre de la rédaction

« Il existe de nombreux mécanismes d'échanges sino- français de haut niveau, mais très peu d'entre eux s'adressent à la jeunesse », a fait remarquer Jiang Duan, secrétaire général adjoint à l'Institut des affaires étrangères du peuple chinois (CPIFA) et directeur de la section Europe au sein de cet organisme. C'est dans ce contexte qu'a vu le jour le programme « Young Leaders », organisé par la Fondation France-Chine. C'est sous l'initiative de Jean-Pierre Raffarin, ancien premier ministre français, qu'a été fondé cet organisme qui vise à favoriser les contacts entre les jeunes Français et Chinois.

Depuis maintenant plus de 60 ans, le CPIFA, partenaire chinois de la Fondation France-Chine, joue un rôle important dans la promotion des échanges de haut niveau entre la Chine et les autres pays étrangers. Pour Jiang Duan, la création de ce mécanisme de dialogue entre les futures élites française et chinoise marque une nouvelle tentative réussie de la part du CPIFA de resserrer les liens entre jeunes Chinois et étrangers.

Accroître la compréhension

Le premier rassemblement de jeunes Français et Chinois dans le cadre de ce programme s'est tenu du 30 août au 2 septembre 2013 en France, à Bordeaux et à Paris. La quarantaine de participants chinois et français ont ensemble visité, entre autres, des domaines viticoles, une entreprise de haute technologie fabriquant des lasers et un constructeur de matériel frigorifique. Des discussions ont également été menées sur des sujets comme le développement des relations sino-françaises ou encore le développement durable. La délégation a eu l'honneur de pénétrer au Sénat, au Quai d'Orsay et au Palais de l'Élysée, où celle-ci a été reçue respectivement par l'ancien premier ministre français Jean-Pierre Raffarin, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius, et enfin, le président français François Hollande.

Lors de cette entrevue, M. Hollande a souligné que la première édition de ce programme en France s'inscrivait pleinement dans la perspective du renforcement des liens humains et des échanges réguliers et directs entre les sociétés civiles française et chinoise. Il a également rappelé son attachement à ce que la jeunesse soit au cœur de la relation franco-chinoise au travers du renforcement des échanges étudiants, ainsi que des liens directs et personnels entre les jeunes Français et Chinois.

Les jeunes Chinois qui participaient à cette activité étaient issus de milieux divers : économique, juridique, éducatif, culturel et politique. En tant que membre du personnel organisateur, Jiang Duan a commenté : « Ce programme étant destiné à la jeune génération, nous n'avions pas planifié quantité de sujets bien spécifiques pour cette première édition. La communication et les échanges de fond ont eu lieu naturellement, dans un environnement relativement détendu. » Et Jiang Duan a été agréablement surpris de voir à quel point les deux parties se connaissaient mal au cours des discussions. « Nous avons commencé avec des questions du genre, "comment les Français voient les Chinois ? " et vice-versa. Les résultats ont démontré que les deux parties se connaissent peu et que l'image qu'ils ont de l'autre peuple est loin de refléter la réalité », indique Jiang Duan. À titre d'illustration, il explique qu'aux yeux de certains Chinois, les Français sont indisciplinés et arrogants. Les Français présents en furent très surpris, et après discussion, estimèrent qu'une partie des Français seulement se montraient en effet arrogants et égocentriques. Les jeunes potentiels français, quant à eux, ont considéré qu'en Chine, une série d'éléments restent à améliorer, tels que la protection de l'environnement, la sécurité alimentaire et la liberté d'expression. Une opinion entérinée par le côté chinois. « Dans l'ensemble, l'ambiance n'était pas à la confrontation. À travers nos entretiens, nous sommes parvenus à des consensus », s'est réjoui Jiang Duan.

Jiang Duan s'est également étonné de voir qu'en Chine, les Chinois jugent actuellement que leur patrimoine culturel n'est pas assez préservé, car de nombreux vestiges ont été détruits dans le processus de construction économique du pays. Mais les Français ont fait savoir qu'ils n'étaient pas d'accord sur ce point. Selon eux, il est encore possible d'apprécier partout en Chine le charme de la civilisation orientale. D'après Jiang Duan, bien que la Chine et la France aient établi des relations diplomatiques depuis déjà 50 ans, que leurs échanges de marchandises et de personnel soient de plus en plus fréquents, les Français ont encore une compréhension limitée de la Chine. Par conséquent, il espère que les échanges humains, en particulier ceux entre les jeunes, vont se multiplier et s'approfondir.

Apprendre les uns des autres

La sélection des candidats à ce programme représente un enjeu particulièrement important. Jiang Duan souhaite que tous les jeunes talents, dans quelque domaine que ce soit, puissent avoir la chance d'y prendre part. Dans cette première édition, du côté chinois, étaient présents notamment des leaders d'opinion sur Weibo, des peintres, des responsables travaillant dans le secteur bancaire, etc...

Wang Wen, vice-président exécutif de l'Institut d'études financières Chongyang relevant de l'université Renmin de Chine, était le seul universitaire à prendre part à l'évènement. Il a précisé que la plupart de ses camarades chinois n'étaient jamais allés en France auparavant, et que ces échanges étaient donc pour eux l'occasion de pouvoir comparer sur place les écarts et différences entre la Chine et un pays développé comme l'Hexagone.

« Pour les Chinois, la France est le premier pays occidental à avoir reconnu la Chine nouvelle et à avoir établi des relations diplomatiques avec elle. Il convient alors à la Chine de témoigner du respect et de l'intérêt envers la France », a conclu Wang Wen. À travers les échanges, il a découvert que la France possédait beaucoup d'avantages dignes d'être repris par la Chine. « Par exemple, en matière d'urbanisme, bien que de nombreux bâtiments à Paris aient été érigés pendant la période de reconstruction qui a suivi la Seconde Guerre mondiale, on observe toutefois que les bases de la planification urbaine de la capitale française remontent au début du XIXe siècle. Il y 200 ans, les Français avaient déjà l'idée d'aménager judicieusement leurs villes. En comparaison, l'urbanisation est un phénomène récent en Chine et doit s'inspirer de l'expérience française, a-t-il ajouté. Les Français ont également des qualités humanistes qui mériteraient d'être copiées. Dans une rue de Paris, j'ai été témoin d'un petit accident entre deux voitures. Les deux conducteurs se sont excusés mutuellement, et dix secondes plus tard, le trafic était rétabli. » Mais dans le même temps, il affirme que la Chine, par ses efforts, commence à dépasser la France dans certains secteurs, comme la grande vitesse ferroviaire et le développement urbain.

Au fil des échanges, Wang Wen a également remarqué : « La demande française en produits chinois est bien plus importante que la demande chinoise en produits français. Les Français sont plus tentés de commercer avec la Chine qui représente un immense marché. D'ailleurs, M. Hollande a déclaré franchement lors de la rencontre que "le développement de la Chine est l'espoir de la France". »

Des échanges en constante progression

Chen Yun, peintre chinoise membre de la délégation, a offert l'une de ses œuvres à M. Hollande. « La France est un pays qui attache une grande importance à la culture et à l'art. C'est aussi une nation disciplinée. À de nombreux égards, la Chine peut apprendre de la France, en termes de protection environnementale et de préservation du patrimoine culturel par exemple. » Durant son voyage, Chen Yun a eu l'occasion de discuter avec des artistes et des conservateurs locaux, et a désormais l'intention d'organiser une exposition personnelle en France.

Jiang Duan estime que l'efficacité de ces échanges ne se fera pas ressentir immédiatement dans le monde de l'entreprise. Mais dans le milieu artistique, la plupart des participants ont obtenu des résultats probants. Jiang Duan a pris note des commentaires de ces jeunes en devenir, pour que lors de la prochaine édition, plus de sujets de discussion soient prévus au programme et que ceux-ci invitent à des échanges plus approfondis.

Selon le plan prévisionnel, la prochaine session des « Young Leaders » chinois et français se tiendra en Chine en automne 2014. Jiang Duan a indiqué : « La Chine et la France sont loin d'être pareilles. La Chine ne manque pas non plus d'atouts à mettre en valeur, comme son urbanisation ou encore son développement communautaire, sans oublier son insondable culture. C'est pourquoi les échanges en 2014 porteront sur les particularités chinoises. » D'ailleurs, afin que cet évènement touche à plus de domaines, parmi la vingtaine de hauts potentiels chinois qui avait participé à la visite en France, seule une dizaine pourra prétendre à la deuxième édition en Chine. Une dizaine de nouveaux membres se joindra à eux.

Selon Wang Wen, les échanges peuvent également permettre aux jeunes Chinois de mieux se connaître eux-mêmes. Il a expliqué : « Grâce notamment à l'essor de la Chine, du sérieux unique de l'élite chinoise, de sa curiosité envers le monde développé et de ses échanges avec l'extérieur, les jeunes Chinois possèdent à l'heure actuelle de hautes capacités de communication et un niveau de connaissances élevé, ce qui propulse la Chine sur le devant de la scène mondiale. » Dans une certaine mesure, ces échanges en France ont ainsi ravivé, chez le peuple chinois, sa confiance en lui.

 

La Chine au présent

Numéro spécial pour le cinquantenaire des relations sino-françaises

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