CHINAHOY

26-August-2013

Deng Zhonghan : La Chine doit produire ses propres puces !

 

 

LI YUAN, membre de la rédaction.

 

« Debout dans les gradins, voyant défiler devant moi l’un après l’autre les chars multicolores, j’ai ressenti, 50 ans après la fondation de la Chine nouvelle, que d’énormes succès avaient été remportés dans l’industrie, l’agriculture, la défense, l’éducation et dans bien d’autres domaines encore ; je me sentais à la fois enthousiasmé. J’étais aussi honteux, parce que j’avais moi-même conçu dans la Silicon Valley des puces excessivement sophistiquées, mais ce n’était pas pour mon propre pays. À ce moment, j’ai pris la résolution de retourner dans ma patrie pour accomplir quelque chose. » Aujourd’hui encore, le vice président de l’Association chinoise des sciences et technologies et académicien de l’Académie chinoise du génie Deng Zhonghan se souvient de cette époque comme si c’était hier.

 

Deng Zhonghan est né en septembre 1968 à Nanjing dans le Jiangsu. En 1992, son diplôme universitaire en poche, il poursuit ses études au campus de Berkeley en Californie, et obtient tour à tour un doctorat en ingénierie électronique, un master en gestion économique et un master en physique. Il est le premier, sur les 130 ans qui se sont écoulés depuis la fondation de ladite école, à étudier simultanément ces trois disciplines. Après avoir travaillé un an pour IBM, il a lui-même fondé la compagnie de circuits intégrés PIXIM.

 

Le 1er octobre 1999, Deng Zhonghan, en tant que représentant des Chinois d’Amérique, s’est vu inviter par son gouvernement à participer à la grande cérémonie donnée à l’occasion du cinquantenaire de la fondation de la République populaire de Chine. À cette occasion, il a prononcé un discours sur le présent et l’avenir de la Silicon Valley et du secteur IT à l’intention de Li Lanqing et d’autres membres du gouvernement responsables des sciences et des technologies. Le 14 octobre, il enregistrait à Zhongguancun la fondation d’une sarl de microélectronique qu’il baptisait « Vimicro ». L’idée qu’il poursuivait depuis qu’il avait pris la décision de rentrer au pays pour entreprendre quelque chose prenait concrètement forme et ne devait plus cesser de se développer..

 

Vimicro est une équipe qui se compose principalement d’étudiants chinois revenus de l’étranger. Outre leur enthousiasme pour créer une entreprise, leur plus grand souhait était de pouvoir produire pour la patrie une puce avec des droits de propriété autonomes, qu’ils pourraient alors baptiser « puce chinoise ».

 

Au moment de la fondation de l’entreprise, Deng Zhonghan a choisi de faire une percée dans le domaine alors en pleine expansion des puces du multimédia numérique, d’intéresser le capital risque et le système des options d’achat sur actions de la Silicon Valley dans la gestion de la compagnie, et de se positionner dans la mondialisation en cours.

 

En 2001, le premier circuit intégré à très grande échelle d’un million de portes de Chine est né, et a très vite reçu l’approbation du marché. Sony, Samsung, HP, Dell, Lenovo, Huawei, ZTE et d’autres entreprises célèbres tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, ont utilisé les puces en grande quantité pour leurs ordinateurs fixes ou portables et leurs téléphones mobiles. À ce jour, les puces produites par Vimicro occupent 60 % du marché mondial des composants pour l’imagerie informatique.

 

Le 15 novembre 2005, la sarl Vimicro est entrée sur le marché d’action du Nasdaq aux États-Unis, devenant la première société technologique de la partie continentale de la Chine à faire son entrée en bourse sur base de technologies clés. Lors de la cérémonie de clôture du marché ce jour-là, Deng Zhonghan a levé son stylo pour apposer sa signature. C’était la première fois dans l’histoire du Nasdaq qu’un Chinois faisait cela.

 

Quant au futur, Deng Zhonghan déclare : « Nous avons effectivement mis fin à la phase “sans puce”de l’histoire chinoise, mais j’ai un rêve encore plus ambitieux, c’est que la Chine puisse un jour devenir la première puissance mondiale en termes de sciences et technologies. »

 

« Le PIB de la Chine est à présent le second au monde, les investissements technologiques et scientifiques aussi sont au deuxième rang mondial. Autrefois les ‘‘deux bombes et un satellite’’ (la bombe à hydrogène, la bombe atomique et le satellite artificiel), récemment Tiangong-I et Jiaolong (le module spatial et le sous-marin chinois), et d’autres exploits technologiques, ont tous affermi la place de la Chine dans le monde et renforcé son droit à la parole. La Chine est réellement en train de rattraper son retard.

 

Deng Zhonghan estime que les sens du rêve chinois est différent de celui du rêve américain. Le rêve américain tourne davantage autour de l’individu, alors que le rêve chinois est en quelque sorte l’idéal de renaissance d’une nation, c’est en quelque sorte un esprit. La Chine est encore dans une phase de développement, elle doit encore concentrer ses forces, ses aspirations, et redoubler d’efforts en vue du développement et de la renaissance d’une nation et d’un peuple.

 

« L’expérience m’a appris que ce n’est que lorsque les perspectives et le destin d’un individu se lient intimement à sa patrie qu’il peut mener une vie sans regret et lui donner davantage de valeur, explique Deng Zhonghan, qui ajoute, j’ai l’intime conviction qu’un jour les sciences et technologies chinoises pourront fièrement regarder le monde. Ce n’est qu’à ce moment-là que je pourrai dire que mon « rêve chinois » s’est pleinement réalisé. »

 

La Chine au présent

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