CHINAHOY

26-August-2013

Zhu Peikun : augmenter la production de céréales en garantissant la sécurité alimentaire

 

 

LI WUZHOU, membre de la rédaction 

 

Zhu Peikun donne naissance à de nouvelles variétés céréalières grâce à sa technique d’hybridation chromosomique, une alternative aux OGM garantie sans danger pour la santé. 

 

À l’heure où les aliments génétiquement modifiés suscitent de vives controverses à travers le globe, un Chinois a présenté une solution plus sûre et plus pratique : croiser les chromosomes des plantes supérieures appartenant à différentes familles pour fournir à l’homme un nouveau type de cultures plus résistantes et à forte valeur nutritive.

 

Il s’agit du professeur Zhu Peikun, fondateur de la théorie scientifique de l’hybridation chromosomique des végétaux supérieurs et président du conseil d’administration de la société Bioroad Biotechnology à Shenzhen. Ce même homme a publié en 2011 un livre sur l’hybridation chromosomique des végétaux supérieurs, la seule monographie du monde à cet égard.

 

Zhu Peikun a commencé à s’intéresser à ce sujet en 1982, année où les légumes à Shanghai ont été affectés par une grave maladie virale. À l’époque, il était assistant d’éducation au laboratoire sur les phytovirus relevant de la faculté de biologie de l’université Fudan. Au cours de ses recherches, lui est venue l’idée de mélanger des chromosomes d’un légume quelconque avec ceux de l’ail, deux espèces sans grand lien. Zhu Peikun avait en fait pour intention de donner à ce légume une odeur alliacée, qui ferait sans doute fuir les pucerons.

 

Cet essai a eu un grand retentissement. Durant les vingt années qui ont suivi, il s’est consacré sans relâche aux études dans ce domaine, jusqu’en janvier 2004 où il a avancé l’idée académique : croiser les fragements de chromosomes hétérologues et les chromosomes de cellule du végétal récepteur pour former les chromosomes hybrides.

 

Rompant avec l’hybridation sexuée, qui s’effectue entre végétaux d’espèces différentes mais appartenant à une même famille, les recherches de Zhu Peikun consistent à prélever le génome d’un type de plante pour le transférer dans les cellules d’un autre type de plantes, afin d’obtenir une nouvelle catégorie à chromosomes hybrides. À partir de cette technique, le professeur a créé une centaine de nouvelles variétés de céréales, telles que le petit pois-maïs, le sorgho-riz, le maïs-riz, le maïs-blé, le riz-maïs et le blé-maïs, les deux dernières ayant même été reconnues par le ministère chinois de l’Agriculture..

 

Si les OGM font actuellement débat en matière de sécurité alimentaire, c’est notamment du fait qu’au cours de la transgénèse, on utilise souvent comme vecteurs des bactéries (par exemple, ADN spécifique d’agrobacterium tumefaciens) ou des virus (par exemple, ADN spécifique du virus de la mosaïque du chou-fleur). De plus, le seul gène introduit ne peut pas modifier les propriétés de multiples gènes de cultures agricoles. « Le 25 mai dernier, des manifestations contre les aliments transgéniques ont eu lieu simultanément dans cinquante pays et régions », a fait savoir M. Zhu, inquiet.

 

En revanche, les nouvelles variétés de plantes résultant de l’hybridation chromosomique sont saines, car ce sont les chromosomes naturels qui servent de vecteurs à la transgénèse, et non pas ADN des bactéries ou des virus. D’autant plus que les végétaux primaires utilisés sont comestibles depuis des milliers d’années.

 

Cette technique d’hybridation chromosomique initiée par Zhu Peikun, au-delà d’être inoffensive, peut élever la qualité nutritive des produits agricoles. Selon un rapport publié par l’université médicale du Hunan (aujourd’hui, l’École de médecine de Xiangya relevant de l’université du Centre-Sud de Chine), la teneur en protéines affichée par le blé-maïs qu’a inventé Zhu Kunpei atteint 11,4 %, un taux assez proche de celui du blé s’élevant à 12,5 %, et largement supérieure à celui du maïs, de 7,9 % seulement.

 

À l’avenir, le professeur Zhu souhaite se concentrer sur la diffusion du sésame-maïs et du lin-maïs, dont la teneur en acide linoléique, en acide linolénique et en acide gras insaturé est largement supérieure à celle du maïs ordinaire. « Ces acides sont tous deux très bons pour la santé », a-t-il précisé joyeusement.

 

La technique de l’hybridation chromosomique permet de combiner les supériorités de différentes plantes. En conséquence, les nouvelles variétés formées sont capables de pousser sur un sol salin ou alcalin, originellement hostile aux cultures céréalières traditionnelles. La planète compte près d’un milliard d’hectares de terres salines et alcalines. Si ne serait-ce que 10 % d’entre elles étaient mises à profit pour cultiver des nouveaux types de céréales, de nombreuses personnes pourraient enfin manger à leur faim.

 

Fournir aux populations de nouvelles variétés de cultures vivrières saines, bénéficiant d’une grande adaptabilité et d’une haute valeur nutritive : tel était le plus grand rêve de Zhu Peikun.

 

La Chine au présent

 

 

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