CHINAHOY

17-February-2013

Le riz miracle chinois

 

HOU RUILI, membre de la rédaction

 

En 2012, la production des céréales était de 589,57 millions de tonnes en Chine. C'est la neuvième année consécutive que la production céréalière augmente.

Selon l'économiste en chef du ministère de l'Agriculture, Bi Meijia, « en passant en revue l'histoire de la production céréalière mondiale, parmi les six plus gros pays producteurs, en plus de la Chine, seuls les États-Unis et l'Inde ont enregistré une augmentation continue de leur production sur plusieurs années, respectivement entre 1975 et 1979 et entre 1966 et 1970. Ainsi, la Chine a établi un record mondial dans l'histoire de la production céréalière en enregistrant une augmentation continue sur neuf années consécutives. » Avec ses terres labourées qui ne représentent que 7 % de celles du monde entier, la Chine peut nourrir 22 % de la population mondiale. C'est la contribution de la Chine à la sécurité alimentaire du monde. L'augmentation continue pendant neuf années consécutives est due avant tout aux progrès des sciences et des techniques. En 2012, les progrès scientifiques et techniques ont contribué pour 54,5 % à la croissance de l'agriculture, une part plus importante que celle du total des autres facteurs de production, comme la quantité des terres labourées ou les capitaux. C'est le riz hybride qui a joué le rôle central dans cette croissance.

La contribution du riz hybride

« Nous avons honoré M. Yuan Longping du titre de père du riz hybride, parce qu'il n'est pas seulement la fierté de la Chine, il est aussi celle de l'humanité. Ses succès bénéficient au monde entier. » C'est ce qu'a déclaré le Dr Swaminathan, ancien directeur général de l'Institut international des recherches sur le riz (IRRI, International Rice Research Institute) et ancien ministre indien de l'Agriculture, en hommage à Yuan Longping.

En 1975, ce scientifique chinois a réussi à créer un riz hybride. L'année suivante déjà, la Chine a lancé la culture du riz hybride sur 2,08 millions de mu ( un mu = 1/15 ha ). Très vite, la production a dépassé 0,4 tonne par mu. Avant, la production de riz n'était que de 0,2 tonne par mu en Chine.

Dans les années 1980, le Japon, la Chine, la Corée du Sud et l'IRRI ont commencé des recherches sur les riz à rendement élevé. Pendant les années 1990, l'IRRI a créé de nouvelles semences de riz et les a plantées sur une petite superficie. Le rendement était très élevé. Cette espèce hybride du riz est appelée le « super-riz ».

En 1996, la Chine a réussi à développer sa première espèce de « super-riz ». En 2012, la production par mu du « super-riz » sur grande superficie était de 963,65 kilos.

Aujourd'hui, les différentes espèces de « super-riz » sont au nombre de 83 en Chine. La superficie couverte par le « super-riz » dépasse 100 millions de mu, représentant un quart de la superficie totale occupée par le riz. Le « super-riz » est devenu le moteur principal de l'augmentation de la production de riz en Chine.

 

La transmission des semences du riz hybride

 

La FAO et l'IRRI ont promu la culture du riz hybride, et même du « super-riz », dans beaucoup de pays ; et avec le soutien de la Chine.

En 2006, la Chine a promis de créer en Afrique dix centres modèles pour les techniques agricoles. Le Centre modèle pour la culture du riz hybride de Madagascar en est un exemple. Mamy Andriantsoa du ministère malgache de l'Agriculture, a hautement apprécié ce projet de coopération avec la Chine, de même que la compétence et la qualité des experts chinois. En 2008, la Chine a fait don de 56 tonnes de semences de riz hybride. En 2010, la production de riz a augmenté de 6 000 tonnes à Madagascar.

« C'est pour introduire dans mon pays le riz hybride que je suis allé en Chine en 1999. C'était la première fois. Je ne me souviens plus combien de fois j'y suis allé par la suite. Mais une chose est sûre, c'est que j'y suis allé trop tard. Si je m'y étais rendu plus tôt, nombreux seraient les paysans pakistanais qui auraient pu déjà se débarrasser de la pauvreté et changer leur mode de vie. » Ce sont les propos de Shehzad Ali Malik, directeur général de Guard Agricultural Research & Service.       .

Depuis 1999, Guard a établi une coopération avec Yuan Longping High-tech Agriculture et propagé les techniques du riz hybride au Pakistan. « Autrefois, la production du riz au Pakistan était de 3,5 tonnes par hectare. Maintenant, elle s'élève à 10 tonnes, et elle dépasse même 13 tonnes dans certaines régions du Pakistan, explique Malik. C'est grâce aux efforts des techniciens chinois que nous avons obtenu le succès actuel. En 2007, lorsque les températures maximales atteignaient 53°C à Lahore, les paysans ont tous arrêté leur travail, mais les techniciens chinois travaillaient encore dans les champs de riz. Leur assiduité nous a impressionnés. »

Actuellement, des pays asiatiques tels que l'Inde, le Viet Nam, l'Indonésie, le Sri Lanka, le Myanmar, la Thaïlande, le Cambodge et le Laos, de même que les États-Unis et des pays de l'Afrique et de l'Amérique du Sud ont réussi à introduire chez eux le riz hybride.

 

Une manne céleste

 

Bien que la diffusion des techniques du riz hybride dans le monde entier ait considérablement contribué à la sécurité alimentaire, le « super-riz », que les experts ont continué à développer sur les 20 dernières années pour obtenir un rendement plus élevé encore, consomme beaucoup d'eau, d'engrais et de pesticides. Pour le moment, en Chine, la production céréalière consomme 40 % des engrais de la planète et la production de riz absorbe 50 % des ressources en eau douce du pays. Ce modèle de culture a augmenté la charge des paysans et a nui à l'environnement. Pour économiser les investissements dans la production du riz, obtenir le meilleur rendement possible, tout en protégeant l'environnement, les scientifiques chinois ont commencé dès la fin du siècle dernier à développer la nouvelle espèce du « super-riz vert » qui consomme moins d'engrais, moins de pesticides et moins d'eau. Ils ont permis de réaliser de grands progrès.

En 2008, la Chine a entamé une coopération internationale avec la Fondation Bill&Melinda Gates pour produire et promouvoir la culture du « super-riz vert ». En 2009, les scientifiques chinois ont cultivé à titre d'essai cette nouvelle espèce de « super-riz vert » dans huit pays africains (le Libéria, le Mali, le Mozambique, le Nigéria, le Rwanda, le Sénégal, la Tanzanie et l'Ouganda), quatre pays d'Asie du Sud-Est (le Cambodge, l'Indonésie, le Laos et le Viet Nam ), trois pays d'Asie du Sud (le Bangladesh, le Pakistan et le Sri Lanka), ainsi que dans trois provinces (le Guizhou, le Sichuan et le Yunnan ) et une région autonome de Chine (le Guangxi). Ce nouveau « super-riz » possède d'indéniables atouts : résistance aux maladies des plantes, résistance à la sécheresse et rendement élevé. Le riz magique, qui n'est pas de type OGM, a obtenu ses premiers succès après avoir été cultivé à l'essai dans quelques pays africains et asiatiques ciblés. Les paysans locaux l'appellent la « Manne de Dieu ».

Aujourd'hui, dans le monde entier, plus d'un milliard de personnes vivent dans l'extrême pauvreté. Trois quarts d'entre ces personnes habitent dans les campagnes d'Asie et d'Afrique. De plus en plus de pays voudraient participer à ce projet de coopération internationale pour la culture du « super-riz », car il peut réduire la famine sans nuire à l'environnement.

Selon le professeur Li Zhikang, scientifique en chef du projet de « super-riz vert » de l'Académie des sciences agricoles de Chine, les pays que la Chine voudrait aider ne se limitent pas aux quinze susmentionnés. La Chine est prête à aider tous les pays africains. « Ces pays pauvres n'ont pas de moyens pour acheter de l'engrais et des pesticides. Le « super-riz vert », qui consomme moins d'engrais, moins de pesticides, moins d'eau et résiste à la sécheresse, vient à point pour répondre à leurs besoins », explique le professeur Li.

En plus d'apprendre les techniques agricoles aux paysans locaux, les scientifiques chinois invitent des techniciens de ces pays à venir en Chine pour leur offrir une formation, et ils les aident à créer des centres agricoles modèles pour élever leur niveau de compétence en recherche et développement et, au bout du compte, accroître la production.

Le projet de « super-riz vert », financé conjointement par le gouvernement chinois et la Fondation Bill&Melinda Gates, envisage de venir en aide à 20 millions de paysans des régions pauvres d'Asie et d'Afrique, pour que la production de riz dans ces régions augmente de 20 % en dix ans. Cette aide fournit une solution pratique. Elle permet à ces paysans de se débarrasser de la pauvreté et elle contribue à résoudre la crise céréalière mondiale.

 

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