CHINAHOY

31-May-2016

Étudier en Chine

 

Hu Biliang, directeur de l'Institut des marchés émergents de l'École normale de Beijing, donne un cours à ses étudiants.

 

ZHOU LIN, membre de la rédaction

Pennerma Aniska Theresa est une avocate des Bahamas. C'est sur le site officiel du ministère bahaméen des Affaires étrangères qu'elle a appris l'existence du Master international d'administration des affaires (IMBA) de pays en voie de développement à l'école normale de Beijing. « C'est formidable ! Ce master est fait pour moi ! » s'est-elle exclamée tout excitée. Et effectivement, ses études de master d'un an en Chine constituent pour elle une expérience précieuse.

Depuis quelques années déjà, les formations chinoises s'adressant principalement aux pays en voie de développement représentent une plateforme importante qui contribue à approfondir la coopération et les échanges internationaux.

Formation et bourse en Chine

Theresa explique son choix : « si j'ai choisi de venir étudier en Chine, c'est parce qu'on évoque ce pays partout de nos jours, que ce soit dans la presse, à la télévision ou sur Internet. J'avais envie d'une occasion de ressentir moi-même le développement et les changements qui se produisent dans ce pays. »

En septembre 2015, à l'occasion du Sommet de l'ONU sur le développement durable et de la Table ronde sur la coopération Sud-Sud, le président chinois Xi Jinping a annoncé que le gouvernement chinois mettait en place, ces cinq prochaines années, six séries de « cent projets ». Les six thèmes de ces projets sont la lutte contre la pauvreté, la coopération agricole, l'aide commerciale, la protection de l'environnement et la lutte contre le changement climatique, l'établissement d'hôpitaux et de cliniques, et enfin la fondation d'écoles et de centres de formation pour les pays en voie de développement. Par ailleurs, la Chine offre 120 000 places d'étudiants en Chine et 150 000 bourses d'études dans ces pays, espérant ainsi former 500 000 professionnels et techniciens étrangers.

Theresa a ainsi suivi sa formation à l'école normale de Beijing, partenaire du projet IMBA organisé conjointement par les ministères de l'Éducation et du Commerce chinois.

L'Argentine est l'un des pays d'Amérique du Sud participant pour la première fois à ce projet de formation. Avondet Laura, qui a travaillé à l'ambassade d'Argentine à Dublin, s'intéresse au développement économique ainsi qu'à l'innovation scientifique et technique de la Chine. « Ce projet a permis des échanges approfondis avec des personnes en provenance de différents pays », affirme-t-elle.

Quansah Maame Afua, fonctionnaire du ministère ghanéen de l'Éducation, souligne quant à elle que le Plan quinquennal élaboré par le gouvernement chinois avait produit sur elle une profonde impression de sérieux. Le gouvernement, les entreprises et le peuple chinois approuvent largement ce plan et y contribuent chacun à son niveau. D'après elle, c'est pour cette raison que la Chine a obtenu des succès aussi remarquables en matière de lutte contre la pauvreté.

Malgré la grande distance qui sépare la Chine du Bénin, Benon Olaniran Alexis était plein d'enthousiasme pour venir s'établir en Chine et apprendre la langue chinoise qu'il parle désormais couramment. Il est admiratif de la croissance chinoise qui découle de sa réforme et de son développement rapide, et admire aussi les Chinois pour leur esprit travailleur, courageux, novateur, patriotique et leur ponctualité.

Pendant son temps libre, Theresa aime explorer la culture chinoise : « Beijing, c'est la capitale, et à ce titre on y trouve un patrimoine culturel immense et de nombreux événements internationaux. J'ai visité le Palais d'Été, le Palais impérial et le Temple du Ciel. J'ai aussi assisté au China Open de tennis 2015 et j'ai vu les spectacles de ballet Le Détachement féminin rouge et Le Lac des cygnes. » Beijing est une métropole internationale où l'on rencontre la tradition comme la modernité, où s'entrecroisent culture chinoise et éléments internationaux. « L'esprit d'ouverture et l'hospitalité des Chinois font la fortune de la Chine », souligne-t-elle.

Theresa s'applique avec ardeur à ses études. Actuellement, elle apprend le mandarin et s'amuse à citer les proverbes chinois, qu'elle relie aussi à sa découverte de la cuisine chinoise. « Un vieil adage chinois nous conseille de traverser la rivière à tâtons, en s'appuyant sur les pierres. C'est pareil avec la cuisine, il faut goûter sans crainte, sinon on ne saura jamais si c'est bon ou pas », nous confie-t-elle en rigolant.

 

Des étudiants du Master international d'administration des affaires (IMBA) mènent des recherches sur place à Shangluo, dans le Shaanxi.

 

Programme d'études ciblé

« Le programme d'études de master est bien au-delà de ce que j'imaginais. Cela ne se borne pas à l'administration des affaires puisque nombre de cours concernent la situation du développement économique des pays émergents d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine. Ces cours me permettent de mieux connaître les pays émergents sous leurs aspects les plus divers. Évidemment, grâce aux cours sur le développement économique et social chinois et sur l'histoire chinoise, je m'inspire de l'expérience et de la stratégie de développement chinoises ainsi que de son Plan quinquennal pour réfléchir à ce que devrait être le premier plan national de développement des Bahamas », explique Theresa.

Hu Biliang, responsable du projet et directeur de l'Institut des marchés émergents de l'école normale de Beijing, nous confiait que ce projet de formation en était à sa deuxième année de fonctionnement. « Depuis 2014, nous avons commencé à recruter des étudiants orientés vers les pays émergents à économie de marché. La première année, on comptait 28 fonctionnaires gouvernementaux et gestionnaires économiques de moyen et haut niveau provenant de 14 pays d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine. Principalement des gens qui travaillaient au ministère des Finances, au Bureau d'immigration, à la Banque centrale, au ministère de l'Industrie ou du Commerce, au Bureau de planification de l'investissement, au ministère de l'Énergie, au ministère de l'Information, au ministère de l'Éducation, à la Préfecture de police, au Bureau des douanes, ou encore à l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Toutes ces personnes sont venues étudier en Chine pour s'inspirer de l'expérience du développement à la chinoise et chercher de nouvelles opportunités commerciales ou d'investissement », raconte M. Hu. Et d'ajouter : « En 2015, nous avons accru le nombre d'admissions. Aujourd'hui, 37 étudiants issus de 21 pays en voie de développement, y compris de pays nouvellement partenaires comme l'Inde, le Pakistan, l'Argentine, le Chili et le Pérou, font leurs études à l'école normale de Beijing. De plus en plus de pays en voie de développement participent à ce projet, ce qui nous encourage à le poursuivre. »

Afin d'offrir une formation de valeur, l'école normale de Beijing a mis l'accent sur un corps professoral expérimenté dans l'enseignement et de recherche. Par ailleurs, ces professeurs ont tous étudié ou enseigné à l'université de Harvard, de Chicago ou de Cambridge. Certains d'entre eux ont occupé un poste à la Banque mondiale, au Fonds monétaire international ou dans d'autres institutions internationales, ou possèdent une riche expérience dans la recherche transnationale, l'enseignement en anglais ou les relations internationales.

9 universités chinoises participent à ce projet de formation destiné aux pays en voie de développement. Parmi elles, l'université de Beijing et l'université Tsinghua offrent les cours de master en gestion publique, tandis que l'École normale supérieure de l'Est de la Chine fournit les cours de master en pédagogie. À celles-ci s'ajoutent d'autres établissements comme l'Université des relations économiques et commerciales avec l'étranger, l'Institut de diplomatie, l'Université des communications de Chine, ainsi que l'université du Jilin.

Li Xiaobing, directeur de l'Académie des fonctionnaires du commerce international qui dépend du ministère du Commerce extérieur, a expliqué : « La Chine est le plus grand pays en voie de développement, et c'est pourquoi la solidarité et la coopération avec les autres pays en développement constituent la pierre angulaire de sa politique extérieure. Ces dernières années, les échanges et la coopération dans le domaine des ressources humaines se sont intensifiés, alors que se multipliaient les modes de coopération, comme les formations à diplôme et les cours de perfectionnement à court terme. De tous ces projets, celui de la formation à diplôme destinée aux pays en voie de développement pour former des personnels spécialisés de haut niveau a reçu un éloge unanime, de la part des gouvernants jusqu'aux étudiants qui y avaient participé. »

Pleine confiance dans la coopération bilatérale

Se basant sur son expérience particulière, Theresa fixe son plan de carrière.

« Je compte me consacrer à des études de doctorat dans le commerce international pour ensuite travailler dans l'un des départements commerciaux des Bahamas. À l'heure où le gouvernement bahaméen cherche à devenir membre de l'OMC, je voudrais, si sa demande aboutit, trouver un poste au service de résolution des contentieux commerciaux. Cela me donnera une expérience juridique plus avancée et plus internationalisée », déclare-t-elle.

Au sujet de la coopération sino-bahaméenne, Theresa estime que la mer des Caraïbes offre un paysage et une expérience complètement différents pour les touristes chinois. Elle ne doute pas que des hôtels haut de gamme chinois pourraient bientôt s'installer aux Bahamas, puisque le tourisme est le premier secteur économique du pays et que les Chinois montrent de plus en plus d'enthousiasme à voyager.

Ranjan Aditya Kumar, de l'université de Sikkim en Inde, se passionne lui aussi pour la culture chinoise. Tout étudiant qu'il est, il connaît sur le bout des doigts la situation du développement économique, mais aussi de la société et de la culture chinoises. Il s'est fixé un projet professionnel à long terme, et c'est alors qu'il menait des enquêtes et des recherches sur place avec d'autres étudiants, à Shangluo, dans le Shaanxi, que nous l'avons rencontré. « Le développement des transports en Chine apporte toutes sortes d'amélioration par la construction d'infrastructures, un secteur où selon lui la Chine dépasse de beaucoup l'Inde. Nombreux sont ceux qui voudraient comparer la Chine et l'Inde. À les en croire, la Chine serait confrontée au vieillissement de sa population, tandis que l'Inde possède un grand potentiel de croissance démographique. Kumar souligne pourtant que, contrairement à leurs voisines indiennes, les femmes chinoises ont d'assez bonnes opportunités de trouver du travail. Le fait que les 50 % féminins de la population active jouent leur rôle dans le développement, voilà ce qui pourrait servir d'exemple à l'Inde. Lorsqu'il aura terminé ses études, Kumar compte créer sa propre entreprise dans le commerce électronique et promouvoir le développement économique des régions sous-développées d'Inde.

Abeysinghe Kasun Thisara est ingénieur. Il vient du Sri Lanka où en 2014 le président Xi a effectué une visite d'État au cours de laquelle il a exprimé le souhait de la Chine qui est de profiter de l'édification de la Route de la Soie maritime du XXIe siècle pour renforcer sa coopération dans la construction d'un port et d'un parc industriel à proximité, mais aussi sur l'économie et la sécurité maritimes, en encourageant ainsi un plus grand nombre d'entreprises chinoises à participer à la construction du parc industriel, de la zone économique spéciale et des infrastructures nécessaires au Sri Lanka. Ayant visité la Chine, Thisara a désormais plus de confiance dans la coopération bilatérale entre la Chine et le Sri Lanka.

 

 

La Chine au présent

Liens