CHINAHOY

5-April-2016

L’écriture chinoise

 

L'évolution graphique des caractères chinois.

 

GU HE

L'origine des caractères chinois ou sinogrammes remonterait au néolithique, à l'époque de la culture Yangshao, soit il y a 7 000 à 5 000 ans, d'après les recherches archéologiques et les textes.

Les jiaguwen, inscriptions gravées sur des os d'animaux ou des écailles de tortues, sont les plus anciens caractères chinois que l'on connaisse actuellement. Ils ont été découverts sur les ruines d'une ancienne cité de l'époque des Shang dans les environs d'Anyang dans le Henan.

Ces symboles gravés sur les carapaces de tortue sont en réalité des registres de divinations des monarques de la dynastie Shang (XVIIe-XIe siècle av. J-C). Cette écriture démontre un système déjà très développé qui reflète les caractéristiques des 6 sortes de caractères chinois.

Celles-ci comprennent les pictogrammes, les idéogrammes simples, les idéogrammes composés, les idéo-phonogrammes, les défléchis et les emprunts.

Ces catégories de caractères sont présentes dans le Classique des Zhou qui date d'il y a plus de 2 000 ans. Xu Shen (58-147) en a fait la description précise dans son Shuowen Jiezi (L'origine des caractères chinois). De façon simplifiée, les pictogrammes sont les caractères dont la forme ressemble à l'objet qu'ils désignent, comme un dessin simplifié de la chose. Les idéogrammes composés sont composés de deux composants sémantiques qui forment un nouveau sens quand associés. Le caractère 休, qui signifie « se reposer », est composé du亻qui est le composant de « l'homme se tenant debout », et du composant de l'arbre 木. Associés, ils forment le sens « se reposer ».

Les idéogrammes simples représentent une forme sur laquelle on a ajouté un symbole pour former le sens : les caractères « dessus » 上 et « dessous » 下 sont de cette catégorie.

Les idéo-phonogrammes sont formés d'un composant phonétique et d'un composant sémantique qui forment un caractère dont on peut deviner la prononciation. Le mot « branche » est ainsi composé de 木 qui signifie le bois et du composant phonétique 支 qui se prononce « zhī ».

Ces quatre types de caractères sont dits « simples ». Les défléchis et les emprunts n'ont rien à voir avec de la construction sémantique des caractères, mais avec leur utilisation.

Tous les caractères chinois ne rentrent pas dans les cases de ces 6 types de sinogrammes car ces règles ont été inventées après l'apparition de ceux-ci.

Les sinogrammes sont une combinaison de son et de sens. Cette caractéristique leur est unique. Aucun autre système d'écriture ne possède ce trait.

Après des millénaires d'évolution, les sinogrammes sont aujourd'hui appelés en chinois « les caractères carrés » à cause de leur forme. Ils sont formés par des traits et des points. Le caractère qui compte le plus de traits (64) est , qui est composé de 4 caractères 龙 (dragon). Il se prononce zhé et signifie « bavard ».

Les caractères chinois se divisent en deux systèmes : les caractères traditionnels utilisés à Hong Kong, Taiwan, Macao, Singapour et dans les communautés chinoises d'outre-mer entre autres, et les caractères simplifiés, écriture officielle de la partie continentale de la Chine. Le caractère « simplifié » aux traits le plus nombreux est 齉 (nàng) qui compte 36 traits, tout ça pour dire « le nez bouché ».

Les caractères chinois se prononcent avec quatre tons qui donnent à la langue chinoise cette mélodie si particulière. Les caractères chinois ont beau être très « visuels », leur sens n'en est pas moins « superficiel » et les jeux de mots sont légions dans la langue chinoise. Les patois des différentes provinces font que les Chinois ont parfois du mal à se comprendre entre eux à l'oral et des quiproquos assez intéressants arrivent parfois quand un Chinois du Nord dit à un Chinois du Sichuan ou de la municipalité de Chongqing (Sud-Ouest) qu'il a perdu son « enfant » et que ce dernier comprend en retour qu'il a perdu « sa chaussure » par exemple.

Les caractères chinois sont souvent considérés comme la cinquième invention de la Chine. Ils sont surtout la base de la merveilleuse culture chinoise. Grâce à un ordre changeant dans la phrase, un caractère chinois subit une transformation et de là découlent les proverbes chinois, la beauté de la poésie chinoise, la littérature… Les étudiants étrangers en chinois se demandent souvent pourquoi certains proverbes se disent d'une certaine façon et pas d'une autre, par exemple : pourquoi on ne dit pas « la force de huit bœufs et de trois tigres » mais « la force de neuf bœufs et de deux tigres » ou encore pourquoi on ne dit pas « se heurter au mur nord » mais au mur « sud » ? Cela n'est pas anodin, car derrière chaque caractère chinois se cache une histoire et un contenu culturel. Dans son livre Les Sinogrammes et l'alphabet, Xiao Fuxing dit : « Il n'y a que les caractères chinois qui permettent de transcrire des mots comme Coca-Cola en « Qui rend joyeux et est bon à boire », Benz en « Cheval qui galope » ou IKEA en « Bon pour la maison ». Les sinogrammes permettent de transcrire en même temps qu'ils donnent un sens à cette transcription ».

Les sinogrammes ont eu une grande influence sur les pays voisins de la Chine comme le Japon, la Corée ou encore le Vietnam. Les kanjis japonais sont ainsi d'anciens caractères chinois mélangés à l'écriture japonaise.

L'écriture chinoise est de moins en moins étrangère aux yeux du monde et de plus en plus de gens en découvrent la beauté et l'histoire par son apprentissage.

 

La Chine au présent

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