CHINAHOY

8-December-2015

Redécouverte du désert grâce à Kubuqi

WANG WENBIAO﹡

Je suis né dans le désert de Kubuqi, le septième désert le plus vaste au monde, d’une superficie de 18 600 km², équivalente à celle des îles Fidji. On surnomme ce désert la « corde d’arc » en mongol, parce que sa forme en fait comme un arc suspendu dans les méandres du fleuve Jaune. C’est là que le rêve d’une centaine de milliers d’habitants de sortir du désert semblait irréalisable. Dans la mémoire de mon enfance, le désert était partout. Pas de végétation, ni de route, ni de soins médicaux, ni de télécommunications, seulement le désespoir et l’engourdissement sur les visages des habitants. Des enfants âgés d’une dizaine d’années ne pouvaient être scolarisés faute d’école ou de route dans le désert. Sortir du désert était le rêve de chaque enfant.

La volonté de Dieu semblait être que je ne quitte jamais cette étendue de sables jaunes. En 1988, j’ai été nommé directeur d’une usine d’extraction du sel dans le désert de Kubuqi et c’est là que j’ai commencé à voir le désert d’un œil différent : j’ai compris que le sort de l’humanité était étroitement lié à l’environnement écologique. Pour changer notre destin, il faut commencer par changer l’environnement. Planter, reboiser, reverdir l’avenir. C’est comme ça que nous nous engageons sur la voie du développement vert, par l’aménagement du désert.

Aujourd’hui, tout le monde est conscient de l’impact sur le climat des émissions de gaz à effet de serre. Notre expérience qui remonte à près de 30 ans illustre l’effet énorme que peut avoir la lutte contre la désertification sur le changement climatique. Des calculs d’experts montrent que la reforestation de 500 millions d’hectares de terres dégradées absorberait un tiers des émissions de dioxyde de carbone dues aux énergies fossiles. Les terres désertifiées représentant un quart de la surface des terres émergées, et leur caractère sec et chaud confère un impact particulier sur le climat régional. Il serait donc rationnel d’accorder le même niveau de priorité à la lutte contre la désertification qu’à la réduction des émissions de CO2, pour accélérer le processus d’amélioration du climat.

La Chine se pose en modèle de gouvernance du désert, et c’est en Mongolie intérieure qu’on peut trouver les expériences pilotes, parmi lesquelles Kubuqi représente « la Chine désertique en miniature ». Les secrets du modèle de l’économie écologique de Kubuqi sont simples : création d’un mode de commerce du développement durable basé sur la lutte contre la désertification, l’écologie, l’économie et le bien-être de la population ; création d’un mécanisme de coopération entre le gouvernement, les entreprises et les paysans ; construction d’une chaîne d’industries écologiques du désert pour la lutte contre l’ensablement, la rénovation écologique, l’aménagement des terres, le développement des industries écologiques. L’ensemble constitue un système industriel de circulation écologique du désert suivant le slogan : terre verte, énergie verte, finance verte + Internet. C’est ainsi qu’un mode de développement durable a enfin pu se réaliser : les investissements ont produit des bénéfices, les produits ont trouvé leurs débouchés, les revenus des paysans ont augmenté, le gouvernement perçoit des recettes fiscales et l’environnement écologique est restauré.

À mon avis, la plus grande contribution du « modèle de Kubuqi » réside non seulement dans la création de fortunes écologiques pesant des centaines de milliards de yuans, mais aussi dans le fait de faire redécouvrir le désert, de le domestiquer, et enfin d’apporter l’espoir pour tous les déserts du monde de se transformer en oasis.

﹡WANG WENBIAO est le président d’Elion Resources (Article basé sur des extraits du discours prononcé par l’auteur lors de la COP21)

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