L’Institut Confucius fête ses 11 ans

Retour sur la journée portes ouvertes de l'Institut Confucius et son développement depuis 11 ans.

SÉBASTIEN ROUSSILLAT, membre de la rédaction

C'est dans les locaux pékinois du Hanban (Bureau pour l'enseignement du chinois) qu'ont eu lieu les portes ouvertes annuelles de l'Institut Confucius vendredi 25 septembre. Cela a également été l'occasion de fêter les 11 ans de l'organisation chinoise, pendant des Alliances françaises et de l'Institut Goethe.

Il y avait foule ce vendredi à l'Institut Confucius de Beijing, dans le hall où sont accrochés les drapeaux des différents pays où est implanté l'établissement chinois. En une dizaine d'années, ce sont plus de 465 écoles et quelques 700 classes Confucius qui ont été ouvertes dans 123 pays sur les cinq continents.

Près de 500 personnes étaient présentes pour la cérémonie de lancement de cette journée portes ouvertes et une trentaine d'ambassadeurs étrangers en Chine avaient fait le déplacement. Le thème de cette journée s'accordait avec le leitmotiv de cette année en Chine, « Échanges culturels et paix ». C'est donc par un discours sur l'importance de la paix et des échanges culturels donné par l'ambassadeur irlandais en Chine que s'est ouverte la cérémonie. Il a rappelé le travail de fond que fait l'institut pour promouvoir la culture chinoise et le travail fondamental pour la promotion de la paix à travers les échanges culturels.

S'en est suivie une série d'expositions et d'activités autour de la culture chinoise auxquelles ont pu prendre part les personnalités présentes et les élèves étrangers en études dans les universités pékinoises. Parmi les activités-découverte proposées : la médecine chinoise, une conférence sur la littérature et l'art, du théâtre et une soirée gala avec les élèves étrangers présents aux portes ouvertes. Un forum diplomatique sur les échanges culturels a également eu lieu à huis-clos.

Si avant 2004 la Chine ne disposait pas d'un organisme spécialisé dans la diffusion de la langue et de la culture chinoise à l'étranger comme l'Institut Goethe ou l'Alliance française, le retard a été largement rattrapé et aujourd'hui, on voit des Instituts Confucius s'ouvrir un peu partout dans le monde, là où les gens veulent apprendre le chinois ou en savoir plus sur la culture de ce pays.

La directrice, Xu Lin, se dit pourtant toujours insatisfaite des résultats des instituts : « En onze ans, nous avons rattrapé un grand retard dans l'enseignement du chinois à travers le monde, mais la demande est toujours en train d'augmenter, nos professeurs manquent et surtout, il nous faut nous adapter aux méthodes de l'étranger, à un environnement politique, social, culturel bien différent. » 

Pionnier de la diffusion du chinois à l'étranger

L'Institut Confucius, qui est un pionnier chinois en la matière, a su se remettre en question et s'adapter à un public et à une pédagogie entièrement différents.

En effet, bien que les cours de chinois soient donnés à la fois par des professeurs natifs du pays et des professeurs chinois, les méthodes ne sont pas calquées sur celles qui ont cours en Chine, mais font en fonction des habitudes domestiques.

Élément du soft power chinois, l'Institut Confucius a effectivement atteint son but premier : celui de faire découvrir la culture chinoise et de rendre la langue accessible au public étranger puisque son implantation est maintenant globale et d'autres instituts vont bientôt ouvrir ou sont en négociation dans plus de 70 pays.

D'après le directeur de la University of International Business and Economics, Shi Jianjun, « L'Institut Confucius a contribué non seulement à promouvoir la langue et la culture chinoise à travers le monde, mais aussi à créer des ponts entre les universités en Chine et à l'étranger, à permettre des échanges universitaires dans la technologie, les sciences et la culture et à internationaliser les universités. »

Le système fonctionne en partenariat sino-étranger avec deux directeurs : un directeur natif du pays et un vice-directeur chinois. Un modèle pionnier mis en place pour faciliter l'installation et l'adaptation de l'Institut Confucius à la demande des pays dans lesquels il s'implante. L'année dernière, pour le 10^e anniversaire de l'organisme, le premier ministre chinois avait d'ailleurs loué ce mode de fonctionnement « basé sur l'harmonie et cher à la culture chinoise qui aime le consensus et le compromis. »

C'est par le biais de cours de langue, d'activités telles que la calligraphie, la cérémonie du thé, les rencontres littéraires, les rétrospectives cinématographiques etc. que l'Institut Confucius contribue à faire connaître la culture chinoise à l'étranger. L'Institut Confucius permet de présenter des spectacles chinois au public étranger. Chaque année, lors de la fête du Printemps, des « Semaines chinoises » sont également organisées dans les villes où sont implantés les instituts.

Un esprit novateur

L'Institut Confucius a, en dix ans, connu une véritable métamorphose. Le panel des activités proposées est impressionnant. La notion traditionnelle d'école de formation linguistique a été dépassée.

Car l'Institut Confucius n'est pas uniquement une école de langue mais aussi un centre culturel où l'on peut appréhender la littérature, l'art et les traditions chinoises. Certains instituts se spécialisent dans les dialogues de haut niveau ou encore la recherche dans une discipline particulière : médecine chinoise, arts chinois. Tout cela dépend de la demande des établissements étrangers.

L'Institut Confucius octroie également des bourses aux étudiants étrangers désireux de faire leurs études en Chine ou de devenir professeurs de chinois dans leur pays. Le programme « Nouvelle Sinologie » est un exemple de ce qui est proposé aux étudiants étrangers qui veulent venir faire leurs études en Chine. Une bourse assez conséquente leur est offerte pour étudier la langue et la culture dans une université chinoise. En retour, ils deviendront professeurs de chinois ou sinologues dans leur pays. Des Instituts Confucius Business et d'autres, spécialisés dans la technologie ou la métallurgie, ont également été créés pour mieux promouvoir les relations économiques entre la Chine et les pays où les instituts sont implantés. On en trouve en France à Rouen, en Biélorussie ainsi qu'au Kazakhstan.

Des formations linguistiques et pédagogiques sont proposées aux professeurs de chinois étrangers sous forme de voyages en Chine, de cours de chinois au sein de l'Institut Confucius par des professeurs chinois formés spécialement à l'enseignement du chinois langue étrangère. Des camps d'été en Chine sont organisés pour les élèves sinisants ou les professeurs chaque année.

Enfin, l'Institut Confucius est l'organisateur du plus grand concours international de langue : le Hanyuqiao (Pont vers le chinois) qui, sous plusieurs formes, récompense les meilleurs élèves sinisants du monde entier. Le concours est retransmis à la télévision chinoise. Il en existe un pour les collégiens et lycéens, un pour les étudiants étrangers et un pour les étrangers étudiant ou vivant en Chine. Plus d'une quarantaine d'éditions ont eu lieu. En tout, ce sont plus de 100 000 étudiants de partout dans le monde qui y ont pris part.

La Chine au présent