Le modèle Elion, quand désert rime avec développement

Monique Barbut et Wang Wenbiao au Congrès mondial des Parcs 2014.

ZHOU LIN, membre de la rédaction

Au cours du 5^e Forum international de Kubuqi sur le désert, Monique Barbut, secrétaire exécutive du Secrétariat de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD) a déclaré dans une interview exclusive pour La Chine au présent : « Le gouvernement chinois assume une responsabilité internationale de plus en plus importante dans le domaine du développement durable à l'échelle mondiale. Dans la lutte contre la désertification, Elion et son président Wang Wenbiao, ont développé un modèle durable bénéfique à la fois pour l'environnement et l'économie. C'est une référence transposable aux pays en développement. »

Les défis de la Chine, entre développement et contraintes écologiques

Toujours selon elle, depuis la conclusion de l'accord sur l'objectif de la neutralité en terme de dégradation des terres à la Conférence onusienne sur le développement durable tenue en juin 2012, le gouvernement chinois a œuvré constamment pour la mise en œuvre de ce programme en vue d'atteindre ses objectifs. Aujourd'hui, en tant que plus grand pays en développement du monde, la Chine assume une responsabilité internationale d'autant plus importante, qui lui offre l'éventualité d'apporter une contribution plus significative dans la lutte contre le changement climatique et la réduction des émissions.

Monique Barbut a également indiqué que la Chine reste un pays en développement confronté à de gros défis avec un rythme de croissance rapide. D'une part, le gouvernement chinois doit satisfaire sans cesse la demande croissante de ses citoyens pour une meilleure qualité de vie et faire approcher leur niveau de vie de ceux européen ou américain. Alors que dans le même temps, la population chinoise représente 20 % de celle mondiale, et les terres arables chinoises seulement 7 % de celles mondiales. 40 % du sol chinois est plus ou moins détérioré, et si la productivité du terrain continue à baisser, les populations rurales, très dépendantes de la terre, seront défavorisées, alors qu'aujourd'hui, l'exode rural touche déjà chaque année 10 millions de Chinois.

Face à ce double défi en ressources énergétiques limitées et la demande croissante, le gouvernement chinois se voit obligé d'utiliser plus efficacement les ressources naturelles. Il a ainsi opté pour une voie de développement durable. Mme Barbut a déclaré : « Utiliser efficacement les ressources et développer une économie circulaire revêt une signification importante pour un développement durable. Les ressources de notre planète sont limitées, pour parvenir au développement, le gouvernement chinois doit choisir la voie du développement durable. »

Le modèle Elion : symbiose de l'économie et de l'écologie

Au cours du forum, Elion a gagné, avec un autre lauréat, le prix « La Terre pour la Vie 2015 » décerné par l'UNCCD. En évoquant l'expertise d'Elion dans le domaine de la lutte contre la désertification, Mme Barbut a dit : « Wang Wenbiao et moi-même sommes deux grands amis, mais cela ne m'empêche pas d'avoir une appréciation objective et équitable sur ses réalisations. »

Durant ses 27 années de développement, Elion a réussi à réduire la surface désertifiée de Kuqubi à 10 000 km² de désert et à revégétaliser 6 000 km² de désert grâce à des moyens économiques et écologiques pour restaurer l'équilibre écologique du désert. À présent, Elion travaille sur des projets photovoltaïques écologiques et espère attirer chaque année 200 000 visiteurs pour faire du tourisme écologique.

Le modèle Elion est non seulement profitable à la lutte mondiale contre la désertification, mais constitue aussi une contribution au développement durable régional et à la réduction de la pauvreté. Ce modèle est valable à la fois écologiquement et économiquement, et pourrait devenir une référence pour les pays défavorisés.

« Les exemples constatés ces dernières années partout à travers le monde nous montrent qu'un modèle de développement durable de la terre permet d'améliorer le niveau de vie de la population. La grande expertise d'Elion dans la lutte contre la désertification nous prouve encore une fois que la régénération de la terre détériorée permet de récupérer des ressources foncières.

En Chine, la transformation du plateau de lœss est déjà bénéfique pour plus d'un million d'habitants. Selon Monique Barbut, « L'attraction du modèle d'Elion réside dans le fait qu'il pourrait très bien être transposé dans les autres pays en développement, voire dans les pays qui manquent de ressources. Il s'agit là d'une expertise précieuse que les autres pays ne possèdent pas. »

1,3 million d'hectares de terres regénérées

Monique Barbut a présenté le Programme de partenariat de la Route de la Soie verte lancé par l'UNCCD et la Fondation Elion à l'occasion du Congrès mondial des Parcs tenu en Australie le 17 novembre 2014. Ce programme vise à mobiliser des partenaires dans un projet de reboisement le long de la Route de la Soie. 1,3 milliard arbres devraient être plantés d'ici une dizaine d'années, suivant un modèle de PPP (partenariat public-privé). Ce projet devrait permettre de promouvoir une économie écologique dans les régions concernées, et à améliorer l'environnement dans les régions fragiles sur le plan écologique sur la bande économique de la Route de la Soie, et de régénérer le sol détérioré. La capacité régionale d'adaptation pour faire face au changement climatique sera aussi renforcée, de même que le niveau de développement économique et social.

Les pays situés le long de la Route de la Soie ont des profils très variés de par la situation en ressources naturelles et le contexte environnemental. Le Tajikistan et le Kazakhstan font par exemple face à une pression accrue à cause d'une désertification très étendue. Les projets de Routes de la Soie initiés par le gouvernement chinois ainsi que le plan de partenariat de la Route de la Soie verte établi par la Fondation Elion apporteront à ces pays de l'espoir dans leurs efforts pour lutter contre la désertification et s'engager dans une voie de développement durable. « Nous attendons que ces initiatives soients mis en œuvre efficacement », a-t-elle ajouté.

Selon Monique Barbut, le projet permettra de régénérer 1,3 million d'hectares de terres. Étant donné la disparité des pays concernés, la mise en œuvre du projet nécessite un gros travail de communication, de coordination et d'organisation. « L'ONU continuera de prêter un soutien technique et stratégique à la partie chinoise. L'UNCCD a pu réaliser l'engouement du groupe Elion et de sa Fondation ainsi que les investissements et efforts réels qui ont été faits. Cela revêt une signification particulière pour relever de façon efficace les défis liés au changement climatique. »

Le Forum de Kubuqi, une plate-forme pour la coopération et les échanges internationaux

Le Forum international de Kubuqi sur le désert en est cette année à sa 5^e édition. Il a été lancé par une grande société privée : Elion, et est soutenu par le gouvernement chinois et les organisations internationales. Aujourd'hui, ce forum d'envergure internationale, très influent pour la promotion de la lutte contre la désertification sur la planète et du développement d'une économie verte.

Monique Barbut accorde un grand crédit au rôle joué par le forum : « C'est une plate-forme propice au partage des politiques en sciences et technologies, des expériences en matière d'innovation institutionnelle, en coopération régionale et internationale et en partenariat public-privé. Les consultations et les échanges menés lors du forum conduisent à cette compréhension qu'il s'agit d'une possibilité, mais aussi d'une obligation de promouvoir à la fois un développement durable de la planète et d'assurer à la population des conditions de vie dignes ».

Selon elle, les résultats du forum sont substentiels et riches. Durant la présente édition, Wang Wenbiao, secrétaire général du forum, l'ancien président de la Commission de l'Union européenne José Manuel Barroso, l'ancien président de l'Union africaine John Kufuor et d'autres délégués sont arrivés à un consensus pour travailler à la création de l'Alliance internationale sur l'économie écologique dans le désert. L'établissement de l'alliance se fera lors de la Conférence sur le Climat à Paris en décembre prochain avec la conviction de pouvoir ainsi contribuer plus activement à la réalisation de l'objectif de la neutralité en termes de dégradation du sol en 2030 et à affronter ensemble le changement climatique.