CHINAHOY

3-July-2015

Laurent Fabius en Chine : lune de miel pour les relations bilatérales

 

Laurent Fabius et Liu Yandong entourés des membres de l’orchestre traditionnel du lycée rattaché au Conservatoire central de Musique.

 

 

LIU CHENGZI, membre de la rédaction

Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius n’est pas un inconnu pour le public chinois. Depuis son entrée en fonctions en 2012, il s’est rendu en Chine à dix reprises, la dernière fois au milieu du mois de mai 2015, peu après le premier ministre Manuel Valls venu au début de l’année. Pendant la visite de M. Fabius, la Chine et la France ont échangé leurs points de vue de manière approfondie sur la coopération dans le domaine des échanges économiques et culturels, ainsi que sur le changement climatique.

Fréquence des interactions

Les échanges entre la Chine et la France se sont faits plus fréquents ces deux dernières années. Depuis la visite d’État en Chine du président François Hollande au mois d’avril 2013, on compte 20 visites réciproques entre les hauts dirigeants chinois et français au niveau ministériel ou plus élevé (en comptant les représentants et les chargés de mission mandatés par un ministre). Au début de cette année, le premier ministre français a choisi la Chine comme premier pays asiatique à visiter dès sa prise de fonctions, démontrant sans aucune équivoque que les relations sino-françaises sont entrées dans une phase « lune de miel ». Lors de sa première intervention diplomatico-économique, Manuel Valls a affirmé que la France et la Chine, deux grands pays, sont des partenaires qui travaillent ensemble. Ce souhait de renforcer la coopération et d’approfondir le partenariat constitue l’axe principal de développement des relations bilatérales pour le futur.

Actuellement, on compte à peu près 1 500 entreprises françaises développant leurs affaires en Chine. Avec un total de plus de 550 000 employés locaux, la France est le pays européen qui a embauché le plus grand nombre de personnes en Chine, lesquelles travaillent dans des secteurs très variés comme l’énergie, l’aviation, le bâtiment, le commerce et l’agriculture. De nombreuses entreprises françaises ont notamment participé à la construction du barrage des Trois Gorges. La coopération sino-française se développe depuis 30 ans dans le secteur de l’énergie nucléaire : la construction et la mise en service de la centrale nucléaire de Ling’ao et de la centrale nucléaire de la baie de Daya, ainsi que la première phase des travaux de la centrale nucléaire de Taishan, sont tous liées aux efforts conjoints des entreprises chinoises et françaises. Dans le domaine de l’aviation, la Chine et la France ont signé à Paris un mémorandum de coopération sur le projet de développement de l’A330 et de la ligne d’assemblage en Chine (sur le même modèle de coopération que celui concernant l’A320). Pour le moment, ce projet vient d’être lancé avec succès à Tianjin, et les deux pays n’auront de cesse de poursuivre son développement.

Le 15 mai, le premier ministre chinois Li Keqiang a indiqué, lors de son entretien avec Laurent Fabius, que la confiance mutuelle stratégique entre la Chine et la France se renforce sans cesse, grâce à des avancées régulières de la collaboration dans divers domaines, et que les relations sino-françaises se trouvent au premier rang des relations entre la Chine et les grandes puissances occidentales. Les deux pays viseront ensemble à accélérer l’exploitation conjointe des marchés tiers dans le cadre de leur coopération en matière d’énergie nucléaire ; à renforcer leur collaboration dans les domaines économique, commercial, agricole, aéronautique et aérospatial ; à stimuler la transformation et la montée en gamme d’une coopération sino-française pragmatique tous azimuts ; et à approfondir les échanges et la coordination sur des questions d’intérêt commun, comme le changement climatique et la gouvernance économique globale.

Lutter ensemble contre le changement climatique

La récente visite en Chine de Laurent Fabius était centrée sur la 21e Conférence des Nations unies sur le changement climatique, qui se tiendra à Paris à la fin de l’année. Cette conférence vise à pousser tous les États signataires à ratifier un accord général contraignant et à prendre des engagements sur les problèmes liés au changement climatique, pour que l’augmentation de la température due au réchauffement de la planète reste en deça de 2 °C.

Le 15 mai, M. Fabius s’est entretenu avec Xie Zhenhua, représentant spécial de la Chine pour les affaires liées au changement climatique, sur des thèmes relatifs au climat, au dialogue et à la coopération entre la France et la Chine, aux pourparlers internationaux et à la Conférence à venir à Paris. Le lendemain, il a visité l’université de Nankai à Tianjin, où il a prononcé un discours.

Face aux médias, Laurent Fabius a réaffirmé que la France possède un avantage en matière d’énergies renouvelables et de technologies propres. En tant que pays hôte de la Conférence des Nations unies, elle a mis au point un grand nombre de véhicules électriques rejetant moins d’émissions de CO2, et compte de multiples entreprises innovantes en matière d’écologie. À l’occasion de cette conférence, la France souhaite établir une plate-forme permettant aux entreprises et gouvernements de mieux coopérer, de sorte à mieux diffuser les sciences et technologies les plus avancées pour la protection de l’environnement.

En plus de la demande touchant au domaine des technologies, la question des aides financières est également un point sensible. Selon Laurent Fabius, un plan d’aide est sur les rails pour que d’ici 2020, les pays développés puissent fournir annuellement 100 milliards d’euros aux pays en développement, pour les aider à adopter de nouvelles technologies de réduction des émissions de CO2 et à réaliser un développement économique durable. Pendant les années 2015-2019, les pays développés fourniront 10 milliards d’euros à ces projets, à travers des organismes écologiques, des fondations et autres moyens.

Laurent Fabius n’a pas manqué de se féliciter de la Déclaration conjointe sino-américaine sur la lutte contre le changement climatique signée à Beijing fin 2014. Il a remarqué que cet accord entre la Chine et les États-Unis, les deux plus grandes économies et les deux plus grands émetteurs de CO2 du monde, jouera un rôle positif dans la lutte contre le changement climatique et exercera un effet d’entraînement sur les autres pays.

Élargissement de la sphère de coopération

Le 15 mai, Laurent Fabius a co-présidé, avec la vice-première ministre chinoise Liu Yandong, le 2e Dialogue sino-français sur les échanges humains, lors duquel une déclaration conjointe a été signée. Les deux parties renforceront leur coopération dans dix secteurs : enseignement, sciences et technologies, culture, santé, médias, sport, tourisme, collaboration régionale, jeunesse et droit des femmes. De plus, il a été demandé aux responsables de tous ces secteurs d’organiser des conférences visant à rendre effectif les travaux communs en vue de la 3e édition.

Du 3 au 5 juin, la conférence « Agro-écologie dans le contexte du changement climatique » s’est tenue à Beijing. Lors de cette rencontre, les experts venus des deux pays ont pu échanger sur la production de céréales, les équilibres écologiques et l’agriculture bio, tout en recherchant des opportunités de coopération. Cet événement, organisé par l’ambassade de France en Chine, constituait un grand projet de coopération sino-française dans le domaine des sciences et technologies. Luc Delaby, chercheur de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), a expliqué aux participants de la conférence comment utiliser plus rationnellement les engrais azotés dans les cultures. Le concept d’agriculture biologique réside justement dans le contrôle des quantités d’engrais employés. Huang Yao, docteur à l’institut de physique atmosphérique dépendant de l’Académie des sciences de Chine, a présenté la situation des émissions de CO2 dans le secteur agricole des différentes provinces et municipalités chinoises. Selon lui, le gouvernement chinois attache de plus en plus d’importance aux effets de la production agricole sur l’environnement. La France a une expérience très riche en matière de recherche et de pratique de l’agriculture biologique. La coopération sino-française à cet égard aura de belles perspectives de développement.

Le ministre conseiller de l’ambassade de France en Chine Jacques Pellet a fait remarquer que les effets secondaires du changement climatique menacent la production céréalière, et que seule l’agriculture biologique serait à même de réduire la pression causée par ces bouleversements climatiques. La France et la Chine, deux grandes puissances agricoles, poursuivent leur coopération à long terme dans divers domaines, et M. Pellet espère que les échanges sino-français en matière d’agriculture bio feront toujours plus de progrès.

Les secteurs des sciences et des technologies, de la culture, de l’enseignement et de la coopération entre les entreprises n’ont pas été oubliés dans les discussions. L’ambassade de France en Chine a lancé plusieurs programmes destinés à stimuler les échanges sino-français, prévoyant par exemple d’inviter des jeunes scientifiques et ingénieurs français à venir en Chine, de distribuer des aides financières aux projets de coopération sino-françaises pendant leur période initiale, de promouvoir les programmes d’échanges scientifiques et technologiques de haut niveau entre les laboratoires des deux pays, ou encore d’aider les entreprises innovantes à trouver des partenaires de coopération potentiels.

 

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