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Des relations sino-américaines plus optimistes que jamais
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Le président Xi lors de sa visite à l'usine d'assemblage Boeing, le 23 septembre dernier. |
Si la visite du président Xi aux États-Unis a été riche en résultats concrets, sa signification est interprétée de façon différente des deux côtés du Pacifique. En dépit des difficultés, c'est l'optimisme qui doit dominer, nous explique l'auteur.
LI HAIDONG*
Le président Xi Jinping a bouclé sa visite aux États-Unis le 25 septembre dernier. Une impressionnante liste de 49 résultats concrets obtenus au cours de cette visite a été publiée dès le lendemain en Chine. Le jour suivant, la partie américaine publiait une liste plus modeste de 14 résultats seulement. En comparant les deux listes, on constate que les deux pays sont parvenus à s'accorder sur de nombreux thèmes planétaires, régionaux ou bilatéraux. Pourtant, aussi bien l'administration que l'opinion américaines semblent rester perplexes sur les approches et les mesures politiques de la Chine vis à vis des états-Unis.
Un des points qui semblent mal compris par l'opinion publique américaine est l'importance qu'accorde la Chine à la mise en place de relations d'un type nouveau entre les puissances que sont les États-Unis et la Chine. Ceci représente un point important dans la liste des résultats de la visite présidentielle, et l'interprétation de cette évolution des relations bilatérales est évidemment l'un des contenus essentiels de la visite. Malheureusement, de nombreuses personnalités influentes et des médias étasuniens préfèrent propager l'idée selon laquelle la Chine ne cherchait ces dernières années qu'à empiéter sur les positions des États-Unis dans la région Asie-Pacifique et que ces « relations d'un type nouveau » signifient en fait un recul américain. Que, cédant volontairement une partie de ses intérêts dans la région, l'Amérique accepterait d'y être marginalisée. Le terme de « respect réciproque » est quant à lui interprété comme une volonté de la Chine à se hisser sur un pied d'égalité avec les États-Unis. D'où un certain mécontentement devant un recul de l'hégémonie traditionnelle des États-Unis.
Il est facile de constater que c'est l'approche du « jeu à somme nulle » qui continue de présider aux États-Unis lorsqu'il s'agit des relations avec la Chine, que les dirigeants de ce pays a du mal à s'adapter aux principes nouveaux qui régissent les affaires internationales, et qu'ils restent dubitatifs devant les perspectives d'une politique de bénéfice mutuel. C'est ce qu'a voulu dire le président Xi en abordant la manière de faire progresser ces relations de type nouveau : « on doit prendre une décision après avoir analysé le passé, envisagé l'avenir et s'être référé au présent ». Faisant assaut de poésie, il a déclaré que « malgré leur silence, les pêchers et les pruniers en fleur et en fruits attirent tant de personnes qu'ils créent une allée jusqu'à eux », faisait allusion aux fruits abondants de la coopération trans-Pacifique. Au sujet de la façon de réduire les divergences de vue entre les deux pays, le président chinois a dit : « malgré leur différence, la lumière du soleil et celle de la lune conviennent au jour et à la nuit ». À la fin de son discours, Xi Jinping a cité la phrase de Martin Luther King : « C'est toujours le bon moment pour faire le bien. »
Établir des relations de type nouveau entre grandes puissances n'est pas une vraie nouveauté : il y a belle lurette que la Chine a proposé cette approche, se basant sur ses traditions historiques et culturelles, ainsi que sur les interactions entre nos deux pays au cours du vingtième siècle. Celles-ci doivent permettre de prévenir les tragédies qu'une mésentente entre la Chine et les États-Unis pourrait provoquer, mais aussi servir de guide à un développement constructif de leurs relations dans le contexte d'une convergence de nos intérêts. Un peu d'humilité et une réflexion prenant en compte le point de vue de l'interlocuteur pourraient probablement aider la partie américaine à mieux saisir ce concept.
Ensuite, en marge de sa visite officielle, Xi Jinping a pris la parole en public à plusieurs reprises et évoqué Internet, expliquant de façon pédagogique comment traiter les problèmes sur le réseau dans les relations sino-américaines. Dans une interview accordée au Wall Street Journal, il a déclaré qu'Internet devait à la fois respecter le droit et contribuer à la souveraineté, la sécurité et au développement du pays. Visitant le Forum sino-américain sur Internet, il a souligné que la Chine était favorable à un cyberespace pacifié, sécurisé, ouvert et coopératif. Il est d'avis que chaque pays doit adopter une politique publique concernant Internet conforme à sa situation. « La Chine et les États-Unis sont les grandes puissances du web, a déclaré Xi Jinping. La Chine représente le plus gros marché en ligne, les États-Unis possèdent les cyber-technologies les plus performantes. L'un comme l'autre, nos deux pays sont confrontés à de sérieux défis sur la cyber-sécurité et partagent des intérêts et un potentiel de coopération importants. »
Au final, la Chine et les États-Unis se sont trouvé de nombreux points de vue communs dans le domaine de la cyber-sécurité, où une large controverse s'était développée. Dans la liste américaine des 14 résultats obtenus, trois points sont consacrés aux avancées sur la cyber-sécurité, preuve de l'importance qu'elle accorde à cette question. Les deux parties ont détaillé leur position qui consiste à combattre les actions malveillantes sur le réseau et à lutter contre l'usurpation du droit à la propriété intellectuelle sur le web. Elles ont affirmé leur volonté pour l'application sur le réseau du code de conduite des États, et de mettre sur pied un mécanisme de dialogue sur les problèmes du web. La visite du président Xi aux États-Unis aura permis de transformer un vif désaccord en thème de coopération bénéficiant de l'attention commune des deux pays. C'est l'illustration du principe suivant : des crises sont inévitables dans toute relation, mais l'évolution de ces relations peut engendrer des solutions.
Il va sans dire que l'opinion américaine doute qu'une telle communauté de vues entre chefs d'État puisse devenir une réalité. La question du web restera un sujet de discussion brûlant entre les deux pays. Internet constitue une composante importante du domaine public international, qui implique les intérêts de tous les pays. Les accusations réciproques ne peuvent que porter atteinte à l'intérêt public international, tandis que la consultation et la coopération permettent de garantir l'intérêt général dans ce domaine encore mal réglementé des relations internationales. Soyons sûrs que la suspicion et le mécontentement américain envers la position chinoise se dissiperont grâce à la bonne volonté exprimée dans la durée par les deux parties et à leur coopération effective.
Troisièmement, il a bien entendu été question des échanges économiques et commerciaux qui constituent le centre de gravité des relations sino-américaines. Seattle était la première escale du président Xi aux États-Unis, et c'est dans cette ville qu'il a annoncé son intention de promouvoir la prospérité et le développement économiques et commerciaux. Dans son discours, Xi Jinping n'a pas hésité à aborder les sujets qui fâchent, comme par exemple la croissance de l'économie chinoise et les fluctuations du marché boursier. Recourant à une métaphore, il a assuré les Américains que la Chine poursuivrait inlassablement sa politique de réforme et d'ouverture : « Dans le conte d'Ali Baba, la porte s'ouvre à l'appel ''Sésame, ouvre-toi''... la porte ouverte de la Chine ne va plus se fermer. » Il a démontré à ses interlocuteurs la bonne volonté de la Chine et ses principes essentiels qui consistent à élargir continuellement le cercle des intérêts économiques communs et à garantir la stabilité de leurs relations. Il faut dire que cette visite s'inscrit dans une période de turbulences économiques et commerciales. Mais la conclusion d'un grand nombre d'accords de coopération entre la Chine et les États-Unis ouvre des perspectives positives à ces relations.
Revenant sur les listes respectives de résultats obtenus, il est frappant de constater que si la partie chinoise a défini clairement et concrètement les projets de coopération économique future et des plans d'action, la partie américaine ne mentionne pas les discussions sino-américaines sur les sujets économiques. Contrairement à l'approche chinoise qui tend vers l'élargissement de la base de coopération, l'approche américaine conditionne sa politique à la solution des litiges importants, pour juger du niveau des relations sino-américaines. Il en ressort que les autorités américaines se satisfont de l'état actuel de la coopération sino-américaine en matière d'économie et de commerce, et que par conséquent il ne leur est pas nécessaire de les mentionner au chapitre des résultats. Mais pour se développer en profondeur, les relations économiques et commerciales auront besoin du soutien énergique de leurs gouvernements respectifs.
Plus généralement, si des doutes persistent aux États-Unis sur la politique chinoise envers eux, il reviendra aux deux pays d'apaiser ces doutes et de lever les obstacles par l'établissement de relations mutuellement avantageuses plus fortes que jamais. Les prises de position réalistes du président Xi Jinping pendant sa visite aux États-Unis visent à stabiliser et à développer les relations de coopération sino-américaine. Ayons confiance en l'avenir de ces relations.
*LI HAIDONG, professeur à l'institut de recherches sur les relations internationales de l'Institut de Diplomatie.
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