CHINAHOY

29-August-2014

J'ai réalisé mon rêve !

 

Yannick pendant le concours.

 

SÉBASTIEN ROUSSILLAT, membre de la rédaction

Lors des répétitions pour la finale de la 13e édition du concours Pont vers le chinois pour étudiants étrangers nous avons rencontré plusieurs candidats francophones. Parmi eux, un Camerounais, Yannick Bouli, 27 ans. Il revient avec nous sur cette expérience et sa relation avec la Chine.

Yannick Bouli a commencé le chinois en 2011, cela fait seulement trois ans qu'il parle « la langue de Confucius » et pourtant, la majorité de l'interview s'est faite en chinois. En pleine compétition depuis trois semaines maintenant, le chinois est devenu comme un automatisme pour les candidats.

Dans cette compétition très dure : 126 candidats triés sur le volet et venant des 5 continents, Yannick fait partie des 15 chanceux qui sont entrés dans la demi-finale. Il n'est pas rentré dans les 5 premiers, mais aurait pu représenter l'Afrique. Il a décidé de laisser son « frère » zimbabwéen aller en finale. « Pour moi, le but était surtout de participer au concours. Mon rêve, c'était de monter sur la scène du concours. J'y suis arrivé cette année, je n'aurai pas pensé aller si loin, j'en suis très fier ! »

J'apprends que Yannick a carrément décliné une offre de travail au Cameroun pour venir participer au concours : « On me proposait un travail de traducteur payé à peu près 6 000 yuans par mois, mais je n'ai pas pris le job, parce que je voulais aller au concours et je veux continuer à étudier le chinois. »

En effet, l'année dernière Yannick n'avait pas été admis dans le concours : « La première fois que je l'ai tenté, je n'avais pas le niveau, mais je le voyais comme un moyen de me tester. » Yannick était alors venu en tant que candidat observateur. Puis l'année suivante, il a présenté les sélections dans son pays et a été retenu pour la 13e édition.

Le chinois, une nouvelle fenêtre

L'envie de faire du chinois est apparue comme une nécessité pour Yannick. « Au départ, j'étais professeur de français dans une école. Mais ce n'était ni ce que je voulais faire, ni très bien payé. Alors j'ai tenté le coup. Je me suis présenté au concours de l'école normale supérieure du Cameroun et j'ai réussi : j'ai commencé à faire du chinois. »

Au Cameroun, comme dans beaucoup d'autres pays d'Afrique, c'est surtout par la présence chinoise : travailleurs dans le milieu du bâtiment, petites échoppes et par les films de kung-fu que les gens appréhendent la Chine. « Au Cameroun, on a des préjugés sur les Chinois, ils sont humbles, discrets, font n'importe quel job, ce qui nous donne l'impression qu'ils sont pauvres. Mais la première fois que je suis allé en Chine pour observer le concours, je me suis rendu compte que ce n'est pas vraiment cela. En plus, les Chinois sont très accueillants et respectueux des cultures étrangères ».

Des rencontres

Le concours Pont vers le chinois auquel Yannick a participé permet à des étudiants de tous les pays du monde de venir en Chine concourir pour une place de champion par continent et un champion général. Même si la compétition est très serrée : 126 candidats puis 94, 30, 15, 10 et 5. Mais pour Yannick, l'important est de participer. Il a d'ailleurs laissé sa place de finaliste pour l'Afrique à son ami du Zimbabwé « Il est plus jeune que moi, et puis ce que je voulais c'est venir pour me faire des amis. »

Ce qui le rend heureux d'avoir participé au concours est également la possibilité de se faire des amis venus de tous les continents et de pouvoir dialoguer avec eux dans une langue autre que l'anglais. « Pendant le concours, hormis le français quand je parle avec des francophones, je parle en chinois ou en anglais si vraiment je n'y arrive pas, mais comme je suis en Chine, j'essaie de parler chinois. Depuis le début du concours, j'ai appris pas mal de nouveaux mots, ça me fait faire des progrès énormes. »

En plus d'améliorer son chinois, Yannick a pu découvrir une Chine qu'il ne connaissait pas tellement. « La première fois que je suis venu en Chine, j'avais des préjugés. Mais grâce à notre voyage, ceux-ci se sont peu à peu effacés. J'ai découvert que les Chinois sont des gens très sympathiques et que la Chine est beaucoup plus développée que ce que j'imaginais ». Cette année, de nouvelles épreuves ont été intégrées au concours, permettant aux candidats d'utiliser leur chinois en situation. Plusieurs manches étaient organisées en extérieur et dans plusieurs villes différentes. Ainsi, les candidats ont pu visiter Xi'an, Anhua, la capitale du thé noir ou encore Jingdezhen, la capitale de la porcelaine et utiliser leur chinois dans des situations très proches de la réalité.

Un rêve réalisé peut en cacher un autre

Hormis le rêve que Yannick avait de participer au concours Pont vers le chinois, c'est un autre rêve qu'il cache et qu'il n'a pas dévoilé. C'est une accompagnatrice chinoise qui nous en a fait part : « Yannick nous a dit que son rêve serait d'ouvrir une école de chinois au Cameroun. Pour cela, il se rend compte qu'il faut qu'il apprenne encore mieux le chinois pour devancer les autres Camerounais qui parlent cette langue. C'est pour cela qu'il a refusé ce travail qu'on lui proposait : pour continuer ses études à l'École normale du Zhejiang », nous explique-t-elle. Elle ajoute, admirative : « Il est l'aîné de sa famille. Cela explique peut-être son sérieux et sa motivation. On a vraiment vu ses progrès pendant le concours et il est motivé pour ses études, on espère qu'il va réussir à réaliser son rêve. »

« Pour moi, le chinois, c'est l'opportunité d'avoir un bon travail et plus d'occasions, comme je suis l'aîné de ma famille, j'ai pas mal de responsabilités. Pour le moment mon but, c'est d'améliorer mon niveau de chinois et de retourner trouver un travail dans mon pays », conclut-il simplement. Nous lui souhaitons en tous cas de réaliser son rêve et espérons avoir l'occasion de suivre son évolution.

 

La Chine au présent

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