CHINAHOY

31-March-2014

Elle s'appelle Pasang Lhamo

 

Pasang Lhamo

 

LI YUAN, membre de la rédaction

Pasang Lhamo a 20 ans et est née à Dagar, dans le district de Chushur à Lhassa, au Tibet. Elle est maintenant étudiante en première année à la faculté des langues étrangères de l'École normale supérieure de Beijing.

Pasang Lhamo a été admise il y a neuf ans, grâce à ses très bonnes notes, dans une classe pour élèves tibétains à Shaoxing. Elle a ainsi commencé sa vie dans une école hors du Tibet. Elle a ensuite été acceptée par un lycée de Beijing. Elle est très fière de parler de son éducation hors du Tibet : « Nous sommes partis du Tibet dans le but de mieux construire notre terre natale après notre retour. »

Étudier hors du Tibet

Pasang Lhamo se rappelle du moment où elle a été acceptée, avec 20 de ses camarades, dans une classe destinée aux élèves tibétains à Shaoxing, dans le Zhejiang, alors qu'elle était dans sa 6e année d'étude à l'école primaire.

Ce système de classes tibétaines hors du Tibet a commencé en 1985. Afin d'améliorer la situation de l'éducation au Tibet, caractérisée par une structure pédagogique inadaptée et une courte scolarité des habitants, le gouvernement a mis sur pied un mode d'enseignement comprenant de multiples canaux et comptant principalement sur les forces locales, avec le soutien de celles hors du Tibet. L'ancien mode de fonctionnement basé sur les forces tibétaines et l'envoi de personnel au Tibet a ainsi été révolu. En 2013, on comptait 29 écoles ayant une classe tibétaine dans 20 provinces hors du Tibet.

« J'étais extrêmement contente après avoir été acceptée parce que j'avais l'opportunité de voir enfin le monde extérieur. Mais ma mère s'inquiétait, parce que j'étais la plus jeune parmi mes camarades », dit Lhamo.

En passant du plateau Qinghai-Tibet à une ville côtière, ce qui a le plus marqué Pasang Lhamo a été le changement de climat, parce qu'il faisait trop chaud à Shaoxing ! Elle était aussi très excitée de voir la mer pour la première fois.

Cependant, avec le temps, Lhamo a commencé à repenser à sa terre natale. Heureusement, elle s'entend bien avec ses camarades de classe, car ceux-ci ont vécu les mêmes expériences et possèdent la même culture qu'elle, ce qui a facilité la communication. Leurs bavardages dans le dortoir après l'extinction des feux sont leur moment préféré. Les élèves du Tibet parlent chacun de leur enfance, chassant ainsi la nostalgie.

Les cours d'enseignement secondaire du premier cycle des classes tibétaines sont programmés selon les besoins réels des élèves tibétains. À l'exception des cours réguliers, identiques à ceux que suivent les élèves han, trois cours de langue tibétaine par semaine renforcent la connaissance des élèves sur leur propre culture. Des activités variées en dehors des cours satisfont également la demande des enfants sur le plan du développement physique.

Une vie riche dans le lycée

En 2009, Lhamo a été admise à l'école secondaire pour les élèves tibétains à Beijing. Elle a ainsi pu voir la place Tian'anmen et la prospérité de cette métropole qu'elle n'avait vue qu'à la télévision.

Au début de cette expérience, elle a été nommée déléguée de classe, car elle avait écrit sa présentation avec minutie. Mais elle était un peu nerveuse de « devenir le pont entre les enseignants et ses camarades ».

Parmi ses camarades, certains viennent de classes tibétaines comme elle ; les autres viennent directement de régions tibétaines. Ces dernières années, conformément aux besoins du Tibet en talents, la proportion des élèves de deuxième cycle provenant directement des régions tibétaines a été augmentée pour les classes tibétaines hors du Tibet. D'après Lhamo, on compte deux nouvelles classes composées de ces élèves à cette école secondaire de Beijing. En 2013, la durée du cursus a été portée à 4 ans, avec une année de classe préparatoire en plus par rapport aux 3 ans traditionnels.

Les cours de deuxième cycle, qui comprennent des cours de tibétain, sont bien plus nombreux par rapport à ceux du premier cycle. « Les cours de tibétain de deuxième cycle sont plus intéressants, parce que nous avons déjà une base solide de tibétain après nos études à l'école primaire et à l'école secondaire de premier cycle. Au deuxième cycle, les enseignants nous apprennent le charme du tibétain par les contes historiques et les poèmes », décrit Lhamo.

L'école secondaire de deuxième cycle est une étape importante pour les adolescents en ce qui concerne le forgeage de leurs conceptions sur la vie et l'apprentissage des valeurs. L'école secondaire pour les élèves tibétains de Beijing, qui existe depuis une vingtaine d'années, est aimée par les élèves grâce à ses activités culturelles, telles que la semaine de la culture tibétaine, la soirée du Nouvel An tibétain, les jeux ethniques et les présentations individuelles diverses. Les élèves font des répétitions avant chaque spectacle, et certains costumes sont envoyés directement du Tibet.

Lhamo a été beaucoup influencée par un événement pendant ses études au lycée : elle fait l'objet du programme Tianlu (rosé du ciel) mené par le comité du parti Zhigong de l'arrondissement de Chaoyang. Le parti Zhigong est l'un des huit partis coexistant avec le PCC.

Lhamo a perdu son père très jeune ; sa mère a élevée sa sœur aînée et elle tout en cultivant la terre, sans aucun revenu fixe. Les frais de scolarité de la classe tibétaine sont payés par l'état, et chaque élève tibétain bénéficie de 500 yuans par mois pour la nourriture. Le programme Tianlu attribue une subvention aux élèves pauvres et un soutien psychologique. « Les élèves venant de familles pauvres ont plus tendance à s'isoler et souffrent d'un complexe d'infériorité », dit Liu Wei, responsable du programme Tianlu.

Lhamo et onze autres élèves sont les premiers bénéficiaires de ce programme. M. Xu, membre du parti Zhigong, vient le mardi pour donner à ces enfants des cours d'anglais, ainsi que des leçons de savoir-vivre. Le week-end, Liu Wei les amène visiter des musées ou se balader dans les parcs. Lhamo dit qu'elle a passé la fête du Printemps 4 ans d'affilée avec ses camarades chez Liu Wei. Ils y avaient préparé des raviolis pour la fête, selon la tradition han, et s'étaient sentis comme chez eux.

Avant le concours national, Lhamo a décidé de choisir l'anglais comme spécialité, après avoir effectué un test d'orientation réalisé par une organisation professionnelle invitée dans le cadre du programme Tianlu.

La vie universitaire

Aujourd'hui, Lhamo a réalisé son rêve en entrant à la faculté des langues étrangères de l'École normale supérieure de Beijing.

Lhamo est une fille heureuse. En plus des membres du parti Zhigong qui veillent à son développement, l'université a assigné un tuteur à chaque étudiant de première année. Ces derniers s'occupent de résoudre les problèmes que les étudiants peuvent rencontrer dans leurs études et dans leur vie personnelle.

Lhamo aime beaucoup son campus où elle salue souvent les gens de sa région natale. Aujourd'hui, l'École normale supérieure de Beijing compte une cinquantaine d'étudiants tibétains. L'école met la salle de gymnastique à leur disposition pour leurs danses traditionnelles le mardi et le jeudi. Pendant la lecture du dimanche, ils échangent des opinions sur certains thèmes. Ces étudiants des cinq zones tibétaines y racontent des histoires de leurs régions natales. Pour le Nouvel An tibétain, tombé cette année pendant le week-end, la cantine universitaire avait préparé des plats tibétains délicieux.

« Je me croyais excellente en anglais, mais les étudiants han sont plus compétents et savent mieux s'exprimer », dit Lhamo qui ressent une certaine pression dans ses études.

Lhamo fait maintenant des efforts pour rattraper son retard. Elle est satisfaite des notes qu'elle a eues ce semestre grâce aux efforts qu'elle a fournis pendant six mois. Conformément à la politique spéciale qui s'applique aux étudiants des écoles normales, après sa licence, Lhamo pourra continuer ses études de maîtrise tout en travaillant en alternance.

La terre natale

Lhamo a l'habitude d'écrire son journal chez elle, pendant les vacances d'été. Elle y relate les énormes changements que sa région natale a connus ces dernières années. Les routes du village ont été aplanies ; les bus sont plus nombreux dans le district ; les villageois s'habillent avec plus d'élégance ; et les maisons sont plus belles.

L'année dernière, la famille de Lhamo a construit une maison de deux étages grâce à un prêt du gouvernement. Ses grands-parents sont venus habiter dans sa famille. Selon le programme immobilier du Tibet, les familles ayant des difficultés économiques peuvent demander un prêt, dont le délai de remboursement peut être prolongé.

Ce qui est le plus émouvant pour Lhamo, c'est que les villageois accordent une plus grande importance à l'éducation. Chaque fois qu'elle retourne chez elle, des voisins et des parents lui demandent d'aider leurs enfants dans leurs études. Lhamo envie beaucoup leurs fournitures scolaires.

« Lorsque je faisais mes études, les parents étaient occupés à gagner leur vie et n'avaient pas le temps de prêter attention aux études de leurs enfants. Aujourd'hui, de plus en plus de gens sortent du Tibet et découvrent le monde : ils comprennent ainsi l'importance des études. Ces dernières années, l'État a renforcé ses investissements dans l'éducation au Tibet. Les écoles sont gratuites. On nous offre des vêtements, trois repas par jour et un hébergement. Tout cela a considérablement soulagé la charge des parents, qui envoient volontiers leurs enfants à l'école », explique Lhamo.

En voyant que Lhamo a beaucoup appris et que les enseignants prennent bien soin d'elle hors du Tibet, sa mère est rassurée et pense qu'avoir envoyé Lhamo faire des études était le bon choix. Mais ce dont elle se soucie le plus est la santé de sa fille.

La sœur de Lhamo, qui a 3 ans de plus, aide leur mère à travailler la terre. Lhamo l'encourage à faire une formation professionnelle qui lui permettra de maîtriser une certaine discipline. Beaucoup de provinces et de municipalités hors du Tibet, conformément au plan de développement de la région, proposent des formations dans les domaines de la pharmacie, de l'agriculture ou de l'information. Les Tibétains peuvent avoir l'opportunité d'avoir un travail dans une entreprise connexe.

« Je dois travailler dur pour devenir enseignante sur ma terre natale. Les échanges entre le Tibet et l'étranger se multiplient, donc mes connaissances en anglais seront très utiles. »

 

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